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EAN : 9782743654603
144 pages
Payot et Rivages (06/10/2021)
4.5/5   19 notes
Résumé :
Avec un texte brillant et inclassable, Stéphanie Hochet met à l'honneur le lapin, boule de poils bien plus profonde et mystérieuse que ce qu'elle laisse apparaître.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
"Trèfle de plaisanterie, comme dirait un lapin dans un carré de luzerne." Fernand Raynaud.
Le lapin est un hop-hoptimiste.

Entre Pierre Lapin et Pan-Pan de Bambi, "impossible d'écrire un livre sans être interrompu...

-Quoi de neuf, docteur? Dixit Bugs Bunny.) en train de grignoter une carotte ou "votre bas de porte", comme le souligne l'auteure.

"Des yeux profonds et vifs, une bouille farceuse, un corps arrondi... Et un pompon propre à émouvoir les âmes sensibles."
Le lapin farfalle dans les champs mais ne comptez pas sur lui, pour un rendez-vous car il est souvent en retard . Il est le premier à vous poser un lapin!
Celui d'Alice aux pays des merveilles le reconnaît d'ailleurs:
"Je suis en retard, en retard."

L'auteure parle aussi du livre "La partie de chasse" car
"Tant que les lapins n'auront pas d'historiens, leur histoire sera racontée par des chasseurs" Howard Zinn . Mais, on rêve d'un lapin chasseur avec 2 tomates, 3 carottes et des fines herbes...

Chapeau bas, Stéphanie Hochet (qui fronce du nez, en refusant d'être un Bunny pour Playboy!) pour cet éloge du lapin.
Car "Il faut un lapin et un.e magicien.ne pour sortir un lapin du chapeau." Romain le lapin magicien d'Antoon Krings
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Usagi, le lapin du kamikaze dans Pacifique (1) a certainement ouvert la voie à cet éloge du lapin de Stéphanie Hochet. On la connaissait ailurophile, mais pas seulement !


L'auteure, s'étant nourrie d'une ample bibliographie indiquée en fin de l'essai, glisse en ouverture trois citations dont la première de Howard Zinn fait mouche : « Tant que les lapins n'auront pas d'historiens, l'histoire sera racontée par les chasseurs. »

Stéphanie Hochet se fait donc la porte-parole des oreillards .Elle avoue avoir été déconcertée par les réactions des personnes à qui elle dévoilait le thème de ce livre. Mais ayant un Jeannot comme colocataire , elle a su s'intéresser à ses congénères et s'interroge sur le mépris dont ils sont entourés.
Elle explique comment elle en est venue à adopter un lapin… Il y a eu le regretté Ragondin qui l'avait fascinée et conquise , semblable à une «  pelote de laine grise ». Elle a été bouleversée par le poème que son ami écrivain Jérôme Attal, lui a dédié dans un but lénifiant.
Puis elle a libéré Pilepoil de ses conditions peu enviables de huis clos. Une compagnie salutaire qui s'est avérée « un bain de jouvence », confie-t-elle tout en soulignant la différence entre lapin et lièvre. L'animal chassé est devenu domestique comme on le retrouve représenté sur des vases grecs. L'autrice retrace l'origine du petit fouisseur passé d'abord par la péninsule Ibérique, l'Italie, le pourtour méditerranéen.

Un détour par le Musée Cluny permet de débusquer les lapins blancs présents dans les différents tableaux de la Dame à la licorne, animal destiné aux nobles entre le VIII ème et XIII ème siècle, période où seul le seigneur avait le droit de chasser, mais les dames de sa cour pouvaient tester leur adresse en tirant à l'arc sur les lapins. La pureté virginale est évoquée avec un tableau du Titien .

On les retrouve pour Pâques, apportant les chocolats ( tradition germanique).
Rejoignons le musée de Vienne qui conserve la célèbre aquarelle le lièvre de Dürer. Un tableau qui questionne l'écrivaine ou encore celui d'Ajaccio qui possède des natures mortes du flamand David de Coninck, mettant en scène des léporidés que Stéphanie Hochet décrit avec minutie.

La littérature fait également la part belle à ce mammifère. Souvenez-vous de vos livres jeunesse, du lapin blanc d'Alice de Lewis Caroll.
L'écrivaine nous incite à lire Watership Down de Richard Adams, qu'elle considère comme « une épopée à la gloire des Jeannots », qui « donne à voir l'intelligence de la communauté des oreillards », «  une communauté hiérarchisée rappelant la société humaine ».
Elle décrypte d'ailleurs ce roman de manière remarquable. A nous de découvrir son «  idiome lapinesque ».

Simultanément, elle distille, non seulement des références littéraires (Maurice Genevoix, Giono, La Fontaine., Lanzmann...) mais aussi cinématographiques ( Roger Rabbit), ou relatives à des dessins animés. On croise Luce Lapin ,journaliste engagée dans la défense des êtres vivants à poils ou à plumes. Des pistes à explorer pour le lecteur curieux.

Vous serez peut-être étonnés de cet engouement au Japon pour « les cafés à lapins », comme on connaît en France celui pour «  les bars à chats ». Quoi de plus délicieux que de caresser «  ces mignonnes boules de poils » ! Pas étonnant que tout jeune Japonais sait «  qu'un léporidé  vit sur la lune»  et que «  la créature lunaire fabrique des mochis » à déguster pour la fête de la pleine lune, «  Tsukimi ». Deux villes japonaises( Tottori et Nagoya) livrent un culte fétichiste à l'animal.
Les lolitas nippones arborent «  les accessoires à son effigie » ! Se complaisent-elles dans le monde de l'enfance ? Faut-il y voir un malaise, la peur d'entrer sur le marché du travail ?
Ces oreillards ont largement investi « la mythologie japonaise ».Ils sont même devenus l'attraction d'une petite île japonaise ( Okunoshima) où les voitures sont interdites pour le bonheur des touristes pour qui « il est si rare d'être la cible d'un gang de yakuza (2) herbivores à fourrure » !

Si «  en Occident, les lapins sont représentés comme des êtres craintifs, insolents et rapides », au pays du Soleil Levant , ils incarnent les « voyous ou les combattants ».
Ces léporidés sont entourés d'une connotation érotique, «  sont assimilés aux symboles lunaires et sont perçus comme l'image de la joie de vivre ».
Par ailleurs très fertiles, les conins (3) sont associés à la sexualité, il suffit de regarder le logo de Playboy ou de convoquer des expressions comme « un chaud lapin ».
Il est souligné dans des livres leur « tempérament pour la cabriole, la fréquence de leurs accouplements », ce qui a forgé le mot : «lapinisme » pour des humains.

«  Les Grecs, eux, les ont associés à Artémis, déesse de la chasse, et aux quatre coins du monde, ils sont assimilés aux symboles lunaires ».
Les Anglais, qui ont milité pour la cause animale dès le XVIII ème siècle, ne sont pas en reste , surtout à l'approche de Noël, avec le célèbre Peter Rabbit de Beatrix Potter qui se décline en maints objets.


L'autrice ,très engagée pour le bien-être animal,végétarienne, enrichit nos connaissances sur les lagomorphes, les léporidés, décline le mot lapin en diverses langues ( rabbit,bunny, usagi) , passe même par le grec et le latin pour l'étymologie…et le réhabilite, mais rappelle aux enfants que ce ne sont pas des peluches vivantes. Elle livre un plaidoyer convaincant afin de cesser de « reléguer le lapin à un animal de seconde zone ».
Elle déplore ce fléau de la myxomatose qui a décimé Jeannot ,«  la canaille aux longues oreilles »  et «  souhaite revoir les garennes dans nos campagnes ».



Par cet essai, Stéphanie Hochet nous prouve que cette bestiole n'est pas si « insignifiante », qu'elle a d'ailleurs inspiré maints auteurs et cinéastes. Elle nous offre une bibliographie conséquente , et alléchante ! Elle a réussi à nous faire remarquer des lapins partout, même dans la mode. Qui va craquer pour un vrai lapin( « dont la frimousse répond aux critères du kawaii, mignon » ) ou pour un T.shirt , voire des chaussettes à l'effigie d'un bunny, à Noël ?


(1) Pacifique de Stéphanie Hochet, éditions Rivages.
Grand prix littéraire de l'Aéro-Club de France , automne 2021.
(2) Yakuza : membre d'un groupe de crime organisé.
(3 conin ou connin : lapin en vieux français. Terme que l'on retrouve chez Apollinaire.

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Voilà qui nous change un peu des déclarations d'amour à ces indifférents de chats, tyrans domestiques planqués dans leur fourrure de mignonnerie (pardon, le mien est insupportable en ce moment...).
Stéphanie Hochet propose une exploration autour du lapin, au-delà des images toutes faites. On comprend pourquoi il est un symbole de fertilité, on apprend la différence entre lapin et lièvre, on se balade parmi les différentes cultures qui se l'approprient et l'on étudie en quoi cette petite bestiole innocente est devenue synonyme de luxure dans l'imaginaire collectif et par la grâce d'un logo de magazine. J'ai beaucoup aimé la promenade au Japon, j'ignorais que les lapins avaient aussi une île - je connaissais celle des chats dont l'auteure parle dans son Eloge amoureux des chats - qui leur est entièrement dédiée et sur laquelle ils sont libres de se reproduire... comme des lapins. J'ignorais tout également de la guerre bactériologique que leur ont livrée les humains. Disons qu'à ce stade on peut parler de génocide.
Stéphanie Hochet mêle harmonieusement histoires, définitions, légendes et références artistiques pour montrer le lapin sous ses différentes facettes, dont celle de compagnie qui pourrait susciter une vague d'adoptions après lecture.
Le roman d'Agnès Desarthe, "Une partie de chasse" qui donne la parole à un lapin est bien entendu longuement cité, notamment l'incipit auquel Stéphanie Hochet apporte un éclairage précieux, au moyen d'une interrogation troublante sur le chasseur et le chassé.
Cet éloge réserve bien des surprises et pourrait bien changer le regard de quelques-uns d'entre nous sur cet animal que nous côtoyons depuis les peluches et dessins animés de notre enfance, sans forcément le connaître.
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Après deux éloges consacrés au chat, l'autrice s'intéresse au meilleur animal de tous les temps, j'ai nommé le lapin. Vais-je être objective et mesurée dans ce billet ? Probablement pas. Mais je fais ce que je veux, je suis sur mon blog !

Les animaux sont souvent au coeur des romans de Stéphanie Hochet. Pas comme de simples figurants, mais comme des personnages dont il faut tenir compte. Et c'est bien le cas du lapin, animal très marginal des bestiaires officiels et pourtant très présent dans tous les médias, des gravures antiques aux tentures médiévales et des parchemins des monastères aux grands écrans des cinémas.

Le lapin, c'est immédiatement une image de douceur dodue, mais aussi de vitesse agile. Anodine et inintéressante, cette bestiole aux longues oreilles ? Certainement pas ! Elle concentre des contradictions fascinantes. « On se trouve déjà devant une aporie : comment cet animal souvent qualifié de nuisible et chassé frénétiquement pour cette raison peut-il incarner le plus doux des héros ? Autre paradoxe : comment cet animal, favori des gamins, peut-il être si irrésistiblement associé à la sexualité ? » (p. 13)

Stéphanie Hochet convoque une bibliographie qui, à quelques titres près, est exactement la mienne ! Elle passe en revue les incarnations fictionnelles du léporidé, tant dans la bande dessinée que dans la peinture. Ainsi, de Watership Down à l'île d'Ôkunoshima en passant par Palyboy, elle propose un tour du monde/panorama culturel plutôt exhaustif des représentations de cet animal si charmant. Avec lucidité, l'autrice retrace l'histoire souvent malheureuse du lapin, longtemps chasse gardée des nobles, puis soumis à la haine populaire quand il a envahi certaines régions, voire pays. le gentil Jeannot reste une proie, un gibier courant et très familier. Son inhérente fragilité est palpable : si ses puissantes pattes arrière peuvent l'emporter à toute allure, sa chair tendre sous un pelage plus doux que résistant lui est fatale. Et dans l'absolu, nous humains ne valons pas bien mieux. « Ainsi, nous sommes tous de potentiels lapins, il suffit d'une mauvaise rencontre. » (p. 124)
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C'est un livre qu'on ne quitte pas. Non seulement il élève notre culture sur ce petit fouisseur mais il eveille notre curiosité tant en arts, qu'en civilisation voire en littérature. C'est une oeuvre à mettre entre toutes les mains, c'est un socle à la tolérance et à l'existence, celui qui "animal" vit.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Tant que les lapins n'auront pas d'historiens, l'histoire sera racontée par les chasseurs.
Howard Zinn ( citation en exergue)


" Le lapin- de garenne bien sûr - est presque un personnage littéraire avant d'être un animal, et un gibier."Jean-Jacques Brochier
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Une visite au musée Cluny permet d'admirer une jeune femme richement vêtue dans un paysage bucolique, entourée d'animaux. Cinq de ces tentures mettent en scène de manière allégorique les sens, symbolisés par les occupations auxquelles se livre la dame.


Sur tous ces chefs-d'oeuvre, on trouve des lapins Des lapins dans toutes sortes de positions. De face ou de profil.
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Les lapins sont d'excellents camarades,d'un insolence parfois agaçante: écrire avec un lapin qui se promène dans l'appartement , c'est être interrompu par des bruits suspects ( grignotage de porte, saccage de la poubelle ou des apparitions d'un bolide à fourrure.
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« On se trouve déjà devant une aporie : comment cet animal souvent qualifié de nuisible et chassé frénétiquement pour cette raison peut-il incarner le plus doux des héros ? Autre paradoxe : comment cet animal, favori des gamins, peut-il être si irrésistiblement associé à la sexualité ? » (p. 13)
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« Ainsi, nous sommes tous de potentiels lapins, il suffit d’une mauvaise rencontre. » (p. 124)
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Videos de Stéphanie Hochet (19) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Stéphanie Hochet
L'écrivaine Stéphanie Hochet s'est plongée dans les "années perdues" de William Shakespeare, cette période au cours de laquelle le dramaturge disparaît en laissant femme et enfants. Son roman "William" revient sur ces huit années mystérieuses et fait des liens avec le passé de l'écrivaine. Elle est l'invitée de Géraldine Mosna-Savoye et Nicolas Herbeaux.
Vignette : duncan1890 / Getty
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