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Madeleine Laval (Traducteur)Jacques Haumont (Préfacier, etc.)
EAN : 9782752900555
384 pages
Phébus (18/02/2005)
3.86/5   109 notes
Résumé :
Aux côtés du Moine de Lewis (1795) et du Melmoth de Maturin (1820). Les Elixirs du Diable (1816) figurent parmi les chefs-d'œuvre absolus du " roman noir " de la période romantique. Pour Hoffmann, ce récit de toutes les indécences et de tous les excès n'était rien de moins que le pivot secret autour duquel devait s'orienter toute son œuvre de conteur. Freud note qu'on y retrouve, dans une sorte de symphonie frénétique, l'ensemble des thèmes chers au grand " fantasti... >Voir plus
Que lire après Les Elixirs du Diable : Papiers laissés à sa mort par le frère Médard, capucinVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Si la parenté avec le moine de Lewis vient forcément à l'esprit du lecteur et si tous les codes du roman gothique sont ici respectés à la lettre (moine lubrique, jeune fille innocente traquée, lieux inquiétants, récit à tiroirs, malédiction familiale, inceste, et j'en passe ), ce roman n'en porte pas moins la marque de fabrique très particulière de l'auteur.

En effet, à travers l'histoire du frère Médard, victime d'une malédiction familiale et tiraillé toute sa vie durant entre Dieu et Diable, ce sont à la fois le style foisonnant d'E.T.A Hoffmann et les motifs qu'il se plaît à travailler qui rendent ce roman à la fois si riche et si indigeste - qu'on me pardonne l'emploi de ce terme - par moments.

Prenons uniquement la thématique du double : non contente de se révéler omniprésente dans le roman, elle est aussi protéiforme, à un point que le lecteur en perd presque la tête : car non seulement plusieurs des personnages sont les sosies les uns des autres, mais, dans la généalogie de Frère Médard, chaque enfant porte le prénom de son père. Mais Hoffmann va plus loin que ça : Médard ne trouve pas en son frère jumeau (qu'il ne connaît pas) uniquement son double physique ; leur âme également est jumelle, si bien que ce que conçoit l'un en pensée est mis en pratique par l'autre. Sans compter que, de père en fils, chaque personnage répète les mêmes crimes innommables. Je dois d'ailleurs avouer qu'arrivée à un certain point du livre, j'ai sorti une feuille de papier et un stylo pour reconstituer le généalogie des principales familles du roman, tellement j'avais du mal à m'y retrouver.

Mais ne nous y trompons pas : cette complexité est bien entendu voulue par Hoffmann. Comme l'âme de Frère Médard se désagrège, se décompose, se démultiplie, le récit prend de multiples détours pour perdre le lecteur comme il mène son personnage sur le chemin de la perdition. Ajoutez à cela un étrange personnage qui s'appelle, c'est selon, Belcampo ou Schönfeld, et qui lance des tirades obscures dignes de Hamlet : vous comprendrez que la lecture des Élixirs du diable n'est pas de tout repos.

J'avoue que la seconde partie m'a parfois ennuyée et que la fin, surtout, très portée sur la pénitence de Médard et très axée sur un discours religieux, m'a fatiguée. Il m'a surtout semblé que le format du roman convenait moins bien à Hoffmann que ce lui des nouvelles. Les Élixirs du diable ne valent pas, à mon sens, L'homme au sable - véritable chef-d'oeuvre de l'auteur.
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L'auteur Henri Heine déclara qu' «Il y a dans Les Elixirs du diable les choses les plus terribles, les plus effrayantes que puisse imaginer l'esprit humain».

Voilà de quoi donner immédiatement le ton de ce singulier roman gothique, qui, à côté du Moine de Matthew Gregory Lewis, brille d'une aura de noirceur d'une beauté absolue ! Et pour cause, tout ce que l'esprit et l'âme peuvent souffrir de plus effroyable se retrouve ici distillé, tel un philtre empoisonné, au fil des pages : dédoublement de personnalité, faux souvenirs, rêves, folie, obsession, apparitions, violence et pactes infernaux.

Sous la forme d'un manuscrit - remarquablement bien écrit - nous découvrons le récit de la vie du frère Médard, capucin échappé du couvent, auquel sera offert le choix du bon ou du mauvais chemin. Livré au monde, s'abandonnant à tous les excès et à d'abominables actes passionnels, le Frère Médard oscillera tour à tour entre beauté sensuelle et spirituelle, récolant avec peine les morceaux de son âme fragmentée et tourmentée par une existence qui peu à peu se dédouble et lui échappe.

Et, si l'absorption du mystérieux Élixir diabolique n'est pas étranger au réveil subit des vices du moine, une sombre histoire de malédiction familiale, pesant sur le personnage tel l'empreinte du péché originel, n'aura cesse de faire basculer son existence entre l'ombre la plus épaisse et la lumière divine, à travers un incroyable jeu de miroirs où les voyages des personnages qu'il croise deviennent peu à peu le reflet de son propre cheminement spirituel.

L'amour d'une femme, l'amour de l'art sous toutes ses formes, et celui, sacré, de la Sainte Vierge Marie et de Sainte Rosalie, confèrent à ce tableau inquiétant d'incroyables rayons de lumière et d'espoir, guidant sans bruit des pas du moine maudit égaré dans son royaume.

Voyage bouleversant, le témoignage du Frère Médard résonne en moi comme un combat sacré pour le salut et la rédemption, liant tour à tour l'amour sacré et l'amour profane, construction et déconstruction de la psyché, jusqu'à un final triomphant.








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Un jeune enfant, dont le père portait en lui le mal, reçoit une éducation religieuse, et plus tard, embrasse l'ordre des Capucins. Il devient un moine orgueilleux après être monté en chair, et cède à la tentation en buvant "Les élixirs du diable", conservés secrètement comme reliques de Saint-Antoine par les moines Capucins... Il part ensuite pour un périple étrange, semé de tentations, de perversité et de folie, mais aussi d'amour pur, qui, en définitive, sera sa perte et son salut...
E.T.A. Hoffmann souffrait lui-même de folie, d'attaques d'hallucinations. Il décrit à merveille ces états d'exaltation, ces dédoublements de personnalités, et son roman gothique, Les élixirs du diable, fortement inspiré par "Le Moine" de Matthew Gregory Lewis qu'il avait lu auparavant, est un joli chassé-croisé d'intrigues amoureuses perverses et de visions foisonnantes de détails.
On retrouve ce climat mystique et médiéval ressenti à la lecture du Moine de Lewis. Mais en plus fluide, un peu moins ampoulé que son prédécesseur. Ceci dit, l'histoire est bien différente malgré la ressemblance entre les 2 moines charismatiques.
"Les élixirs du diable" est bien un roman fantastique gothique, référence en matière de littérature du XIXème siècle. Hoffmann l'a écrit en 2 partie, et de longs mois ce sont écoulés entre l'écriture de chacune. Cela se ressent. La 2ème partie est plus axée sur le dialogue, la réflexion, alors que la 1ère se situe dans l'action et la mise en place des personnages.
A lire pour ceux qui aiment les romans à l'indéfinissable charme gothique et à la saveur des mots d'autrefois...
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Sous la forme d'un manuscrit, le lecteur est invité à découvrir le récit de la vie du frère Médard, capucin échappé d'un couvent. Après s'être laissé tenter par d'étranges visiteurs, le jeune moine va absorber "Les élixirs du diable" conservés secrètement comme reliques de Saint-Antoine par les moines Capucins. Tout jeune enfant, Médard reçoit une éducation religieuse dans l'objectif -dans un premier temps implicite- de racheter les péchés de son père en sacrifiant sa vie à l'ordre des Capucins. Mais le jeune moine, vif d'esprit et sans doute peu en adéquation avec une vie de cloître, va se découvrir comme un orateur très doué : son orgueil démesuré va le mener à des sentiments peu amènes comme la jalousie, la concupiscence, la haine. Quittant le monastère, il commence ensuite un périple étrange, semé de tentations, de perversité et de folie, mais aussi d'amour dans une confusion d'humanité et de divinité. Comme dans un roman d'apprentissage, le jeune moine va se confronter à toutes sortes de situations et de personnages. C'est ainsi qu'à travers un constant jeu de miroirs, les aventures des personnages qu'il rencontre deviennent peu à peu le reflet de son propre cheminement spirituel ; le moine, livré au monde, va s'abandonner à tous les excès  et à cet effet, tout ce que l'esprit et l'âme peuvent souffrir de plus abominable se retrouve distillé à travers ce récit, à l'instar d'un philtre maléfique : dédoublement de personnalité, faux souvenirs, rêves, folie, obsession, apparitions, violence et crimes. A ce sujet et dans le cadre de ses études psychanalytiques, Sigmund Freud notera qu'on y retrouve, « dans une sorte de symphonie frénétique, l'ensemble des thèmes chers au grand fantastiqueur, et d'abord celui du « Double » dans toutes ses nuances, tous ses développements ».
D'un point de vue littéraire, Les élixirs du diable est bien un roman fantastique gothique car tous les codes de ce genre sont respectés à la lettre, au fil des pages (moine lubrique ou fou et meurtrier, jeune fille traquée, lieux inquiétants et anciens – châteaux, forêts, gouffres- récit à tiroirs ou enchâssés, malédiction familiale).
Ce roman peut sembler très long par ses nombreuses répétitions, notamment par les récits enchâssés repris parfois par deux personnages relatant de leur point de vue, des événements survenus. Mais aussi, la thématique du double qui est omniprésente dans le roman est aussi protéiforme, à un point que le lecteur risque de se perdre : plusieurs des personnages sont les sosies les uns des autres. Aussi, dans la généalogie du frère Médard, chaque enfant porte le prénom de son père. Mais Hoffmann va plus loin encore car Médard a un frère jumeau (dont il ignore l'existence dans une grande partie du roman). Si leur physique est équivalent, leur âme est également jumelle si bien que ce que conçoit l'un en pensée, l'autre le met en pratique. de plus, de père en fils, chaque personnage répète les mêmes crimes.
On peut supposer que cette complexité soit voulue par Hoffmann. En effet, à l'instar de l'âme de Médard qui se désagrège, le récit prend de multiples détours qui perdent le lecteur en même temps que son personnage qui s'égare sur le chemin de la perdition. Dans ce récit, on peut noter que l'univers du théâtre et notamment de celui de Shakespeare est omniprésent avec par exemple le personnage du fou (Belcampo ou Schönfeld) qui lance des tirades énigmatiques et dignes du roi Lear perdu dans la lande et accompagné de son fidèle Tom. Ces moments théâtraux offrent de la respiration dans ce récit très dense et tendu, permettant un regard distancié sur la création d'Hoffman. Ainsi, c'est aussi le monde du théâtre et de la création littéraire qui est questionné à travers le dédoublement de personnalité propre à l'acteur, qui incarne un rôle, ou celui de l'auteur capable de raconter des histoires qui ne sont pas les siennes. Dans les deux cas, « l'humaine condition » n'est pas reniée, comme c'est le cas chez les chrétiens, puisque les artistes subliment leurs pulsions, leur « ça » (ils les exposent au lieu de les considérer comme le "mal") à des fins de construction et de partage dans un but de catharsis, d'introspection, de questionnement afin de nourrir le cheminement de chacun d'entre nous.
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Voilà terminé cet ouvrage surprenant,harassant parfois.
Ouvrage intriguant qu il faut suivre.
Surtout ne pas décrocher et aller jusqu'au bout car il en vaut vraiment la peine.
J ai toujours eu un faible pour les histoires de moines tenté par le diable et leur repentance.
J ai été servie au plus haut degré.
Lisez et laissez vous envahir par l histoire de Médard .
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Des voix singulières murmurent et chuchotent à travers les arbres et le bosquet, et, montant toujours, elles semblent se transformer en chant et en éclat d'orgue. C'est le bruit qui vient du lointain.
Des hommes austères, habillés de vêtements à larges plis, se promènent silencieusement sous les berceaux du jardin, le regard pieusement tourné vers le ciel. Les statues des saints, devenues vivantes, seraient-elles descendues de leurs chapiteaux ? L'effroi mystérieux des légendes et des récits étonnants que ces lieux ont fait naître plane sur vous. On dirait que tout se passe encore sous vos yeux et l'on se plaît à le croire...
C'est dans cette disposition d’esprit qu'il faut lire l'histoire de Médard, et alors les visions étranges du moine vous sembleront quelque chose de plus que le jeu déréglé d'une imagination exaltée.

Les élixirs du diables - Préface de l'auteur
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- Voici, cher frère Médard, la relique la plus singulière et la plus mystérieuse que possède notre cloître ; depuis que je suis ici, personne d'autre que le Prieur et moi n'a pris en main ce coffret. Les autres frères eux-mêmes, et à plus forte raison les étrangers, ignorent l'existence de cette relique. Je ne puis me défendre d'un secret effroi en la touchant ; il me semble qu'elle renferme quelque diabolique enchantement qui, s'il arrivait que se rompe le charme qui le retient prisonnier et enchaîne son pouvoir, pourrait perdre et anéantir sans espoir de salut ceux qu'il atteindrait; Ce que contient ce coffret vient directement du Malin et date du temps où il pouvait encore, sous une forme visible, mettre le salut de l'homme en péril.
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je parvins à acquérir cette éducation des gens du monde qu’on appelle la galanterie, et qui n’est rien d’autre qu’une souplesse extérieure du corps, grâce à laquelle on semble toujours être à l’aise, où que l’on aille et où que l’on se trouve...
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Pourquoi t'apitoyer ainsi sur celle que le Ciel dans toute sa toute-puissance, a jugée digne de quitter la terre au moment même où, comprenant le néant de ce monde, son cœur était rempli d'une immense nostalgie qui l'attirait vers le royaume de l'éternelle félicité ?
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Après avoir lu avec un soin extrême les papiers du capucin Médard - et ce ne fut pas chose facile, car le défunt avait une écriture de moine, très petite, illisible - il m'apparut encore que ce que nous appelons généralement rêve ou fantaisie de l'imagination devait être la révélation symbolique du fil secret qui, la bridant étroitement dans toutes ses modalités, est tendu d'un bout à l'autre de notre vie. Mais je compris aussi que quiconque, après avoir eu cette révélation, croit avoir acquis la force de briser ce fil et d'engager la lutte contre les sombres puissances qui règnent sur nous, oui, celui-là peut être considéré comme perdu !
Peut-être auras-tu le même sentiment que moi, cher lecteur ; je le souhaite du fond du coeur, pour mille importante raisons.

E.T.A. Hoffmann
préface de l'éditeur
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Vidéo de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann
VLEEL 215 Rencontre littéraire autour d'E.T.A Hoffmann, Éditions du Typhon, Lecture Laurent Stocker
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