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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'est un roman singulier que nous livre Claudie Hunzinger, un roman-immersion dans l'histoire de sa mère, Emma, la belle Emma qui fascine tant, un roman-plongée dans ses amours avec Marcelle, cette relation débutée à l'adolescente et qui se prolongera dans le temps. L'auteure, au gré de la lecture de lettres que sa mère écrivait à/ recevait de Marcelle, va exhumer le passé pour tenter de comprendre sa personnalité insaisissable.

Claudie Hunzinger flirte avec les genres littéraires, autobiographie, biographie, autofiction, elle dialogue avec le passé et restitue une époque, des moments de vie à partir d'extraits de lettres, de photos ou même de ses propres interrogations. Elle intervient régulièrement dans le récit et interpelle Marcelle, cette fille au désir si brûlant et qui elle aussi a souffert de l'abandon de la belle Emma. Marcelle finit d'ailleurs par occuper totalement l'espace du récit, l'on vit avec elle cette maladie qu'il ne faut pas nommer -la tuberculose-, son amour pour Emma, et la perte de ses amies.

Les premières pages de ce récit m'ont beaucoup déstabilisée et auraient pu me faire sortir de ces mots. Il y règne une certaine confusion, celle de la mémoire qui tente de se souvenir, celle de ces lettres qu'on lit, qu'on ne comprend pas tout de suite, mais qui finissent par s'imbriquer pour compléter le puzzle. Mais le contraire s'est produit. Je me suis plongée moi aussi dans cette découverte d'Emma, dans cette rencontre avec Marcelle sans pouvoir m'arrêter, et cette Marcelle tourmentée, je l'ai énormément appréciée. J'ai eu le sentiment que Marcelle -l'aimée-, celle qui a vécu dans l'ombre de Marcel-l'élu- était soudain libérée et prenait vie dans ce qui, en plus d'être une sorte d'enquête sur une femme, est aussi le fidèle reflet d'une époque. le récit est vraiment très efficace et nourri par une plume travaillée, portée par la simplicité du coeur.

D'ailleurs, je n'espère qu'une chose, que viendra aussi celui de Marcel, le père de Claudie Hunzinger, ce fantôme qui flotte entre deux lignes et qui ressurgit ponctuellement pour nous rappeler sa présence. Il m'a réellement interpelée, ma curiosité est piquée.

Ce roman est le deuxième volet d'une trilogie, je vais vite me procurer le premier.
Lien : http://lelivrevie.blogspot.f..
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Second tome d'une trilogie dont je n'ai d'ailleurs pas lu le premier, je vous rassure tout de suite cela ne gène en rien la lecture de ce roman. C 'est un roman sur la mère de l'auteur, il est donc assez personnel et ça se ressent dans l'écriture et ajoute une dimension supplémentaire pour le lecteur. L'action se situe dans les années 30, il s'agit d'une correspondance épistolaire entre deux femmes Emma (la mère de l'auteur) et Marcelle, elles seront les premières enseignantes , mais la tuberculose touche Marcelle et les antibiotiques ne sont pas encore monnaie courante et l'on meurt souvent de ces maladies. C'est une course contre la montre, course contre la mort que le lecteur vit au rythme des lettres entre les deux femmes. On espère, on a peur, on est ému, touché , c'est une très belle histoire à travers laquelle on peut vivre toute une époque, une période historique, sociale.

Les deux femmes sont très différentes l'une est solaire, l'autre plutôt lunaire, une est posée quand l'autre est un peu fofolle... C'est deux façon de vivre sa vie, deux destins différents. C'est aussi l'histoire de l'émancipation de la femme, la quête de la liberté qui a tant coûté à certaines femmes. On ne mesure jamais assez ce que nos ancêtres ont dû sacrifier, combien elles ont dû se battre pour que nous puissions être libres de nos jours.

L'écriture est belle, l'histoire aussi et j'ai donc découvert un auteur vraiment sympa. Je vais sûrement lire les autres. C'est un très beaux textes, des très beaux portraits de femmes, des lettres émouvantes et beaucoup de sensualité. C'est un livre qui questionne et que l'on oublie pas sitôt fermé.

VERDICT

Une très belle histoire et des personnages touchants et forts, ce roman plaira aux lecteurs aimant les histoires de femmes fortes et indépendantes.
Lien : https://revezlivres.wordpres..
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Claudie Hunzinger avait commencé son exploration familiale avec Elles vivaient d'espoir (Grasset, 2010) où elle racontait l'histoire de sa mère, d'abord amoureuse d'une jeune fille, Thérèse, puis d'un homme, Marcel. Fort heureusement pour nous, elle n'en avait pas fini avec l'amour fou. Car avant Thérèse, il y a eu Marcelle, qui a précédé Marcel, le père de Claudie. En rangeant des cartons, elle a retrouvé des lettres, des dossiers, des cours de littérature de Marcelle. Des souvenirs fascinants pour l'auteur qui est aussi artiste et qui à la nostalgie de cette époque révolue où on s'envoyait des lettres et où on les gardait. «Peut-être ma civilisation sait-elle en secret que rien ne lui survivra» écrit-elle au moment de repartir en exploration, en cherchant à reconstruire l'histoire de sa mère et des femmes qui l'ont accompagnée tout au long de sa vie.
«Tout avait commencé le premier soir des grandes vacances. Emma avait dix-sept ans, et c'était l'été 1923 à Puligny-Montrachet, un village ancien en Côte-d'Or.» Elle ne sait pas encore que la voisine qui vient de s'installer à quelques mètres de chez elle bouleversera son existence. Très vite, Emma sera «fascinée par Marcelle comme par une joueuse de flûte» et très vite les deux jeunes filles vont devenir inséparables. Après la bac, elles s'inscrivent toutes deux à l'école normale et passeront deux années inoubliables, leur amour étant renforcé par leurs découvertes littéraires et par le talent de leur professeur Suzanne Aymé, la grande soeur de Marcel, qui fut «un professeur d'existence, enseignant la dimension esthétique de la vie, c'est-à-dire affective».
Nommée enseignantes, elles doivent prendre des chemins séparés, mais s'écrivent beaucoup. Et bien. Car Emma a un projet littéraire et Marcelle écrit pour envoûter Emma. «Le temps d'Emma», titre de cette première partie lumineuse et exaltante, se lit aussi comme une ode à la liberté. « La voix de Marcelle me parvenait de si loin, je l'entendais, tout près, comme une injonction à ne jamais suivre les foules qui se rassemblent, à désobéir aux mots d'ordre, à refuser la terrible uniformisation qui s'est abattue sur nous.» Un don pour la rébellion dont la jeune femme aura besoin quand la maladie va la gagner et qu'elle doit partir pour le sanatorium.
Pour Emma et pour Marcelle vient alors le temps de nouvelles rencontres. D'un duo, on passe à un quatuor avec Hélène et Marguerite qui sont également soignées au sanatorium et que Marcelle entend séduire. Les parties suivantes du livre leur sont consacrées. Emma pour sa part croise le chemin de Thérèse, son Antigone. Car les destins tragiques semblent se confondre avec l'humeur d'un pays qui va oublier les années folles pour la montée des périls.
Jusqu'au «Champ des asphodèles», la dernière partie de ce roman tour à tour solaire et lunaire, on comprendra la fascination de l'auteur pour une mère obligée de fuir, de peur de se consumer, se retrouvant avec «ses douleurs. Ses hontes. L'enfer. L'ange exterminateur, amoureux et broyé.»
Après avoir rencontré Marcel dans les Vosges en 1935 – un père dont les différentes facettes restent encore à explorer – Emma s'installe en Alsace alors que le nazisme gagne tous les jours du terrain. Avec ses quatre enfants Manon, Bruno, Claudie et Christel, «Emma s'est réfugiée dans la littérature qui est l'enfance retrouvée». Apprendre le français à Colmar à ce moment-là, c'est encore être libre, insoumise. C'est aussi offrir à sa fille les moyens de nous enchanter, bien des années plus tard avec ce petit bijou de sensualité.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Ce roman aurait pu être présentée uniquement sous une forme épistolaire : c'est à partir des lettres retrouvées, échangées entre Emma et Marcelle que la narratrice retrace l'histoire des deux jeunes filles. Ce n'est pas le cas, fort heureusement : il y a une vie entre les lettres, après les lettres. Il y a, surtout, toute la période où elles furent ensemble et n'eurent pas besoin de s'écrire, les périodes de retrouvailles, et la fin de leur correspondance.
Je vous rassure : la narratrice ne nous gâche pas la lecture en nous racontant comment leur histoire s'est terminée. Si elle anticipe certains événements, ce sont uniquement ceux qui la concernent directement, elle, ses parents et ses frères et soeurs. Ou comment Emma, sa mère, a aimé Marcelle, puis Marcel, troublante homonymie. En lisant ce livre, nous découvrons à la fois l'histoire des deux épistolières, mais aussi l'histoire de la narratrice en train de lire ces lettres, de s'interroger sur l'attitude d'Emma, de le rapprocher de la manière dont elle se comporta envers sa fille, comportement dont elle ne détient pas encore l'explication, juste des interprétations possibles. Emma ne se laisse pas deviner si facilement, contrairement à Marcelle ou à Thérèse, une autre jeune fille dont elle fut très proche.

Oui, ce livre nous montre un univers presque exclusivement féminin, ce qui ne signifie nullement qu'il est niais ou éthéré. Les jeunes filles que nous croisons sont toutes les aspirantes enseignantes, les toutes premières quasiment, hussardes noires qui allaient être envoyées aux quatre coins de France, si leurs résultats le leur permettaient. Leurs résultats, et leur santé. J'ai eu envie de rentrer sur la pointe des pieds dans cet établissement où étaient envoyées Marcelle, Marguerite,Hélène et toutes celles qui n'avaient pas de prénoms, pour soigner leurs poumons malades. Elles sont unies, parce que quasiment seules avec la maladie, le médecin qui autorise ou non telle ou telle traitement selon la gravité de leur état. C'est Marcelle, toujours (forcément) qui écrit, avec une lucidité parfois effrayante. Nous ne sommes pas à la douce époque où l'on parle de pensées positives, de la volonté qui permet de guérir, et autres discours fades. L'on est à une époque où il manque l'essentiel pour guérir : un traitement réellement efficace. Nous voyons ces jeunes filles profiter de la vie malgré tout, malgré l'avis des médecins parfois. Marcelle parvient à faire rentrer, à travers les défis qu'elle se lance, à travers la nature qu'elle observe, une énergie poétique.
Ouvrir les portes des établissements de soin, ouvrir son coeur, dire ce que l'on a à dire, même si c'est définitif, ouvrir les armoires, les lettres, et ouvrir la fin du roman pour dresser un pont vers un autre roman. Qui sait ? Marcelle, l'incandescente, invite à ne pas renoncer, à vivre plus fort.
Lien : https://deslivresetsharon.wo..
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Adultes interdits. Enfantillages déchirants et dangereux. Deux gamines écorchées jouent à la vie et à la mort. On est dans la folie des années 20 mais sans perles ni Charleston. Claudie Hunzinger fait mieux avec des bouquets de fleurs et de lettres.
Une danse mélancolique et incandescente. Une prouesse avec une plume des plus simplissimes. Quand mes lignes feront encore des noeuds, c'est elle que je lirai.
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Un roman fort, intime, et émouvant!

L'incandescente de Claudie Hunzinger est un roman que je n'aurais jamais découvert si je ne l'avais pas eu grâce à la masse critique de babelio, car à priori, il n'est pas le style de lecture sur lequel je me penche! Et pourtant je serai passé à côté d'une belle découverte.

J'ai mis plusieurs pages à me saisir du style de l'auteur, et paradoxalement j'adorais cette distance...
Un histoire d'amour inattendue
Un livre à découvrir, un réel partage d'émotions.

Merci à l'auteur pour ce petit bijou
Merci à la MC Babelio pour cette découverte!
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J'ai tout d'abord choisi de lire ce livre via le site Netgalley pour sa couverture et son titre. Ce sont les deux choses qui ont attiré mon regard. J'ai ensuite évidemment lu le résumé qui a confirmé cette envie.

Le titre "L'incandescente" m'a rendu curieuse. Pourquoi cette jeune "Marcelle" est-elle incandescente à 16 ans ? Qu'est-ce qui peut la rendre lumineuse finalement ?

Autant de questions pour lesquelles nous pouvons retrouver les réponses dans ce fabuleux roman de Claudie HUNZINGER.
Pour ma part, il s'agissait de ma première lecture de cette auteure que j'ai beaucoup apprécié. Et les personnages sont attachants.
Marcelle est effectivement lumineuse, amoureuse et s'attache ... s'accroche à Emma malgré l'ignorance parfois de cette dernière.
D'autres jeunes filles entrent dans l'histoire et ressortent presque aussitôt car nous voyons bien que seule Emma compte pour notre Marcelle.

J'ai également apprécié que l'histoire soit racontée par la narratrice, par la fille de Emma, qui découvre les lettres reçues par cette dernière de la part de Marcelle. L'idée est très agréable et je trouve cela intéressant, pour la fille, de rassembler les pièces du puzzle sur le passé de sa mère.

Ce livre évoque également la maladie qui touche les gens à cette époque... la tuberculose. L'une de nos héroïnes est malheureusement touchée par cette maladie mais elle vit... elle profite de son adolescence, elle se bat pour garder cette innocence...

Vous l'aurez compris... Je conseille cette lecture, ce roman léger et très bien écrit. Cette histoire d'amour si réelle et, en même temps, si lointain.
Lien : http://neferalex.blogspot.fr..
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La narratrice raconte l'histoire de sa mère, Emma et son amour pour Marcelle. Elle retrace cette histoire à partir de lettres échangées entre les deux jeunes filles alors âgées de 16 ans et 17 ans.

Les premières pages font penser à un roman de Colette avec le personnage de Marcelle, sauvageonne qui pourrait très bien être une soeur de Claudine, familière des amours interdites. : "[elle] cachait dans son sac d'écolière une couleuvre verte qu'elle trimballait partout. Elle grimpait aussi aux arbres, embrassait les fleurs sur la bouche"

Écrivant cette histoire d'amour, la narratrice se remémore sa propre enfance, en éclaire des pans, redessine le lien qui l'a uni à sa mère.


L'alternance d'une langue imagée et de phrases plus courtes toute de simplicité et de clarté redonne chair et couleur aux personnages.

Au-delà de l'histoire elle-même, finalement assez simple, ce qui séduit surtout dans ce roman c'est qu'il y est question de littérature, d'écriture. du langage et de son pouvoir de féconder -démiurge qui façonne les êtres.
Avec le personnage de Marcelle qui a les emportements et l'intransigeance de la petite Antigone d'Anouilh, l'auteur nous offre un roman sur les premières amours, sauvages et absolues.

Merci aux éditions Grasset de m'avoir permis de lire et de faire la critique de ce roman via Netgalley.
Lien : https://liregeekblog.wordpre..
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