et ils délayaient des cuillerées d'eau bénite dans le mucilage d'une gluante prose.
Déjà les arbres se dentelaient de petites feuilles jaunes ; la Seine réverbérant l'azur pommelé du ciel, coulait avec de grandes plaques bleues et blanches que coupaient, en les brouillant d'écume, les bateaux-mouches. Le décor environnant semblait requinqué.
Bullier, avec ses filles cabrant le torse, au son des cymbales et chahutant, le pied en l'air, l'allumait, car, dans son ardeur, il se les figurait déshabillées et voyait sous les pantalons et sous les jupes la chair se mouiller et se tendre. Tout un fumet de femme montait dans des tourbillons de poussière et il restait là, ravi, enviant les gens en chapeaux mous qui cavalcadaient en se tapant sur les cuisses. Lui boitait, était timide, et n'avait pas d'argent. N'importe, ce supplice était doux, puis de même que bien des pauvres diables, un rien le contentait.
Ni le lendemain, ni le surlendemain, la tristesse de M. Folantin ne se dissipa ; il se laissait aller à vau-l’eau, incapable de réagir contre ce spleen qui l’écrasait. Mécaniquement, sous le ciel pluvieux, il se rendait à son bureau, le quittait, mangeait et se couchait à 9 heures pour recommencer, le jour suivant, une vie pareille ; peu à peu, il glissait à un alourdissement absolu d’esprit. Puis, il eut un beau matin, un réveil. Il lui sembla qu’il sortait d’une léthargie ; le temps était clair et le soleil frappait les vitres damasquinées de givre ; l’hiver reprenait, mais lumineux et sec ; Folantin se leva, en murmurant : fichtre, ça pince ! il se sentait tout ragaillardi. Ce n’est pas tout cela, il s’agirait de trouver un remède aux attaques d’hypocondrie, se dit-il.
aucun plaisir ne le séduisait