« Dans ce futur pas si éloigné, la Terre subit d'étranges événements géologiques… »
Des éruptions d'eau toxique provoquent des mutations étranges de la faune et de la flore. Au contact de l'eau, le bois des arbres se change en tôle, l'herbe devient un fatras de tuyaux en tous genres… Au beau milieu de cette végétation artificielle, Poko – un adolescent – semble y trouver son compte et apprécier cette pollution excessive. Il parviendrait même à communiquer avec ces étranges éléments organiques…
Tous cherchent à éviter d'être en contact avec l'eau toxique qui les transforme en monstre à l'exception de Poko qui, s'il n'est pas régulièrement en contact avec le liquide pollué, tombe malade et/ou en crise de manque.
Un jour, Poko rencontre Barod. Ce dernier lui demande de l'aide et Poko accepte de le suivre. Mais leur route est semée d'embûches. La vie de Poko va changer du tout au tout.
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C'est avec quelques difficultés que je suis entrée dans cette histoire. le dessin pas toujours très « propre » n'est pas séduisant à l'oeil. L'environnement hostile ne laisse que peu d'occasion de se laisser aller à la contemplation des planches. le scénario quelque peu saccadé place des personnages que l'on suivra (du moins sur le début du premier chapitre) sur une dizaine de pages tout au plus. Un début d'intrigue qui finalement n'est pas menée à terme bien que l'on imagine aisément que ces quelques éléments emmagasinés serviront tôt ou tard.
Pourtant, force est de constater qu'à force de persévérance, la mayonnaise prend et l'intérêt de poursuivre la lecture va croissant. Cela tient en majeure partie au personnage principal : naïf, courageux et réellement chanceux, son état d'esprit incite à le découvrir davantage (un cousin éloigné de Roy, le Toxic Boy de
Tim Burton). de plus, le postulat de départ, réellement original, invite également à poursuivre la lecture tant l'aventure est nouvelle. Les pluies toxiques inventées par l'auteur transforment à l'infini les corps des personnages, la faune et la flore ; sauvage et imprévisible – comme à son habitude – la nature capricieuse frappe de manière indistincte, tantôt tendre et amusée, tantôt cynique et terrifiante. L'auteur rend compte de ce caractère capricieux grâce à de très belles métaphores graphiques.
D'ailleurs, j'ai trouvé que le dessin de Xavier porte aussi le rythme de l'aventure. Sec et nerveux sans être disgracieux, il donne vie à ce récit anticipatif. Vision utopique d'un avenir improbable, on s'approprie pourtant cette fable sans difficulté. Pollution, malformations, disparition de différentes formes de vie telles que nous les connaissons aujourd'hui… il y a là un fond de vérité pourtant réel. Une des qualités de cet album tient aussi au fait que l'auteur opte pour un trait très « manga », assez différent de celui qu'il avait employé pour Root. de fait, les expressions de visages sont poussées au maximum, caricaturales. La composition des planches s'adapte aux besoins de chaque scène ; un temps calme, une scène de combat, une course poursuite… tout est bon pour casser une présentation linéaire. On suit parfaitement les mouvements des personnages, les scènes de combat sont réellement lisible malgré la rapidité des gestes. L'auteur prend son pied en insérant de nombreux clins d'oeil, il pioche allègrement dans des références tant cinématographiques que issues de l'art séquentielles ou des jeux vidéo
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