L'action se déroule en 1917. Anna Whig est une bourgeoise anglaise, lettrée, Avant la naissance de son fils , Jack, elle était traductrice. Souhaitant reprendre son activité, elle persuade son mari, le très strict horloger Edward de publier une petite annonce dans le Times pour recruter une garde d'enfant. Lorsqu'une lettre émanant d'une certaine George, lui arrive elle est convaincue qu'il s'agit d'une femme comme
George Eliot qui est une référence littéraire pour elle. Avec beaucoup de douceur, avec de l'intelligence, George se fait adopter par Jack, ce qui rend jaloux Edward, qui n'a pas de bonnes relations avec son fils. Sans outrepasser son rôle, il accorde de l'attention à Anna, ce qui lui ouvre les yeux sur sa situation de femme soumise et délaissé par un mari plus passionné par les rouages des montres que par son épouse.
Stéphanie Hochet plonge le lecteur dans le climat troublé de Londres pendant la Grande Guerre sous les bombes et dans la campagne du Sussex où Anna s'ennuie et attend inlassablement les lettres de John, son cousin, qui va mourir dans les tranchées sans que l'on retrouve son corps. C'est un livre de climat, d'ambiance lourde, de tension, tout en pudeur, les personnages se confrontent sans s'affronter, il révèle la condition des femmes qui tentent d'exister sans droit dans l'Angleterre post-victorienne avant que celui de voter ne leurs soit accordé en 1918. Sans être un grand connaisseur de la littérature anglaise du XIX ème siècle , on perçoit bien en quoi ce roman est anglais, l'écriture est soignée, très policée, les personnages évoluent dans des décors très " british " mais... à vouloir mettre en avant les non-dits, le livre paraît un peu terne et l'épilogue sans relation avec le reste du roman (hormis qu'il concerne Jack) paraît ajouté pour faire bonne mesure..