George Sand : Les carnets secrets d'une insoumise

Formidable gageure que prétendre prendre la plume en lieu et place de Georges Sand, pour inventer son journal intime et écrire en son nom à la première personne.


Cette réticence surmontée, on découvre agréablement une femme au caractère bien trempé, qui a mené sa vie comme alors seuls les hommes avaient le droit de le faire, assumant pleinement ses passions amoureuses et ses engagements de femme libre. Si elle a fréquenté beaucoup de ceux qui comptaient dans la vie artistique et intellectuelle de son époque (Musset, Chopin, Liszt, Delacroix, Balzac, Flaubert ..., même Victor Hugo par correspondance), elle a aussi souvent scandalisé ses contemporains.


C'est cette confrontation avec son entourage que la construction de ce livre permet de découvrir, au travers du regard plein d'aigreur de sa fille Solange, qui n'a jamais pu comprendre ni accepter la vie de sa mère, et qui découvre ses carnets intimes.


Voici un livre intéressant, pour qui souhaite mieux connaître la personnalité de cette grande femme de lettres, mais qui ne m'a pas enthousiasmée : j'ai eu trop de mal à adhérer à la construction, me semble-t-il artificielle, de ce roman qui dit "Je" à la place de Georges Sand et lui prête une expression dans un style sans rapport avec le sien bien sûr, mais aussi avec celui de son époque.

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Alors que je terminais une année d'étude en secondaire, lors de la proclamation des résultats, les élèves recevaient un livre. Moi c'était : « La mare au diable » de George Sand. Il y a plus de soixante ans de cela, je m'en souviens comme si c'était d'hier. Malheureusement, mes parents ne m'avaient pas donné gout à la lecture. Ce gout, je l'ai acquis plus tard. le livre n'a pas été lu, il est resté chez feu mes parents, maison que j'ai quittée dans des circonstances particulières.

Il y a un certain nombre d'années, j'ai assisté à une remarquable conférence sur George Sand. Avec le temps, j'ai oublié beaucoup de choses dites mais le nom de cette grande dame de la littérature française me revenait périodiquement à l'esprit. Je voulais en savoir plus, mais par quel livre l'aborder ? Cela ne s'est jamais concrétisé jusqu'au jour, il n'y pas bien longtemps, où j'ai entendu sur la rtbf , émission un jour dans l'histoire, l'auteur de : « George Sand, les carnets secrets d'une insoumise » parler de George Sand. Je me suis procuré le livre et l'ai lu en deux jours.

L'auteur donne la parole à deux narratrices Solange Dudevant et George Sand. Solange lit les carnets secrets de George Sand, qu'elle retrouve après le décès de George Sand et livre ses commentaires à la suite de ses lectures épisodiques des carnets. George Sand raconte sa vie, ses relations avec ses amants, son divorce avec Casimir, son seul mari, ses démêlées avec Solange qui a un caractère entier comme elle, qu'elle accuse de bien des maux, qui peut-être découlent d'un manque d'affection. Elle parle de ses voyages, des romans et pièces de théâtre qu'elle écrit, de ses réunions mondaines, des petites gens qu'elle apprécie, de ses affinités socialiste et républicaine. Dans ses livres, elle aborde ses ébats amoureux, parle du peuple et de situation haine - amour. Alfred de Musset peut-être violent ? Chopin est quelqu'un raffiné mais très fragiles des poumons. George passe d'une relation d'amant au maternage et soin de Frédéric Chopin dont la santé l'inquiète. Elle reprend des forces s'aide à pouvoir faire face aux difficultés par ses passions : jardinage, promenade à pied et à cheval, natation dans l'Indre. Elle tient énormément au château de Nohant et aux six hectares du domaine. Elle fait de régulier déplacement Nohant Paris Nohant. Lorsqu'elle n'est pas trop sollicitée par ses amants, elle arrive à leurs faire comprendre qu'elle doit écrire la nuit.

Il convient de savoir, pour plus de compréhension, que Solange est issue de la relation de son père Casimir avec une servante du château. Officiellement, George Sand est reconnue comme mère.

Solange se mariera assez jeune, façon de se dissocier de George Sand, mais elle tombera sur un mauvais numéro et perdra ses deux filles, une à la naissance, l'autre à l'âge de six ans. Il y avait complicité entre Solange et Chopin. Chopin lui apprenait le piano. Chopin reprochait après mariage de Solange que George avait consenti à marier Solange à Auguste Clésinger, il avait l'intuition que le mariage était voué à l'échec. Il eut été sage que George s'en réfère à Chopin, même s'il n'était pas le père car la jeune-fille était mineure.

George avec ses attitudes dominatrice a été jusqu'à empêcher Solange de mettre une croix en marbre sur la tombe de sa fille.

Nous lisons en guise de conclusion ce que dit Solange : « Maman à 43 ans a achevé la rédaction de ses carnets ; Je vais les brûler, la laisser poursuivre une route qu'elle a racontée avec beaucoup de précautions dans Histoire de ma vie. Elle a connu de grands bonheurs, la révolution de 1848 qui allait enfin voir aboutir ses espérances avant une désillusion si cruelle qu'elle abandonna la politique militante. »
J'en viens à la structure du livre qui m'a fortement déplu. Il n'y a pas de chapitre. Tout se suit à la queue leu leu et se rendre compte qu'il y a changement de narrateur requiert grande attention. J'aurai aimé un découpage en chapitres titrés qui globalise une idée, une période de vie de George Sand. Une bibliographie aurait été la bienvenue.

S'intéresser à la vie et aux oeuvres de George Sand est-il un privilège féminin ?

Quelle femme captivante ! Curieuse vie que celle d'Aurore Dupin, qui fut une des premières femmes à reprendre sa liberté. Parce que trompée et abusée sentimentalement et financièrement par son mari, le Baron Dudevant, elle doit travailler pour gagner sa vie. Elle choisi l'écriture, payée à la page au Figaro, puis en publiant des romans.
Moi qui suis une fidèle admiratrice de l'oeuvre de George Sand, j'ai retrouvé avec émotion, cette évocation de sa vie au travers de ce livre "Les carnets secrets d'une insoumise". C'est un style simple, facile, cependant, je regrette ce long jet, sans pauses. 283 pages, d'un jet de plume, sans chapitre, pour séparer les trois carnets dont l'auteur nous parle au début de son propos. Je regrette aussi le manque de "notes de bas de pages" pour éclairer certaines références, comme une bibliographie en fin de livre, afin de récapituler les écrits de George Sand.
[Il faut donc lire « Histoire de ma vie » Ed. La Pléiade (car les notes sont si essentielles pour comprendre ce que fut son univers ! Tout un roman, il est vrai ! ]

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