La guerre en ex-Yougoslavie n'a que peu inspiré les auteurs français de romans, si ce n'est dans quelques ouvrages dont les tirages sont restés quasiment confidentiels.
Le Chant pour Marko est l'une de ces fictions s'essayant à restituer dans le champ romanesque une tranche d'histoire encore proche de nous.
De fait, nous sentons très vite l'ambiance terrible de la guerre vécue par la population de Sarajevo à travers de nombreux personnages qui sont autant de points de vue sur le conflit : un enfant fou de musique, son mentor, pianiste de bar, qui lui montre les lumières de la vie au plus noir des combats, une humanitaire française un peu perdue, un officier français de la force des Nations-Unies, etc.
L'auteur s'est attaché à traduire le sentiment d'abandon éprouvé par les différents protagonistes, civils, militaires de la Forpronu, gens des ONG. Il met en évidence l'horreur d'un affrontement que personne n'aura su arrêter quand il le fallait. Il aura fallu le massacre de Srebrenica en 1995 - dont l'auteur n'évite pas la nécessaire relation- pour que la communauté internationale finisse par entreprendre une action décisive mais bien tardive conduisant aux accords de paix de cette même année.
In fine, la musique seule sauvera le petit Miroslav de la folie dans lequel le siège de Sarajevo aura souvent enfermé les habitants de la ville.
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C'était devenu un rite. Chaque fois qu'elle arrivait à cette hauteur de la rue Ferhadija, pas très loin du vieux marché couvert construit par les Autrichiens, Draga consultait la liste des morts de la semaine avec une appréhension mêlée d'une trouble curiosité.