Un jour nous avons été vivants

Un livre que j'ai découvert en regardant l'émission historiquement show avec la personne qui me l'a offert pour Noël... mais là, je ne me doutais pas que cette personne allait m'acheter pour Noël....
Et si l'auteur a une chaine You Tube ( "le petit théâtre des opérations") ce n'est pas par ce biais que j'ai découvert cet auteur, qui s'est rendu compte que c'était par la petite histoire que l'on intéressait les jeunes à l'histoire, tant et ci bien qu'il a écrit des B.D. (Toujours prêtes et le petit théâtre des opérations, Faits d'armes mais récits bien réels... en trois volumes) des romans (un coup dans les urnes, Sur les rails et A la vie à la guerre) et même un livre documentaire le petit théâtre des opérations, faits d'armes de la grande guerre). ici on refond réécrit les témoignages réels pour en faire un roman en les replaçant dans l'ordre chronologique, on obtient 5 parties, pour une année chacune, 1914, 1915, 1916, 1917, 1918, 1918 comment les différentes parties de la population sont touchées par cette guerre, et cela commence par l'annonce de la guerre par le tocsin d'une église, quelque chose qui ne se passe plus de cette façon de nos jours.... différents moyens de transmettre les nouvelles, mais une guerre qui touche pourtant les gens toujours de manière aussi effroyables avec des lâches,... mais aussi des héros célèbres.... et d'autres totalement inconnus! ce que cet auteur résous en parlant d'eux et en intéressant les jeunes à L Histoire via leurs petites histoires! Magnifique!
Les sentiments les plus opposées dès le début s'expriment en chacun, tous frappés d'effrois par la guerre, mais si certains pensent au moment historique qu'ils vivent alors que d'autres s'effraient d'aller au front, surtout les jeunes prêtres qui doivent pour cela vivre en contradiction totale avec la vie qu'ils ont choisis et désobéir au commandement tu ne tuera point! Et en annonçant le départ d'un prêtre, on décrit le départ d'un autre jeune à la gare alors que le vieil instituteur sans enfant étreint des jeunes sur le départ comme un père... magnifique... car si les évènements sont vécu par différentes personnes dans la réalité, c'est écrit comme un roman, l'expérience d'une personne annonçant celui de la suivante, unifiant toute la population à travers un récit que chacun vie à sa façon... vraiment, lise au moins une B.D. ou un roman de cet auteur, surtout en cette période où la guerre en Ukraine est à nos porte.... ce que vivent les Ukrainiens... la France la vécu!

Avec ce roman, l'auteur ne nous raconte pas une histoire mais une multiplicité d'histoires et de personnages qui embrassent l'intégralité de la première guerre mondiale et plus encore car il débute le 2 août 1914, le jour de la mobilisation générale et se termine en décembre 1919.

Construit comme une lettre infinie, c'est une succession de récits individuels, où chaque narrateur est, d'une façon ou d'une autre, en lien avec le suivant. Ensemble, ils forment une gigantesque mosaïque, qui dessine ce qu'ont vécu des millions de Français pendant ces quatre années de guerre, sur le front, comme à l'arrière.

Des chemins se révèlent en filigrane, des personnages prennent une place plus importante, comme un fil rouge, puis se dérobent. Des émotions cousues main débordent de ces portraits croisés que j'ai adoré d'autant que Julien Hervieux varie les styles en fonction des héros qu'il croque et ça, c'est très bien vu.

C'est l'histoire d'Aimable, un lieutenant idéaliste plongé dans la retraite de 1914. C'est celle de Gustave, un journaliste qui ment par patriotisme. Celle d'Émile, un pilleur de tombes qui voit en la guerre l'occasion de faire fortune. Celle de Marguerite, à qui revient de gérer tout ce que son mari a laissé à son départ. Celle de Didier, isolé entre les lignes avec une blessure mortelle. de Lucette, infirmière au chevet de blessés qui refusent de remonter en ligne. de Louise, qui veut ramener le corps de son mari. Celle du père Boniface qui ne veut pas tuer mais prier pour les vivants comme pour les morts.

Ils sont militaires, civils, religieux, criminels, et parfois un peu de tout cela à la fois. Tour à tour, en partageant leurs récits, ils font naître une grande histoire, et la « Grande Histoire ».

Vous le savez, j'aime beaucoup les romans portant sur cette période et ici j'ai trouvé la construction brillante car en nous donnant à lire cette myriade de témoignages, il nous apprend une foule de choses. Et j'ai adoré le parti-pris de Julien Hervieux qui aborde la grande guerre sous un angle différent, en mettant en lumière des héros singuliers.

Il y a bien entendu des moments dramatiques, qui serrent le coeur comme les fusillés pour l'exemple, des exécutions sommaires, sans réel procès, qui commencent dès septembre 1914 ! Mais aussi les hommes accusés d'espionnage, passés par les armes, sans preuve aucune, l'enrôlement des attardés mentaux et même des prêtres qui doivent combattre, le scandale du rapatriement des corps des défunts si bien raconté aussi par Pierre Lemaitre dans Au revoir là haut.

Mais il y a aussi beaucoup d'humour, avec des situations et des réflexions vraiment drôles. Ce roman est très bien écrit et documenté, c'est un condensé de tout ce qu'il faut savoir sur le quotidien des poilus pendant ces quatre années, l'enfer des tranchées, les gueules cassées, les victimes du stress post-traumatique…

Lire la suite...
Lien : https://deslivresdeslivres.w..

Il y a quelques semaines, on m'a demandé un conseil. Quel livre lire sur la guerre de 14 ? Il y a le célébrissime 'Ceux de 14" de Maurice Genevoix ou bien encore le si sincère document "Les carnets de guerre de Louis Barthas, tonnelier", c'est ce dernier que j'ai conseillé.. Eh bien voici le roman que dorénavant je conseillerai... celui de Julien Hervieux.

L'auteur peint ici une fresque qui va du 2 août 1914 à 1919, une fresque à hauteur d'hommes. Son parti pris étonnant mais qui fonctionne parfaitement est celui du passage de témoin. de courts chapitres de 2 ou 3 pages qui s'enchaînent en passant d'un homme à l'autre, la même scène vue par l'autre avant qu'il ne passe à autre chose, un mot qui passe de bouche en bouche, l'homme que l'on croise et qui est vu par un témoin, etc..

Des hommes, des femmes, des héros, des voyous, des imbéciles, des pros.tituées, des médecins, un curé, etc.. Chronologiquement de jour en jour, on suit les événements, ceux de la Grande Histoire mais aussi ceux du quotidien. La peur, la mort, les crimes, la "boucherie", les injustices, les erreurs, les civils, les fausses rumeurs, les fusillés..

Celui qui fait les courriers mortuaires aux familles
Celui qui creuse les tombes
Celui qui les pille
Celui qui creuse, angoissé, les galeries sous les lignes allemandes
Celui qui se sacrifie pour sauver un copain
Celui qui est mort mais qui ne le sait pas encore..

Parce que ceux qui parlent ici sont morts, pas forcément à la guerre, mais après, juste après, ou longtemps après de leur belle mort comme on dit. Depuis le temps, plus de 100 ans maintenant, tous ne sont plus de ce monde.

Celui qui a croisé Marie Curie
Celui qui a eu une chance insolente
Celui qui meurt de la grippe espagnole le 9 novembre 1918
Celui qui est devenu fou
Celui qui en revient changé
Celui qui a tout perdu
Celui qui a perdu la foi..

Les chapitres les plus bouleversants ne sont pas ceux que l'on pense, ceux des combats, mais ce sont les "après". le retour, les confessions, la demande de pardon, la reconstruction d'une âme, d'un esprit. J'ai revu mon grand-père qui fit le Chemin des Dames. Ses blessures qu'il cachait, ses cauchemars qui le poursuivaient 40 ans après. J'ai pensé à ce qu'il avait vu et fait, ce que j'aurais pu lui demander..

Paradoxalement, on s'attache très vite à ces hommes qu'on croise et qu'on ne reverra peut-être pas dans le fil des événements. Survivront-ils ce Goliath et son chaton, ce curé qui apprend à tuer des hommes, cet "espion" , cet escroc ? Julien Hervieux rend tout cela facile à lire, on comprend la guerre au ras des tranchées, sans glorification excessive ni patriotisme éhonté. les hommes font ce qu'ils doivent et ce qu'ils peuvent. Ces hommes qui crient, qui hurlent, qui ont froid, qui pleurent, qui épargnent une vie, qui tuent, qui sont tués.. C'est touchant, poignant, effrayant, horrible ou drôle mais vrai. Parce que Julien Hervieux s'est nourri de faits réels et ça se sent. Parce que ces hommes... "ils ont tant à raconter. Et aucun ne mérite l'oubli."
Lien : https://mgbooks33.blogspot.com