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3,8

sur 595 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Histoire assez drôle, que ce Fuck America. Ce titre, il dit tout. C'est comme un pied de nez, mieux encore, un doigt d'honneur bien envoyé par l'auteur Edgar Hilsenrath. C'est d'autant plus bien senti qu'il s'agit d'une oeuvre en grande partie autobiographique. Ça donne le ton…

Justement, malgré le ton humoristique, l'auteur dénonce des situations très sérieuses et poignantes. On peut penser au sort des immigrants, bien sur, mais surtout de ceux qui se sont vu refuser l'accès à l'Amérique. Entre autres, dans les années 1930, de nombreux Juifs n'ont pas réussi à fuir l'Allemagne et l'holocauste parce que les États-Unis imposaient un quota. Oui, oui, pas plus de tant de Juifs ! Ainsi, Nathan Brodsky et son épouse sont restés sur le Vieux Continent et y sont morts, vous devinez comment. Toutefois, dans les années 1950, leur fils Jakob, un survivant, réussit à leur place. Fraichement débarqué, il expérimente une nouvelle forme de survie, au jour le jour, en mendiant, en volant, en mentant, en se débrouillant plutôt mal dans plusieurs petits boulots miteux. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour une bouchée de pain. Je suis soulagé de ne pas l'avoir rencontré à ce moment, ce Jakob Bordsky. Eh oui ! La vie des émigrants aux États-Unis n'était pas aussi belle et glorieuse qu'on se le figurait. Et sans n'est pas beaucoup mieux aujourd'hui. Exit le rêve américain.

En lisant Fuck America, j'ai beaucoup ri. C'est que c'est drôlement intelligent. Sous couvert de péripéties burlesque, la critique très cynique de la société américaine est très présente, acerbe. le genre d'humour qui fait grincer les dents… En fait, c'en est une satire. Et pourquoi est-ce si criant de vérité ? Parce que c'est en partie autobiographique. Comme je l'écrivais plus haut, Edgar Hilsenrath s'est inspiré de plusieurs situations qu'il a lui-même vécues. le roman tombe également dans le grossier et le vulgaire à l'occasion. Mais bon, j'en ai vu d'autres, je ne m'offusque pas tant. Et c'est aussi ça, la vie.

Malgré toutes ces qualités appréciables, je ne peux pas dire que ce roman un coup de coeur. C'est qu'il y a des longueurs. Vers le milieu du roman, j'avais compris le principe (le sujet, le schéma) et, à partir de là, tout n'est que le prolongement qui s'étire et s'étire. Et, même si je me suis beaucoup amusé en sa compagnie, je ne peux pas dire que j'ai trouvé Jakob Brodsky particulièrement attachant ni que je l'ai complètement compris. D'autant plus que je me demandais constamment si, en tant que narrateur de sa propre histoire, il me mentait à moi aussi en plus de tous les autres personnages…
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Ma première impression de Fuck America a été plutôt négative. le thème de l'exilé d'Europe centrale en Amérique est passionnant,mais pour moi son pinacle est" Job, roman d'un homme simple", et il y a un monde de différence entre les styles et les traitements.
Fuck America a un traitement non pas moins dur mais plus...disons que le style est plus fleuri, et beaucoup plus porté sur le sexe, et j'ai trouvé que cela nuisait au propos. Ensuite, une fois que je m'y suis faite...Oui, c'est une oeuvre poignante qui dresse un portrait vraiment glaçant du genre humain en général et en particulier, et la façon dont elle s'achève sur une évocation de la Shoah marque,c'est le moins qu'on puisse dire. Et je ne vous parle pas du début, les quotas américains refusant l'entrée du pays aux Juifs, juste avant les chambres à gaz!
Ce n'est pas mon style habituel en matière de littérature, mais c'est un bon roman à qui vous pouvez laisser sa chance!

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J'avais beaucoup entendu parler de ce livre d'Edgar Hilsenrath au titre provocateur, Fuck América. de l'auteur, je savais seulement qu'il écrivait dans un style et peu particulier, qualifié de rabelaisien et que son approche burlesque de la Shoah n'était pas du goût de tout le monde… C'était suffisant pour attiser ma curiosité.
Fuck America, son quatrième roman, publié dans les années 1980, est d'inspiration autobiographique. Issu d'une famille de commerçants allemands, Edgar Hilsenrath a survécu au ghetto roumain de Mogilev-Podolsk où il avait été déporté durant la guerre avec sa mère et son frère. Libéré, il a tenté sa chance en Israël, en France puis est finalement parti pour New York où il a commencé à écrire.

Tout juste débarqué aux États-Unis, son personnage, Jakob Bronsky, erre dans le New York miteux des années 1950 parmi les putains, les clochards, les paumés divers et variés qui ont cru au rêve américain. Il enchaîne les petits boulots à la journée, tantôt serveur, coursier, promeneur de chien, etc..., tout est bon pour tenter de survivre dans un monde où tout se monnaye et où l'immigrant n'est rien et surtout pas le bienvenu.
Il y a deux clés de lectures principales dans le livre… La première tourne autour de la sexualité, essentiellement fantasmée mais cependant frénétique, de Jakob. l'état de sa « bite » est proportionnel et révélateur de sa grande solitude, de ses conditions de vie difficile et de sa difficulté à mettre des mots sur l'indicible.
La deuxième clé, avec laquelle j'avoue être plus à l'aise, tourne du travail de mémoire du rescapé, du « trou noir » d'où il faut extraire les souvenirs douloureux et traumatisants pour en faire un livre… Jacob se raconte par bribes, réinvente un passé oublié pour se le réapproprier. Il évoque sa mère, son frère, des pulsions, des émotions souvent mortifères…
Les deux axes de lectures se rejoignent puisque le roman en gestation aura pour titre « le Branleur » et que Jacob et sa bite rêvent souvent de la secrétaire du futur éditeur !

Je reconnais que ce livre est très original sur le plan narratif et stylistique, entre burlesque, humour noir et grinçant et vision décalée des évènements.
Mais, personnellement, j'ai un peu de mal quand cela devient un peu trop lourd et salace. Pourtant, parfois, l'émotion serait presque au rendez-vous, le cynisme pourrait être savoureux et le fantasme révélateur… Il y a un côté désespéré que j'ai profondément ressenti mais c'est juste un peu trop connoté pour moi.
Une rencontre manquée…

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Juif allemand, Jakob Bronsky ne parvient à émigrer aux Etats-Unis qu'en 1953. Il vivote entre arnaques et petits boulots occasionnels, le strict minimum pour satisfaire son quotidien au service de l'écriture. Tout le récit tourne autour des combines de Jakob pour apaiser sa faim et sa libido : manger, écrire, b*te, tr*u, sont des leitmotivs... le "fuck America" consiste à profiter de cette Amérique des années 1950 où l'intégration semble impossible à ce marginal. C'est cru, assez répétitif, mais l'autodérision du narrateur et quelques scènes amusantes (la discussion avec Shirley, notamment) viennent réveiller le récit et font passer de bons moments de lecture. L'émotion surgit quelques dizaines de pages avant la fin, lorsque Jakob évoque le sort des "six millions" de disparus et le sien en particulier dans l'Europe de la période nazie.
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Si vous n'aimez pas trop, vous non plus, les témoignages affreux de la Seconde Guerre Mondiale, vous pourrez quand même, avec aisance et sans aucun problème, vous jeter (oui, vous jeter, littéralement) dans le récit de Jakob Bronsky, un jeune homme déjà trop vieux au verbiage crasseux, monosyllabique, teint de mauvaise volonté, d'un sérieux manque sexuel et d'un humour propre aux vagabonds aigris. Au final, c'est plus la vie d'un homme fauché à New-York qu'un souvenir de guerre, et c'est un petit bijou d'humour noir.

(voir la critique intégrale sur le blog)
Lien : http://lecombatoculaire.blog..
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Début des années 50.
Jakob Bronsky, juif récemment immigré aux Etats-Unis, est un écrivain sans le sou, dont les deux principales obsessions sont les suivantes :
-gagner en un minimum de temps le maximum d'argent, afin de pouvoir travailler à son roman sans mourir de faim.
-soulager des pulsions sexuelles récurrentes qui ont pris la mauvaise habitude de se manifester chaque fois qu'il écrit...

Jakob a 27 ans mais en paraît 40, il est seul, il est moche, et, travers impardonnable dans une Amérique dévouée au culte de la possession, il manque cruellement d'ambition (du moins au sens matériel du terme).
Il se sent par conséquent inadapté et incompris dans ce pays d'accueil où seul l'argent vous confère un statut, où même le jeu de la séduction est faussé, les femmes n'étant attirées que par ceux qui peuvent justifier d'un compte en banque satisfaisant.

Sur la 4ème de couverture de "Fuck America", Edgar Hilserath est comparé à Roth, Fante ou encore Bukowski. En ce qui me concerne, le premier nom qui m'est venu à l'esprit après quelques pages de lecture est celui de Vonnegut. J'ai eu en effet l'impression de retrouver dans ce roman l'humour décalé ainsi que le sens de l'absurde qui émanent notamment d' "Abattoir n°5", la complexité du style en moins, et les constantes allusions sexuelles en plus. Il semble que pour les deux écrivains, cet humour soit un moyen de prendre leurs distances avec l'horreur d'événements qu'ils ont réellement vécus. Il s'agit pour Vonnegut du bombardement de la ville de Dresde, en Allemagne, auquel il a assisté durant la seconde guerre mondiale, et pour Hilsenrath, des années passées dans le ghetto de Mogilev-Podolsk (Ukraine), dont la population fût décimée par la famine et les maladies.

"Fuck America" est écrit dans un style extrêmement simple, où le ressenti et l'émotion n'ont quasiment aucune place. Les faits sont décrits avec dérision, ce qui ne m'a pas empêchée d'éprouver un réel malaise lors de l'évocation de certaines scènes. La façon dont l'auteur traite son sujet, avec ce froid détachement, y est sans doute pour beaucoup : on en déduit que c'est pour lui la seule manière de pouvoir exprimer son expérience (1), ce qui paradoxalement donne la mesure du traumatisme subi.
Il n'en reste pas moins un récit souvent très drôle, voire burlesque, qui se lit fort plaisamment.

(1) La vie de Jakob Bronsky est fortement inspirée de celle d'Edgar Hilsenrath.
...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Le ton moqueur et railleur du début m'a tout de suite amusée: l'échange de correspondence entre le consul des Etats-Unis et un juif européen peu avant l'extermination massive des juifs signifiant qu'il faut compter 13 ans avant de pouvoir immigrer aux Etats-Unis est succulente. La majorité du livre traite cependant des (més)aventures du juif qui a finalement immigré, passé le délai d'attente, sans plus savoir pourquoi il le faisait puisque la guerre était terminée. le ton est carricatural et moqueur. le livre se laisse facilement lire mais ce n'est pas le meilleur Hilsenrath que j'ai lu. Une lecture cependant plaisante et rapide.
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Un ovni littéraire annonçait la 4e de couverture.

Oui, certes... Mais cela n'est pas suffisant pour emporter mon adhésion. Et pourtant, il y a tout ce qui me plaît habituellement dans le genre : New-York, des personnages paumés et atypiques, une histoire sans histoire, un style peu conventionnel... Tout était en place pour que j'apprécie les petites aventures du quotidien de Jakob Bronsky, ses errances, ses problèmes de loyers, ses difficultés à assouvir ses besoins sexuels, ses débuts d'auteur.

Mais n'est pas Fante ou Bukowski qui veut, et il ne suffit pas de quelques mots crus, de quelques passages graveleux, de style narratif décalé, d'histoires de paumés et d'écriture (tout cela ne vous rappelle rien ?) pour égaler les maîtres !

Heureusement, il reste les 30 dernières pages, plus travaillées et plus profondes, qui m'ont fait rajouter une étoile de plus à ma notation initiale.

Mais je reste sur ma faim...
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Fuck America : avec un titre comme celui-ci, il est difficile de passer à côté du livre sans être interpellé. Ce titre sonne comme un cri. Rage, détresse, ras le bol, désespoir... Pourquoi cette interjection ? J'ai décidé que le meilleur moyen pour avoir la réponse était de lire ce roman!
Alors, soyons clair, avec un titre qui utilise la pire injure en anglais, il ne faut pas être étonné de l'utilisation d'un vocabulaire familier dans l'ouvrage. le titre est à la hauteur du contenu. Mais l'auteur ne se contente pas de débiter des grossièretés de façon gratuite. Non, loin de là !
Dans ce roman Jacob Bronsky, juif allemand vivant aux Etats-Unis raconte son histoire. Et tout commence par une lettre, celle que le père de Jacob a adressée au consulat Général des Etats-Unis en 1938 pour faire une demande d'immigration. Mais voilà, la demande d'immigration aboutie 13 ans plus tard, une fois la guerre terminée. Jacob Bronsky se retrouve donc parachuté dans un nouveau pays sans le sous. Il va se détacher de sa famille, vivre en marge de petits boulots en petits larcins et commencer à écrire son histoire.
Dans ce roman, tout tourne autour de trois éléments : la volonté que Jacob Bronsky a d'écrire un livre en allemand, ses désirs et fantasmes sexuels et ses moyens pour survivre et répondre aux deux premiers besoins.
Si la portée de l'oeuvre est finalement grave : dénoncer l'aide insuffisante apportée aux juifs allemands lors de la seconde guerre mondiale, et décrire la vie dans les ghettos juifs, les moyens utilisés par l'auteur sont plutôt décalés. Dialogues absurdes, répétitions et phrases courtes ponctuent cet ouvrage.
Bref, un livre à lire si on s'intéresse aux récits en lien avec la seconde guerre mondiale et si l'on ne craint pas le langage cru !
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Jeune immigré juif, Jacob Bronsky débarque aux Etats-Unis en 1952. Complètement dévasté par la guerre, rescapé de la Shoah, Bronsky erre dans un New York interlope. Entre clochards et marginaux, immigrants et américains moyens, Bronsky tente de survivre. Les petits boulots minables et les arnaques grossières lui laissent du temps pour s'accrocher à sa bouée de sauvetage, son livre, l'autobiographie-analyse qui va le sortir de l'impasse.
Dans Fuck America, Hilsenrath se hisse au niveau des écrivains beat, il disserte avec talent sur le revers de la médaille du rêve américain. Son Jacob Bronsky a des allures de Arturo Bandini et les obsessions d'un Hank Chinaski. Côtoyant de célestes clochards, il ne déparerait pas dans les romans de Fante, Bukowski ou Kerouac. Fuck America est un livre noir, émouvant, parfois cynique, très drôle mais qui vous fait réfléchir sur les mécanismes normatifs de nos sociétés occidentales.
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