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sur 3082 notes
Ah, là ! il n'y est pas allé de main morte l'ami Gégène car voici une pièce classée au patrimoine mondial de l'Ionesco.
Je vous accorde que si on la lit comme ça, à brûle-pourpoint, sans mise en garde particulière, faut reconnaître que ça remue quand même pas mal le tartre dans la bouilloire ! C'est complètement barré, complètement déjanté, sans queue ni tête, bas de plafond au rez-de-chaussée sans ascenseur ou roue de chausson sous aspirateur.
Mais il suffit juste de dire que Ionesco eut l'idée de la pièce en transpirant comme un malade (je ne sais pas si l'on a le droit d'écrire qu'Eugène sue ?) pour apprendre l'anglais dans une méthode Assimil (de l'époque, précisons) et d'un coup tout s'éclaire.
La pièce devait d'ailleurs s'appeler à l'origine L'Anglais Sans Peine, mais, le site officiel du Théâtre de la Huchette nous apprend que c'est en réalité le lapsus de l'acteur devant dire « …qui avait pris pour femme une institutrice blonde », qui s'est trompé et a dit à la place « …qui avait pris pour femme une cantatrice chauve », lequel lapsus donna à l'auteur l'idée de ce titre singulier.
Des phrases sans cohérence les unes avec les autres, mises les unes à la suite des autres de façon artificielle dans une illusion de dialogue, pas d'erreur, vous êtes bien dans la méthode Assimil.
Tout le talent de Ionesco était de prendre suffisamment de recul pour les rendre drolatiques et montrer toute l'absurdité de certaines de nos actions quotidiennes.
Par exemple, sortez de son contexte les répétitions d'entraînement de certains gestes ou de certaines phrases qu'on souhaite faire par la suite en public pour les trouver instantanément drôles, car décalées (c'est ce que fait tout le temps Mr Bean dans ses sketches).
Le texte d'ailleurs n'est pas sans rappeler les messages codés de Radio Londres durant la Seconde Guerre Mondiale, messages à double entente qui, eux aussi, pouvaient être tordants, n'eût été le contexte.
L'entraînement à une langue, comme le reste, sorti de son contexte peut être réellement comique.
Ici, certaines répliques sont vraiment drôles. D'autres le sont un peu moins et je vous avoue que j'aime plutôt bien ce type de pièce mais, mais, mais... à toute PETITE dose, sans quoi, je me lasse très vite de la mécanique de l'absurde.
Quant à la puissance philosophique dégagée par cette pièce ? J'en vois qui élaborent de grandes théories, chaque dialogue avec sa signification, tout ce que Ionesco a voulu dénoncer, l'incommensurabilité psychologico-structurelle à la maïeutique transcendantale de notre prosaïque idiosyncrasie virtuelle hypothético-déductive contemporaine et sans compter... euh... hep ! les gars... Oh hé ! Et si on arrêtait la branlette intellectuelle ?
Il devait bien se marrer Ionesco en voyant ce qu'on faisait dire à cette pièce. Ça me rappelle le conte Les Habits Neufs de L'Empereur d'Andersen. Pour pas avoir l'air trop con, chacun y va de son interprétation et de sa surenchère de sens. de tout ce SENS contenu dans l'ABSURDE...
Ouaip, je veux bien, si vous le dites mais j'ai quand même tendance à croire qu'il s'est bien fendu la poire en écrivant ça et que tout le reste, c'est ce que les commentateurs ont bien voulu mettre dedans.
Cet avis n'engage cependant que moi et ne signifie pas grand-chose. Encore un truc absurde dans la Cantatrice Chauve, alors, chauve qui peut !
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J'ai assisté il y a longtemps à une représentation de cette pièce d'Eugene Ionesco et en ai gardé un excellent souvenir.
Des années plus tard, j'en relis le texte, l'effet comique est toujours présent mais s'y ajoute un certain sentiment d'angoisse…

Je revois en pensée nombre de soirées où, comme dans la pièce, s'instaurent non des dialogues mais bien des “duologues” : chacun veut parler à tout prix sans véritablement répondre à ce qui vient d'être dit par l'autre. Parfois ce sont des moments de silence qui perturbent l'assemblée et bien que l'on ait rien à dire d'intéressant, ce silence doit être rempli au plus vite quitte à l'être par des banalités…
Cette vision de notre société s'impose davantage à la lecture que lors d'une représentation. Les personnages y apparaissent comme des robots mal conçus ne débitant que des maximes absurdes ou faisant preuve d'une condescendance évidente vis-à-vis de Mary, la bonne.

Ionesco sous-titre La Cantatrice chauve d'anti-piece, elle garde néanmoins toutes les apparences d'une pièce de théâtre classique mais avec des différences notables : les personnages sont sans profondeur, ne débitent que des clichés et à la fin ne prononcent que des onomatopées, le langage explose. Aux personnages principaux, les couples Smith et Martin, vont s'adjoindre Mary, la bonne et le Capitaine des pompiers, ils ne sont pas présents tout au long du spectacle mais ils arrivent à supplanter en importance les deux ménages.
Enfin, la pièce tourne en boucle, elle n'a pas de fin, elle se poursuit alors que le rideau se ferme.

Mon expérience de lecture n'est pas identique à celle de spectateur, je l'ai souligné déjà, elle m'a apporté quelque chose de plus affirmé mais aussi par contre, lors de la dernière scène, une difficulté à ressentir, à vivre la cacophonie finale, évidemment plus marquante au théâtre !




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Ma première visite chez Ionesco!
Voilà ce que c'est, d'avoir arrêté ses études à Bac moins deux.
On traîne, on remet, mais on finit par arriver à La cantatrice chauve, puis à La leçon puisque cette dernière suit la première. Il y a donc une certaine logique dans ce théâtre de l'absurde. Un, puis deux... À noter que cela aurait pu être deux puis un. Va savoir. Mais cela m'aurait contraint à commencer la lecture du volume à plus de sa moitié en y mettant un marque-page supplémentaire! Trop complexe pour Horusfonck.
Donc, Horusfonck (c'est moi) le traîne-lattes des chefs-d'oeuvre de la littérature entame, poursuit et achève la lecture de son premier volume des écrits d'Eugène Ionesco. Rien que ça.
Alors, j'ai bien apprécié et je ne m'en étonne pas puisque je ne suis jamais si bien servi que par moi-même en personne. Jusque-là, rien d'absurde.
Je lirai donc d'autres oeuvres de Ionesco.
D'avoir lu, avec gourmandise, Courteline et Cami, me permet d'en retrouver quelques traces dans les deux pièces de Ionesco... Absurde, me rétorquera-t-on? Eh, pas tant, répondrai-je en évoquant Les Boulingrins et Drames de la vie courante.
Il faut bien se raccrocher à quelque-chose, absurde ou non ?
Passons.
Ionesco va plus loin dans l'absurde et la réjouissance qu'il (l'absurde) peut procurer au lecteur/spectateur/critique/prof/élève/pompier/poissonnier et que sais-je encore qui ouvre les vannes de sa perception et laisse ses yeux briller. Sans queue ni tête mais avec tête-à-queue garanti ou non mais pas que.
Je répète : J'ai bien apprécié.
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Cela fait quelques jours que je tourne autour de ces deux pièces de théâtre sans trop savoir comment en démarrer la chronique. Et puis ce matin, samedi 14 novembre 2015, je me suis réveillée au son de la radio et des infos du jour. La Belgique a battu l'Italie 3-1 en match amical à Bruxelles. A Paris, des bombes ont explosé aux abords du Stade de France. Des gens qui allaient au spectacle ont été tués. Quelqu'un s'assied à une terrasse et se prend une balle. J'comprends pas.
Le théâtre de Ionesco, c'est un peu ça : des répliques improbables, sans lien entre elles, enchaînées les unes après les autres. Absurde. Un défi à la compréhension. Je fais l'impasse sur « la Cantatrice chauve », dont je n'ai pas compris le message, à supposer qu'il y en ait un. J'en retiens seulement que ce texte m'a fait rire, et je vous dirais bien que cette pièce doit être vue plutôt que lue, mais j'aurais bien trop peur de vous envoyer à la mort en vous invitant au théâtre. « La leçon » est une pièce plus inquiétante : une jeune étudiante stupide prend sa leçon auprès d'un vieux professeur imbu de sa personne et qui, sous l'apparence d'un intellectuel de haut vol, masque à peine un pervers expert ès fumisteries. Ca finit mal, puisque l'un des deux assassine l'autre.
Difficile d'établir un parallèle avec les attentats de Paris, et ce n'est pas le but, sauf que, comme dans « La leçon », l'incompréhension, la bêtise et l'intolérance, bref, la connerie humaine, ont le pouvoir de provoquer des carnages. Et là, je repense aux caricatures de Mahomet : « c'est dur d'être aimé par des cons ». Sauf que, pardon, mais il ne s'agit pas (il ne peut pas s'agir!) d'amour, mais plutôt de rage. De la rage qui a germé dans le crâne de ces ravagés du cerveau, à la faveur d'interprétations totalement dévoyées du Coran. Parbleu, mais quel mot ne comprennent-ils pas dans la phrase « Ne tuez pas la personne humaine, car Allah l'a déclarée sacrée » (Coran, VI, 151) ? Ils se justifient (comment osent-ils même justifier leurs actes, ces barbares ?) en disant qu'ils vengent les victimes syriennes ou irakiennes des bombardements français. M'enfin, c'est moi à qui on ne dit jamais rien, ou bien le Talion n'est plus seulement une « loi » juive, émanant d'un peuple ennemi juré ? J'comprends rien. Et ils croient sérieusement, ces dingues, que c'est en nous massacrant dans une salle de concert ou à une table de restaurant qu'ils vont arranger leurs affaires? Incultes frustrés... Et qu'ils vont empêcher les survivants de continuer à vivre libres (je ne dis même pas « heureux », juste « libres ») ? Aberrant. Bande de tueurs haineux décérébrés, quand je pense que vous êtes sans doute ravis d'être morts en martyrs de je-ne-sais-quelle cause... Vous seriez ridicules si ce n'était pas aussi tragique.
Le rapport avec Ionesco, Messieurs les excités de l'arme lourde, à supposer que vous ayez jamais entendu ce nom ? Aucun. Ou plutôt si : je n'ai rien contre l'absurde, moi, quand il me fait rire et ne blesse personne. Autant dire que je ne suis pas près d' « apprécier » votre sens de la « mise en scène ».
En bref : touchez pas à la liberté, p... de b... de m...
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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Je retrouve après quelques années de pause, la cantatrice chauve celle « qui se coiffe toujours de la même façon » pour tenter d'aider trois élèves de seconde à mieux comprendre le théâtre absurde et qui sont pour le moins perplexes pour ne pas dire déconfites , bien que toujours confinées, car elles ont à découvrir cette oeuvre sans préambule et à la commenter .
Je côtoie à nouveau les six personnages, chacun, stéréotype d'un individu vivant ou survivant dans une société bourgeoise, conformiste, étriquée, décadente qui s'entendent sans s'écouter, se parlent sans échanger.
Cette lecture est toujours pour moi une redécouverte passionnante , un exercice ludique , un jeu subtil pour repérer les figures de style, le sens caché des mots, les contre-sens, les non-sens, les truismes, de nouvelles incongruités.
Mr and Mrs Smith, Mr and Mrs Martin, Mary et le capitaine des pompiers évoluaient, durant la décennie 50 dans un monde drôle et tragique, leurs descendants, aujourd'hui, dans une Angleterre coupée de l'Europe vivent-ils mieux , moins absurdement dans ce monde frappé par le covid et par son variant, of course anglais !
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La cantatrice chauve.
Caricature de la bourgeoisie anglaise, qui se perd dans des dialogues creux, dénués d'intérêt, qui tournent en rond, se percutent et s'annulent. Des dialogues inspirés de la méthode Assimil pour apprendre l'anglais, dialogues complètement stupides, que l'on répète mécaniquement. Tout comme les banalités que l'on peut balancer tous les jours, il n'y a pas de réelle communication, des paroles polies et prudentes, sans profondeur, qui évoquent le vide.

Absurdité, manque de logique, d'intrigue, . Les personnages sont comme l'horloge dont on parle ainsi :
« Elle marche mal. Elle a l'esprit de contradiction. Elle indique toujours le contraire de l'heure qu'il est.»

La leçon
Le professeur est un personnage tyrannique, imbus de son pouvoir et de sa culture. Il est pourtant bien médiocre, puisqu'il s'embrouille dans des explications insensées qui donnent le vertige. L'élève, déjà très inculte au départ, ne risque pas de s'améliorer, bien au contraire. Terrifiée par la folie du professeur, l'élève ne peut plus que réciter sa leçon, sans n'y rien comprendre.

Une situation absurde, qui peut-être dénonce l'impossibilité de communiquer avec les mots et la folie qui entraîne certains dans un monde sadique, sans logique, faisant des plus faibles leurs victimes.

Deux pièces de théâtre qui semblent comme une loupe posée sur du vide, comme pour mieux révéler la petitesse des personnages, de leurs gestes et de leurs pensées. Le rire et la caricature pour dénoncer les défauts des bourgeois ou des universitaires, pas si grands que cela finalement.
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Jamais je n'aurais cru prendre intérêt à la conversation d'un couple anglais –tout ce qu'il y a de plus banal par ailleurs- lorsque ceux-ci se contentent d'évoquer leur dernier dîner de poisson-patates… Et pourtant, dans la Cantatrice chauve, ce sujet devient passionnant –non seulement celui-ci d'ailleurs, mais d'autres tout aussi rébarbatifs : l'évocation de la famille Watson, le fonctionnement des sonnettes d'entrée, ou la répartition démographique des incendies dans la ville de Londres.

Anodins à première vue, chacun de ces sujets de conversation ne tarde pas à prendre la tangente et à s'éloigner des voies rationnelles de la communication. Si, pour entretenir une discussion, il s'agissait de suivre une constante telle celle que l'on fixe à 9,81N pour la gravité, alors elle serait totalement anéantie dans la Cantatrice chauve.

La politesse est abolie. Plus aucun personnage ne fait d'effort pour s'intéresser aux racontars incessants des autres. Ceux-ci ne s'en formalisent pas : tellement abrutis par l'égocentrisme qui les pousse à parler sans que cela n'intéresse personne, ils ne se rendent pas compte qu'on ne les écoute pas.

La logique est abolie. Sitôt un fait posé, une affirmation prononcée, le contraire surgit et annule ce qui semblait pourtant être une évidence, en tout cas une certitude. Dans la Cantatrice chauve, on ne peut jamais être sûr de rien, et surtout pas de la sincérité des personnages. Pourtant, aucun vice n'est à déceler derrière les contradictions sans fin qui émaillent des propos. Elles se font plutôt le reflet de l'absurdité de la vie, que l'on essaie habituellement de dissimuler derrière l'apparente logique d'un discours construit. Après tout, est-il vraiment plus ridicule que tous les membres d'une famille s'appellent Bobby Watson, plutôt que l'un s'appelle Bobby, l'autre Roger, l'autre Brigitte, etc. ? Non, mais le premier fait n'a rien de commun et prouve à quel point les habitudes viennent nous rassurer dans un monde qui serait proche du chaos sans cela. Cette absurdité exprime également l'inconstance des personnages qui cherchent une fois à se définir par le biais de telle opinion, de telle position sociale, puis une fois par telles autres, pour finalement n'être définis par rien, puisque tout peut les définir.

La pudeur est abolie. Pas totalement, mais on sent que nous ne sommes jamais loin de l'instant où les couples finiront par se mêler et ou les gestes et les comportements dépasseront les limites de la bienséance. Encore une fois, Ionesco nous amène à nous interroger sur la légitimité d'un monde fondé uniquement sur des règles éphémères et dont la justification nous échappe souvent.

On pourrait trouver cette pièce totalement idiote et s'interroger sur son sens –mais ce serait avoir mal lu la Cantatrice chauve. En effet, la pièce met à mal toute notion de valeurs et ridiculise cette prétention qu'ont les hommes de vouloir donner du sens à ce qui n'en a pas. Aucun personnage n'est comique dans cette pièce : c'est la condition humaine qui l'est, sa terreur du vide qui la pousse à déployer toutes sortes de ruses pour se justifier d'être.


Alors que la démonstration aurait pu se perdre dans de longs paragraphes, Ionesco parvient à utiliser la forme très appropriée du théâtre pour nous transmettre cette réalité fondamentale et, ce qui n'est pas négligeable, il parvient à le faire avec toute la légèreté et la finesse d'esprit qui siéent à la comédie. Volonté d'ajouter que, même si tout ce à quoi nous accordons de l'importance n'en a pas véritablement, rien ne sert de nous en formaliser, et mieux vaut prendre cette réalité avec légèreté et décontraction. de toute façon, le contraire ne résoudrait en rien l'absurdité du monde que l'on retrouve toute condensée dans la Cantatrice chauve

- La leçon -

Les personnages sont universels : l'élève, le professeur. Sans difficulté, le lecteur pourra s'identifier à l'un ou à l'autre. Votre préférence se portera-t-elle plutôt sur la figure de l'élève, jeune fille modèle, sûre d'elle et brillante ? Ou plutôt sur la figure du professeur, doux et prudent à la manière de ceux qui n'ont pas confiance en eux et qui cherchent coûte que coûte à se faire apprécier des autres ?
Ne réfléchissez pas longtemps au choix que vous allez faire : de toute façon, les rôles s'inverseront vite et l'élève deviendra de plus en plus piteuse, ignorante, écrasée par le totalitarisme d'un professeur qui pense pouvoir étaler son tyrannisme à mesure qu'il révèle son savoir. La possession de connaissance lui donne-t-elle le droit de s'imposer de cette façon ?

On pourrait débusquer, derrière la pièce de la Leçon, une réflexion sur le lien entre culture et barbarie. Avec Ionesco, les enjeux ne sont heureusement jamais annoncés aussi abruptement, d'autant plus qu'au spectateur, les connaissances du professeur sembleront totalement erronées. Se succède en effet une litanie d'affirmations fumeuses et délirantes concernant les fondamentaux des maths, des langues ou de la prononciation. La logique perd sa suprématie au profit des jeux de mots et des confusions engendrées par l'ambiguïté du langage. L'élève reçoit cet enseignement saugrenu sans broncher, avec une crédulité qui ressemble fort à celle qui pouvait être la nôtre lorsque nous partagions encore sa position. de cette façon, Ionesco parvient à remettre en question les acquis fondamentaux de nos connaissances. Comment pouvons-nous être sûrs que deux et deux font quatre, si ce n'est qu'un homme l'a dit une fois et que personne n'a encore réussi à le démentir, par manque de preuve contraire ?

Là où la comédie cesse de nous faire rire, c'est lorsque le professeur justifie sa violence destructrice par le fait qu'il est le représentant du savoir. Mais que vaut cette légitimité si ce savoir qui le caractérise n'a aucune valeur ?

Ionesco réussit une nouvelle fois à ébranler nos certitudes en nous partageant entre le rire et la stupéfaction. Il laisse désemparé et nous remue en nous confrontant à des personnages aussi perdus et dérisoires que nous.
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Ce recueil comporte deux oeuvres : La cantatrice chauve, que l'auteur nomme "anti-pièce", et qui est me semble-t-il sa pièce la plus jouée au théâtre. Oeuvre totalement absurde, donc répondant point par point à la recherche de l'auteur. Il faut saluer le jeu des acteurs, qui sont confrontés à un texte très difficile à mémoriser, car les dialogues, qui ne semblent aucunement reliés, font figure de monologues, phrases sans suite, sans queue ni tête. Une véritable cacophonie, sans début ni fin, qui peut être rejouée à l'infini. Oeuvre déstabilisante, qui démontre le génie de son auteur.
La leçon, seconde pièce, de l'ouvrage est qualifiée par Eugène Ionesco, comme étant un drame comique. Elle est bien plus abordable, plus classique, car il y a un fil conducteur, une histoire, mais elle est très sombre, faite de manipulation et de violence.
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Voila très certainement une pièce plus agréable à écouter qu'à lire. Les dialogues et les situations sont totalement absurdes, et certainement très drôles mais je n'ai pas pris un plaisir particulier à lire cette pièce...
Je suis tout de même heureuse de l'avoir dans ma bibliotheque car elle reste une oeuvre marquante et avec des messages forts !
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J'étais trop jeune lorsque j'ai lu cette pièce la première fois.
Je devais interpréter le pompier, anxieux à la peur du trou de mémoire dans le monologue du “rhume”.

A l'époque, je n'avais pas percuté sur le caractère non sense à l'anglaise du texte dont le final partait “en sucette” : “Sainte Nitouche touche ma cartouche.”

Présentée comme une anti-pièce par Eugène Ionesco, elle développe son théâtre de l'absurde : “Prenez un cercle, caressez-le, il deviendra vicieux !”, influencé par la méthode Assimil.

Depuis, je suis allé au théâtre de la Huchette, où la pièce se joue sans discontinuité depuis 1957, pour apprécier ce texte. Elle détient le record du monde du nombre de représentations, plus de 18 000 et 2 millions de spectateurs dans une même salle de 90 places, et j'en fus.

J'ai relu récemment cette courte pièce, annotée par la metteuse en scène de mes vingt ans.
Un petit article était glissé avec l'interview de la cantatrice à Sedan, par le journaliste de “L'Ardennais”du 04 novembre 1971 : “j'ai réussi à m'accepter telle que je suis et je ne me ferai pas de cheveux blancs avec ma calvitie. Tout chauvinisme mis à part, j'en suis même fière.”

Endossant aujourd'hui mon costume de soldat du feu devenu étroit, je peux interroger sans discrimination : "À propos, et la cantatrice chauve ?” et Mme Smith de répondre : “Elle se coiffe toujours de la même façon."




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