Immonde !

Une bande de copains (adolescents), lors d'une expédition nocturne sur le site de l'Agemma, une entreprise d'extraction de minerais radioactifs, tombe nez à nez avec un ancien employé, prétendument disparu mais totalement défiguré. Que lui est il arrivé? pourquoi reste il caché?

Pour les adolescents, leur curiosité est piquée au vif et ils décident d'en savoir plus sans se douter des dangers qu'ils vont devoir affronter.Elizabeth Holleville est à la fois scénariste, dessinatrice et coloriste de cette oeuvre d'une grande ambition et d'une belle radicalité

On n'a pas forcément les références d'Elizabeth Holleville c'est à dire le cinéma des années 80 de Spielberg, Carpenter et Cronenberg, ou la série The Strangers Things, mais on a été frappés par ses choix graphiques, un univers nimbé de violet et de vert puissants.

Allez, on avoue on a quand même reconnu l'allusion à Jurassik park quand les scientifiques jouent aux apprentis sorciers mais que le cobaye prend le contrôle.

On aime le parti pris graphique, les sujets abordés (la pollution, l'emploi et le spectre du chômage, la découverte de la sexualité à l'adolescence) sans didactisme, l'humour en filigrane.Un roman graphique très réussi, avec en plus une formidable participation de Timothé le Boucher qu'on ne spoilera évidemment pas pour conserver tout l'effet de surprise.

Lien : http://www.baz-art.org/archi..

Brr… Glaçant !
Immonde! reprend les code du film d'horreur : une bourgade industrielle, des adolescents qui se cherchent, un peu rebelles, une mine de matière radioactive, une entreprise à l'éthique douteuse, des malades étranges, des monstres mutants… le tout sous une lumière blafarde, dans les tons de bleus de verts et de violets, la plupart des scènes se passe la nuit. Une nuit qui va être horrible…

Mais même si le synopsis est très classique, cette lecture réserve de belles surprises, surtout pour son style et son ambiance. le graphisme apporte une véritable force, avec son jeu de lumières, de couleurs aux tons artificiels renforçant le malaise, on est pas dans le gore, les monstruosités sont bien présentes, mais le sang dans cette lumière froide reste noir, et presque discret.

On pourrait rapprocher “immonde!” des oeuvres de Charles Burns, jouant sur les malaises de l'adolescence, avec leur fascination pour le morbide. Les personnages sont riches, complexes, ils apprennent à découvrir leur nature, dont l'homosexualité fait partie. On oublie trop souvent que l'homosexuallité féminine a été une origine d'inspiration pour la littérature d'horreur (“Carmilla” de Sheridan le Fanu), donc retour aux sources, rendons à la littérature d'horreur son allégorie d'origine.

D'autre thèmes sont abordés, le harcèlement, l'acceptation de la différence, l'absence d'éthique du capitalisme plus une pointe de militantisme écolo… assez caricaturaux dans la manière de présenter les arguments, mais superbement mis en scène par le graphisme et l'ambiance, et formidablement servis par l'attrait des personnages.

Tout ça rend ce récit prenant, haletant et derrière une fausse simplicité se cache une vraie richesse.

C'est au coeur des Vosges que se situe Morterre, une petite ville industrielle dont le principal employeur est une compagnie minière du nom d'Agemma, qui extraie dans la région un puissant minerai radioactif. Camille et Jonas sont deux adolescents dont les principales occupations sont de regarder des films d'horreur des années 80 et de poster sur Internet de fausses vidéos d'épouvante, tout en s'imaginant quitter un jour cette ville terne et selon eux sans avenir. Ils vont bientôt faire la rencontre d'une nouvelle élève, Nour, qui vient d'arriver de Paris avec son petit frère et leur père récemment veuf. La disparition d'un employé de la compagnie Agemma, où son père vient d'être recruté, ainsi que divers incidents étranges et menaçants, vont pousser Nour à enquêter avec ses nouveaux amis sur les activités de cette société controversée.

Biberonnée aux films d'épouvante de Spielberg, Carpenter, ou Cronenberg, mais certainement influencée aussi par des séries plus récentes comme « Stranger Things » ou « Dark », l'autrice nous plonge dans l'atmosphère sombre et inquiétante de la petite ville de Morterre. J'ai apprécié que le fantastique côtoie le quotidien banal de ces adolescents, entre réseaux sociaux, sexualité et consommation de stupéfiants. Les thèmes de l'homosexualité, de la transidentité, du harcèlement et de l'écologie sont effleurés, ce qui donne un peu de profondeur à cette histoire dont le défaut en termes d'originalité est compensé par une narration efficace et immersive. La palette chromatique limitée aux tons mauves, bleus et verts sert bien l'ambiance. Je n'ai pas vraiment apprécié les dessins trop simplistes à mon goût mais le choix de ces planches croquées en 30 secondes est expliqué avec humour par l'autrice dans un bonus en fin d'ouvrage, sous la forme d'une collaboration amicale avec l'auteur de BD Timothé le Boucher. La couverture de ce roman graphique est très attirante, avec ce mauve profond et ces incrustations à l'encre phosphorescente qui permettront de retrouver cette BD dans le noir complet.

"Immonde !" m'a laissé mitigé.

Le résumé et les critiques vues ici m'avaient enthousiasmé avant la lecture : des thèmes intéressants abordés, la pollution, le travail de misère à l'usine, l'exploitation des ouvriers par le patron du site, la découverte de la sexualité à l'adolescence, etc. Une trame mystérieuse aussi...

Le début du livre m'a plu : on découvre tout de suite le désoeuvrement des personnages principaux, on s'y attache un peu, les mystères autour de l' Agemma se mettent en place.

Mais en avançant, j'ai rapidement trouvé que le récit... manquait de subtilité. Par exemple, les sentiments amoureux de Nour et Camille : on a peu de scènes les abordant et rapidement, Nour se retrouve dans le lit de Camille. Et là, le moment où elle confirme que Camille est transgenre me parait totalement survolé. Tout au plus a-t-on un "Je pensais que t'étais un mec !" de Nour, et pour réponse un "Si pour toi être un mec ou une fille se résume à ce qu'il y a dans le slip, alors vaut mieux qu'on reste potes !". Puis presque plus rien... J'étais perplexe. Ça m'a semblé... un peu commun, pas très poussé ; comme si la page avait été écrite pour dire qu'on aborde le sujet, mais sans réelle volonté de le traiter.

Enfin, à la fin de la BD, très rapidement, on a un déchainement d'irréel pour clore l'intrigue. Bien que je ne sois pas opposé en principe au fantastique, c'est le soudain retournement de situation où on bascule de la vie réelle à une scène complètement apocalyptique qui m'a gêné. Sans crier tout de suite à une fin facile, la dose de fantastique m'a semblé exagérée, trahissant un peu le cadre mystérieux mais à peu près rationnel du reste du livre.

Pour ce qui est de l'esthétique, il est à noter que les teintes profondes de violet et de vert suivent la dynamique mystérieuse et inquiétante du roman graphique. Si certains s'en régaleront, d'autres comme moi peuvent avoir un peu de mal après 200 pages de sombre... Mais il ne s'agit que des goûts et des couleurs pour le coup ^_^

Bref, ce n'est pas un livre qui m'a marqué. La "grossièreté" que je lui trouve parfois (y entendre : son manque de subtilité, pas de la vulgarité) empêche certains messages de toucher le lecteur.

Invité au vide bibliothèque de Babelio 2022, mon oeil a été attiré par la belle couleur mauve mêlée de vert de cet album. Les pages intérieures sont de couleurs semblables et donc très douces à l'oeil, au mien du moins. Outre plus, il n'y a pas beaucoup de dialogues dans les bulles. C'est donc une jouissance visuelle qu'offre l'auteur. Merci à Babelio pour cette découverte.