Lorsqu’un oiseau devient
Lorsqu’un oiseau devient
un simple point dans le ciel
la distance entre lui et moi
se transforme en un bâton
pour marcher
Je dis cela
parce que je ne suis pas
encore habitué
aux mille lois du monde
J’ai planté un bâton
dans une moitié de ciel
dans une moitié de terre
juste pour me retrouver
et me perdre
Nous ne tombons pas
Nous ne tombons pas
parce qu'il y a des noms qui tiennent
et nous font croire au réel
ainsi y a-t-il un horizon
jusqu'aux mots simples
un horizon pour la fenêtre
et pour le mur
pour ce nuage qui ressemble un moment
à une pierre
Il existe un horizon pour lui-même
un horizon pour nous persuader
de l'immédiateté des choses
Les hirondelles écrivent devant nous
toutes les routes du silence
Elles dessinent à la craie
des cercles
des flèches
des sinusoïdes interrompues
par la joie
J'aime ce qu'elles proposent
et qu'elles brisent
comme s'il n'y avait plus
aucune phrase
à finir.
Il existe des choses précises
Il existe des choses précises :
une planche un rouge-gorge
un soleil
et le fait de les nommer
et de les éparpiller dans ma mémoire
conditionne ce que je vais chercher
des milliers de chemins
dont on ne fait plus usage
et si l'on me questionne sur le réel
je dirai que le réel
n'est pas le fait d'arriver
mais juste le voyage.
Pourquoi une pomme
qui roule
en dehors de l’enfance
hésiterait entre une couleur
et une pensée
Pourquoi roule cette pomme
comme s’il y avait encore à lier
une couleur et une forme
à dessiner un cerceau
un cercle d’oiseau
avec son ombre
Pourquoi roulent à l’intérieur d’elle
l’entièreté d’un paysage
un monde d’avant
et d’après
un secret si simple
qu’il pourrait tenir au milieu du jour
ou dans la main ?
Salon du Polar "Les Grands Espaces"