Dans la suite des Demoiselles, ce n'est plus Rosa qui raconte son histoire, mais Liz. Elle nous confie ses souvenirs, ses pensées et ses troubles après avoir "tout" perdu. Grande Cheffe presque étoilée, Coach d'une émission culinaire à succès : tout ça est terminé depuis le scandale qui a motivé sa fuite vers le Pays Basque. Route de Chéraute, elle rencontre - ou plutôt retrouve - Rosa, dernière figure vivante de son enfance. A moins que...? Liz éclaircira-t-elle d'autres zones d'ombres de son passé ? Elle découvrira en tout cas un autre paysage et surtout, de belles personnes aux destins bien plus tragiques que le sien.
On retrouve avec plaisir certains personnages des Demoiselles : Rosa, devenue une vieille dame, et Liz, la fille de Romy. Cette dernière et sa bipolarité sont le sujet principal de la partie qui se déroule dans le passé, racontée par Balthazar. Liz aussi nous confie des secrets et souvenirs d'enfance qui éclairent le personnage de Romy. Cependant, j'ai été plus touchée par le récit de Baltazhar que celui de Liz. Cette dernière ne m'étant pas apparue immédiatement sympathique... Hautaine, plaintive, Parisienne, ces tracas m'ont semblé bien peu de chose au regard des vrais angoisses et souffrances d'autres personnages comme Gwen et sa petite Nine (qui m'ont bouleversée) ou Nana,
Peyo et Balthazar. Finalement, les personnages dits "secondaires" m'ont plus touchée que Liz. J'ai tout de même noté quelques incohérences autour du personnage de Nana, la belle âme muette si aidante.
On retrouve aussi les thèmes abordés dans
Les Demoiselles : l'importance du travail, du courage, de la musique, du cinéma, de la bonne chère, et surtout, des relations humaines, pour franchir les obstacles d'une vie.
Le style d'
Anne-Gaëlle Huon est à la hauteur de mes attentes après la lecture de Demoiselles : clair, précis, accessible. Ce deuxième opus est un peu moins rythmé que le premier (alors qu'il se déroule sur une période bien plus courte pour le présent : à peine quelques mois). L'héroïne, Liz et l'anti-héros, Balthazar, s'expriment à la première personne, nous laissant nous immiscer dans leurs pensées. Je n'ai pas été surprise par la révélation principale car on s'y attend dès les premières pages. L'ancrage historique m'a un peu manqué, mais l'effleurement de l'univers culinaire et l'incursion de Nine ont compensé ce point.