La Hulotte, n°112

Il ne s'écoule jamais beaucoup de temps entre le moment où je récupère le dernier numéro du journal le plus lu dans les terriers dans ma boite aux lettres et celui où je tourne la dernière page.
Oui, je reconnais que mon comportement est plus que prévisible deux fois par année puisque c'est le rythme de parution de ce petit journal cher à mon coeur.
C'est le monocle d'or alias le merle noir qui est à l'honneur et qui fait la couverture de ce numéro 112. Je trouve que mon rapace préféré n'est jamais aussi bon que quand ce sont des oiseaux qui sont les héros d'un numéro. Et une fois de plus, j'admire la prose de la hulotte qui a le chic pour trouver des surnoms toujours appropriés à ses héros. le monocle d'or, il fallait y penser et cela va tellement à cet oiseau !
Et une fois de plus, j'ai appris une foule de choses sur un oiseau qui fait partie de mon paysage quotidien aussi loin que je me souvienne. J'adore ses tics tics le soir dès la fin de l'hiver et aussi quand un mâle solitaire chante sa sérénade le matin rien que pour moi …
La deuxième partie de ce numéro est consacrée au moineau, qui avait déjà fait parler de lui dans les deux numéros précédents. Cette fois-ci, La Hulotte va s'interroger sur les raisons qui pourraient être à l'origine de la baisse plus qu'inquiétante des effectifs de cet oiseau. Édifiant, et particulièrement la conclusion qui permet à ma journaliste à plumes préférée de se positionner….

Notre petit journal de la nature préféré va nous parler du merle. Qui ne connaît pas cet élégant oiseau de nos jardin qui dans son smoking noir, monocle d'or sur l'oeil, chante si élégamment du nos de nos arbres?
Pour débuter notre rencontre, et c'est de saison, on le voit se débrouiller pour chasser et se maintenir en vie pendant la période froide. La suite sera pour le prochain numéro.
Car la seconde moitié de la Hulotte numéro 112 est de nouveau consacré à notre Pierrot. Et c'est l'occasion pour lancer un cri d'alerte : le moineau, espèce sentinelle de la nature, voit disparaître une bonne partie de ses effectifs un peu partout dans le monde. Nos oiseaux des champs sont de moins en moins nombreux... triste constat pour notre planète qui va mal...

Plumage noir mat, longue queue, ailes courtes, bec et cercle oculaire jaune orangé, le merle mâle s'impose surtout par son chant flûté, clair, éclatant, se déroulant sur un tempo lent. Pour un auditeur attentif, chaque merle possède sa propre signature vocale et son répertoire spécifique. Dès janvier, à l'aube, le joueur de flûtiau charme les lombrics et fait danser la vie. Proche des hommes mais demeurant pourtant méconnu, le merle occupe pour moitié le fascicule 112 de la Hulotte qui va chouettement le décortiquer pour mieux l'exposer au lecteur profane. Après une séance d'identification, le biotope du passereau cousin des grives est étudié ainsi que sa méthode de chasse. L'extraction d'un lombric exige un savoir-faire qui devient totalement opérationnel après trois années de pratique assidue. La survie hivernale dépendra du stock de graisse et de l'aptitude à s'économiser. L'hécatombe qui peut s'ensuivre fait froid dans le dos.
La seconde partie de la revue, dans un même registre, embraye sur la disparition encore inexpliquée des moineaux domestiques. Après sa phénoménale expansion terrestre, introduit par les colons en Amérique, Afrique et Australie, le moineau voit aujourd'hui ses effectifs chuter vertigineusement. Diverses causes sont avancées mais rien n'est vraiment concluant. Les carences alimentaires, la disparition des logements, la pollution, les prédateurs ne suffisent pas à éradiquer un passereau aussi opportuniste et costaud que le moineau. Son extinction pourrait préfigurer la nôtre.
Pierre Déom travaille sans relâche à sa grande oeuvre. de fil en aiguille, il compose l'encyclopédie du vivant. Si le texte prend maintenant le pas sur le dessin pour des raisons de temps et de disponibilité, la revue n'en demeure pas moins éducative et attrayante. Sourcier éveilleur d'esprit, l'ancien instituteur des Ardennes a réussi la gageure de prendre en charge simultanément toutes les tranches d'âge dans la grande école de la vie.

Une nouvelle fois la Hulotte nous régale d'un portrait aussi sympathique que rigoureux. le merle noir et le moineau domestique sont ici à l'honneur, pour notre plus grand plaisir.
Humour et rigueur scientifique peuvent faire bon ménage. La Hulotte en est la preuve.
Une collection passionnante à mettre dans toutes les mains !