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Janice Nadeau (Illustrateur)
EAN : 9782895401179
48 pages
Les 400 coups (02/01/2004)
4.19/5   16 notes
Résumé :
Comment parler de la guerre ? Pas seulement aux petits. Comment parler de la guerre sans sombrer dans le drame ou la mièvrerie, dans le pathos ou dans la critique dure ? Pas facile, la guerre. Par où la prendre ? Dans « Nul poisson où aller », Marie-Francine Hébert se place en périphérie pour nous livrer la vue à vol d’oiseau d’un moment de guerre et, de là-haut, plonge ensuite dans le cœur d’une petite fille, Zolfe, qui doit fuir son village par un jour de soleil. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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L'album de Marie-France Hébert invite le lecteur à suivre le regard, les émotions et les questionnements de Zolfe, une jeune fille qui vit les bouleversements et les conséquences qu'entraîne la guerre civile.

Expulsée de chez elle en compagnie de ses parents et de son grand frère, et de son poisson, Émil, Zolfe se préoccupe surtout de ce qu'il adviendra de ce poisson dont elle a la responsabilité.

L'oeuvre se remarque par la poésie de l'auteure, la richesse des symboles, mais surtout par le point de vue adopté. À travers la narration hétérodiégétique, le point de vue de Zolfe est à la fois ce qui charme et ce qui confond.

Ce point de vue interne charme le lecteur en raison de la candeur de Zolfe, en raison de cette vision du monde qui ne lui permet pas de comprendre et d'expliquer ce qui lui arrive. Sa naïveté lui permet de ne pas chercher à tout savoir, car sa jeunesse et son imagination lui fournissent des réponses heureusement rapides.

Ce qui est intéressant avec ce regard juvénile incomplet est justement ce qui laisse le lecteur sans réponses satisfaisantes. Comme Zolfe, la question « Pourquoi cette guerre? » demeure. Les lecteurs qui tolèrent mal ces oeuvres qui interpellent, qui interrogent plus qu'elles ne répondent garderont l'impression que l'histoire se termine mal ou n'est tout simplement pas terminée. Les moins expérimentés se laisseront peut-être museler par leur sentiment d'incompétence.

Les lecteurs plus habiles et expérimentés éprouveront, quant à eux, un grand plaisir à relire ce texte. Les plus attentifs découvriront peut-être la petite transgression des niveaux diégétiques qu'offre l'image du Pot aux rêves de la page 44 : une métalepse.
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Nul poisson où aller

L'album "Nul poisson où aller" intrigue le lecteur dès le premier regard. Les illustrations aux couleurs douces, à la fois sombres et colorées, ajoutent grandement à la lecture du texte. Les images parlent et tout au long de notre parcours, les liens s'affinent et se définissent entre le récit et les illustrations. le texte, aussi abondant en images, oblige le lecteur à des moments de réflexion, des relectures, des retours en arrière pour cerner l'ensemble de l'oeuvre. Plusieurs voies s'ouvrent à nous.

Nous pensons que cet album vaudrait la peine d'être travaillé en classe pour enseigner aux élèves ce que c'est que d'interpréter un texte. En effet, un tel texte s'inscrit tout à fait dans la lignée de ce que C. Tauveron appelle un "texte résistant". L'universalité du propos est soutenue par l'absence de visage dans les illustrations, par l'absence de référence à des lieux, des époques, des peuples.

Au début, on comprend qu'il s'agira pour la petite Zolfe, personnage principal, d'un voyage. Rapidement, cependant, les événements vont se précipiter et l'histoire prendra une tournure dramatique. le voyage ne sera pas celui auquel on s'attend.

L'auteure brosse un portrait impressionniste des événements et des personnages, par petites touches faisant naître en nous les plus riches émotions sans jamais - ou si peu - nommer les drames de façon crue, explicite. L'analogie entre le livre d'histoire que l'enfant connaît par coeur et qu'elle cite, dans le récit principal, ajoute à la fois à la difficulté de compréhension tout en offrant des clés nous aidant à mieux comprendre. Cela paraît paradoxal, mais ce récit est construit à la manière d'une poupée gigogne où différents niveaux s'imbriquent et se complètent les uns les autres. Aucun élément n'y est plaqué inutilement, tout y a un sens, sa place.

C'est un texte qui nous fait entrer dans les univers de Zolfe. Elle les voit tour à tour s'effondrer ou elle s'y réfugie pour mieux échapper à la réalité.

L'album est également illustré de façon admirable. Les images autant que le choix des couleurs participent à l'atmosphère du récit et nous amènent dans un univers où nous partageons avec les personnages la perte de sens qu'ils subissent. le choc des réalités - celles de Zolfe et des autres - se manifeste par une coupure importante dans le récit. le "Soudain" est amplifié par le recours au noir et blanc, en contraste avec les couleurs des pages précédentes.

C'est un album "coup de poing", malgré tout, tout en douceur, qui fera vivre aux élèves le drame de la guerre, des questionnements sans réponses et qui, nous croyons, les laissera transformés.

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«Nul poisson où aller», c'est le témoignage intense de Zolfe, une jeune fille, plongée malgré elle dans l'univers de la guerre.

Cette oeuvre propose des allers-retours touchants entre la réalité et les pensées du personnage. Elle propose une lecture en parallèle où deux univers sont enchâssés, soit celui de sa vie et de son livre préféré. Tout comme elle le traîne, elle traîne aussi sa vie et n'a «nul poisson où aller».

On dénote dans cet album plusieurs métaphores qui nous laissent souvent en questionnement. Plusieurs relectures sont nécessaires pour arriver à accéder au contenu. Tout comme Zolfe, le lecteur se laisse entraîner dans un déroulement où il est impuissant. Et tout comme le personnage, le lecteur ne sait pas où tout cela le mènera.

Au premier regard, les illustrations sont peu attirantes, mais si le lecteur s'attarde à les survoler et tente d'anticiper le contenu, il peut se faire prendre au jeu de la lecture. Il est donc recommandé d'utiliser les stratégies de lecture du AVANT pour bien apprécier l'oeuvre à sa juste valeur. En situation de classe, il est très important d'accueillir les questions de nos jeunes lecteurs.

L'utilisation de différents types de phrase, de figures de style bien choisies, en particulier des métaphores, donne une poésie dans le traitement du sujet. Entre autres, la forme interrogative accompagne le lecteur dans son propre questionnement et dans son anticipation tout au long du récit. Il s'agit ici d'un superbe modèle d'écriture, en ce qui à trait au respect du destinataire.

Enfin, ce qui nous a le plus marqué de cette oeuvre est la façon dont l'auteure a su rendre un événement si tragique de façon aussi poétique. Bref, une oeuvre tout à fait déroutante.

Conseillers pédagogiques assis à la table 10
février 2010
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Une petite fille au nom bizarre tout droit sorti d'un épisode de Star Trek. Des promesses de départ, de voyages. Et, puis, tout à coup comme surgis de nulle part, des hommes, masqués, armés, durs, sans foi ni loi, qui mettent tout à feu et à sang, qui obligent à tout quitter. Mais pour où? Mais pourquoi? Qui sont-ils? Que veulent-ils?
Moi, je suis un poisson. Perdu dans mon bocal, car il y a trop de vagues tout à coup qui agitent mon univers. La petite fille me tient serrée contre son coeur et, dans sa tête, pour oublier l'horreur, elle tourne les pages de son histoire préférée, le Pot aux rêves. Petit livre inséré au récit principal dont on tourne les pages avec elle pour trouver une planche de salut, un refuge à l'atrocité des événements.
Le lecteur se sent comme Émil, le poisson, pris dans ce tourbillon de l'horreur, comme Zolfe, il ne comprend pas toujours tout du premier coup. Il pense au génocide arménien, à la diaspora juive, mais le récit ne précise pas les lieux ni l'époque. Les illustrations sont floues et rendent compte de cette imprécision comme pour prouver que ce pourrait être ici comme ailleurs avec une seule certitude pourtant, universelle malheureusement: la folie est humaine.
Nul poisson où aller nous plonge dans un univers bouleversant, tragique, où chaque illustration abrite un symbole, où chaque phrase recèle une poésie dérangeante. Il y a la guerre en filigrane, l'exode, le génocide, les rêves de Zolfe, ses questions, ses doutes devant ce grand chambardement. Il ya aussi l'espoir.
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Avec Nul poisson où aller, Marie-Francine Hébert aborde le sujet grave qu'est la guerre avec énormément de poésie. Pour ce faire, elle a choisi de mettre en parallèle la vie d'une petite fille et le contenu de son livre préféré qu'elle laisse derrière elle à l'heure du départ forcé.

La guerre n'est ni un sujet simple, ni un sujet facile. C'est de plus un sujet bouleversant autant pour les petits que pour les grands. Et pourtant, Marie-Francine Hébert sait faire du choc des soldats qui entrent chez soi de force, du fait de quitter sa maison dans les cinq minutes, de membres de la même famille séparés, d'une destination inconnue comme but du voyage, d'un regard qu'on reconnaît qui est passé à l'ennemi, du poisson qu'il faut sauver et de l'incertitude qui nous guette un album sans haine, sans accusation et sans procès, et dont la dominante est d'emblée la douceur, laquelle sera maintenue jusqu'à la dernière page.

Soutenu par les aquarelles empreintes de sobriété et de douceur, le texte de Marie-Francine Hébert est peut-être un de ses plus forts tant il touche et atteint. Destiné aux jeunes, Nul poisson où aller demeure un album pour lecteurs avertis à cause de son sujet et constitue une porte d'entrée à qui voudra échanger en classe ou ailleurs sur ce sujet qui sera toujours d'actualité.
Lien : http://lalitoutsimplement.co..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
C'est une belle histoire avec beaucoup de mots difficiles. Même si c'était difficile, je continuais à lire et j'ai vraiment aimé ce livre.

Henri Gaudet
Corrigé par Camille et Maude
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