Le philosophe finlandais propose de lier la connotation et la dénotation d'une proposition par l'hypothèse des mondes possibles : dans tous les cas, un énoncé est dénotationnel, mais il peut l'être d'individus qui se trouvent dans un monde alterne, c'est-à-dire qui diffère du monde réel par certains critères.
Cette hypothèse permet de développer une théorie sémantique autour de la connaissance et du savoir qui repose sur l'individualisation (je reconnais qu'un individu énoncé dans un discours est le même qu'un individu réel) et la transidentification (un individu d'un monde alterne est le même qu'un individu d'un autre monde alterne). Cette dernière se décompose en transidentification par description (selon les caractéristiques de l'individu : cette personne est le roi (c'est bien lui qui l'est)) et par accointance (selon sa place, sa position, son contexte : il y a bien quelqu'un qui est roi (mais qui ?)).
En redescendant encore, Hintikka suggère que la connaissance et le savoir se construisent donc à partir d'informations traduites en significations de manière intuitive par notre culture, notre langue. La réalité est construction humaine, comparaison d'individus qui chacun prennent place dans différents mondes. Viser un concept, c'est faire preuve d'intentionnalité ou percer les mondes où les différents contenus du concept se trouvent. Les concepts sont donc des significations, des références, des dénotations, qui se construisent par connotations (les transidentifications dans les lignes de mondes, ou mondes alternes dérivés du monde réel). La réflexion devrait alors chercher les points de clivage et de fusion des individus (les mondes où l'individu se dédouble ou fusionne avec un autre) pour progresser ou identifier l'ensemble des savoirs/croyances d'un individu.
Il m'a semblé que Hintikka s'emmêlait un peu les pinceaux dans l'avant-dernière partie entre la phénoménologie (qu'il réfute en la soutenant et en se limitant à Husserl), la psychologie (à laquelle il puise beaucoup et qu'il mélange à la phénoménologie), le réalisme (qui est la marque principale de sa thèse, bien que la réalité soit constituée et à la fois mesurable), l'idéalisme (Hintikka s'oriente selon ses termes vers un néo-kantisme sémantique où tout est illusion et construction de l'esprit).
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Il se peut qu'il faille interpréter les "mondes possibles" comme étant, selon les concepts que l'on considère, soit des scénarios (comme c'est le cas pour le savoir par exemple), soit des états de choses temporaires (comme c'est typiquement le cas pour la perception par exemple).
Les significations des expressions et les significations des actes sont simplement des fondations qui déterminent, respectivement, leurs références ou objets.
L'intentionnel est ce qui appelle la sémantique des mondes possibles.