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3,62

sur 1996 notes
Quel livre ! A mon sens l'un des meilleurs de Houellebecq avec Soumission. C'est là aussi un livre d'anticipation, pas de quelques années comme pour Soumission en 2022, ici plus d'un millénaire, vingt cinq générations dans la filiation des personnages ! Que ce roman est riche ! Riche par les thèmes, riche par l'architecture du livre, riche par l'écriture. Ici il n'y a pas une volonté d'alerter d'un risque imminent, c'est un immense saut dans le futur. On peut craindre que l'auteur soit cependant un visionnaire. En effet notre planète est très endommagée, la population a régressé à 700 millions d'individus, avec des êtres pour certains, qui ont profité des découvertes scientifiques et qui sont des hommes améliorés mais qui n'ont plus de vie sociale, ils sont privés de toute émotion et surtout d'amour, sentiment que nous considérons comme essentiel et même vital, alors que d'autres êtres ont régressé à un stade voisin de nos préhistoriques ancêtres et vivent en petites tributs. L'auteur par sa géniale idée et par la structure du livre, nous renseigne sur ce que pourrait devenir la planète suite aux actions de l'homme : réchauffement climatique, guerre nucléaire, manipulations génétiques mais aussi avec malice, il juge notre société actuelle par les individus évolués qui examinent le passé, comme on le fait pour notre Histoire. Houellebecq ne veut pas nous détendre, c'est un livre qui interroge qui rend mal à l'aise voire qui angoisse en supposant ce futur possible. C'est un livre prodigieux qui n'a pas vieilli et qui ne veillira pas. Il est appelé à devenir un classique de la littérature....
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En 2005, je sympathise avec une personne humaine, une jeune femme qui est stagiaire bibliothécaire venue pour organiser nos archives de documentation. Cette personne humaine est libre, et, la jeune femme qu'elle est, souhaite être plus libre encore et vivre au niveau des dieux.

Nous avons de belles conversations sur « être », « être vivant », « être humain » et enfin « être homme » ou « être femme » et vivre avec intensité.

Elle a deux passions : Mitterrand et Houellebecq. Elle me dit qu'en temps que femme, elle est attiré par les hommes malsains, ténébreux, sombre et ombrageux. Je connaissais et avait une opinion sur Mitterrand et les socialistes. Elle m'invita à découvrir Houellebecq.

Et voilà comment je lu les deux romans de cet auteur, les particules élémentaires et la possibilité d'une île. Les deux romans m'électrisèrent, Soumission viendra plus tard.

Houellebecq à l'instar de la pensée occidentale, libérale, capitaliste matinée d'une couche sociétale (pour oublier le social) et « contemporo-culturelle », privilégie dans les relations humaines, celle du sexe. Il en découle, paradoxalement, une philosophie pessimiste, nihiliste et cynique qui sépare éternellement hommes et femmes en deux races distincts, qui ne pourront jamais se rencontrer, si ce n'est par des variation autour du sexe et des produit dérivés. Un individualisme en quête de durée, hyper-narcissique et voulant jouir de tout à n'importe quel prix.

Et pour cela, Houellebecq opère avec son style, sans pitié, une écriture au scalpel, froide, tranchante mettant à nu les organes unitairement. C'est une autopsie sur un corps mort, incapable de reconstituer le corps vivant.

Mais nous sommes vivants. Nous sommes des personnes humaines. Des personnes qui devenons hommes et femmes, lorsque c'est nécessaire, pour approfondir notre rencontre, et enrichir notre plongée au coeur de nos propres mystères.

Ma foi – SVP ne pas confondre avec croyance – est aux antipodes des visions de Houellebecq, et c'est pour cela que j'aime cet auteurs même s'il me fait violence. Il m'oblige à me poser les question sur l'origine du mal.

Je comprend mieux maintenant, la jeune femme qui me fit découvrir cet auteur. Elle attendait que quelqu'un lui offre l'espérance que l'être humain possède du bien en lui, et qu'elle puisse enfin le ressentir.
Lien : https://tsuvadra.blog/2018/1..
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Quand Michel Houellebecq se frotte à la science fiction, cela donne un récit hors norme. On ne trouvera point dans ces pages de rebondissements bondissants prémâchés mais une réflexion sur la vie, l'amour, la postérité... Et c'est passionnant. Chaque clone doit écrire sa vie pour que le suivant puisse s'approprier les souvenirs du Daniel originel. Qui est un homme banal, promis à la vie éternelle mais qui n'en fait rien. Ce roman est fascinant dans sa construction impeccable. Il est aussi éminemment romanesque, épique alors que le style reste neutre, "blanc", quasi sans souffle.
Houellebecq a lui même adapté son livre sur grand écran. L' a dû faire 20 entrées. Et au vu du résultat, c'est déjà beau. Un navet de la plus belle eau. Je ne l'ai pas vu en entier, on dirait un film d'auteur hongrois dépressif tourné sous la dictature communiste... Reviens à la machine à écrire vieux, le travelling c'est pas pour toi...
Evidemment, il faut adhérer à l'écriture Houellebecquienne, c'est loin d'être un écrivain consensuel, malgré ses ventes faramineuses et son prix Goncourt. C'est là tout le paradoxe de ce misanthrope. on le sent, Houellebecq aurait préféré être Mick Jagger que ce Céline aux petits pieds et physique ingrat. Tant mieux pour la livritude ! L'a du reste tâté de la chanson, Michel, et hum... Reviens à la machine à écrire vieux, le synthé c'est pas pour toi...
Lien : https://micmacbibliotheque.b..
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Indubitablement un des grands romans de Houellebecq.
La construction, non linéaire et fascinante, donne toute sa force à cette évocation d'une société sans éthique, scientifique et postindustrielle poussée jusqu'à ses extrémités. "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme", n'est-ce pas ?
Ce roman est celui de la plongée puis de la traversée dans ces délires d'un homme plus grand que tout. Mais l'humanité s'accomplit aussi dans ses faiblesses, ses coïts, ses rêves déchus et ses consciences éthiques.
Long éloge, donc, à un homme vraiment homme, sans la régénérescence dégénérante de la médecine et de la technè, La Possibilité d'une île reprend les éléments chers à Houellebecq : le misérabilisme, la détresse amoureuse, la misère sexuelle. Mais il se renouvelle par une construction, je me répète, innovante et une thématique jusqu'au-boutiste surprenante.
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C'est mon 2e Houellebecq et si pour le 1er, les particules élémentaires, mon avis était mitigé, celui-ci m'a beaucoup plus plu.
Le personnage de Daniel 1, m'a particulièrement interpellée.

Daniel 1 est un humoriste célèbre plutôt cynique, à la limite antipathique. le sexe tient une part très importante dans sa vie, à la limite de l'obsession.
Le récit alterne entre son passé lointain et celui de ses clones qui lui ont succédé. Il raconte sa vie, de sa relation avec Isabelle, passion tout d'abord fusionnelle puis finalement triste, à sa relation avec la jeune et belle Esther, modèle, accompagnatrice sexuelle et actrice porno.
Le moment fort de la vie de Daniel 1 est sa rencontre avec la secte des Elohimites qui croit en la vie éternelle par le clonage, ce qui sera la colonne vertébrale de l'histoire, car elle nous mènera au Daniel 25 qui raconte la fin de l'histoire des Daniel et finalement de l'humanité.
Car en effet, depuis l'avènement des Elohimites, que Daniel 1 raconte dans son récit de vie, l'homme ne sait plus se reproduire grâce aux relations sexuelles, il le fait par clonage.
Et tout son patrimoine historique est conservé dans les récits de vie des humains tels que Daniel 1, récits qui sont relus par les néohumains d'aujourd'hui pour comprendre leur histoire.

La possibilité d'une île est une belle découverte pour moi car c'est à la fois, de la science-fiction, ou de l'anticipation et surtout une vraie réflexion philosophique sur l'avenir de l'homme... Et l'actualité donne raison au Houellebecq de 2005, sur de nombreux points qu'il avait anticipés. C'en est troublant !

Ce qui m'a passionnée, c'est surtout sa réflexion sur les relations humaines, l'amour, le couple et le bonheur, mais aussi la vieillesse, les relations intergénérationnelles et le désir.

Sa pensée est pointue, intelligente et visionnaire et m'a énormément fait penser à la BD Carbone et Silicium de Mathieu Bablet.
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C'est ma première incursion dans le monde de Houellebecq et le voyage fut perturbant et interrogatif.
Le personnage principal, un homme cynique, pour qui l'amour se ne conçoit qu'en terme de sexualité qui est un acte de vie, est désenchanté par son dépérissement physique. Une solution : se réfugier dans une secte qui prône le sexe débridé et libéré, et qui promet l'éternité ; sans doute le moyen de trouver enfin le bonheur, la possibilité d'une île.
« Qui, parmi vous, mérite la vie éternelle ? » Ni mérite, ni envie, cette vie éternelle déchargée de toutes les émotions et pulsions est d'une mortelle perspective. Et le fac-similé Daniel 25, au-delà du temps, ira chercher cet espace de bonheur en vain...
C'est un roman totalement sombre sur les relations humaines et sociales sans aucune perspective positive. le désenchantement profond de l'auteur est donc perturbant mais a le mérite de nous interroger sur la physionomie de notre société. Clivant pour certains par ses provocations et ses obsessions, je reconnais là un fin observateur de notre société qui n'hésite pas à passer de Schopenhauer à Britney Spears pour argumenter son propos et moi je kiffe.
L'écriture est tout simplement magnifique et contribue grandement à cette première expérience réussie pour moi.
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C'est mon coup de coeur pour Houllebecq. A la vision futuriste du monde, à la réflexion sur notre propre monde et ses défauts, il ajoute la dimension religieuse, voire mystique, en faisant triompher en quelques mois une petite secte de timbrés. Il y a beaucoup d'humour dans ce roman, beaucoup de cynisme comme souvent mais aussi beaucoup d'analyse et de réflexion sur notre mode de vie.
Il y a aussi le choix de deux voix narratives, celle de l'homme en train de vivre les transformations du monde et celle de son descendant, plusieurs siècles plus tard. Ce n'est pas toujours facile à comprendre mais cela traduit d'une véritable capacité à structurer un roman en cherchant à ne pas (trop) faire d'erreurs.
j'ai été très sensible à certains thèmes, comme ceux de la fin de la reproduction humaine, l'amour des animaux ou la lente agonie de la planète et de son système écologique.
Houllebecq se fait une fois de plus visionnaire, il dérange encore, mais il permet aussi de s'évader et de se projeter. Tout le monde n'aimera pas mais c'est à lire.
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"La possibilité d'une île" m'a plutôt déçu. Bien sûr, on y retrouve les ingrédients qui ont fait le succès de Houellebecq: style lançinant, thématique omniprésente de l'ennui... Cependant, le livre se serait beaucoup bonifié en gagnant en concision. Car l'impression constante de parcourir un brouillon mal dégrossi prédomine. de ce fait, les lieux communs succèdent aux temps forts et contribuent grandement à en atténuer la portée. Pour cette principale raison, je situe "La possibilité d'une île" nettement en deça des romans précédents "Extension du domaine de la lutte","Les particules élémentaires" ou même "Plateforme".

En conclusion, une oeuvre donc difficile mais pleine d'ambition et qui aurait du bénéficier de plus de soin de son auteur quant à son peaufinement..
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Daniel 24 puis Daniel 25, deux millénaires après notre ère, commentent le "récit de vie" de leur ancêtre, Daniel 1 qui vit à notre époque. Daniel 24 devient Daniel 25, très simplement, la méthode de clonage permettant de vivre éternellement, d'où les numéros. Ce sont des néo-humains. Les commentaires sont brefs mais éclairent d'un autre point de vue la vie de Daniel 1 qui est le récit plus long, la "diégèse" par laquelle tout a commencé.
Daniel 1 est un comique célèbre et riche profitant au départ de la société de consommation : belles voitures, maison sur la côte Espagnole puis il rencontre les elohimites, sorte de secte - Elohim- qu'on prend encore pour de joyeux illuminés qui préconisent la vie éternelle par un prélèvement d'ADN et dont le "prophète" profite du discours de libération sexuelle pour sauter sur tout ce qui bouge. Dès lors, et après un stage en tant que VIP dans l'île de Lanzarotte, chère à Houellebecq, Daniel se sent attiré par les élohimites. Approchant la cinquantaine, il se sent diminué et a conscience que la société et ses plaisirs ne sont faits que pour les jeunes. de plus se amours contrariées avec la belle Esther le poussent au repli, seul avec son chien Fox.
A travers ces récits, Houellebecq donne une vision à mon sens assez juste de la fin des croyances et plus exactement des religions monothéistes. On sent l'auteur renseigné sur les évolutions en biologie, les phénomènes de société, notamment ce jeunisme qui relèguent, une fois un certain âge, les vieux après que les enfants les ont copieusement exploités. Car l'enfant, dans la deuxième phase de la politique élohimite est proscrit et le narrateur se plaît ainsi à narrer une campagne publicitaire anti-procréation. le mouvement de Daniel1 vers sa vie éternelle est suivi dans le futur de celui de Marie 23 vers les humains -appelés alors "sauvages", vivant dans les ruines de l'ancien monde un peu à la manière des primitifs -puis de celui de Daniel 25 vers le monde sensible revisitant les moments clés de la vie Daniel 1 car les néo-humains ne communiquent que par ordinateur comme le msn de nos jours et chaque fois, le narrateur donne un numéro d'IP, ce qui est assez troublant. Leur langage est composé de poèmes plus au moins élaborés renvoyant encore au romantisme prégnant de Daniel 1. Les néo-humains ne souffrent pas au sens humain du terme mais la quête finale de Daniel 25 montre son envie non seulement de comprendre les humains mais aussi d'en éprouver leurs sensations. Quelque part, les personnages se rejoignent dans un futur indéfini.
Ce qui est fascinant chez Houellebecq, c'est son cynisme au regard des "valeurs actuelles". Pour lui les religions vivent leur dernière heure, l'Islam est fondamentalement machiste. le titres des sketches du comique Daniel 1 (on y fait une allusion à Desproges) sont en ce sens éloquents et d'une infinie provocation : "parachutons des mini-jupes sur la Palestine"; "On préfère les partouzeuses Palestiniennes" etc. le style adopte ce ton mi-narratif mi-explicatif que lui seul sait utiliser et, si le discours n'est pas toujours très optimiste, l'ouvrage est un grand roman qui traite bien de notre époque. Houellebecq, au contraire de ses confrères écrivains, a une vision du monde qu'on peut ne pas partager mais c'est un des rares à aussi bien rendre compte du présent et de l'avenir proche.'
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Un de mes bouquins préférés que je viens de relire avec délectation à la plage ! du grand Houellebecq !
Dès la 1ère page, l'auteur, selon son habitude, se livre à un festival de provocations racistes, islamophobes, à des plaisanteries plutôt graveleuses de manière cynique façon Desproges (que j'adore)
Tout de même assez difficile de démarrer durant les 40 premières pages et ensuite c'est passionnant, drôle à souhait, noir de chez noir, cynique, choquant, lucide sur les mensonges de notre époque et sur la décomposition de notre société ! du hard !
Le héros, Daniel est un personnage typique de chez Houellebecq : Célibataire, environ 50 ans, désabusé, amer, haineux, cynique qui se lance dans une course effrénée au plaisir sexuel .
Daniel va écrire un récit de sa vie destiné à nourrir la mémoire de tous les clones qui vont lui succéder avec les commentaires 2000 ans plus tard de Daniel 24 et 25 ses lointains successeurs. Ainsi, MH prend de la distance avec notre société qu'il décortique avec son pessimisme à la Schopenhauer : culte de l'homme ayant peur de l'amour, de la vieillesse, recherche éperdue de la jouissance immédiate, mirage de la jeunesse éternelle, déni de la mort...etc. En fait, MB décrit l'effondrement de notre civilisation qui a atteint ses limites.
2000 ans plus tard on va retrouver (comme dans bon nombre de livres de fiction comme par exemple dans Aldous Huxley), une génération d'humanoïdes bricolés qui vivent en apparence tranquillement pour l'éternité dans une sorte de secte et qui ont réussi à se débarrasser des sentiments , de la souffrance d'aimer, de la peur de vieillir et de mourir... Ce n'est qu'une illusion et là encore, comme dans bon nombre de films et de livres de fiction,
(est-ce donc notre avenir ?) , la planète est dévastée par des guerres, par des changements climatiques et des hordes d'anciens humains sont revenus à la barbarie...Les nouveaux humains clonés mènent une vie plate et triste qu'ils quittent en se suicidant vers la cinquantaine... Joyeux non ? Mais la possibilité d'une île c'est un infime espoir qui est distillé à travers les écrits de Daniel1er .... Un grand, très grand moment de lecture !

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"la possiblité d'une île" de Michel Houellebecq

Comment commence la carrière de "one-man-show" de Daniel 1 ?

Après plusieurs essais, il est enfin remarqué par Jamel Debbouze.
Après un succès public en tant que chanteur.
Au cours d'un spectacle de vacances avec ses parents.

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