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Gallimard (30/11/-1)
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Thomas Heywood est sans doute l'un des auteurs élisabéthains qui est le moins méconnu en France, Une femme tuée par la bonté ayant été mise en scène entre autres par Louis Jouvet. Heywood prétendait avoir écrit quelques deux cents et quelques pièces bien avant sa mort, mais nous ne saurons jamais si c'était proche de la réalité ; il ne nous en reste qu'une vingtaine à ce jour, un incendie volontaire ayant détruit le théâtre où l'on gardait l'ensemble. Il a beaucoup composé de manière collaborative, mais Une femme tuée par la bonté, à ce que l'on sait, est de sa seule main (du moins d'une de ses deux mains), et fut représentée pour la première fois en 1603.


C'est une pièce qui a fait beaucoup gloser, et en cela - mais aussi à cause de son intrigue -, elle me rappelle Mesure pour Mesure, que Shakespeare a composée à peu près à la même époque. Que n'a-t-on pas dit sur Heywood et sa pièce ? Tout et son contraire, en gros. Par exemple, que l'intrigue dite secondaire - qui m'a semblé à la lecture presque tout aussi présente que l'intrigue dite principale -, était inutile. Ou encore que tel ou tel personnage était d'une pureté sans tache, puis en fait absolument odieux. le titre et la fin n'ont pas aidé à la réputation de la pièce, considérée comme gentille, c'est bien le mot, pendant très longtemps. Or, est-elle si gentille que cela, cette pièce, et comment se matérialise la "bonté" du titre dans la pièce ?


Il y est question de deux histoires, traitées sans cesse en parallèle, mais qui procèdent des mêmes thématiques. D'un côté, on assiste au mariage de Frankford et d'Anne Acton, mariage qui va virer au cauchemar pour cause d'adultère. de l'autre, on va suivre la rivalité d'Acton, le frère d'Anne, et de Charles Mountford, qui va tourner au vinaigre. du côté Frankford, Wendoll, un gentilhomme, sera accueilli à bras ouverts par le maître de maison, va tomber amoureux d'Anne Frankford et la pousser à tromper son mari - deux fois, pour être exact. Ce que dénoncera un domestique et aura les conséquences les plus funestes pour la coupable. du côté Acton / Mountford, une partie de chasse et un pari où Acton se montre extrêmement mauvais joueur se termine par un combat, Moutford allant jusqu'à tuer deux des gens d'Acton. Or Acton est décidé à se venger jusqu'au bout - on ne sait pas trop pourquoi -, ce qui dure apparemment des années. Et quand Mountford vit en paysan depuis longtemps et doit retourner en prison pour dettes, Acton se prend de passion pour la soeur de celui-ci, Suzanne (oui, ça commence à devenir compliqué), passion non réciproque, et imagine de combler la famille de bonté pour avoir la fille.


Dans les deux intrigues, on va voir la corruption morale et les questions d'honneur venir pourrir la vie des protagonistes. Avec cette idée très particulière qui vient aussi bien à Acton qu'à Frankford : celle d'utiliser la bonté pour arriver à leurs fins, et en faire un instrument de vengeance. Frankford en use pour mieux accabler sa femme, certes coupable d'adultère, et la rendre aussi malheureuse que possible, sachant bien qu'elle se repent de sa faute et est rongée par la culpabilité. Acton use de son argent pour faire libérer Mountford de prison, et avoir sa soeur en échange. Devant la précipitation que Mountford met à accepter l'offre, mais aussi devant le refus de Suzanne, il montrera encore plus de mansuétude, laissant tomber l'idée de mariage, ce qui lui vaudra... d'épouser Suzanne.


La pièce ne manque pas de défauts. Pourquoi Frankford accueille-t-il Wendoll à bras ouverts chez lui, se prenant pour lui d'une amitié complètement inattendue, voilà qui est curieux. Quant à Wendoll, qui semble avoir été frappé par un amour passionnel, ses scrupules vis-à-vis de Frankford, très forts, disparaissent bien vite. Il passe à une vitesse record de l'amoureux transi déchiré par le remords au statut de crapule. Anne se laisse bien vite séduire par Wendoll, bien qu'elle ne soit en rien une gourgandine. Est-elle amoureuse ? Il semblerait que oui, puis que non. Question psychologie, du côté de l'affaire Frankford, Heywood aurait pu se montrer un peu plus fin et moins pressé.


Ce qui me paraît certain, c'est que la bonté trompeuse du titre, il faut bien chercher dans les recoins de la pièce pour la trouver. Les personnages masculins sont tous retors d'une façon ou d'une autre, des maîtres (on l'aura compris) aux domestiques, l'un d'eux ayant dénoncé avec insistance la liaison d'Anne et de Wendoll à Frankford pour pleurer sur le sort d'Anne à la toute fin (car non, ça ne finit pas super bien, comme l'indique le titre). Et Heywood me semble avoir très bien manié le parallélisme des deux intrigues, qui ne se rejoindront qu'à la dernière scène, pour montrer comment chacun cède, d'un façon ou d'une autre, à une certaine noirceur de l'âme, les femmes cédant, elles, finalement, aux désirs masculins. Certes, la fin d'Anne Frankford possède un côté un peu mièvre, d'où sans doute une impression de "gentillesse" appuyée de la part de l'auteur qui a perduré dans les esprits pendant... pas mal de temps. Mais le reste de la pièce aura montré une telle hypocrisie, une telle tendance à la violence (chez Mountford et Acton, surtout), un tel mépris des valeurs que chacun chérissait plus que tout au début de la pièce, que je ne vois guère comment la dernière scène peut éclipser les aspects les plus sombres qu'elle met en avant. Et la bonté comme instrument de vengeance, il est tout de même difficile de trouver mieux pour donner dans l'ironie.



Challenge Théâtre 2020
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
SIR CHARLES. Mon Dieu ! Qu'ai-je fait ? Qu'ai-je fait ?
Ma fureur a plongé dans une mer de sang,
Où mon âme s'est noyée. Pauvres innocents,
Dont il faudra répondre ! Enfin, c'est fait,
Et je reste le vainqueur. Belle victoire,
Quand je donnerais la main droite, que dis-je, la tête,
Pour insuffler à nouveau la vie chez ceux j'ai tués.
Pardonne-moi, mon Dieu, c'était dans la colère,
Mon sang, quand il bout, me met hors de moi.
C'est la colère, pas moi, qui a commis ce meurtre odieux.
Pourtant c'est moi, pas elle, qui devrai en répondre.
Sir Francis Acton a déserté les lieux,
Et avec lui ceux qui ont pris part à sa querelle,
Accablé au faîte même de la victoire.

Acte I, scène II
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