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4,15

sur 1381 notes
ALERTE COUP DE COEUR !♥♥♥
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Une femme devenue Sauvage.
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Et voilà, j'ai enfin lu cet ouvrage de la fameuse auteure féministe autrichienne.
Mais pourquoi ai-je attendu si longtemps pour le lire? Je pense qu'il faut parfois se fier à son instinct. Baste! Maintenant je sais ce qu'il vaut, et rien que pour ça, j'ai envie de vous en parler.
Pas le résumé - vous le connaissez déjà - mais plutôt par mes ressentis, mes impressions, mes émotions.
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Pourrais-je oser dire que cet ouvrage changera ma vie? C'est un peu osé. Mais il va certainement et même sûrement faire dégringoler certaines de mes certitudes, me faire rapprocher encore plus de la Nature.
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Le thème post-apocalyptique n'est qu'un prétexte finalement pour mettre en exergue la position féministe de l'auteure.
Dans son récit de femme seule (la narratrice), il n'y a plus de "mâles" dans sa vallée idéalisée. En l'absence de ceux-ci, la femme peut, coupée de tout lien avec la civilisation, redevenir elle-même, prendre son destin en main.
Il y a une sorte d'onirisme dans son récit, parfois les rêves se mélangent à la réalité, la femme accouche d'animaux....
Dans un état de survie permanent, un environnement presque sauvage, la femme se débarrasse de sa peau pour devenir une "Autre", impliquant des devoirs (envers ses animaux) et non plus de droits (citoyenne).
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Un texte dans un style limpide et transparent (comme le Mur) sous forme un peu fouillis de journal de bord, revenant régulièrement sur un évènement tragique. Une lecture attentive, concentrée et lu avec délectation - il ne se dévore pas d'une traite- .
Plusieurs niveaux de lecture s'offrent à nous, les Femmes.
Avec quelques notions de psychologie, on peut le lire comme une Fable, et entrevoir un schéma "d'histoire de l'humanité" (rien que ça!!).
Le lire aussi avec grande simplicité comme un récit survivaliste (ce n'est pas péjoratif dans ma bouche).
Aussi comme un roman contemplatif, de nature writing.
Et que dire de ces paysages bucoliques, sylvestres et alpins? L'Autriche, un des souvenirs d'enfance les plus vivaces, qui m'ont (re)transporté le temps de ma lecture dans un état proche de la quiétude.
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Bref, vous l'aurez compris, cette oeuvre fabuleuse et majestueuse vous enchantera d'une manière ou d'une autre.
La fin vous laissera peut-être un sentiment de malaise voire d'insatisfaction, comme je l'ai exprimé (tristesse et mélancolie). Que va faire la narratrice? Dans quel état l'avons-nous laissé?

"Une solitude assumée, une sereine résignation à l'ordonnance du monde"
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Marlen Haushofer , dans ses écrits, a libéré son passé et en a fait un exutoire et une thérapie. Elle s'est penchée sur un passé considéré comme révolu, auquel il faut se confronter pour s'en libérer et pouvoir continuer à vivre (cathartique assurément). Trois de ses autres oeuvres que je lirais certainement.
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De la beauté, de l'harmonie et finalement la paix. Voilà ce que j'ai trouvé ici dans ce texte. Je suis comblée.
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Un livre au charme implacable modèle papier tue-mouche pour qui fait moins de cas de l'action que de l'impressionnisme dans un récit. Il y a une base de fantastique mais qui sert essentiellement à planter un décor solipsiste permettant le déploiement du mental d'une femme dans un no man 's land .

Son dernier lien avec les humains c'est le journal qu'elle rédige, substitut de dialogue avec des interlocuteurs qu'elle espère encore. C'est aussi un moyen de réassurance à destination d'elle-même, pour tenir la comptabilité de son équilibre mental.

Son isolement forcé lui permet de parler cash dans ce journal, les éventuels destinataires s'avérant de moins en moins probables. Cette version sans pincettes de ses pensées est prenante.
Par exemple lorsqu'elle évoque la nostalgie du temps où les enfants sont encore des petites balles de vie bondissantes , toujours prêtes à se jeter dans nos bras et nous ondoyant l'oreille de rires délicieux. Oui donc avant la trombine alliant subtilement mutisme et exaspération. le deuil de la légèreté , 12 frais sourires citrouillés en j'voudrais mourir.


Et c'est aussi cette capacité enfantine à l'euphorie dont la narratrice se régale en la personne de son chien. Elle décrit à merveille son entrain délirant à la moindre perspective de balade, son expressivité irrésistiblement réconfortante, son adoration exubérante pour elle, tout cela la fait désirer vivre encore. ( Je me suis sentie raccord car j'ai une vision assez canine des relations humaines positives et de l'existence en général, se japper quand on se revoit, gambader de concert vers la mer, se pelotonner et soupirer d'aise au soleil d'un autre flanc, un programme qui me sied tant ).
La personnalité de ses chats la séduit aussi, avec leur capacité prodigieuse à prendre le melon, à s'envisager Divinité des 4 mondes. Plus modeste, sa vache lui sera également un appui affectif et existentiel fameux, la rappelant à ses anciennes et lourdes obligations d'être responsable d'êtres vivants.


Et finalement, ce qui pourrait être anecdotique, le contact avec des êtres vivants non-humains, se révèle comme élixir vital, sortant de l'alambic de toute une vie . de même que sous le soleil de l'alpage, transpercée par la beauté des éléments, elle se dissout dans un Tout totalement apaisant, la coexistence avec les animaux est une puissante exhortation à survivre.

S'étourdir dans les travaux des champs sera une autre façon pour elle de déchausser son ancienne individualité de citadine et toutes les névroses qui l'accompagnent classiquement. Échardes et courbatures seront un précieux antalgique pour ses tourments spirituels. S'absenter d' elle-même est le bienfait inestimable apporté par l' inexplicable muraille de verre, probablement concoctée par un cerveau malade dont elle ne veut rien savoir. Publié peu de temps après la 2e guerre mondiale et en pleine guerre froide, son livre témoigne d'une lassitude certaine envers l'espèce humaine et ses turpitudes morbides.


Sans s'appesantir sur sa déception, Marlen Haushofer semble se détourner des humains pour pivoter vers d'autres formes de vie plus gratifiantes : formes animales qui révèlent les personnalités multiples de la nature, les éléments naturels qui sont les seuls maîtres de sa journée, et la grande prairie de l'alpage cet être vivant protéiforme qui l'hypnotise par ses variations incessantes et cathartiques.

La narratrice transmet avec talent son imprégnation progressive et sa tentation grandissante de se fondre dans l'océan mouvant de la nature, ses ondes de lumière et de beauté. Mais quel beau livre !
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1930 lecteurs sur Babelio, une moyenne de 4,14/5 avec 818 notes et de très belles chroniques comme celle de HordeduContrevent, il n'y a guère de doute quant au fait que ce roman plaît au plus grand nombre. C'est aussi l'un des livres bons plans du challenge Multi-Auteures SFFF 2021. Autant vous dire que j'ai commencé ma lecture plutôt confiant, j'allais passer un très bon moment de lecture avec ce livre.

Quelle désillusion ! Comment vous dire ? Au bout de la page 50 j'ai commencé à m'ennuyer comme un rat mort. Je n'ai poursuivi ma lecture que pour 2 raisons :

- la première : le livre a tellement de succès que je me suis dit que la suite était peut-être mieux, révéler des surprises, que nenni, si vous voulez lire la même chose répétée 6 fois sur 300 pages mais acheter en vitesse ce bouquin vous serez ravi je vous l'assure ! Que de répétitions dans ce roman qui aurait pu être une simple novella d'une centaine de pages… he puis je ne vous parle même pas des incohérences qu'il y a d'une page à l'autre…

- la seconde : Je voulais des réponses, ne cherchez pas, vous n'en aurez aucune mis à part et c'est vraiment un minimum ce qui est arrivé à Lynx, seul personnage que j'ai trouvé sympathique dans ce roman !

C'est simple je suis tout simplement resté hermétique à cette histoire dont je n'ai vu aucun intérêt si ce n'est la plume de l'auteure qui n'est pas désagréable à lire. Pour le reste c'est très simple une femme reste enfermée par un mur invisible du jour au lendemain. Elle se dit bon ok comme je suis bloquée je vais tenter de survivre seul dans un chalet en pleine forêt. Elle nous raconte son quotidien. C'est tout, dans ce roman il ne se passe rien ou presque. Cette femme m'a laissé de marbre et je ne suis pas parvenue à m'attacher même un petit peu à cette dernière, son sort m'était totalement indifférent et je suis resté vraiment très distant tout au long de ma lecture. L'aspect de SF est tellement léger que ce livre pourrait tout à fait se lire comme étant un livre de littérature blanche. Cette femme ne cherche même pas à délimiter l'étendue de sa prison !

Je suis ressortie de ma lecture très frustrée, je suis clairement passé totalement à côté de ce roman dont je ne retiendrais rien d'autre que le profond ennui qu'il a suscité chez moi. Cela faisait très longtemps que je ne m'étais pas autant ennuyé en lisant. Tant pis, on ne peut pas tout aimer et ce roman n'était tout simplement pas pour moi. J'espère qu'il conviendra mieux à la personne qui trouvera mon exemplaire dans une boîte à livre.

Je finis cette critique en vous souhaitant à tous un très joyeux Noël et de très belles lectures pour finir l'année en beauté !
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« La naissance, la mort, les saisons, la croissance et le déclin » : tout dans ce livre raconte le cycle de la nature, le cycle de la vie.
Et pourtant, je sors de ce livre remplie d'un sourd malaise.

Pas moyen de me libérer de ses fils tentaculaires, de cette forêt, de ce chalet adossé aux rochers, de cette vallée humide, de ce pâturage là-haut sous le ciel immense et les nuages enveloppants, et de ce Mur invisible contre lequel la narratrice bute, sans espoir.
Oui, un mur, tout à coup, s'est dressé en une nuit et a séparé irrémédiablement la narratrice du reste de ses semblables, tous comme pétrifiés et hors d'atteinte, de l'autre côté.
Comment cette femme survit-elle à cette catastrophe ?
« Je suis la seule à être impatiente dans cette forêt et à en souffrir » : voici ce qu'elle nous dit au début de sa vie de recluse.
Mais petit à petit, elle s'y « habitue » grâce au travail acharné, car elle doit manger, se chauffer et aussi s'occuper de ses bêtes. En effet, petit à petit, lui arrivent des animaux : un chien, une vache, un chat. Et d'autres encore...Et pour elle, « l'amour rend la vie plus supportable à celui qui aime et à celui qui est aimé », même si « aimer et prendre soin d'un être est une tâche très pénible et beaucoup plus difficile que tuer ou détruire ».
Une symbiose s'opère entre elle et ses animaux, et c'est un plaisir de lire la description tendre et même espiègle qu'elle en fait. Leurs petites manies, leur amour inconditionnel, leurs yeux profonds, leur confiance.


Par contre, le malaise dont je parlais au début de cette critique ne m'a pas quittée une seule fois. Sous les phrases en apparence anodines de cette femme, sous l'énumération de ses travaux journaliers – difficiles car c'est une femme de la ville – et répétitifs, est semé le germe de la désespérance. On ne comprend pas ce qu'est ce Mur. La vie d'avant n'est qu'esquissée et ne paraissait pas bien heureuse. Et la vie dans la nature est bien ardue, même si la femme a un caractère fort et volontaire.
La plantation de pommes de terre, de haricots, la traite de la vache, l'entretien de la cabane qui lui tient lieu d'étable, le fauchage des grandes herbes, la cueillette des fruits des bois, la chasse (oui ! la chasse ! ), de longues promenades avec son chien... constituent l'essentiel de ses journées.
Et cette peur qui ne la quitte pas. Peur de quoi ? Des ténèbres ? de la maladie ? Oui, peut-être.
Du sens de la vie aussi...


En conclusion, je suis soulagée d'avoir fini ce livre, une boule dans la gorge, une angoisse diffuse au coeur.
La nature, oui ! Mais pas la solitude totale, pas le combat perpétuel, seule, avec les saisons.
Pas cette inquiétude qui taraude sans relâche, cette obsession permanente pour la survie de soi et des bêtes.


« La naissance, la mort, les saisons, la croissance et le déclin ».
Le déclin.
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Un roman magnifique... Un roman qui démontre que qui dit anticipation, ne veut pas nécessairement dire grandes aventures, grands rebondissements et créatures étranges. Non. Ici, nous sommes dans le après, dans le quotidien, dans le comment une survivante s'organise, seule, isolée, avec pour seule compagnie un chien, des chats et une vache qui mettra au monde un veau. Une femme, dans un chalet de la campagne autrichienne, coupée de la menace du monde par un mur invisible, qui devra communier maintenant avec la nature qui l'entoure. Elle redécouvre le travail manuel, le brut, le vrai. Plus d'artifices, plus de schème de pensées dicté, plus de standard, plus de norme. Seulement le vrai. Et ce sera également pour elle l'occasion de se redécouvrir, de faire face à ses démons, de se remettre en question... Son isolement la pousse à l'introspection. C'est juste majestueux !
L'écriture est sublime. Chaque mot, chaque phrase, chaque signe de ponctuation est à sa place. Ni en trop, ni en moins. Certes, c'est lent, il faut apprécier ce genre, mais c'est tellement dense, tellement plein de sens. C'est très fort ! Un roman à découvrir et à placer à côté des grands du genre, entre Huxley, Bradbury et Orwell.
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Bien triste de ne pas avoir rédigé de critique sur cet ouvrage | je n'en crois pas mes yeux !!] car je l'ai mis dans mes livres -Phares à emmener sur une île déserte...
et je maintiens ce choix, de façon absolue !

Mais, il est vrai que j'ai lu ce texte extraordinaire il y a fort longtemps... Et Babelio n'était pas encore de ce monde !!

***Ajout le 13 juillet 2020: "Plus pertinent, ici, est le personnage féminin du roman - le Mur invisible- de Marlen Haushofer. Une très belle création romanesque, probablement illustrative de ce que l'imaginaire féminin peut investir spécifiquement dans la notion de solitude radicale et survie dans la nature. Un événement inexplicable, ayant à voir avec la fin du monde, vient couper de la société une femme qui séjournait dans un chalet de montagne. Avant que ne s'épuisent papier, allumettes, elle peut tenir un journal et raconter comment elle assure à force de travail et d'acharnement sa survie temporaire et celle de quelques animaux que le hasard lui a confiés. L'amour et l'esprit de responsabilité avec lesquels elle les traite, la façon dont elle se constitue avec eux en société, donnent du sens à l'épreuve, entretiennent sa dignité et sa force morale dans cet isolement dramatique. Son courage propre, son sens pratique l'aideront à préserver son intégrité et se protéger de la puissance de la peur. Cependant que la maintiendront dans l'humanité son rapport sensible à la nature et les émotions douces et terribles qu'elle devra à ses bêtes. " [ Françoise Lapeyre / "Femmes seules loin des villes" , Lattès, 2003 ]

Je joins le lien pour l'adaptation cinématographique , que je n'ai pas été voir...L'angoisse sans doute idiote d'être déçue après une lecture tellement incroyable !!...
*** Je ne manquerai pas une relecture de ce roman époustouflant... pour rédiger une chronique digne de ce nom !!!

http://www.bodegafilms.com/film/mur-invisible-le/
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Pourquoi, un matin de Mai, un mur invisible sépare-t-il soudain une partie de la montagne autrichienne du reste du monde? Pourquoi ceux qui sont de l'autre côté de ce drôle de mur sont-ils restés pétrifiés dans leurs mouvements, comme un nouveau Pompéi? Qui a conçu ce mur, pourquoi, où s'arrête-t-il, pourquoi la narratrice a-t-elle, elle, échappé à ce qui ressemble à la fin de l'humanité?
Beaucoup de questions dès le début du roman, mais pas de réponse!
Notre narratrice - à quoi bon lui donner un nom puisqu'elle est seule désormais!- a suffisamment de sang-froid et de maturité - ou bien est-elle folle, finalement, pour réagir ainsi? - pour ne pas s'attarder sur le comment et pourquoi, et décide de réorganiser sa vie au plus vite, puisqu'il faut bien vivre... pour retrouver sa vie d'avant, un jour? Non, elle n'y croit pas.
Elle a auprès d'elle Lynx, le chien de ses amis dont elle investit aussi le chalet. Peu après, elle prend en charge une vache égarée, Bella, bien heureuse d'être traite et de trouver un confortable refuge, et enfin la chatte, indépendante mais affectueuse, qui a en recours un matou sauvage caché dans les bois. Tout ce petit monde va recréer un microcosme, nourris par Bella, aimés par Lynx, soignés par la narratrice qui se souvient de son enfance paysanne, heureusement. Car les journées sont longues et chargées: il faut planter, moissonner, aller aux alpages l'été, s'occuper de toutes ces petites bêtes auxquelles elle s'attache malgré elle, économiser les ressources... bref: survivre. Malgré le jour où...

On sait très vite que Lynx va mourir, que Taureau, le fils de Bella, va être sauvagement tué. Mais il faudra attendre la fin du récit pour savoir, et les pages se tournent dans une angoisse lancinante, une monotonie pesante. Il ne se passe pas grand chose tout le long du roman, et pourtant, maintenant que je l'ai fini, il me reste des tonnes d'impressions et d'images de cette vie montagnarde, de cette nature magnifique et sauvage, des attitudes si merveilleusement et justement décrites des animaux, presque humains.
Peu à peu, sur les deux ans passés ainsi, la narratrice change: son corps devient sec, menu et musclé, perdant ses formes arrondis. elle oublie petit-à-petit des pans de ses connaissances du monde d'avant. Mais la nature entre en elle: elle reconnaît chaque herbe, vit avec la pluie et le vent, les corneilles et identifie au premier regard les chevreuils qui ne sont pas originaires de sa vallée.
Alors oui, la lecture peut sembler monotone, mais on n'en sort pas indemne.

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Venue passer quelques jours dans le relais de chasse de ses cousins, la narratrice se retrouve un beau matin isolée par mur invisible surgi de nulle part. de l'autre côté, elle peut apercevoir le reste de la vallée où ne subsiste plus trace de vie. de son côté à elle, la vie continue.

Le récit à la première personne traduit l'évolution de la narratrice : sidération du début, abandon progressif de tout espoir et construction d'une nouvelle vie réduite à l'essentiel, entourée simplement de quelques animaux avec lesquels elle va tisser un lien très fort.

Les descriptions sont nombreuses, le quotidien retranscrit par le menu, chaque nouvelle culture, tâche ou occupation est détaillée. Pourtant, en dépit de ce ton presque aride, ce livre se lit facilement et les quelques passages où la narratrice évoque sa vie d'avant le phénomène sont d'une rare acuité et viennent régulièrement interroger le lecteur…
À découvrir.
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Le mur invisible fait partie de ces romans initiatiques, énigmatiques, qui me fascinaient déjà avant même d'y être entré.
J'y suis venu tout d'abord à pas lent. Et puis je suis entré dedans. Peut-être, le temps de cette lecture, me suis-je laissé emprisonner par ce mur invisible, sauf que j'ai pu en revenir et vous en parler ici ce soir.
Le mur invisible ressemble étrangement à d'autres livres qui parlent d'un drame mystérieux qui dépasse l'humanité et qui m'ont touché eux aussi, tels que Dans la forêt ou bien plus récemment le poids de la neige, ou bien il y a très longtemps ce magnifique roman de Robert Merle intitulé Malevil.
Ici on ne sait rien de ce qui est, on découvre avec les personnages ce qu'il advient parce que la force et la magie de ce récit nous permet d'entrer de plein pied dans l'histoire avec eux.
C'est l'histoire d'une femme qui se retrouve séparée du reste du monde. Cette phrase énoncée comme cela pourrait paraître banale, anodine, sauf qu'il s'agit d'un mur, quelque chose de physique, de palpable, invisible parce que rien ne laisse voir le moindre détail de cette muraille figée, immuable et effrayante.
Passée la surprise et l'effroi, passée l'impensable, cette femme prend conscience de la nécessité de s'organiser, organiser sa vie pour survivre. Elle est là seule, quasiment seule, car la vie qu'elle découvre autour d'elle se résume tout d'abord à quelques animaux, un chat, un chien, des vaches. La solitude se pose comme une évidence dans le guide de survie de cette femme.
Parfois elle revient au bord des limites de sa nouvelle existence et contemple une scène figée de l'autre côté de ce mur invisible, un homme penché au bord d'une fontaine, une femme assise sur un banc, ce sont ses voisins et ils sont de l'autre côté désormais figé dans la mort. Que s'est-il passé ?
Passée l'effroi, cette femme doit survivre et c'est ce qu'elle va faire...
Pour cela, la nature est présente, belle, sans doute hostile, difficile d'accès au départ, il faut trouver les clés d'accès. Déjà que cette femme est emmurée, comment faire pour trouver les bons chemins dans cette sorte d'emprisonnement, non pas pour parvenir à se hisser hors de ce mur invisible, mais pour tout simplement, s'en sortir, survivre, continuer avec de nouveaux repères ?
Dès lors, les saisons vont se dérouler de manière immuable.
La relation avec les animaux est forte, elle nous apparaît indispensable dans cette survie.
Comme à chaque fois, ce genre de sujet ne me donne pas forcément envie d'y aller spontanément. Et puis une amie m'en a parlé en très grand bien, alors forcément j'y suis allé en courant et je n'ai pas été déçu un seul instant.
J'ai trouvé ce livre magnifique. On ne s'ennuie pas un seul instant, mais ce n'est pas cela qui a retenu mon attention ; ce qui a retenu mon attention c'est cette étrange et insondable beauté qui se faufile dans les pages et nous emporte comme dans un enchantement, cherchant le chemin pour sortir de cet emprisonnement, se heurtant à ce mur invisible, rebondissant dans la nature encore présente et s'y posant comme un oiseau fatigué d'azur.
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Le mur invisible c'est l'histoire d'une femme ordinaire en Autriche qui se réveille un matin dans le chalet de ses amis partis en vadrouille et prisonnière de la forêt. Un mur, invisible, se dresse devant elle comme un mur scindant le passé et le futur, l'humanité, la civilisation et la nature. Cette histoire peut rappeler le Dôme de Stephen King sauf qu'ici l'horreur se trame dans la solitude et la peur.
Ce roman amène beaucoup de réflexions et de « pistes » pour vivre en autarcie dans un monde figé et arrêté, pas loin apocalyptique.
La Robinsonne, si elle veut vivre et survivre devra puiser dans la nature toute l'énergie nécessaire. Les animaux ont grande place dans l'histoire, remplaçant très vite les hommes. Ils seront pour l'héroïne le dernier rempart avec l'humanité.
Comment malgré tout survivre seule en pleine forêt ? Peut-être faut il oublier toute trace du passé et vivre comme si cette vie en forêt fut à jamais la seule véritable.
On pourrait penser que ce roman est monotone, faute d'actions, je l'ai trouvé pour ma part très vivant. La palpitation tient dans cette survie, dans cette nature imprévisible et dans sa capacité à réinventer une vie loin de la civilisation. Parfaitement réussi et intelligent.
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