L'oeuvre de Dieu, la part du diable

-- Ne fais pas le morveux avec moi! cria Melony, son visage nu soudain baigné de larmes. Tu as le nez au vent - je ne me suis pas trompée sur ce point. Mais missionnaire ? Non. Tu es un sale con! Tu as fichu en cloque une gonzesse que tu n'aurais jamais dû baiser au départ, et tu n'as même pas été capable d'agir proprement vis-à-vis de ton gosse. Tu parles d'un missionnaire! Quelle bravoure, hein ?

A quoi servent des bâtiments abandonnés ? se demandait le dr Larch - sinon à ce que des gosses les saccagent un peu ?

A son arrivée à Portland, il avait bien fait le tout de la question. Il était obstétricien ; il délivrait des enfants dans le monde. Ses confrères appelaient cela l"oeuvre de Dieu". Et il était avorteur ; il délivrait aussi des mères. Ses confrères appelaient cela l'"oeuvre du Diable" , mais pour Wilbur Larch tout était l'oeuvre de Dieu. Comme Mme Marxwell l'avait fait observer : "l'âme du vrai médecin ne saurait être trop vaste et trop complaisante".

It's not right to hurt or deceive someone who's already been hurt and deceived.

Les raisons pour lesquelles les orphelins doivent être adoptés avant l'adolescence ? C'est qu'ils ont besoin d'être aimés et d'avoir quelqu'un à aimer, avant de s'embarquer dans cette phase nécessaire de l'adolescence, à savoir : le besoin de tromper. L'adolescent découvre que le mensonge est presque aussi séduisant que le sexe et beaucoup plus facile à pratiquer.

L'adolescence. N'est-ce pas la première fois dans l'avoir où nous découvrons que nous avons quelque chose de terrible à cacher à ceux qui nous aiment ?

La sécurité se mesure au nombre de promesses tenues. Chaque enfant comprend une promesse (à condition qu'elle soit tenue) et attend avec joie la promesse suivante. Chez les orphelins, la sécurité se construit avec lenteur mais régularité.

Il faut faire ce qu'il faut, répondit Homer Wells.

Le Dr Larch lui fit observer que Melony avait emporté Jane Eyre; il considérait ce geste comme un signe de bon augure - partout où elle irait, Melony ne serait pas sans guide, ne serait pas sans amour, ni sans foi; elle avait un bon livre avec elle. Si seulement elle continuait de le lire et de le relire...se dit Larch.

Dans d'autres parties du monde...