Citations sur Les Cités des Anciens, Tome 5 : Les gardiens des souven.. (12)
Au contact de sa peau, la rayure argentée s'éveilla aussitôt. Tous les poils de son corps se dressèrent quand une musique spectrale se mit à jouer, lointaine et difficilement audible. Puis les statues commencèrent à bouger : les têtes s'agitèrent au rythme de la musique, le plumeau devint la baguette d'un chef d'orchestre, les jumelles se déplacèrent à l'unisson... Soudain la mélodie hésita, les gestes des statues devinrent sporadiques, puis, comme les notes s'espaçaient et se brisaient, elles se figèrent peu à peu. La musique se tut et l'éclat argenté de la jizdine s'éteignit lentement; quelques instants plus tard, seule demeura dans la grande salle la lumière qui tombait du dôme de verre et les statues reprirent leur immobilité.
Alise resta assise par terre et se balança doucement. Elle savait qu'elle serait la dernière personne au monde a avoir observé la magie des Anciens
« Se noyer dans les souvenirs » était l'euphémisme employé dans le désert des Pluies ; c'était un accident plus rare qu'à l'époque de la découverte des premières cités des Anciens mais il se produisaient encore. La tentation de rester en contact avec certains murs de pierre ou certaines statues était grande. Certains avaient peine à résister et, laissés à eux-mêmes, ils se noyaient littéralement dans les souvenirs en oubliant leur propre vie et leurs besoins physiques pour s'abandonner aux plaisir d'une cité et d'une civilisation qui n'existaient plus.
- Si tu étais capable de voler, tu pourrais y aller.
- Si tu étais capable de réfléchir, tu saurais quand te taire, rétorqua la dragonne.
Voler, c'était comme respirer : on ne réfléchit pas, on agit.
-Tatou, la vie n'était pas aussi rose que tu le crois chez moi; ma mère me détestait parce que je lui faisais honte.
-A mon avis...Enfin, je ne suis pas sûr qu'elle te détestait; peut-être qu'elle avait honte devant les voisins de vouloir t'aimer. Mais, même si je me trompe, elle ne t'a jamais délaissée ni mise à la porte.
-Sauf la fois où elle m'a confiée à la sage-femme pour qu'elle m'abandonne dans la forêt, répondit la jeune fille d'un ton amer. C'est mon père qui m'a ramenée à la maison et qui a dit qu'il voulait me donner une chance; c'est lui qui a forcé ma mère à m'accepter.
-Et c'est de là que venait sa honte, je pense : non pas de ce que tu étais, mais de sa faiblesse devant la sage femme à qui elle n'avait pas osé dire qu'elle voulait te garder, avec tes griffes et tout.
Ce que Sintara était aujourd'hui ne représentait pas ce qu'elle aurait dû devenir. Les dragons sortaient de leur gangue capables de voler et de tuer la première proie qui leur donnait de l'énergie,mais aucun d'entre eux n'en avait eu la possibilité. Elle était comme un éclat de verre brillant, tombé d'un magnifique vitrail dépeignant des Anciens, des cités surmontées de flèches et des dragons en vol, et gisant dans la poussière, détachée de tout ce qui faisait son identité; sans ce monde, elle n'avait aucun sens.
Il y a quelque chose que je veux te montrer aujourd'hui même, parce que tu es la seule qui comprendra tout de suite. Alise Finbok ne comprend pas, je le sais ; elle prend la cité pour un grand truc mort qu'il faut conserver en l'état, mais elle se trompe. Et d'ailleurs Kelsingra n'est pas pour elle : elle est pour nous ; elle nous attend.
Arrête de te faire des reproches ; on t'a trompé, on t'a fait mal, mais tu n'as pas à en prendre la responsabilité. C'est celui qui commet la faute qui est en tort, non la victime.
"Deux fils, chancelier : c'est ce qui te permet d' avoir de l'espoir. Mais, moi, je n'en ai pas un seul, et ma santé chancelle parce qu'il me manque une petite chose, je ne demande qu'un remède tout simple, fabriqué à base de sang de dragon, mais nul ne me l'apporte. Je m'interroge : est-il juste que tu aies tant d'espoir que ton non résonnera longtemps à l'oreille du monde alors que le mien se taira parce que je n'aurais pas eu ce remède ? Sûrement pas :"
[...] Saleté de dragonne ! fit-il tout bas. ça faisait un paquet de viande !
- On ne peut rien lui reprocher, dit Thymara. Elle fait son métier de dragon.