L'écriture est maitrisée, certes, poétique par instants, mais ça ne suffit pas à faire pour moi un bon livre.
Parfois l'auteur s'écoute écrire. Quant au thème du kamikaze, je dirais que si on m'avait interrogé sur sa psychologie, j'aurais sans doute répondu comme
Stéphanie Hochet, un type dont l'individualité est absorbé par l'éthos du samouraï, du sacrifice pour la nation. le roman est en somme l'illustration d'une intuition, voire d'un préjugé. le roman écrit au sortir de la guerre aurait peut-être eu un intérêt, et encore, j'en doute, car je ne crois pas qu'il atteigne à la réalité du sujet. Il suffit de transposer ce thème: est-ce que le sacrifice d'un kamikaze qui se fait sauter sur un porte-avion est comparable à celui d'un terroriste islamiste qui se fait sauter avec une ceinture? Hormis le fait qu'il touche des civils et non des militaires, le crime est similaire, le fanatisme différent mais le sacrifice identique. Je doute que le traitement d'un tel sujet nous ait entraîné sur la piste du Roméo and Juliet de
Shakespeare.
L'épisode de la ballade où le jeune héros regarde un jeune un peu plus âgé jouer avec des voyous, alors qu'il est sans doute d'une autre classe sociale est symptomatique de ce que je reproche à ce roman. le héros repasse ensuite et le voit cette voit avec une jeune fille très belle. L'intérêt du genre romanesque ne commande-t-il pas d'aller les voir, de nouer un contact avec eux?
[Non, il rentre chez lui et il fantasme en lisant du
Shakespeare].
On m'objectera peut-être que c'est justement le propre de ce héros kamikaze que de passer à côté de sa vie.
Oui, alors l'auteur a bien fait de choisir ce sujet, cela lui évite bien des confrontations avec le réel...
Niveau enjeu romanesque, c'est quand même service minimum.
Le poisson passe et on frappe à côté, échouant à le saisir. ce pourrait être mon sentiment sur ce livre, en forme de Haïku.
Ma critique est un peu dure, j'en conviens, mais une plume comme celle de
Stéphanie Hochet, si elle mettait de côté ces mots savants inutiles, laissait tomber ce souci esthétique du style à la française, pour se pencher davantage sur les personnages, l'histoire et plus encore sur ce qui l'a fait choisir ce sujet, sur ce qui constitue son désir substantiel d'écrire, pourrait faire tellement mieux.