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sur 5363 notes
Un excellent roman post-apocalyptique, le journal d'une survivante.

Deux soeurs vivaient avec leurs parents dans une maison isolée, à six kilomètres du plus proche voisin. Une enfance idyllique, loin des contraintes du système scolaire, la lecture, la danse et la nature, un paradis… jusqu'à ce que la maladie frappe, un cancer qui emportera sa mère.

Tout à leur malheur, les filles se préoccupent peu de ce qui se passe dans le monde. Mais peu à peu, l'électricité devient instable et les ordinateurs s'arrêtent. On a plus d'essence pour aller en ville acheter des provisions et il y a de moins en moins de denrées disponibles, les commerces n'ont rien à vendre faute de camions de livraison. Elles apprennent aussi par des rumeurs que des populations sont décimées par des graves épidémies, il y aurait eu des émeutes et des troubles sociaux.

Si on ne connaît pas exactement l'enchaînement des catastrophes qui a mené à la destruction de la civilisation technologique, on constate sa dépendance à l'électricité et au pétrole. Même dans les villages isolés, un doigt sur un interrupteur et la lumière jaillit, un bouton déclenche une douce chaleur et un clic de souris permet de parcourir le monde. Comment ensuite se passer de tout cela?

C'est le propos du roman : le dénuement, la solitude et les cauchemars, mais heureusement aussi, la résilience et la fraternité.

Une bien belle découverte, merci Babelio!
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Le retour de l'homme à la nature est-il encore possible ?
En a-t-il seulement l'envie ou la volonté nécessaire pour y parvenir ?
Dans un monde dominé essentiellement par la technologie où il suffit de pousser sur un bouton pour avoir accès à tout, que devriendrions-nous sans électricité, sans essence ?
Dans une société de consommation telle qu'il nous suffit de tendre la main pour obtenir le superflux, comment réagirions-nous si tout venait à manquer ?

C'est à cette situation presqu'apocalyptique que Nell et Eva sont confrontées dans ce superbe roman de Jean Hegland.
Se retrouvant seules dans la maison familiale construite par leur père en bordure de la forêt, contraintes de vivre uniquement sur les réserves de nourriture, privées d'essence et de téléphone, elles attendent quelque chose ou quelqu'un qui leur annonce que la situation s'est rétablie.
Car chacune d'elle entretient un rêve qu'elle ne pourra réaliser sans électricité.
Pourtant, personne ne viendra et, venant à manquer de tout , elles se tournent enfin vers la forêt, la démêlant, attachant des noms aux plantes qui la peuplent, découvrant petit à petit les ressources inépuisables dont elle regorge et collaborant avec la terre, l'eau et le soleil.

Dans la forêt est un appel urgent à la réflexion, à la réaction.
Quelque chose nous échappe dans ce monde, nous exposant irrémédiablement à une catastrophe écologique et économique.
Le fil rouge de ce roman est la (re)naissance à un autre mode de vie, plus respectueux, plus propre, plus vrai.
Une renaissance à soi-même, à la rencontre de notre nature profonde, de la sève qui nous nourrit et qui puise sa force dans les profondeurs de la terre.
Quand la forêt cesse d'être une menace et devient notre unique planche de salut.

L'histoire d'une relation intense également parce que l'autre est indispensable à notre enrichissement, à notre survie, à notre bonheur tout simplement.
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On parle quelquefois du regard visionnaire que peut porter un écrivain sur la société. C'est le cas avec la romancière Jean Hegland et son roman « dans la forêt » écrit en 1996, il y a maintenant 20 ans.

Deux soeurs de 17 et 18 ans vivent seules dans une maison au coeur d'une forêt. Elles ont toujours vécu isolées, avec leurs parents, aujourd'hui disparus, protégées du monde extérieur.
Nell, la plus jeune se destine à rentrer à Harvard, Eva rêve d'une carrière de danseuse étoile.

Sauf que depuis 1 an il n'y a plus d'électricité, plus d'essence, plus de téléphone ni d'internet.
Les villes ont été désertées, des épidémies ont fait leur apparition, et les deux soeurs vivent en autarcie dans cette nature généreuse, persuadées que les choses vont rentrer dans l'ordre et que la vie reprendra son cours.

« Dans la forêt » est plus qu'un banal roman post apocalyptique, c'est aussi un guide de survie et de partage.
Les deux soeurs vont apprendre à vivre avec ce que qu'elles ont, lorsque les quelques provisions s'épuisent, la forêt qui deviendra terre nourricière.

Elles devront aussi apprendre à apprivoiser la solitude, la peur et la souffrance.

La nature est omniprésente dans ce récit, les saisons se suivent immuablement et les pages du livre se tournent, vite, trop vite.
Il ne se passe pas grand-chose finalement, pas beaucoup d'action, mais tellement plus. C'est à la fois triste et plein d'espoir.

Une très belle lecture.

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Eh bien voici mon 1er vrai coup de coeur de 2018 ! Je l'ai tellement aimé et lui trouve tellement de qualités que je ne sais pas trop par où commencer.

Ce qui m'a le plus touché, c'est peut-être la description d'un retour à la nature, lent mais inexorable.
Après une catastrophe pour laquelle nous n'avons pas vraiment d'explication ni ne connaissons les véritables conséquences, Nell et Eva vont devoir apprendre à survivre en trouvant autour d'elles tout ce dont elles ont besoin. Et elles vont vite se rendre compte que c'est dans la nature qu'elles trouveront ce qui suffit à leur bien-être. Elles vont donc se réapproprier petit à petit leur environnement naturel. On peut le voir comme une régression d'un état civilisé à un état sauvage. Pour ma part, j'y vois plutôt un retour bienfaiteur à l'essence même de la vie.

A moins que ce qui m'ait le plus émue ne soient les liens qui unissent les deux soeurs, et la famille en général. Des liens très forts mais qui ne sont pas exempts de tensions : jalousie, reproches, incompréhensions. Les sentiments n'en semblent que plus réalistes. Ce sera l'occasion pour l'auteur d'aborder des thèmes forts : la maladie, la mort, la naissance, l'amour...

Ou peut-être est-ce la plume de Jean Hegland qui m'a le plus chamboulée ! Une écriture on ne peut plus sensuelle : odeurs des plantes, goût des légumes du potager, la vue à travers les promenades en forêt, l'ouïe aussi quand les soeurs tentent de reconnaître les bruits qui les entourent, le toucher enfin (massage de corps en souffrance, sexe, peau à peau...).
Jean Hegland prend son temps. Un temps qui passe lentement, qui peut être le temps du souvenir, le temps de l'urgence face à un présent difficile, où le temps de l'avenir.

Je ne pourrais jamais venir à bout de tout ce qui mérite d'être relevé dans ce récit. J'espère toutefois avoir réussi à vous en montrer les forces et la puissance afin que vous preniez ce livre entre vos mains en toute confiance, pour un pur moment de plaisir.
Et que Dans la forêt laisse ses marques en vous, comme il les a laissées en moi. Et peut-être que l'on pourra changer le monde...
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et voilà une critique de plus sur ce roman ...

Nell et Eva fêtent un étrange Noël puisque le monde a changé brutalement. Elles se font un cadeau symbolique : pour Nell un vieux carnet retrouvé derrière une commode et pour Eva passionnée de danse, une paire de chaussons de danse reprisés méticuleusement par Nell.

En effet, tout a changé, il n'y a plus d'électricité, plus de téléphone, plus d'essence (il ne leur reste qu'un bidon retrouvé en rangeant la maison, sujet à dispute, chacune voulant l'utiliser à sa manière.

Nell devait intégrer l'université et Eva une école de danse, mais tout est tombé à l'eau, il faut désormais apprendre à survivre, à se restreindre, ne pas consommer trop, faire des conserves avec les légumes du jardin les fruits cueillis dans la forêt, tamiser la farine car les sacs se sont remplis de vers, rationner le thé, qui devient blanc à force d'être dilués avant de devenir de l'eau chaude.

Les deux soeurs ont toujours vécu dans une ferme rudimentaire, et un terrain d'une trentaine d'hectares, leur chère forêt où elles aimaient crapahuter enfants. Leur mère avait dû abandonner la danse et se concentrer sur le tissage, la création de couleurs à partir de pigments naturels, et faire des conserves. Elles n'ont pas été scolarisées, les parents s'occupant de les instruire. Quand elles se sont retrouvées orphelines, une fois le choc passé, elles se sont organisées pour survivre, et leur mode de vie d'avant les a certainement rendues plus fortes.

J'ai beaucoup aimé ce livre, qui à travers une belle histoire de sororité, dénonce la société de consommation, alerte sur ses dangers, sur notre dépendance aux énergies fossiles, sur tous ces objets qui nous sont soi-disant indispensables, téléphones, machines à laver, fours micro-ondes ou autre, produits d'hygiène, et nous donne des idées pour remplacer ce qui peut l'être et devenir moins « consommateurs ».

C'est aussi un hymne à la Nature, à la respecter, à utiliser ce qu'elle nous donne sans la piller… Jean Hegland l'a écrit il y a presque vingt ans et il résonne particulièrement depuis le Covid, la guerre en Ukraine, sans oublier tous les scandales sanitaires… Serions-nous (serons-nous serait peut-être plus adéquate) capable de modifier notre comportement si l'inéluctable venait à se produire ?

Il y a longtemps que je voulais lire ce roman, et j'ai dû attendre que l'engouement soit un peu retombé, et surtout qu'il soit disponible à la bibliothèque. Dans ces cas-là, je redoute toujours d'être déçue. Et bien non ! J'ai beaucoup aimé la plume de l'auteure, la manière de raconter les évènements comme une légende telle « L'île au trésor », ou un conte philosophique sur notre existence, la vie, la mort, l'harmonie avec la forêt, les animaux et les plantes qui y vivent.
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L'immense succès de ce roman que les éditions Gallmeister ont pris l'heureuse initiative de traduire en français il y a deux ans, se reflète de façon évidente par ici : on approche les 500 critiques ! J'ai donc hésité avant d'écrire la mienne : qu'allais-je bien pouvoir dire qui n'avait déjà été exprimé par les Babélionautes ? Mais voilà. J'ai été littéralement happée par la forêt imaginée par Jean Hegland, au point d'avoir du mal à m'en défaire. Cette lecture m'a laissée avec un besoin impérieux d'échanger sur les sentiments puissants et contradictoires qu'elle a éveillés en moi. Je me suis donc efforcée de mettre des mots sur mon ressenti…

Le décor est celui d'un monde qui bascule dans le chaos. L'électricité et le carburant sont épuisés, les communications ténues, l'approvisionnement en vivres interrompu jusqu'à nouvel ordre. En marge des événements, isolées au coeur d'une forêt ancestrale, Nell et Eva s'efforcent de survivre. L'unique salut des deux soeurs semble résider dans leurs liens d'amour fusionnel et dans les ressources inespérées que renferme la nature environnante… Comment en est-on arrivé là ? Quel peut-être l'horizon des deux adolescentes et combien de temps tiendront-elles ?

Ce roman se singularise au sein de différents genres littéraires qui se développent actuellement à un rythme exponentiel – les récits survivalistes, les romans d'anticipation dystopiques et le nature writing. Dans la forêt n'est pas un roman de plus, mais un texte particulier qui se démarque. Par son côté visionnaire, avant tout, puisqu'il a déjà plus de vingt ans, Jean Hegland ayant su percevoir des enjeux sociétaux qui restent plus actuels que jamais. Par ses protagonistes exclusivement féminines, ensuite, ce qui reste éminemment rare dans ce type de littérature et permet de développer un récit survivaliste d'un genre différent, où la survie ne repose pas essentiellement sur un affrontement physique avec les forces de la nature, mais sur une symbiose plus ambiguë avec elles.

D'ailleurs, point ici de grand chambardement qui viendrait faire vaciller l'espèce humaine dans un coup de théâtre spectaculaire – il ne se passe pas grand-chose, à vrai dire, dans ce roman pourtant difficile à lâcher. La dérive vers le chaos prend la forme d'un affaissement graduel, dont les premiers symptômes se réduisent à de brèves pannes de courants qui auraient pu paraître insignifiantes. Sous nos yeux, la survie s'organise par une succession de gestes quotidiens, de réflexes fondamentaux qui doivent être réappris, de stratégies pour se préserver des prédateurs qui ne sont pas toujours ceux qu'on croit… L'essentiel se déploie peut-être même au niveau psychologique. L'écriture restitue subtilement la perte de repères (familiaux, temporels, moraux) de Nell et Eva, leur deuil d'une vie et de rêves révolus. Ces impressions d'une civilisation qui vacille sont finalement d'autant plus saisissantes que l'on voit parfaitement comment ils pourraient advenir dans notre monde si nous laissons les mécaniques actuelles s'enrayer. Perturbantes, aussi, tant certaines scènes ébranlent nos repères les plus fondamentaux.

Tout cela semble bien sombre, me direz-vous. Et pourtant ! Ce qui est peut-être le plus surprenant, c'est à quel point un récit post-apocalyptique peut être lumineux, traversé à chaque page par une poésie confondante. Une ballerine qui persiste à danser, même si ce n'est plus qu'au son mécanique du métronome ; des entrées d'encyclopédie qui résonnent étrangement avec les épreuves de la vie ; la jubilation intense de voir s'épanouir les légumes qu'on a semés. Il émane de ce texte une beauté rugueuse qui jaillit, page après page, en même temps que le texte nous percute de plein fouet.

Cet équilibre oxymorique se reflète dans des représentations de la nature étrangement contrastées choisies pour la couverture du roman dans son édition française (où elle apparaît comme idyllique) et américaine (où la forêt semble sombre et menaçante). Cette ambiguïté place ce roman sous tension jusqu'à la fin, troublante, ouverte à la subjectivité du lecteur : assistons-nous à l'agonie de l'espèce humaine ou à un renouveau ? Quelle peut-être l'issue de ce rapprochement avec la forêt environnante, que Nell et Eva redécouvrent fondamentalement, presque jusqu'à faire corps avec elle ? La forêt sera-t-elle un gouffre ou un refuge ?

Chaque page de ce roman met en relief la valeur infinie et fragile de la nature, la part d'animalité de l'humain, les dérives dont il est capable lorsque l'État faillit, la tension entre liberté et solidarité, la vulnérabilité de notre confort matériel (et plus largement de notre civilisation), le sens de la vie et des priorités.

L'éditeur parle de « choc littéraire » en évoquant ce roman, le mot est définitivement à la hauteur de mon ressenti. Je reste sous le choc de la plume de Jean Hegland qui incarne puissamment nos peurs, bouscule brutalement tous nos repères, mais conserve une part de lumière qui brille comme une lueur d'espoir.
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Je crains que mon avis ne détonne un peu au milieu du concert de louanges qui entoure ce roman mais le fait est que sa lecture m'a globalement ennuyée, me donnant une impression indélébile de déjà vu. Il est d'ailleurs probable qu'un roman post-apocalyptique se confronte toujours au nombre de romans post-apocalyptiques déjà lus par chaque lecteur et, selon ce nombre, ledit lecteur sera plus ou moins surpris voire fasciné par l'univers proposé.

Dans le cas de "Dans la forêt", je n'ai pas grand chose à redire à la construction, somme toute assez classique puisqu'on voit les changements arriver progressivement, au gré de la perte du confort que représentent l'électricité, le carburant, l'eau potable, l'électroménager et les supermarchés. Nos deux soeurs-héroïnes, Nell et Eva, s'en sortent pas mal, retrouvant l'instinct du travail de la terre pour s'en sortir. Non, vraiment, sur la structure du récit en elle-même, pas grand chose à redire, mais personnellement, j'ai trouvé que tout cela manquait de flamme et de sentiment.

Bien que des rebondissements soient soigneusement répartis au fil des pages pour pousser la narration et faire naître l'émotion, je ne l'ai pas vraiment ressentie à travers les mots de Nell, la narratrice, qui finalement, m'a semblé accepter les événements de façon plutôt prosaïque. Sans doute la conscience de ma propre panique dans le cas (hélas de plus en plus probable) où notre monde dit "civilisé" viendrait à s'écrouler a-t-elle conforté ce ressenti mais j'ai trouvé trop de sang-froid chez ces deux soeurs, ce qui me les a rendues moins crédibles.

Le point positif de ce roman, son enjeu majeur, reste donc pour moi les descriptions de la nature et le personnage de la forêt, entité naturelle quasi divine, à la fois nourricière et meurtrière.


Challenge PLUMES FÉMININES 2018
Challenge ABC 2018 - 2019
Challenge TOTEM
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Deux soeurs orphelines sont contraintes, après l'effondrement de la société, de se réfugier dans leur maison familiale, située dans une clairière en forêt, en Californie du Nord, la région des grands séquoias. Leur relation, très profonde, est faite de hauts et de bas.
Un passage m'a choquée, mais, comme prévu, j'ai adoré ce bouquin.
Les personnages principaux sont fouillés, la nature reste omniprésente, les conditions de leur survie détaillées.
Au début, elles trouvent leurs ressources en elles-mêmes et dans certains livres, dans la danse aussi pour l'une.
Cependant, elles abandonnent progressivement leur vie d'avant, dont elles font le deuil (tout comme celui de leurs parents).
J'ai tremblé avec elles, éprouvé leurs joies et leurs peines.
Le succès de ce livre est bien mérité (d'où les 650 critiques, j'ai hésité à en ajouter une autre, certainement maladroite).
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Pendant les premiers ¾ de ce roman, je l'ai trouvé extraordinaire. le monde s'est effondré ; pourquoi? Pas de causalité précise, si ce n'est que l'american way of life (la nôtre, quoi) est intenable et que les temps du renoncement sont venus: Internet disparaît, mais aussi la fée électricité, la musique, les études, et très vite aussi l'adolescence.
Eva et Nell vont devoir s'adapter pour survivre. L'encyclopédie va jouer le même rôle que le bateau échoué pour Robinson: il faut reconstituer la civilisation à partir des bribes qui en demeurent; graines, fusil et robe de mariée viennent au secours des nouvelles naufragées.
Mais, tandis que Robinson n'aspire qu'à retrouver l'humanité, les deux soeurs vont choisir de s'en détacher définitivement.
Et c'est là que pour moi le bât blesse.
Car ce livre est plus qu'un traité de la décroissance et une ode superbe à la sobriété heureuse. Il est, à mon sens, un renoncement à l'humanité. Il ne faut pas seulement construire un nouveau monde, mais une nouvelle race.
Le roman , très rapidement, tourne au huis-clos: Nell et Eva, Eva et Nell. De loin en loin, un homme surgit, crée un problème, puis disparaît. Pour Jean Hegland, il n'y a rien à attendre des autres. Il ne faut pas renouer avec d'autres survivants. Il ne faut compter que sur soi et retourner aux origines.
L'âme indienne est une inspiration essentielle. Il faut avouer que si on est américain et que l'on contemple quelle civilisation monstrueuse est née du génocide des autochtones, on doit avoir envie d'effacer l'ardoise et de se retrouver au temps d'une nature respectée. Mais les héroïnes d'Hegland veulent revenir encore plus loin dans le temps. Elle choisissent d'habiter une cavité au sein d'une souche, à la symbolique matricielle évidente. De ce retour à la vie utérine viendra une nouvelle naissance, où Nell se rêve oursonne, la splendeur de l'animalité supplantant l'humain, définitivement révoqué.
Et le livre se termine comme une Genèse à l'envers. Après la disparition de la maison, d'abord disloquée par l'eau, arche inefficace, puis purifiée par le feu, Eva (la première femme) emportera son enfant né d'une vierge aidée par Tata Nell, à une lettre près de Noël (et sans doute aussi de Noé)
« L'emploi le plus ancien du mot “vierge” ne signifiait pas la condition physiologique de la chasteté mais l'état psychologique de l'appartenance à aucun homme, de l'appartenance à soi-même uniquement. Être vierge ne voulait pas dire être inviolée, mais plutôt être fidèle à la nature et à l'instinct, exactement comme la forêt vierge n'est ni stérile ni infertile, mais inexploitée par l'homme. »
Et voilà la sainte trinité en charge d'une nouvelle race au coeur de la forêt, qui se remet entre les mains de Mère Nature loin de l'humanité fétide.
Sauf que ce n'est pas en écrivant avec une langue aussi belle que Jean Hegland parviendra à me convaincre de perdre toute foi en l'humanité.
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Conseillé par mon libraire préféré, ce livre m'a conquise par les rapports qu'entretiennent les deux soeurs dans la situation chaotique qui est la leur. J'ai été également frappée par l'allusion à la transmission des parents aux enfants.

Habituée à lire des ouvrages traitant d'Histoire, j'ai actuellement grand besoin de faire une pause, de lire des histoires.
Peu m'importe que cela soit cohérent, qu'il y ait ou pas des énormités.
L'Histoire est une suite de répétitions calamiteuses, et les vainqueurs sont rarement (pour ne pas dire jamais) ceux qui le méritent le plus.
Alors non, je n'ai pas envie de retrouver la même chose dans un roman actuellement.
Et pas non plus l'envie de lire des romans à l'eau de rose ou autre chose du même acabit.
Je ressens simplement la nécessité de m'évader avec de bons récits et celui-ci m'a emmenée très loin...dans une forêt.
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