L'Assassin royal, tome 4 : Le Poison de la vengeance

REJOINS-MOI ! L'ordre ne me laissait aucun choix : imprégné de l'Art qui le véhiculait, il se grava au fer rouge dans mon cerveau et ne fit plus qu'un avec ma respiration et les battements de mon cœur. Je devais rejoindre Vérité.

Pourquoi les hommes parlent-ils ainsi ? […]
Comment ça ?
En donnant des ordres. De quel droit un homme donne-t-il des ordres à un chien, s'ils ne sont pas de la même meute ?

...il y a trois jours, il m'a réparé un harnais ; c'était du bon travail.
- Il ne cherche plus à mâcher le cuir ?
- Non, du moins quand je le regarde.

Ses paroles firent une brèche en moi, et la terreur m'envahit soudain ; mon corps perdit son attitude à la fois détendue et assurée, et je ne songeai plus qu'à la souffrance qu'entraînerait pour moi la défaite. La nausée me prit, accompagnée de tremblements, et je n'eus plus qu'une envie : m'enfuir sans me préoccuper davantage des ménestrels. Attends ! Attends ! voulais-je crier au jour. Je ne suis pas prêt.

Ça, tu arriveras peut-être à le faire convenablement. » Puis il but toute l’eau-de-vie de la bouteille et en ouvrit une autre après. Je le regardai. Quand il s’assoupit, je pris son manteau avec l’odeur. Je l’étendis par terre, me couchai dessus et m’endormis en le flairant. Je fis un rêve mais il n’avait pas de sens. Il y avait une femelle qui sentait comme le manteau de Burrich et je ne voulais pas qu’elle s’en aille. C’était ma femelle mais, quand elle partit, je ne la suivis pas. C’est tout ce que je me rappelais. Se souvenir, ce n’était pas bon, comme avoir faim ou soif n’était pas bon

Dame Patience, la dame de Castelcerf, comme on en vint à l'appeler, accéda à l'autorité d'une façon très particulière. Née dans une famille noble et dame par sa naissance, elle fut élevée au statut de reine-servante par son mariage précipité avec le roi-servant Chevalerie, mais elle ne revendiqua jamais à cette époque l'influence dont elle aurait pu disposer par son lignage et son union. C'est seulement une fois seule, abandonnée à Castelcerf, que dame Patience l'excentrique s'empara des rênes du pouvoi, ce qu'elle fit, comme elle avait toujours tout
fait dans sa vie, d'une façon fortuite et fantasque qui n 'aurait mené à rien toute autre femme qu'elle. Elle ne joua pas de ses liens familiaux ni des relations d'influence qu'aurait pu lui valoir la position de son défunt époux. Non, elle commença par l'étage le plus bas du pouvoi .....

Combien de temps avant que je m'éloigne et disparaisse dans un des hiers sans fin de son esprit ?

J'aurais volontiers dévoré l'animal qui m'invectivait du haut d'un arbre pendant que je pillais sa réserve, mais je n'avais pas les moyens de réaliser ce souhait ; et, pendant que je cassais les noisettes à l'aide d'une pierre, je songeai que mes illusions sur moi-même étaient tombées l'une après l'autre.

Je montais un cheval, n'est-ce pas, quand j'en avais un. Se pliait-il à ma volonté parce que je valais mieux que lui ? Je m'étais servi de chiens pour chasser, et de faucons à l'occasion : de quel droit me faisais-je obéir d'eux ? […] « Valons-nous mieux que ce porc-épic que nous allons manger ? Ou bien se trouve-t-il qu'aujourd'hui nous avons été plus fort que lui ? »
[…] Je suis toujours plus intelligent qu'un porc-épic, je crois, mais je ne lui suis pas supérieur. Peut-être le tuons-nous et le mangeons-nous parce que nous en sommes capables Tout comme (il étira ses pattes avant d'un mouvement langoureux) je dispose d'un humain bien dressé pour dépecer à ma place ces créatures piquantes afin que je les savoure encore davantage. […] nous le savions l'un comme l'autre, sa réponse n'éclairait qu'une partie de l'énigme