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Citations sur Professeurs de désespoir (15)

"Je m'étais préparé à la solitude, commence-
t-il. Heureusementj'ai eu le temps de m'y pré-
parer... Mais ce avec quoi je n'avais pas compté,
c'est l'absemce. Son absence. Celle de Geneviève.
Ça, c'est dur, je n'aurais pas pu prévoir, à quel
point. Ce que ça fait de ne plus pouvoir frotter
mon esprit comtre le sien." (Sans le savoir, il
vient de paraphraser Montaigne : !frotter et limer
notre cervelle contre celle d'autrui...") Pour Kun-
dera, au contraire, prendre la parole dans une
conversation est acte belliqueux, "une révolte
brutale contre une violence brutale, un effort
pour libérer notre propre oreille de l'esclavage
et occuper de force l'oreille de l'adversaire".

p. 249

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"Nous communiquons avec eux dans la transposition esthétique du malheur."
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"En d'autres termes, même si, dans ces livres, le fond dit : Il n'y a que de la boue, la forme dit : Cette boue, je suis capable grâce à l'écriture de la transformer en or, en art, en chose solide, pas transitoire, chose quasi immortelle."
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"L'expression même de "professeur de désespoir" est une contradiction dans les thermes, car si l'on est vraiment désespéré on ne professe rien, on n'écrit rien, on sombre dans le silence et on se laisse glisser vers la mort. Ecrire c'est déjà espérer. C'est apporter un soin à la forme, au style, à la syntaxe, à la manière de dire – estimer, donc que quelque chose en vaut la peine."
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Libre comme un mort-né : Emil Cioran

Je pense souvent à notre mère (...), et surtout à sa mélancolie dont elle nous a transmis le goût et le poison. (p.97)
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Tout se passe comme si l'oeuvre d'art avait pour fonction de racheter, de rédimer nos péchés politiques. Au lieu d'aller à l'église écouter le curé nous expliquer le sens de nos souffrances, nous achetons des livres ou assistons à des spectacles qui nous assurent qu'elles sont inévitables, que tout est misère, méchanceté et oppression... et nous rions, applaudissons, parce que c'est bien dit - qu'est-ce que c'est bien dit ! Nous partageons ainsi la culpabilité et sommes heureux de la voir dire, proclamée et revendiquée ; en posant le livre ou en sortant du théâtre, nous nous sentons étrangement allégés. Au moins ces oeuvres contiennent-elles des certitudes, alors que les horreurs du monde nous plongent dans un paroxysme d'incertitude. A réalité trop mobile, littérature immobile. A réalité trop humaine, philosophie inhumaine.
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Du côté des lecteurs, la fréquentation des grands textes nihilistes est souvent une expérience exaltante. L'expression du désespoir nous invite à réfléchir, bien plus que celle de la béatitude. Nous y trouvons notre compte parce que nos propres souffrances y sont non seulement reconnues mais ennoblies, portées à l'incandescence par la beauté littéraire. (Comme l'écrivait déjà Balzac dans Le Lys dans la vallée [1835], "la douleur est infinie, la joie a des limites".) Dans le "monde désenchanté" de la modernité, le nihilisme, remplaçant tous les utopismes en faillite, est notre moderne Eglise. Portant l'auréole de la douleur puissance x, ses adeptes sont nos Christs en croix, nos saints torturés, nos martyrs stoïques, magnifiques et magnifiés. Nous communions avec eux dans la transposition esthétique du malheur. Nous leur savons gré d'incarner et d'exprimer pour nous, avec grandeur, la difficulté d'être en vie. Leur force d'esprit compense nos faiblesses et nous rassure en nous prouvant, encore et encore, l'insignifiance de tout.
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Pour devenir nihiliste, il ne suffit donc pas d'être désespéré. Il faut que, de privé, votre désespoir devienne public, qu'il s'affiche comme votre passion exclusive, votre raison d'être, votre message au monde. La plupart de ces auteurs, on l'a vu, consacrent énormément de temps et d'effort à polir leur oeuvre : Beckett se sert de l'humour lapidaire, Cioran de l'élégance syntaxique, Kundera d'un tissage dense de fiction et de théorie, Bernhard d'une énergie verbale irrépressible, et ainsi de suite. La forme, pourrait-on dire, sert d'antidote au poison du message manifeste. Et, tout en affichant une attitude de mépris à l'égard des foules, l'on offre le fruit de son travail à ces mêmes foules (à qui d'autre l'offrir ?). Il est donc question malgré tout d'échange, de transmission et de don ; il ne peut en être autrement. Les néantistes sont doués et ils donnent. Leur don les empêche de sombrer ; c'est pourquoi ils décrivent l'activité artistique comme la seule chose qui confère un sens à leur existence.
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...C'est bizarre, tout de même, dit Désse Suzy en fronçant les sourcils.Pour un chantre de l'amour Universel......

...la vie n'est ni absurde ni pas absurde , elle est ce que les gens en font...
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-L'asphyxie: Thomas Bernhard-

La famille Bernhard habite à cette époque le village de Seekirchen. Et dans ce village, l'endroit préféré du petit garçon est le cimetière. (On se rappelle les crânes humains avec lequel Emil Cioran jouait au foot, et le faible de Molloy, personnage de Sam Beckett pour l'odeur des cadavres en décomposition.) Thomas est un Hamlet précoce: "Les morts, dit-il, étaient déjà mes confidents les plus chers, je m'approchais d'eux sans contrainte. Des heures entières j'étais assis sur l'entourage d'une tombe quelconque et je ruminais sur ce qu'est être et son contraire" (p.182-183)
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