Roses de printemps est le deuxième volet d'une trilogie,
le jardin des papillons. Ainsi, si vous n'avez pas lu le premier tome je vous recommande fortement de le faire. La lecture se trouve fortement impactée par le manque d'informations même s'il ne s'agit pas d'une suite à part entière.
L'auteur a voulu faire de ce deuxième volet à la fois une suite du premier, et à la fois une histoire à part entière. A mon avis, c'était une mauvaise idée car le lecteur se retrouve impliqué dans l'histoire de Pryia et en même temps dans les conséquences d'un drame arrivé quatre mois auparavant (dont traite le premier tome). Or, cette deuxième partie est lente, on se demande pourquoi Pryia se retrouve mélée à cette histoire de papillons alors qu'elle n'en fait pas partie.
Pryia a vécu un drame plusieurs 6 ans auparavant. Sa soeur a été assassinée et c'est elle qui a trouvé son corps, dans une église, entouré de fleurs. le meurtrier, introuvable, réitère chaque année le même rituel, à chaque printemps depuis 16 ans. Et cette année semble être le tour de Pryia. En effet, elle reçoit de manière régulière un bouquet de fleurs, déposé devant sa porte. Chaque bouquet correspond aux fleurs utilisées par le meurtrier, de manière chronologique. Lorsque le dernier bouquet arrivera, elle sera sa prochaine victime.
Ainsi, le seul lien qu'elle a avec les filles papillons (filles qui ont été séquestrées par un homme surnommé le Jardinier) est d'être une victime d'un psychopathe.
Si l'auteur s'était contenté de se concentrer soit sur le thriller lui-même soit sur les conséquences psychologiques, le livre aurait été plus intense à lire. Or ici, nous naviguons entre l'histoire de Pryia et celle des Papillons qui cherchent à se reconstruire. Et le rythme du thriller se trouve fortement impacté. Alors que le lecteur devrait sentir l'angoisse, le suspens aller crescendo, c'est plat.
Je n'ai pas trouvé l'histoire de Pryia très crédible. Alors que sa soeur a été éliminée par un tueur en série, sa famille déménage régulièrement sans aucune discrétion. En effet, l'interview de la mère, par exemple, indique le lieu où elles vont s'installer. Pourtant suivies de près par une équipe du FBI, les deux femmes n'ont pas l'air d'être spécialement protégées.
Autre incohérence, selon moi est la force de caractère des personnages. En effet, Pryia et sa mère ont des caractères très forts. Trop forts. Evidemment, un drame vous détruit ou vous rend plus fort. Ici, ces deux femmes sont surréalistes. La mère, qui a perdu sa première fille, se voit décrite presque comme inhumaine. Sa fille dit elle-même que si elle mourrait sa mère s'en remettrait. Elle souffrirait, mais elle se relèverait.
Enfin, la fin n'a pas du tout été surprenante. J'avais depuis un moment compris qui était le meurtrier. Dès la première apparition du personnage. Cela m'a même semblé si évident que j'ai fini par me dire que ce ne serait sûrement pas lui. Mais, je ne m'étais pas trompée. L'auteur a selon moi, donné trop d'indices. Autant je n'apprécie pas lorsque le meurtrier se révèle être un personnage auquel on n'avait pas du tout pensé, autant j'aurais aimé un peu plus de suspens.
Là où le livre devient finalement intéressante c'est dans l'anayse psychologique des personnages.
En plus de Pryia, nous suivons également Inara, ancienne victime du jardin des Papillons. Alors que de nombreuses filles survivantes ont fini par se donner la mort, Inara a su survivre à son drame. Lorsqu'elle commence à correspondre avec Pryia, nous pouvons suivre le cheminement de ses pensées. Ainsi, elle se demande au début ce qu'elle préférerait. Voir son bourreau mort ou jugé. Elle craint qu'en passant par la justice, ce dernier soit acquitté ou pas suffisamment puni. Ainsi, sommeille en elle un désir de vengeance. Et pourtant, lorsqu'elle apprend la mort de ce dernier, elle n'arrive finalement pas à s'en réjouir.
Pryia de son côté veut voir le tueur de sa soeur enfermé alors que sa mère désire plus que tout mettre fin à ses jours de ses propres mains. Mais, avec les échanges qu'elle a avec Inara, son jugement se modifie. Et elle finit par rejoindre sa mère. C'est ainsi qu'elles vont ensemble, réfléchir à leur vengeance tout en le prenant à son propre jeu.
Même s'il est intéressant de voir comment évoluent ces différents personnages selon les événements, l'idée de vengeance vient se rajouter au manque de crédibilité. A aucun moment, les agents du FBI ne se doutent que cette idée puisse germer dans l'esprit des victimes. Alors que c'est certainement une phase indispensable dans le processus de deuil.
Enfin, même si je trouve le caractère des deux femmes (Pryia et sa mère) trop fort, il est intéressant de voir comment l'auteur a décidé de faire évoluer ses personnages. Elle aurait pu choisir d'en faire des femmes affaiblies. Mais elles se sont forgé une carapace presque impénétrable. Malgré tout, à la fin, le lecteur ressent toutefois que cette carapace est un leurre et que Pryia reste fragile.
C'est donc encore une lecture mitigée. Même si j'ai apprécié toute la partie autour du meurtrier de Pryia, celle-ci reste trop faible. le fait de s'attarder sur les papions empiète sur l'enquête principale. L'auteur a du talent, à n'en pas douter, mais selon moi elle n'a pas fait les bons choix dans ce roman.
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