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Pierre Plateau (Éditeur scientifique)Dominique Tiry (Éditeur scientifique)Claire Paulhan (Éditeur scientifique)Béatrice Leca (Préfacier, etc.)
EAN : 9782912222213
533 pages
Claire Paulhan (02/04/2005)
4.27/5   11 notes
Résumé :

" Par amour de l'aventure, de l'ombre qui masque et de l'équivoque, j'ai préféré le mardi-gras où l'on pleure sous son masque, à tous les jours, et me voilà grimée pour la vie en pantin que rien ne casse, en fantoche de bois. Horreur ! Puisque tu es si consciente, me direz-vous, ô mes rares amis, pourquoi ne pas t'arrêter, ne pas reprendre souffle, pourquoi ? Parce qu'il est déjà trop tard, ou bien trop tôt, vous dirai-je, parce que je suis contaminée, p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Dans ce second tome de son journal, Mireille Havet parle beaucoup de l'état de poète, de la poésie, de l'écriture. le poète est un être éclairé. Témoin du monde, il s'oppose aux autres, aveugles et routiniers.
Elle reste hantée par la Première Guerre mondiale : « Nous sommes une génération implacable, formée par la guerre et qui ne reconnaît plus aucune loi. Rebelles à la tradition, nous le sommes presque à la mort et ne lui reconnaissons plus sa pompe ni son prestige. Trop de jeunes gens de notre âge furent pris pendant la guerre, sans formalité, ni précaution, ni excuse. On leur disait adieu dans une gare, et on ne les revoyait jamais. » Elle parle d'une « jeunesse perdue ». C'est d'ailleurs le titre du roman qu'elle écrit en parallèle de son journal, roman malheureusement disparu.

Elle voyage beaucoup. Ne supporte pas Paris lorsqu'elle y est, regrette la ville lorsqu'elle n'y est plus. Elle se retourne à Villefranche, au Mont-Dore, mais surtout elle découvre Capri, dans la baie de Naples en Italie. Elle tombe amoureuse de l'île : « Les invertis et les poètes ont donc tout de même une Patrie. »

Elle perd sa mère. Elle se sent libre un instant : « J'étais libre, ayant tout perdu… Je ne parle pas du choix qu'on fait des amis, je ne parle pas du choix de l'amour. Ce sont là des entraves qu'on se crée soi-même et envers lesquelles on n'a aucune autre obligation que celles des sentiments les plus dégagés. Les véritables entraves sont celles de la famille et je n'en reconnais que de deux sortes : les parents et les enfants ! » avant de se sentir enfermée, entourée par un grand cimetière puisque ses parents, ses amis sont parmi les morts. Elle connaitra d'autres pertes à la fin de l'année 1923, notamment celle de Raymond Radiguet, mort à vingt. La mort la frappe, l'entoure, elle se sent vieillir.

Elle est amoureuse de Marcelle Garros, s'installe avec elle, puis l'amour s'effiloche. Marcelle semble trop sage, trop douce. L'ombre de Madeleine de Limur plane encore sur elle, Madeleine qui s'approprie le personnage qui la représente dans Carnaval et qui recontacte Mireille. Elle rencontre d'autres femmes, aventures fugitives dans un train, amours le temps d'un voyage. Mireille se fait la voix du plaisir, de la jouissance, de la séduction. « A toutes ces jeunes filles, à toutes les autres, inconnues, futures, ignorées, je souris. » Mais il y a aussi l'ennui de l'amour, la lassitude, la rupture. Elle écrit la fin de l'amour sans tenter de se cacher sous des faux-semblants.
Les femmes et les drogues. Sa consommation augmente. Opium, cocaïne. Parfois joyeuse de fumer, parfois dégoutée. « Il m'est affreux de me dire que je ne dois aujourd'hui qu'à l'opium cette lucidité qui me permet d'écrire et que j'avais autrefois à l'état naturel. L'absurdité de cette impasse me rend mécontente de l'univers. »
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Nos maîtres sont morts et nous sommes seuls. Il faut compter que l'incohérence de notre époque vient de ce vide accidentel des talents, des intelligences supprimées par la mort. Notre génération n'est plus une génération, mais ce qui reste, le rebut et le coupon d'une génération qui promettait, hélas, plus qu'aucune autre. Tout au monde est désaxé, tout. Rien n'échappe à cette loi de folie, à ce malaise qui précède une aube que nous ne verrons même point. [...] Et nous, enfants gâtés nés pour le plaisir du soir, la douceur des lampes, le crépuscule qui fond les contours, nous voici en pleine apocalypse. Nous n'aimons pas fonder, construire, résoudre. Nous aimons tout ce qui finit et tout ce qui meurt. Voilà pourquoi, sans doute, tous nos amis sont morts. Notre faute est d'y survivre.
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Nos maîtres sont morts
Et nous sommes seuls
Notre génération n'est plus une génération
Ceux qui restent, le rebut
Et le coupon d'une génération qui promettait, hélas
Plus qu'aucune autre
Tout au monde est désaxé, tout
Et nous
Enfants gâtes, emmenés pour le plaisir du soir
La douceur des lampes
Le crépuscule qui fond les contours
Nous rôtissent en pleine apocalypse
Nous aimons tout ce qui finit
Et tout ce qui meurt
Voilà pourquoi, sans doute
Tous nos amis sont morts
Notre faute est d'y survivre.

(reprise de Valérie Rouzeau)
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La vie est ce qu'elle est, courte et d'un trajet unique. Ceci exclut cela. Vivre est un sacrifice perpétuel. [...] La vie est un mensonge, la vie est une mascarade. Je voudrais pouvoir appeler tous mes livres "Carnaval". Ce nom seul convient aux récits de la vie.
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[...] une odeur trouble montait de la ville avec des rires nerveux, proches des larmes comme le temps.
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