Lorsque je ne serai plus de ce monde
il y aura le même noyer que j'ai regardé
le grand bouquet de ciel au-dessus de lui
le même caillou que j'ai jeté au fond du pré
sans que je sache où il se trouve
Voilà pourquoi j'aime ce monde
parce qu'il n'a pas besoin de moi
de mes amours ou de mes pensées
de ma solitude que j'ai enfermée dans un vieux sac
de cette insondable tristesse
qui fut comme un feuillage
Il y a ce caillou perdu et ce noyer
et tous ces oiseaux que je n'arrive pas à compter (...)
Pourquoi aurais-je besoin d'un maître?
À la femme ou à l'homme
qui parle sans cesse de sagesse
je préfère la placidité du lac.
Je pense à la mort de mon père
à la mort de ma mère
à celle de tous les gens que j'aime
Elles font plus de bruit
que le chant des oiseaux.
Salon du Polar "Les Grands Espaces"