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« La nuit, lorsque les enfants refusent de dormir, le marchand de sable passe leur jeter du sable sur le visage. Ce sable magique arrache les yeux des petits turbulents, que le marchand ramasse et emporte avec lui sur la lune. Là-bas, il les donne à manger à ses rejetons, qui ont des becs crochus pour mieux les picorer. Voilà de quoi terroriser le jeune Nathanaël, d'autant plus qu'il associe l'affreux protagoniste de la légende au détestable avocat Coppelius, visiteur régulier de la maisonnée. Contée par une vieille domestique, cette histoire n'aurait sans doute pas autant marqué le héros d'Hoffmann, n'étaient les circonstances tragiques du décès de son père… Ainsi commence un récit dans la plus pure tradition fantastique, effrayant à souhait.

Le Marchand de sable débute comme un roman épistolaire, avant de revenir à une narration externe plus classique. Nathanaël, brillant étudiant et poète, en est l'acteur principal, aussi est-ce surtout à travers ses yeux que j'ai vécu le livre, fui l'étrange vendeur de baromètres Coppola, aimé la raisonnable Clara et succombé à l'attraction exercée par l'insolite Olymipa. Cependant, j'ignore si les yeux de Nathanaël sont fiables. A-t-il vraiment vu et vécu ce qu'il prétend ? Ou bien son aventure est-elle le fruit d'une sensibilité exacerbée couplée à une imagination sordide ? Qui faut-il croire et où réside la vérité ? Tel est précisément l'enjeu de ce conte aux accents horrifiques.

On ignore en effet où réside la frontière entre le vrai et le faux dans le Marchand de sable, tant Nathanaël se révèle prompt au mysticisme et à la mélancolie ; sa relation avec Olympia trahit également un certain narcissisme, ou du moins une tendance à s'écouter parler. Tourné vers lui-même, en proie à une introspection permanente, le jeune homme est aux antipodes de la bien nommée Clara, la clairvoyante. À travers ce couple, ce sont la raison et la folie, la glace et le feu, le pragmatisme et l'imagination qui s'affrontent. Il n'est pas anodin que les yeux occupent une place prépondérante dans le texte, tant sur le plan sémantique que stylistique et littéral : ces miroirs de l'âme déterminent un rapport au monde à double tranchant, où le regard altère la réalité qui le modifie en retour. Tout ce qui nous entoure est le fruit de nos désirs personnels, et nos conventions sociales ne sont qu'illusions destinées à masquer le vide de l'existence humaine ; pire, peut-être ne sommes-nous que les marionnettes d'un maître invisible… N'y a-t-il pas dans semblable révélation de quoi devenir fou ?

J'ai beaucoup apprécié le Marchand de sable. Je ne m'attendais pas à une tonalité si sombre : on est bien loin de l'enthousiasme poétique du Vase d'or, mais le texte s'inscrit en précurseur de nouvelles plus tardives, à commencer par le Horla. Sans écrire dans ce registre, je suis très admirative de la double interprétation permanente inhérente au genre fantastique, que je tente d'utiliser à ma manière sous forme de métaphore filée, à travers la fusion des livres et des rêves qui structure l'ensemble de la Bibliothèque. On comprend que les traducteurs aient finalement renommé le conte L'Homme au sable, figure connotée moins positivement que le marchand de sable, même si c'est précisément Hoffmann qui a transformé le véridique métier de marchand de sable en légende à travers ce conte 🙂 »

Émilie – Apprentie Bibliothécaire
Lien : http://www.paulinedeysson.co..
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Une nouvelle qui a la folie fantastique d'Hoffmann, et qui annonce si tôt cette crainte des automates, ces machines qui ont des airs bizarres, bizarrement humaines mais étrangement factices. J'ai beaucoup aimé l'entremêlement de deux histoires (l'homme au sable éponyme, l'amour de Nathanaël pour Olimpia) qui se rejoignent autour d'une seule et même figure, celle du démoniaque Coppelius.
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L'auteur nous plonge en plein coeur d'un conte fantastique avec un aspect philosophique et psychologique et une vision cauchemardesque développant ainsi le concept d'inquiétante étrangeté.
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50 pages. En se basant sur cette édition-ci, il aura suffit à Hoffmann d'à peine 50 pages pour fournir une critique de son temps, offrir à Freud matière à développer le concept d' « inquiétante étrangeté », et inspirer un ballet : Coppélia. Dans L'homme au sable on a d'une part la critique d'un romantisme poussé à l'extrême à travers le personnage principal, Nathanaël, écrivain qu'Hoffmann présente comme une sorte de poète assez ennuyeux mais inspiré d'entrée de jeu par des espèces de forces supérieures gothiques. D'autre part, on assiste à une dénonciation de l'automatisation des rapports sociaux, de la perte d'individualité et de spontanéité de la société de l'époque.
Le tout est présenté dans une nouvelle fantastique très agréable à lire et qui prouverait même aux plus réticents que l'on peut écrire un récit au début du XIXème sans qu'il ne devienne ni pompant, ni poussiéreux, presque deux siècles plus tard.
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Cette nouvelle m'a beaucoup impressionné et porte à réfléchir sur les thèmes que l'auteur allemand aborde ; des thèmes d'une inquiétante modernité : les traumatismes d'enfance, le surréel faisant irruption dans le monde réel, l'homme automate et l'intelligence artificielle.

Ce n'est donc pas étonnant que Freud ait utilisé cette nouvelle comme un des points de départ dans son essai L'inquiétante étrangeté, paru en 1919.

La hantise de Nathaniël, le personnage principal, c'est l'homme au sable, créature dont l'existence était affirmée par sa nourrice quand il était petit.

Nathaniël est profondément fataliste et croit que cet homme au sable le poursuivra toute sa vie. Sa fiancée Clara, s'appuyant sur son bon sens, lui dit que ce fantôme cessera d'exister du moment où Nathaniël arrête de lui accorder de l'importance.

Mais Nathaniël le voit apparaître partout, d'abord comme le terrible ami de famille Coppelius, ensuite comme un marchand de baromètres au nom de Coppola.

Il devient de plus en plus dépressif, il se sent incompris. Lors d'un moment d'apaisement, de retour dans sa ville, il s'éprend de la fille de son professeur de physique, Olimpia, oubliant tout à fait sa fiancée Clara.

Mais quelque chose d'étrange se passe avec Olimpia, elle ressemble de moins en moins à un être vivant. Et voilà où Hoffmann touche à la grande question si l'homme serait en mesure d'insuffler de la vie à des objets inanimés...

Lecture fascinante, riche en réflexions diverses sur la terreur d'une idée fixe développée dès l'enfance, la paranoïa, l'intelligence artificielle et les limites du réel.
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Une nouvelle sympathique qui se lit rapidement. L'histoire est originale et étrange qui nous plonge dans un songe cauchemardesque... J'ai trouvé l'écriture poétique et prenante. le style un peu daté, mais ça ne m'a pas gêné J'aurais aimé que la nouvelle soit un peu plus longue. La fin m'a d'ailleurs laissé un peu perplexe.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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fhff
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Ce mélange délicieux de l'étrangeté, allant jusqu'à l'horreur, et de la fraîcheur, de la luminosité des êtres, des jeunes filles et jeunes hommes, de la vie « normale » qui s'y confronte (au risque d'irriter, mais avec tant de charme). le fait que ces évocations de la face sombre soient toujours, par son ton, adoucies de bonhomie.
Plaisir aussi de voir l'habile construction du conte détaillée par le rédacteur supposé.
Une superposition de strates entre l'étrange et nous qui nous désarme, comme du sucre entourant une pastille qui pourrait être amère.
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