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3,8

sur 171 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Loin des clichés, au plus près de l'intime, Stéphanie Hochet s'empare du personnage d'un kamikaze japonais durant la Deuxième guerre mondiale pour transformer ce destin qui semblait tout tracé en un autre parcours de vie, plus surprenant.

Avril 1945, la décisive bataille d'Okinawa fait rage. Isao Kaneda a 21 ans et s'apprête à mourir à bord de son avion qui dispose juste d'assez d'essence pour viser un navire américain. Ce n'est pas un fanatique nationaliste, ce n'est pas un exalté. Juste un jeune homme sensible plein de doutes dont on découvre l'enfance et l'éducation. Issu d'une famille de samouraïs, il a été élevé et conditionné par une grand-mère rigide accrochée aux valeurs japonaises de sacrifice au service de l'empereur. Puis embrigadé dans une école de pilote de chasse.

On ressent toute la pression de la société et du groupe sur les épaules d'Isao. La force aussi de l'éducation lorsque celle-ci s'ouvre à une autre culture, par le biais d'un enseignant qui lui fait découvrir Shakespeare et Marc-Aurèle, et sans doute les clefs d'une réflexion plus personnelle et introspective. L'auteure réussit à nous plonger dans sa tête, dans ses dilemmes face à la mythologie du samouraï qui va jusqu'au bout, sur le sens du sacrifice qu'on exige de lui, alors que le Japon a déjà perdu. Il veut bien mourir pour l'empereur mais à condition que cela soit utile, que des vies civiles soient sauvés, que le Japon gagne la guerre.

Se glisser ainsi dans la peau d'un personnage d'une autre culture et d'une autre époque pourrait se transformer en exercice un peu formel et empesé, mais ici, ce n'est jamais le cas. Stéphanie Hochet construit un court récit totalement épuré, porté par une écriture sobre et travaillée, ce qui lui confère une grande lisibilité et limpidité. Jusqu'à sa dernière partie, surprenante ; elle quitte une approche réaliste pour atteindre une dimension quasi philosophique faisant réfléchir sur la quête de sens de toute une vie.

Très réussi.


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"Îles de ce Japon sanctifié! 
Que votre esprit Yamato
Soit admiré par les étrangers,
Alors - embaumant l'air illuminé par le soleil du matin,
Que la fleur de cerisier s'envole, sauvage et belle!” 
(Motoori Norinaga)

***

Avril 1945, guerre du Pacifique. Alors que sa défaite paraît inéluctable, le Japon multiplie les “attaques spéciales” à l'encontre de la flotte alliée. 

Entendons par là opérations-suicides : durant ce conflit, quelques milliers de soldats seront appelés à devenir des chrysanthèmes flottants (ou Kikushui).

"C'est le nom poétique donné au sacrifice d'un avion et de son pilote sur un navire ennemi."

Qui sont ces hommes prêts à mourir pour servir leur Empereur? Étaient-ils réellement volontaires ou plutôt contraints de l'être? 
 
Dans ce court roman aussi envoûtant que magnétique, Stéphanie Hochet prête sa voix à l'un d'entre eux. 

*

Âgé de vingt et un ans, Kanedo Isao, pilote de l'armée du Grand Japon, vient de recevoir son ordre de mission. Dans deux jours, lui et son escadrille iront s'écraser sur un croiseur de bataille américain.

"Fleur de cerisier bordée de noire, ma fin glorieuse sera l'accomplissement de ma vie."

Élevé dans la pure tradition et plus précisément le respect des valeurs fondamentales véhiculées par le Bushido, il entend se montrer digne du courage dont ont fait preuve ses ancêtres guerriers.

"(...) rien n'équivaut la beauté et la rigueur de ce code qui exige des combattants liés à leur maître loyauté et honneur jusqu'à la mort. "

Tandis qu'approche l'heure de son dernier vol, le jeune kamikaze est assailli de terribles doutes. A l'aune des récents échecs rencontrés par ses frères d'armes et de la faible perspective de victoire, son geste a-t-il encore un sens? Un avenir différent n'est-il pas envisageable ?

Porté par la force de son idéal, il s'élancera toutefois vers son destin, lequel pourrait bien prendre une tournure des plus inattendues…

*

Pacifique revêt à mon sens un double intérêt; à savoir l'exploration d'un pan de la culture nippone mais aussi la revisite d'un chapitre méconnu de l'Histoire écrit tragiquement durant la seconde guerre mondiale. 

Placés au plus proche de l'intimité du personnage, nous sommes invités à découvrir son parcours singulier s'étirant de l'enfance jusqu'au jour fatidique. 

A contre-pied de l'image du fanatique, il incarne une réalité infiniment plus complexe et contrastée nous interrogeant sur la notion de libre-choix et la valeur de l'existence.

L'auteure dépeint avec grande finesse la lutte intérieure auquel se livre Kanedo et met en lumière certains ressorts de la propagande nationaliste. Nous y retrouvons notamment la glorification et l'esthétisation de la mort que le sacrifice rend héroïque mais également l'embrigadement des individus forgés précocement au patriotisme ainsi que les maltraitances subies lors de leur formation militaire. 

Si la richesse et la beauté de sa plume nimbée de poésie rendent la lecture délicieusement immersive, j'avoue émettre néanmoins quelques réserves quant à la fin du récit souffrant selon moi d'un manque de crédibilité. 

Il n'en demeure pas moins que Pacifique est une très jolie découverte dont la thématique ne cessera jamais de me fasciner. 

***

"Nous sommes appelés à devenir des fleurs de cerisier. le "sakura", fleur symbole du Japon. Elle s'évanouit au printemps et le souffle du vent suffit à l'emporter. Vivre telle une efflorescence printanière serait donc croître et disparaître au paroxysme de la jeunesse. Laissant dans l'air le souvenir de sa beauté éphémère.
Nous deviendrons des végétaux délicats, des corolles époustouflantes sous lesquelles les futurs mariés joignent leurs mains. (...)
Nous deviendrons l'image même de la fragilité qui vit le temps d'un soupir et meurt avec légèreté.
Nous changerons d'état, abandonnant la lourdeur de l'enveloppe humaine pour abriter en nous la sévè végétale, pour nous remplir de leur couleur délicate et voler, voler jusqu'à la désintégration."

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Isao Kaneda est un kamikaze (un Sakura pour les japonais). Il est destiné à mourir pour son pays. Passionné d'aviation depuis son plus jeune âge, il a rejoint Yokaren, une école préparatoire, qui l'a formé au pilotage et au sacrifice de soi. Elevé par sa grand-mère (car premier petit-fils), éduqué par un précepteur, il s'est construit au bushido, le code d'honneur des samouraïs . En ce 29 avril 1945, son devoir est d'aller écraser son avion lesté de bombes sur une cible américaine. Même s'il a peur ; même s'il s'interroge sur la pertinence de cette décision au vu de la défaite qui s'annonce...il n'a pas le choix. C'est une question d'honneur.
Un court récit qui relate avec beaucoup de justesse le psychisme d'un jeune homme aux portes de la mort. Isao est le héros du livre mais c'est le Japon, sa culture, ses traditions, sa civilisation qui est au coeur de l'histoire . le texte est épuré, l'écriture poétique et concise. Un très beau roman.
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« Je noue le hachimaki aux couleurs de notre Japon éternel autour de mon casque. J'effectue ce geste avec lenteur et solennité, sans pensées, sans émotions. le froid dans mes veines, le temps s'est arrêté, je suis une fleur de cerisier poussée par le vent.
Ai-je le choix ? Ai-je eu le choix il y a un mois, quand nous avons été réunis par les officiers au petit matin sur la base aéronautique ? le soleil se levait, rond et rouge, l'image du drapeau impérial. Ils ont annoncé que notre escadrille se portait volontaire pour devenir les Kikusui, des chrysanthèmes flottants. C'est le nom poétique donné au sacrifice d'un avion et de son pilote sur un navire ennemi. »
D'entrée, le ton est donné.
Stéphanie Hochet, écrivaine spécialiste de Shakespeare, nous ramène dans le Japon impérial de ce printemps 1945, au moment de la bataille d'Okinawa, où pour défendre leur société millénaire, les caciques de Hiro Hito ( l'empereur ) transformaient des jeunes hommes entre seize et vingt-cinq ans en bombes humaines.
Qui étaient ces jeunes garçons que nous connaissons sous l'appellation de kamikaze(s) ( en français " vent divin "), des fanatiques ou des volontaires contraints ?
C'est cette vérité historique que l'auteure essaie d'approcher dans ce court roman extrêmement bien documenté.
Elle, la littéraire, spécialiste de littérature anglaise, pas plus nippophile que vous et moi, qui n'est jamais allée au Japon, nous donne le change dans un roman qu'aurait pu écrire un autochtone.
L'histoire s'ouvre donc sur ce jeune Isao Kaneda qui s'apprête à bord de son avion Zéro à s'élancer pour une mission, une "attaque spéciale" ( entendez une attaque suicide ), et au nom de l'empereur et du Japon immortel, à devenir un "chrysanthème flottant", " une fleur de cerisier ".
Comme Victor Klemperer l'a fait dans son livre - LTI, la langue du IIIème Reich -, Stéphanie Hochet met en parallèle ce régime fasciste, cruel, inhumain et le vocabulaire antinomique qu'il utilise pour se décrire et nommer les actes qui sont les siens.
Puis c'est le flashback.
La seconde partie dans laquelle l'auteure, ou Isao, se raconte.
Son enfance auprès d'une grand-mère stricte, descendante de samouraïs... avec ses légendes, ses mythes, ses codes, et un jeune précepteur, monsieur Mizu, qui lui enseigne... outre les matières que l'on enseigne au Japon, les humanités classiques et la culture occidentale.
Par obéissance, Isao a donc eu une enfance solitaire entre une grand-mère "gardienne du temple", un précepteur ouvert sur le monde, un petit chat, les livres, la poésie, la rêverie, la pratique ( en privé ) du kendo et les avions dont il ambitionne de devenir un jour un as comme ces héros que sont pour les jeunes pilotes en devenir de sa génération les Sakai Saburö et Iwamoto Tetsuzö... as des as, sortes de samouraïs modernes.
À seize ans, il est rendu à ses parents ; sa grand-mère jugeant qu'elle lui a donné l'éducation susceptible de faire de lui le digne descendant de ses ancêtres, et non un petit bourgeois ramolli et sans envergure comme son gendre qu'elle tient en piètre estime.
Ses études secondaires achevées, il entre au "yokaren"... équivalent de l'aéronavale.
S'ensuit une formation accélérée... et pour cause : le géant américain se fait de plus en plus menaçant.
C'est enfin la désignation pour la mission spéciale.
Isao est partagé entre son devoir, son honneur et celui de sa famille... et le doute d'une mission dont il sait qu'elle ne changera pas le cours d'une guerre... perdue pour son pays.
Deux jours avant de devenir un chrysanthème flottant, notre vent divin commence à ressentir ce que sa grand-mère appelait " les herbes de lâcheté"... d'où d'incessants va et vient entre son lit et les latrines.
Mais il ne se dérobera pas ; entre deux allers retours dans les lieux d'aisance, il pense au "Hagakure" ( "guide pratique et spirituel destiné aux guerriers. Il s'agit d'une compilation des pensées et enseignements de Jōchō Yamamoto, ancien samouraï vassal de Nabeshima Mitsushige.") dans lequel il est dit qu'un samouraï doit toujours posséder de la poudre de riz au cas où il mourrait, et se poudrer avant de mourir... il aurait ce teint de cerisier auquel j'ai déjà fait référence ).
-" Nous sommes appelés à devenir des "fleurs de cerisier".
Le sakura, fleur symbole du Japon. Elle s'épanouit au printemps et le souffle du vent suffit à l'emporter
Vivre telle une efflorescence serait donc croître et disparaître au paroxysme de la jeunesse. Laissant dans l'air le souvenir de sa beauté éphémère.
Le Hagakure rappelle que les samouraïs doivent posséder dans leur besace de la poudre de riz afin qu'en cas de trépas ils puissent veiller à avoir dans la mort le teint du cerisier en fleur.
Nous deviendrons l'image même de la fragilité qui vit le temps d'un soupir et meurt avec légèreté.
Nous changerons d'état, abandonnant la lourdeur de l'enveloppe humaine pour abriter en nous la sève végétale, pour nous remplir de leur couleur délicate et voler, voler jusqu'à la désintégration."
Une confrontation intéressante a lieu dans ces heures cruciales entre Isao et son camarade de chambrée Kosugi.
Le premier, nous commençons à bien le cerner : c'est un jeune homme instruit, rêveur, idéaliste, patriote comme pouvait l'être un garçon de son âge et avec ce type de personnalité à l'époque.
Brave, honnête, fidèle, loyal... mais qui pense et donc doute.
Le second, Kosugi, a à peu près le même âge. Orphelin, "pupile de la nation" dirait-on de lui de nos jours, il doit tout à l'empereur, il doit tout à l'État et à l'armée... qui est devenue sa famille, sa raison de vivre et sa raison de mourir.
Lui n'est pétri que de certitudes.
Il est l'antinomie d'Isao.
Ces deux-là et quelques autres s'envolent à bord de leurs Zéro.
Fataliste, Isao songe :
-" La fin ne m'effraie pas. J'irai vers elle les yeux ouverts, non seulement parce qu'un grand pilote ne les ferme pas au moment d'entrer en collision pour ne pas rater sa cible - contrairement au novice qui perd le contrôle de son appareil par pur réflexe de peur - mais aussi parce que je voudrais voir la forme que prend la mort avant de l'embrasser. Sans doute devient-elle visible dans ces circonstances exceptionnelles. Ses contours ressemblent-ils à quelque chose que je connais ? J'imagine une silhouette étrange et familière à la fois, douée d'une force inquiétante telle une pieuvre ou un fantôme."
Insuffisance de Kérosène, Isao... loin de sa cible est contraint à un atterrissage forcé sur un îlot... peuplé d'hommes et de femmes coupés du monde et du temps, vivant à l'heure d'un Japon de "il était une fois."
Après des clins d'oeil appuyés à Shakespeare, Ovide, Cicéron, Marc Aurèle, Mishima... le parti pris de Stéphanie Hochet s'apparente à la démarche de Keisuke Kinoshita et sa " Ballade de Narayama".
Je vous passe à présent le relais et vous invite à découvrir cette accroche du kamikaze version S. Hochet.
Un livre très bien et très précisément documenté.
Un style sobre, travaillé, précis, juste.
Une narration concise entre la violence du sujet et le surprenant environnement poétique.
Pour conclure, je dirai qu'outre la fascination pour ce thème et l'excellente mise en mots et en récit de l'auteure, deux éléments ont retenu mon attention.
Le premier c'est la volonté (?) de l'écrivaine à conserver à son héros une sorte de virginité. Isao n'est jamais mêlé à la promiscuité. Enfant, il n'a aucun contact avec les autres enfants... si ce n'est avec un chat ( cherchez la symbolique ), il aperçoit une belle fillette... qu'il ne verra qu'une fois et dont il fera l'héroïne de ses rêves. Au lycée... c'est un étudiant "à part"... Sur l'île, il sera fasciné par la beauté d'une jeune femme... dont il se détachera de lui-même : - " je n'ai plus de désir pour elle. J'approche un peu chaque jour du satori."
Et cerise sur le gâteau impérial... son avion n'aura jamais atteint la cible désignée pour sa mission : il n'aura même pas approché la mort...
Le second concerne le titre... dont le sens est multiple.
Pacifique peut en effet être pris dans son acception géographique mais aussi être une référence au pacifisme...
À vous de décider.
Une très bonne lecture.
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Voilà un livre surprenant. Je n'y ai pas trouvé ce que j'étais venu chercher, mais ce que j'ai trouvé était agréable.

Baigné des codes japonisant de Pair de l'Empire (de R.E. Feist et J. Wurts), j'ai voulu rester dans cette atmosphère mais selon une perspective plus historique. Cette atmosphère est présente dans Pacifique, mais il n'y a pas que cela.
Ce livre est surtout très introspectif. 1945. Kaneda nous confie ses pensées, ses désirs, ses actes. Il s'apprête à partir pour sa dernière mission, sa mission suicide de kamikaze. Il est si honoré, si fier… mais aussi effrayé.
Kaneda se raconte à travers des flashbacks qui nous permettent de cerner sa personnalité. Éduqué par sa grand-mère héritière d'une famille de samouraïs, il mixe le code bushido et le théâtre nô avec la culture occidentale, surtout Shakespeare. Se développe chez lui une espère de dualité. D'abord une surface nationaliste, agrippant à plein bras et à plein coeur le rêve d'un Japon protecteur de l'Asie face à l'exploitation occidentale. Il s'agit d'une guerre de libération. Comme tout son peuple, il applaudit à l'annonce de l'attaque de Pearl Harbor. C'est décidé, il sera aviateur.
Et, tapi, se trouve le jardin secret d'un homme resté très fleur bleue, nourrissant une adoration pour la pièce Roméo et Juliette, et osant douter, sinon de l'honneur, de la valeur pragmatique du sacrifice de sa vie pour le Japon et pour l'Empereur.
Les deux facettes s'emparent de Kaneda à tour de rôle, générant un conflit interne qu'il se doit de dissimuler dans ce Japon où femmes et enfants sont prêts à sauter d'une falaise plutôt que de se laisser prendre par les Américains.

La troisième partie surprend par la direction où elle emmène notre anti-héros. Y règne un retour vers une certaine sérénité, mais aussi la découverte que toute médaille cache un côté obscur. le récit de cette découverte aurait beaucoup plu à Ursula le Guin qui a toujours voulu faire entrer ce concept dans le crâne de ses lecteurs.
Une lecture régénérante et reposante malgré l'atmosphère de guerre. Quelque chose de zen, de bouddhiste, qui calme l'esprit. Un roman assurément historique aussi.

Bref une bonne pioche.
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Ce sont les critiques de BazaR et d'Eric76 qui m'ont donné envie de lire ce livre. Stéphanie Hochet est une auteure que je découvre et j'ai vraiment été séduite par son écriture que j'ai trouvée limpide et soyeuse.

Le Japon, 1945.

Kanedo Isao a été choisi pour devenir un « chrysanthème volant » autrement dit un kamikaze. C'est pour lui un honneur de se sacrifier pour l'Empire.

À quelques jours de ne plus voir le soleil se coucher, il se penche sur sa vie. Il nous fait part de ses réflexions et de ses doutes. Il accepte de mourir pour son pays mais il espère que ce sera utile à quelque chose.

Le jour venu, il décolle avec ses camarades mais une panne le fait atterrir sur une petite île. À ce moment, l'histoire bascule… j'avoue ne pas avoir compris où m'emmenait l'auteure ni la fin.

On parle toujours des deux bombes atomiques, j'ai moins souvent entendu parler du bombardement de Tokyo du 9 mars 1945. D'après ce que j'ai lu, il a été plus meurtrier que Nagasaki. C'est terrifiant.

Ce livre donne une toute autre image des kamikazes. Sur le sujet, j'ai repéré le livre « Kamikazes » de Constance Sereni et Pierre-François Souyri . Il est dispo à la bibliothèque du coin, je l'emprunterai lors de mon prochain passage.
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Stéphanie Hochet m'avait captivée en 2015 avec Un roman anglais, si anglais qu'on aurait pu le croire écrit par l'un des sujets de la Reine Elizabeth II. J'avais admiré son habileté à capter l'essence d'une époque, d'un milieu et à explorer l'ambiguïté des sentiments à travers un personnage aussi fort que complexe. J'avoue que je suis assez épatée de la façon dont elle change radicalement de style et d'univers pour se glisser ici dans la peau d'un kamikaze de la guerre du Pacifique. Autre culture, autres moeurs, autres références littéraires. Reste la finesse du trait, l'acuité du regard, la précision du mot.

Avril 1945. le soldat Kaneda sait depuis longtemps ce qui l'attend, toute sa formation s'est effectuée à l'aune de cet objectif. Mais depuis quelques minutes il sait aussi que l'échéance se rapproche : ce sera dans deux jours. Ces dernières semaines, les "attaques spéciales" se multiplient dans le Pacifique pour tenter de freiner l'avancée américaine. Kaneda est prêt. Dans deux jours il décollera avec son escadrille et ira fracasser son Zéro contre le porte-avion américain qu'on lui aura assigné comme cible. Il a été élevé dans un certain code de l'honneur au service de l'Empire et de son représentant divin, celui des samouraïs. Mourir, se sacrifier le sourire aux lèvres, le summum de l'honneur. Sa vie n'a pas d'importance face à la grandeur du destin de l'Empire. Pourtant, un petit grain de sable vient titiller ses certitudes alors que des rumeurs interrogent de plus en plus durement les chances de victoire du Japon et de ses alliés. Sa vie n'aurait-elle vraiment aucune autre importance que celle du sacrifice ? Et si ce sacrifice ne servait finalement à rien ?

Il suffit de deux pages pour se laisser embarquer dans le dilemme de Kaneda, revisiter son enfance et son adolescence et ressentir tout le poids d'une culture. Mais pas seulement. Car ce n'est pas rien que de s'interroger sur le sens d'une vie, de tenter de dépasser des années de conditionnement. Et le plus remarquable dans tout ça, c'est que Stéphanie Hochet parvient à nous faire ressentir les émotions de Takeda par-delà les barrières culturelles, par la grâce d'un animal de compagnie, la silhouette d'une jeune fille ou l'énumération de ces choses que le jeune homme est conscient de ne jamais connaître. La Japon est là mais le propos est universel.

Si le roman réserve son lot de surprises, il pose aussi les bases d'une réflexion sur ce qui fait une civilisation, grâce à une deuxième moitié aussi inattendue que passionnante et qui m'a beaucoup fait penser, dans son esprit, au propos de Pascal Manoukian dans son dernier roman, le Cercle des Hommes. Peut-être qu'un organisateur de manifestation littéraire aura la bonne idée de réunir ces deux auteurs ? Pour l'heure, je veux surtout saluer la qualité littéraire du roman de Stéphanie Hochet ; un style impeccable, épuré, certainement très travaillé pour atteindre ce degré de fluidité et de précision. Jusqu'au choix du titre. Preuve que l'on peut trouver dans 140 pages de vraie littérature un peu de l'essence du monde.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Nous sommes en avril 1945. Isao Kaneda a été formé à l'école militaire et se prépare pour une opération Kamikaze qui devrait l'amener à s'écraser en piqué sur un porte avions américain.

Stéphanie Hochet a choisi de nous relater cet événement en habitant l'esprit de son jeune héros le temps des 150 pages de son court récit.

À la veille de cette expédition programmée pour être son dernier voyage, Isao revient sur les années écoulées de sa courte vie, l'éducation de sa grand mère aux ancêtres Samouraïs, les leçons de littérature de son précepteur, ses premiers émois amoureux et l'évocation de sa famille.

À la veille d'un sacrifice pour lequel on l'a toute sa vie préparé, Isao s'interroge, tiraillé entre son sens de l'honneur et son appétit de vivre.

L'écriture est belle, sobre et limpide. Les émotions d'Isao, jeune homme sensible et réfléchi sont crédibles et pleines de justesse, la dernière partie du livre, plus onirique, invite à une réflexion élargie sur le sens de la vie.

Quelques réserves cependant sur l'abondance de termes Japonais pas forcément utiles à la compréhension du récit et qui semblent parfois convenus et inutilement didactiques au milieu d'un texte si délicat; de même que sur la fin très rapide que j'ai trouvée presque bâclée. Elle m'a donné le sentiment que Stéphanie Hochet n'avait pas réellement trouvé de conclusion à son propos. À moins que je ne sois passée à côté.
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Un très beau roman où Stéphanie Hochet nous plonge dans les pensées d'un jeune kamikaze, prêt à mourir pour son pays.
Tout au long de ce texte, l'auteur explore la dualité des sentiments du jeune homme de 21 ans, qui au fond de lui-même n'a pas choisi cette destinée qui s'est imposée à lui. Doit-il défendre coûte que coûte son pays et son honneur, même s'il doit mourir pour cela, où doit-il continuer à vivre car sa mort ne changera peut-être pas le destin du Japon ? Est-ce dans la mort qu'il atteindra cet état de Grâce qu'il recherche ?
J'ai beaucoup apprécié cette lecture où l'on découvre également les traditions japonaises lorsque Isao Kaneda nous conte les apprentissages de sa jeunesse ainsi que son parcours à l'école d'aviation. L'écriture de Stephanie Hochet magnifie quant à elle les sentiments qu'elle prête à son personnage, et une sensation d'apaisement m'a accompagnée tout au long de cette lecture.
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Ado en découvrant les kamikaze Je m'étais posé cette question, qu'est ce qui peut pousser un pilote de zinc à aller s'éclater sur un navire ennemi ?

L'auteur nous apporte ici quelques éléments de réponse, se met à la place du héros et nous raconte son histoire.

A la façon japonaise, de manière très sobre et épurée elle décrit la culture locale, forgée dans l'honneur et les valeurs, dans une époque où les traditions ancestrales mutent de l'esprit du samouraï à celui de l'aviateur guerrier qui doit donner sa vie pour sauver l'empire de l'invasion ennemie.

La lecture est courte et plaisante car bien documentée mais subtilement dosée et sans longueurs et donne accès à la compréhension d'un mode de vie bien différent que celui que nous connaissons en occident.

La plume est légère et empreinte d'un lyrisme agréable qui confère un vrai plaisir de lecture.

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