AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,84

sur 19 notes
5
2 avis
4
7 avis
3
2 avis
2
0 avis
1
0 avis
Un trio d'amour et d'amitié

Dans son nouveau roman, Jadd Hilal rassemble un ostéopathe, une journaliste et un écrivain qui peine à publier dans un appartement parisien. Ces colocataires vont tenter de se trouver un avenir entre recherche identitaire, amours contrariées et histoire familiale troublée. Une quête intranquille.

Warda, Souleymane et Houmam, le narrateur, vivent en colocation dans un appartement parisien. Souleymane est ostéopathe, mais il s'intéresse de très près à la cause animale. Au moment où s'ouvre le récit, il effectue des recherches sur les mauvais traitements causés aux chameaux, notamment ceux qui sont entraînés pour les courses dans les pays arabes. Warda, quant à elle, est grand reporter. Elle revient d'Irak où elle a effectué une série de reportages, notamment pour le Monde. Finalement, le moins bien loti est Houmam. Après avoir publié un premier roman qui ne s'est guère vendu, il a vu son éditrice refuser tous ses manuscrits. Et si la dure réalité, à savoir la quasi-impossibilité de vivre de sa plume pour l'écrasante majorité des écrivains en France, il ne se voit pas faire autre chose. Alors, il écrit leur histoire, celle du «trio d'amour et d'amitié» qui pourtant ne va pas fort, Warda ayant choisi de congédier Houmam qui se refuse à elle. Voilà sa «rose des sables qu'il aime à en crever la bouche ouverte» prendre de la distance.
Le malaise qui s'installe tient aussi à l'histoire familiale, à ce sentiment de culpabilité qui habite Houmam qui a choisi de ne pas suivre les siens en Palestine. Alors chaque fois qu'on s'en prend aux arabes, il se révolte, s'imagine que ce sujet est tabou car il ne fait que renforcer les préjugés, souligner leur sauvagerie.
Une position qui va très vite l'opposer à ses colocataires et en particulier à sa rose des sables partie en quête de vérité sur le rôle joué par un ancêtre au passé trouble.
Jadd Hilal raconte avec beaucoup de justesse cette relation d'amour-haine, faite d'élans amoureux suivie de rejets tout aussi intenses. Cette version actuelle de Jules et Jim, d'une femme entre deux hommes, montre aussi combien il est difficile d'aimer tant que l'on n'a pas résolu sa propre quête d'identité. Un mal-être que le sexe et l'humour ne peuvent que dissimuler quelques instants.
Si la femme libre qu'est Warda nous rapproche des personnages de Des ailes au loin, le premier roman de l'auteur, on retrouve aussi dans les questions existentielles de Houmam les problématiques de l'exil qui sont aussi au centre de son second roman Une baignoire dans le désert où on voit le jeune Adel fuir dans le désert suite au divorce de ses parents. Avec moins de candeur, Houmam pourrait être un Adel qui a pris de la bouteille.

Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          200
Le Caprice de vivre, un titre évocateur qui plonge le lecteur au coeur de l'intimité de trois trentenaires parisiens. Warda, Houmam et Souleymane.

Warda, journaliste au Monde, atterrit tout juste de Bagdad, elle revient avec une idée fixe qui va littéralement bouleverser le trio ayant pourtant survécu à une quinzaine d'année de vie commune.
Aveuglés par leur sentiments d'une vive violence, par leurs propres vérités, incapables de comprendre l'autre, ils semblent sombrer à leur indéniable perte.
L'auteur, Jadd hilal a mené brillamment cette histoire d'amour et d'amitié avec une plume acide et percutante, dévoilant ainsi ce que la passion des corps et des coeurs peut engendrer ....

La passion peut être dynamisante autant que destructrice,
Serait-ce là le reflet du monde que nous nous sommes construit ?

Merci aux éditions Elyzad et Jadd Hilal pour ce tout nouveau roman marquant la rentrée littéraire.

Lien : https://www.instagram.com/un..
Commenter  J’apprécie          180
Colocataires d'un appartement parisien, trois trentenaires partagent leur lieu de vie et leur histoire depuis quinze ans. Dans leur jeunesse, ils ont fréquenté ensemble le lycée Louis-le-Grand et depuis ne se sont jamais quittés.

Houmam Basara est passionné d'écriture mais ses romans, après deux parutions prometteuses, ne séduisent pas son éditeur qui attend « le » livre qui va faire un succès. Il est le narrateur de cette histoire.
Warda Shahid est Libanaise, journaliste au Monde et se bat pour découvrir et faire connaître le rôle exact joué par son grand-père dans l'action d'Al-Futuwwa en Irak, notamment pour dénoncer ses agissements anti-sémites en 1941, lors du Farhoud (pogrom antijuif). Son projet suscite la colère, l'incompréhension, le rejet de Houmam. Les choses se compliquent du fait que Warda meurt d'envie d'avoir des relations sexuelles avec lui, relations auxquelles il se dérobe. Pour se venger - et sans doute l'exciter - Warda se livre à des séances bruyantes avec le troisième colocataire, Souleymane. Et n'hésite pas à exciter Houmam par des propos et des tenues provocantes.

De son côté Souleymane s'engage avec passion dans la défense des chameaux qu'on maltraite, qu'on transforme à l'aide de botox et d'hormones pour en faire des bêtes de spectacle.

Trois caractères bien trempés, des passions dévorantes, des relations improbables qui font qu'on se demande comment le trio n'a pas explosé depuis des années.

A la vérité, je suis restée presque jusqu'à la fin totalement étrangère aux préoccupations de ces trois personnages, à la fois agacée et fatiguée par le manque de contenu de leur pensée (y en avait-il une d'ailleurs ? le sexe est tellement omniprésent!) et par le style de l'auteur qui mêle vulgarité des images et des mots avec des phrases très bien écrites voire poétiques. le vocabulaire arabe de Warda, au fil du texte et traduit en fin de volume, est juste insupportable.

Je n'ai fini par m'intéresser à ce livre que vers le dernier quart grâce aux réflexions de l'auteur au sujet de de l'acte d'écrire, dont il situe le désir dans une image de son enfance : celle d'un petit garçon de six ans bouleversé par le spectacle d'un vieillard misérable dont le métier consiste à nettoyer la rue à l'aide d'un souffleur de feuilles.
Commenter  J’apprécie          51
Ils se sont rencontrés en Khâgne. Houman Basara et Souleymane s'étaient installés dans une colocation de la rue Monge. Et ils ont très vite été rejoints par Warda Shahid. Entrés dans la vie active, ils continuent à vivre sous le même toit. Mais une décision professionnelle de Warda risque de faire exploser ce trio.
Warda, trente-quatre ans, originaire du Liban, est journaliste au Monde. Talentueuse, elle a reçu le Prix Albert Londres en 2016. Entière, elle se bat pour imposer sa féminité et ses origines face à un milieu professionnel d'hommes blancs. Provocante, elle fait l'amour pour se laver des atrocités croisées lors de ses missions de grand reporter. Souleymane est son amant occasionnel. Elle n'accepte que le sexe et surtout pas l'amour.
Souleymane a arrêté ses études au milieu de la khâgne pour devenir ostéopathe. Peu convaincu par son métier, ce garçon flemmard ne se pose pas beaucoup de questions. Il passe son temps à monter un dossier sur la maltraitance des chameaux au Qatar.
Houman a quitté la Palestine au grand regret de ses parents. Ecrivain, il vient de se faire refuser son second manuscrit par son éditeur. Houman pense que la littérature est universelle, qu'elle ne doit pas dépendre d'un lieu, ni des origines de l'auteur. Il refuse de s'enfermer dans son identité arabe. Amoureux fou de Warda, sa « rose des sables », il ne veut pourtant pas répondre à sa demande de sexe.
Lorsque Warda veut enquêter sur l'implication de son grand-père dans le Farhoud, émeute sanglante contre les juifs de Bagdad en 1941, Houman pressent le point de divergence qui fera exploser leur trio.
C'est ce qu'il décide de raconter dans son nouveau manuscrit. Et c'est aussi le thème du roman de Jadd Hilal. Trois personnages de ce (presque) huis-clos, de jeunes actifs en quête de positionnement entre leur intégration parisienne et leur identité raciale, réagissent différemment aux situations qui s'imposent.
Houman craint que les sujets d'etude de Souleymane et de Warda stigmatisent des préjugés sur les Arabes. Lui ne se veut ni Palestinien, ni Arabe. Mais il est tourmenté par cet amour fou et impossible qu'il voue à Warda.
Souleymane, comme à son habitude, ne dit rien mais suit son objectif. Et parvient même à se libérer de l'emprise de Warda.
Warda est prête à tout pour dire la vérité, quitte à perdre son emploi et l'amour de ses proches.
Questionnements intimes, passions, vengeances font exploser ces quinze années d'amitié.

Le caprice de vivre est un roman très actuel. Il nous interroge sur la place de cette jeunesse en quête de place dans la société. Comment s'intégrer dans cette société blanche, patriarcale avec le poids de ses origines?
Le style un peu rugueux est aussi très contemporain, notamment avec le langage et le comportement crus de Warda. Ce sont des personnages très marqués et tranchés. Aussi peuvent-ils déplaire mais le sujet est très intéressant.
Lien : https://surlaroutedejostein...
Commenter  J’apprécie          20
« Le caprice de vivre » pourrait être une pièce de théâtre mélodramatique et contemporaine. Tant ce récit dans la complexité des émotions, de bruit et de fureur, de claquements de porte, de passions amoureuses, de ce désir violent est irrépressible et magistral.
Magnétique, sensuel, dans cette éclosion de trois trentenaires, deux hommes et une femme, « Le caprice de vivre » est un triptyque de prodigalité.
Vibrant, le cri de la vie, la quête d'un existentialisme qui se tisse au fil des pages.
Ici, nous sommes dans une scène de rage, politique et sociologique.
L'écriture de Jadd Hilal est signifiante, posée au plus juste, avec une maturité majeure pour la compréhension de notre monde. Des diktats migratoires, l'identité comme gouvernail. L'écriture tisse une trame qui nous revient à la figure comme un boomerang. Il sait. N'impose rien. Parle en son nom et aux peuples qui bordent ses lèvres.
C'est un livre intuitif, qui dévore les a priori. On pénètre la scène de ce trio qui vit ensemble dans un appartement à Paris depuis quinze ans. Jusqu'au jour où les chaises vont voler en éclat. Où les luttes et les évènements, les changements de cap seront le baisser de rideau.
Houmam est le narrateur, écrivain, dont ses romans « Hors-Sol » et « Jamais la nuit » eut un succès pour le moins discret. » On ressent le double cornélien de Jadd Hilal. Houmam est palestinien, bouleversé par son arabité. S'émanciper de cet étau, atteindre la rive de l'universalité. Lui, brillant, vif, intelligent, qui rassemble les fils et tisse en homme qui cherche l'air, le tracé de son advenir. Nous sommes dans une géopolitique visible à l'oeil nu. Dans le grondement d'un migrant qui veut donner la preuve de ce qui est juste et vrai. Son appartenance à lui-même et au rythme d'un pas européen. On aime ses rages, ses larmes aux yeux, son amour viscéral pour Warda, « Rose des sables ». Ses silences et ses frustrations et la narration formidablement dressée comme une toile de maître, mature et profonde.
« Pourquoi Phoriche venait-il de me refuser mon dernier manuscrit en alléguant qu'il n'était pas assez dramatique et « donc » arabe ? »
« Vous écrivez : Ce n'est pas que les pays n'existent pas, c'est que les oeuvres nous les font parfois oublier. Ces oeuvres, il faut les attraper au vol. »
Warda est un feu follet. Ravageuse, entière et engagée, dans une aura sublimée. Elle est grand reporter. Elle travaille pour le journal le Monde. «  Ses reportages sur l'EI lui avaient valu en 2016 le prix Albert-Londres pour la presse écrite. »
Elle déambule dans l'appartement en petite culotte. La pudeur oubliée, libre et désirable.
Elle vit une relation physique avec Souleymane. L'exutoire de ses reportages risqués. Elle évacue un trop plein d'adrénaline en gestuelles assumées.
Souleymane est lisse et flegmatique. Il est ami avec Houmam depuis toujours. Il passe ses journées sur le canapé devant son ordinateur. Il enquête sur les chameaux de course et les violences infligées à ces derniers. Warda, elle revient d'Irak. Elle est troublée par ce qu'elle a découvert. Son grand-père aurait fauté.
« Que, quoi, Houmam Basara ? Comment dois-je te le dire, que c'est moi qui décide ? Que ce n'est pas ton problème ? Que rendre justice à ces Juifs, attester la vérité envers et contre tout, c'est ce que je veux faire et c'est ce que je ferai ? -Mais… -Je n'attends pas de toi que tu me comprennes. »
Houmam et Warda vont être le symbole des diktats, des influences des origines. La séparation mentale et les déchirures des incompréhensions. Il devine le délitement de ce triangle entre les sentiments inavoués et les blessures incommensurables.
Comme s'ils étaient la cartographie des généalogies. Les identités floutées par les religions, par les disparités. Mais ils sont le libre-arbitre et la citadelle de leurs convictions.
« Il sait que la violence voyage, sur le dos des générations. » « Le chemin que nous n'emprunterions pas ensemble mais dont la terre, le sol, était identique. » « Je sais les conséquences qu'aurait ta révélation sur ce qu'on imagine de nous, de nous les Arabes, alors je me tais là-dessus. » « Rien ne m'est plus « étranger » que le sentiment de venir d'un lieu. »
« Le caprice de vivre » est un feu qui brusque l'entendu. Un livre de renaissance et une fresque de batailles et d'espérances. Ici, tout sonne vrai. Les tragédies pour atteindre la liberté de conscience. Les êtres écorchés vifs par les doutes et les peurs. La volonté d'atteindre les résiliences comme un pardon à soi-même. Les croisements des destinées : « Survivre ou faire survivre ? »
Le macrocosme qui brise les faux-semblants. Un livre brûlant et brillant. Comme la vie.
Publié par les majeures Éditions Elyzad.

Commenter  J’apprécie          10
La lecture de ce livre était facile et légère, la plume très accessible et le texte aéré : le Caprice de vivre s'est laissé dévorer en quelques heures à peine.
C'est avant tout une histoire de rapports humains, de trois amis, la trentaine, deux hommes et une femme, en coloc depuis quinze ans. Je devrais dire « en statut quo » depuis quinze ans : Houmam, le narrateur, est fou amoureux de Warda, mais se refuse à elle ; Warda, accro au sexe, désire Houmam et noie sa frustration en couchant bruyamment avec le troisième coloc, Souleymane. Entre ses mains, le sexe devient une arme et un bouclier : un moyen de se venger, de décompresser, de tenter, de prendre le pouvoir… Et Souleymane, lui, est une incarnation à lui tout seul de la placidité et de l'immobilisme.

Pour être honnête, je n'ai pas cru à cette situation, qui est littéralement une bombe à retardement. Entre les frustrations des uns, les désirs des autres, l'amour, l'amitié, le sexe, le caractère agressif de Warda… Quinze ans de vie commune fusionnelle avec toutes ces émotions ?
Pire : je n'ai pas éprouvé d'empathie pour la journaliste et son caractère impossible. Même si j'ai été touchée par son courage, son sens de la justice, sa ténacité et son refus catégorique du sexisme, sa capacité à hurler sur ses amis, à bouder et à se venger de la manière la plus mesquine m'ont révoltée (comme en témoigne ce passage :
[spoiler]« Je l'écoutai. Je l'écoutais pendant qu'elle hurlait. Je l'écoutai en pensant que j'étais là, à côté d'elle, que c'était elle qui hurlait sur moi, que c'était elle et moi, et je me mis à pleurer, épuisé par le stress des dernières heures, par ce sentiment que nous étions en train de nous éloigner, Warda, Souleymane et moi. La rose des sables ne s'interrompit évidemment pas pour autant, si bien que Souleymane déboula.
— Je t'ai sonné, toi ? rugit-elle.
— Non, mais…
— Dégagez !
Warda alluma sa Gitane tandis qu'il faisait demi-tour.
— Soit vous me soutenez, soit vous arrêtez de m'emmerder !
J'atteignis le pallier de ma chambre, Souleymane le sien. Warda dut s'attendrir un peu en voyant nos mines abattues car elle marmonna qu'elle pouvait garder sa porte ouverte si nous y tenions absolument. Je lui souris.
— Qu'est-ce que tu as toi, dit-elle, à me regarder comme un abruti ? »[/spoiler]).
Elle me fait beaucoup trop penser à ma propre coloc, que je ne peux plus supporter, et je découvre que ces comportements sont infiniment plus glamour dans la littérature que dans le monde réel.
Mais les mesquineries du narrateur ne sont pas en reste non plus, et j'ai levé les yeux aux ciel plusieurs fois devant certaines décisions qui vont à l'encontre du bon sens et du consentement.

Les scènes de sexe sont assez détaillées, mais sans être crues. J'ai quelques fois été surprise par certains mots vulgaires qui tranchent avec l'élégance de la plume (il y a des « bites », des « chattes », et sur la page suivante, des tournures de phrases pleines de poésie). le contraste est déstabilisant, mais j'imagine que c'est l'effet recherché. N'ayant pas l'habitude de lire de la littérature érotique, j'ai été déconcertée par la manière quasi surréaliste dont ces scènes sont intégrées à l'histoire, mais aussi par des détails de la vie en coloc (à connotation sexuelle, évidemment) qui sont à des années-lumière de tout ce que j'ai pu expérimenter dans mes rapports humains [spoiler](comme ce passage où Warda s'allonge nonchalamment sur le lit d'Houmam pour lire, seulement vêtue d'un t-shirt, dans une position qui permet au narrateur d'avoir une vue imprenable sur son entrejambe... Subtilité, quand tu nous tient. Ou encore les fois où elle se masturbe dans la douche, la porte grande ouverte pour prévenir le voisinage)[/spoiler], et également par le manque de respect dont Warda fait preuve envers le consentement d'Houmam [spoiler](rien ne légitime le fait de hurler sur sa ou son coloc par qu'il ou elle n'a pas envie de coucher avec soi... Ces passages m'ont tout bonnement indignée)[/spoiler].

Mais derrière cette toile d'amour, d'amitié, de sexe et d'attentes, se révèlent des questions complexes sur les notions d'arabité, de vérité et de mensonge, sur la violence exercée envers les animaux, envers les femmes – envers les défavorisés… Honteux de l'image de « barbare » dont l'Occident revêt son peuple, Houmam permet à la lectrice blanche et cisgenre que je suis d'avoir un petit aperçu de la violence que peut représenter l'opinion public pour des personnes aux origines arabes. J'ai été très touchée par la peur et le surcontrôle que la puissance de cet opinion génère chez lui – je peux tellement le comprendre...

Jadd Hilal nous offre une conclusion en demi-teinte, jouant avec des sentiments de tristesse, de nostalgie, mais aussi de chaleur humaine. C'était une histoire intéressante par certains côtés, agaçantes par d'autres, affriolante parfois et en même temps j'ai eu du mal à croire à certaines situations.
Bon. Je suis sortie de ma zone de confort, et même si j'ai parfois été agacée, je ne peux pas dire que je le regrette : l'auteur possède une plume musicale et touchante que je serai curieuse de retrouver dans un autre contexte.
Merci à Babelio et aux éditions Elyzad pour cet envoi !
Commenter  J’apprécie          10
On se retrouve au milieu d'un trio entre Warda, Houmam et Souleymane qui partagent le même appartement. Warda et Souleymane ont une relation sans réel attachement et surtout, tous les trois, ont une personnalité très différente.

Warda est une journaliste pour le Monde qui semble talentueuse, et qui va vouloir avoir pour projet de se mettre sur les traces de son grand-père qui aurait joué un rôle dans la mort des Juifs en 1941 car l'Irak fut touché par le nazisme, s'opposant surtout dans le même temps à la Grande-Bretagne cherchant à contrôler ce pays. C'est donc dans un élan d'opposition que ce contexte éclate. C'est un pan de l'histoire que je ne connais pas du tout par rapport à cette région et c'est dommage que l'auteur n'est pas donné plus d'élément à ce propos qui aurait pu être en plus éducatif !

Warda apparaît comme un personnage féminin fort, sauvage, mais aussi passionnée et pas que par rapport à son travail. On sent chez elle une flamme, un réel embrasement pour les causes qui lui tiennent à coeur. de plus, il y a une colère au fond d'elle que l'on entend assez facilement dans ces excès, y compris sexuels. J'ai été touché par le fait que malgré qu'elle excelle dans son travail, la société patriarcale fait que ses capacités sont sans cesse remise en cause. Elle tient en elle une quête d'une justice dans ces combats, malgré les dommages collatéraux.

À cela, s'oppose Houman qui est un écrivain qui est en devenir et qui se cache, est lisse et ne prend aucun risque quitte à ce que cela lui joue des tours, et surtout son amour pour la belle brune qui est sa colocataire. C'est une souffrance qui peut s'infliger et qui est aussi très touchante à découvrir tout au long de ce roman.

Une lecture avec une tension du début à la fin. Un mélange de rages, d'amours et de liens. Une jolie lecture qui m'a surprise très positivement même si je pense que certaines répétitions ou encore certains éléments pouvaient être plus détaillés pour apporter encore plus d'émotions. Jadd Hilal met en scène un personnage féminin libéré, sauvage et sensuelle qui pourra sûrement déplaire ou au contraire, charmer.
Commenter  J’apprécie          10
"Le caprice de vivre" de Jadd Hilal est un roman générationnel audacieux, que Houmam, le narrateur, présente comme l'épilogue d'une colocation sur le point de se disloquer, le récit de quelque chose qui prend fin et contre lequel il ne peut rien. Il est indéniablement original, contemporain et bruyant (les portes claquent souvent) notamment parce qu'il entre en écho avec les nombreux questionnements qui taraudent une certaine population urbaine, active, entre la trentaine et la quarantaine, en France, et probablement en Europe aussi.

La passion à 30 ans :

C'est un livre sur l'intimité, le désir et la cohabitation des corps. Vaste sujet traité ici sans pudeur mais sans volonté de choquer non plus, ce qui est notable et très appréciable.

Jadd Hilal est très adroit, il construit des scènes d'intérieur où le « privé » est dévoilé de façon efficace : l'on se sent « de trop » en même temps que l'on est attiré par ces personnages _ Souleymane, Warda et Houmam, trois colocataires qui ont chacun leur caractère et leurs petites névroses _ et qui, à travers les lignes, nous apparaissent nus comme des vers aux sens propre et figuré.

L'histoire de Warda et Houman qui n'a pourtant pas grand chose de romantique, nous tient en haleine notamment parce qu'on reconnaît le ridicule, les excès, la dépendance affective et tous les comportements manipulateurs dont les amoureux-fous peuvent faire preuve (et le commun des mortels dans une moindre mesure).

La passion, les fantasmes et le désir sont centraux. Houmam désire ardemment sa “rose des sables”, surnom secret de Warda. Mais bien que cette dernière veuille s'offrir à lui, il lui résiste pour préserver un statut quo : celui de leur cohabitation et de leur colocation. C'est donc l'histoire de leur passion, racontée par un retour en arrière, qui donne au texte une intensité dramatique et même électrique.

Pas sa langue dans sa poche :

Les dialogues participent de la tension qui sous-tend le livre. En effet leur échec systématique fait qu'ils sont réussis car très vraisemblables : ils traduisent la difficulté de la relation entre les trois personnages et a fortiori celle qui lie Warda _ indépendante, droite, intense _ et Houmam, sensible, maladroit et têtu.

Parallèlement, la langue est débridée et vive, et le texte est très rythmé illustrant bien l'escalade des émotions et des tensions. le ton quant à lui est un brin sarcastique ce qui donne vraiment sa couleur à l'ensemble.

" Dictionnaire amoureux de Warda

Anjad : vraiment

Baydates : couilles

[…]

“Warda” bi ‘énak : que Warda te crève l'oeil

Ya ‘amé : bon sang

Ya Allah : bon dieu

Ya ébén el kalb : espèce de fils de chien

Ya khara : espèce de merdeux "



Je / le monde :

Si l'exploration des sentiments amoureux est une des dimensions du livre, le jeu d'interaction entre les mondes intimes et le monde extérieur en est une autre, tout aussi importante et intéressante.

Le texte est construit comme un huis clos au coeur duquel le monde pénètre comme filtré par les sensibilités de chaque personnage. La question de l'identité et du « comment » chacun doit se placer dans le monde est la question que se posent les personnages du roman mais aussi que l'auteur semble poser au lecteur. Quelle est ou doit être notre relation au milieu, à l'époque, à l'endroit où l'on vit au regard de notre histoire personnelle mais aussi de nos origines ou de nos combats. Que ce soit Warda, Souleymane ou Houmam et même Noura, chacun à sa façon, se pose cette question vis à vis de ses origines arabes, et y répond différemment.

Pour cet aspect, c'est un livre qui touchera beaucoup de personnes car cette question très contemporaine, est primordiale dans la mesure où le monde est aujourd'hui perçu comme de plus en plus petit, connecté et réactif.

Notons que la présence d'un jeu efficace d'alternance entre les dedans/dehors rend en quelque sorte tangible cette interaction des mondes intimes et extérieurs : ainsi il y a l'appartement et dehors, le salon et les chambres, l'intériorité des personnages et leur corps.

Pour conclure, "Le caprice de vivre" ne laisse pas indifférent car il est ancré dans le présent et en cela, il a quelque chose de nécessaire. C'est un roman générationnel qui raconte la vie des jeunes actifs d'aujourd'hui, leur rapport au monde, leur rapport aux autres, à leurs origines, aux enjeux de leur temps.

C'est un texte vivant et sensuel d'une part et très introspectif d'autre part, où, à l'image de beaucoup d'entre nous, les trois personnages principaux sont tiraillés entre leur engagement et leur indifférence, leur singularité et leur banalité ou encore leur urgence de vivre et leurs peurs.
Lien : https://www.undernierlivre.n..
Commenter  J’apprécie          10
Ils sont trois, trois colocataires parisiens qui voient s'effriter les relations entre eux. Il y a Hamam, apprenti écrivain qui tente de comprendre pourquoi sa colocation de trentenaires ne tourne plus rond. Il y a Souleymane, excellent élève depuis tout petit et partisan du moindre effort. Il se passionne pour la défense de la cause animale lorsque l'on découvre le personnage au début du roman. Enfin, il y a Warda. Journaliste et grande reporter au Monde, elle est régulièrement en déplacement pour ses reportages et revient d'Irak au début du roman. C'est Hamam qui raconte l'éloignement qui guette les colocataires dans leur appartement parisien. Des tensions naissent. Des portes claquent. Hamam ressent le besoin d'écrire sur ce qu'il se passe, que ce soit l'éloignement du flegmatique Souleymane ou tout l'amour qu'il éprouve pour Warda mais qu'il a bien du mal à lui révéler. « Le caprice de vivre » est un texte tout en finesse et plein de justesse sur ce que recherche ces trentenaires et les sentiments qui les traversent. Encore un excellent bouquin des éditions Elyzad.
Lien : https://lesmafieuses.wordpre..
Commenter  J’apprécie          10
C'est l'histoire de trois colocataires, Warda une journaliste engagée qui publie dans le Monde, Souleymane, un ostéopathe partisan du moindre effort et Houmane, le narrateur, un écrivain qui peine à être publié.
Des personnages haut en couleurs qui vivent sous le même toit depuis 15 ans mais dont la cohabitation touche à sa fin.
Chaque personnage défend ardemment des causes qui lui sont chères. Souleymane se lance dans des recherches sur les maltraitances sur les chameaux, Warda reporter aguerrie souhaite suivre les traces d'un membre de sa famille au passé trouble et Houmane refuse que l'on s'en prenne aux arabes pour ne pas conforter certains préjugés.
Il vient aussi une passion dévorante pour Warda mais refuse ses avances charnelles.
Une histoire menée tambour battant et écrit avec une dose d'humour qui traite de passion, d'amour, d'amitié et de quête identitaire.
Merci à Babelio et aux éditions Elyzad pour cette belle découverte dans le cadre de l'opération Masse critique Littérature.
Commenter  J’apprécie          10





Lecteurs (55) Voir plus




{* *}