Bernard sursauta et tourna la tête. La figure rouge et joufflue de Benito Hoover souriait, rayonnante, vers lui, rayonnante de cordialité manifeste. On disait de lui qu'il aurait pu passer à travers la vie sans jamais prendre un gramme se soma. La méchanceté, les accès de mauvaise humeur auxquels les autres ne pouvaient échapper qu'en prenant des vacances d'oubli, ne l'affligeaient jamais. La réalité, pour Benito, était toujours ensoleillée.
Quel sel ont la vérité ou la beauté quand les bombes à anthrax éclatent autour de vous ?
Un État totalitaire vraiment efficient serait celui dans lequel le tout-puissant comité exécutif des chefs politiques et leur armée de directeurs auraient la haute main sur une population d'esclaves qu'il serait inutile de contraindre, parce qu'ils auraient l'amour de leur servitude.
Ce n'est pas seulement l'art qui est incompatible avec la stabilité. Il y a aussi la science. La vérité est une menace, et la science est un danger public. Nous sommes obligés de la tenir soigneusement enchainée et muselée.
Ce n’est pas seulement l’art qui est incompatible avec le bonheur; il y a la science
Le monde est stable, à présent. Les gens sont heureux; [...] Ils sont à l’aise ; ils sont en sécurité; ils ne sont jamais malades ; ils n’ont pas peur de la mort ; ils sont dans une sereine ignorance de la passion et de la vieillesse; ils sont encombrés de nuls pères ni mères; ils n’ont pas d’épouses, pas d’enfants, pas d’amant, au sujet desquels ils pourraient éprouver des émotions violentes; ils sont conditionnés de telle sorte que, ils ne peuvent s’empêcher de se conduire comme ils le doivent. Et si par hasard quelque chose aller de travers, il y a le soma
Je vous imposerai la liberté, que vous le vouliez ou non !
que le but de la vie n’est pas le maintien du bien-être, mais quelque renforcement quelque raffinement de la conscience, quelque accroissement de savoir...Chose qui songea l’Administrateur, peut fort bien être vraie, mais est inadmissible dans les circonstances présentes [...] Comme ce serait amusant, musa-t-il, si l’on était pas obligé de songer au bonheur
On gouverne avec le cerveau et avec les fesses, jamais avec les poings.
Oui, tout le monde est heureux à présent, fit Lenina en écho. Ils avaient entendu ces mots, répétés cent cinquante fois toutes les nuits pendant douze ans