Au départ, je ne pensais pas faire de critique sur "
La bonté : mode d'emploi". J'avais acheté le livre car le film "High fidelity" fait partie de mes bons souvenirs cinématographiques de mon adolescence (et qui m'a sûrement permis de découvrir des groupes de musique).
C'est un livre sans grande prétention mais très agréable à lire et assez prenant. On souhaite savoir quelle tournure la vie de cette famille, et de la mère particulièrement (car c'est elle qui s'exprime), va prendre.
Mais ce qui m'a le plus touchée, ce sont les toutes dernières pages. Je vous rassure : je ne dévoile rien des péripéties de ce livre. L'auteur résume, à travers son héroïne, mon besoin viscéral de lire, lire et toujours lire.
J'en cite un extrait en excluant les passages incompréhensibles pour celles et ceux qui n'auraient pas lu ce livre (je précise que l'héroïne lit une biographie sur
Vanessa Bell, soeur de
Virginia Wolf) :
"Ce qui m'aide, ce n'est pas
Vanessa Bell elle-même, mais de lire des choses à propos de
Vanessa Bell.
...
Je suis poursuivie par la sensation qu'il me manque quelque chose, sans être capable de décrire quoi exactement.
... une chose qui de toute évidence n'est pas vitale pour moi : ça devrait l'être parce que ça me manque, et cependant ça ne l'est pas, puisque je peux m'en passer.
...
Et c'est seulement lorsque j'ai bien fermé la porte de ma chambre afin de m'isoler de mon mari et de mes enfants pour étudier les raisons pour lesquelles la vie de
Vanessa Bell fut meilleure que la mienne, que je mets le doigt dessus. C'est l'acte de lecture lui-même qui me manque, la possibilité de me retirer de plus en plus du monde jusqu'à ce que je trouve un peu d'espace.
...
ce livre est encore plus vaste. Et quand je l'aurai fini, j'en commencerai un autre, qui sera peut-être encore plus vaste, puis un autre, et ainsi de suite jusqu'à ce que ma maison devienne un palais, plein de pièces où ils ne pourront pas me trouver. Et ce n'est pas seulement lire, c'est aussi écouter, entendre quelque chose d'autre...
Que m'est-il arrivé ? Comment me suis-je fourré dans le crâne que j'étais trop occupée pour tout ça? Je ne suis peut-être pas capable de mener une vie riche et belle, mais il y a des choses riches et belles en vente un peu partout, ... et ce n'est pas un luxe superflu dan
s la mesure où si j'en achète quelques-unes je pourrai peut-être m'en tirer, alors que sinon je vais certainement plonger. Il me faut d'urgence un Discman et quelques CD plus une demi-douzaine de romans
...
Personne d'autre que moi ne doit entendre ce que j'entends, et je veux pouvoir abolir toute trace du monde que j'habite, même si ce n'est que pour une demi-heure par jour. ...
Je sais au moins ceci : je ne serais bonne à rien sans eux."
Ce n'est pas le premier écrivain à décrire l'importance, le besoin de lire. Mais ça fait du bien que quelqu'un qui a le talent pour l'écrire le décrive encore une fois.