C'est une curieuse histoire que ce "Roi et l'horloger" de
Indridason, et, malgré une certaine lenteur ici où là, on se prend au jeu des allers retours entre l'artisan qui fait le récit de la vie passée de ses parents, et de l'instant où son travail se déroule sous le regard critique du roi.
Ce roman conte le récit qu'un horloger, Jon, fait au roi du Danemark, Christian VII, celui de la condamnation à mort de ses parents décidée par le père de ce dernier.
Christian VII est un roi impulsif, menaçant, quelque peu dérangé, un peu dépravé. Il interroge et relance constamment Jon sur les raisons de cette condamnation, en lui demandant de les relater.
C'est aussi une occasion pour l'auteur de décrire la vie rude des Islandais, alors sous l'autorité du Danemark, une fresque émouvante, rustique et rude de l'Islande. Les Islandais sont alors considérés comme un peuple attardé qui ne vaut pas de considération de la part des Danois.
En parallèle, l'horloger s'est donné pour tâche de rénover une vieille pendule perdue dans les réserves poussiéreuses du château de Copenhague; une oeuvre magnifique, un chef-d'oeuvre d'un célèbre horloger du XVIème siècle que bien d'autres artisans ont renoncé à réparer.
Entre les deux êtres se créent des rapports difficiles, le roi ne contenant pas ses réactions, l'horloger en peine de dépeindre le triste sort de ses parents voués à mourir sous la décision butée, injuste et cruelle du père de ce roi, au risque de se voir accuser d'un crime de lèse majesté...
L'histoire est originale et se lit bien si ce n'est...
Si ce n'est les noms propres : ceux qui sont adeptes des magasins "Ikea" (bien que Suédois) ne seront pas dépaysés; moi j'ai buté sur ces mots loin de nos phonèmes gréco-latins comme "Miklaholtsheppur, Kroksfjördur, Ingibjörg, Patreksfjördur ou autre Raudasandshreppur, etc" qui ponctuent le récit. Cela m'empêchait parfois une lecture lisse.
Mais passé ce détail, quel roman poignant et original qui prend une tournure de plus en plus dramatique au fil des derniers paragraphes et crée la nécessité de ne pas le lâcher, impatient d'en connaître l'issue.