John Irving est un exceptionnel conteur et fin observateur des âmes humaines, ça, tout le monde le sait… à voir ses succès réitérés en librairie, et le très large public qu'il touche plus ou moins à chaque fois. Sa notice wikipedia reprend l'ensemble de ses thèmes récurrents dans un tableau, cochant ou non leurs présences dans chaque livre de sa bibliographie.
On sait donc plus ou moins à quoi s'attendre à chaque nouveau livre, agaçant ou confortant chaque lecteur, selon ses velléités pour l'innovation. Je ne vois pas où se situerait de problème, tant son univers foisonne d'interrogations dont il ne ferra jamais complètement le tour. Cette magie opère plus ou moins à chaque fois… avec ce livre, je le trouve au sommet de son art.
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Présenté comme son livre le plus « compliqué » (toujours sur cet encyclopédie numérique gratuit), j'y substituerais « ambitieux », tant je n'y ai rencontré aucune difficulté; sa structure remplies de digressions est aussi évidente que ses nombreux personnages sont complexes, questionnant frontalement cette « réalité qui dépasse la fiction », ou son contraire…
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Années 90, grande liberté de ton, que permettait l'époque, il avance sans condescendance, appelant un chat un chat, voyant à chaque fois l'ours dans les fromages que se racontent les gens. Champagne.
Amoureux des déracinés, des déclassés, des désorientés, sans jamais les prendre pour autre chose que des hommes et des femmes.
Personne ne viendra lui chercher des noises, tant ses livres suivants, certains plus consensuels, sont venus confirmer son farouche humanisme, témoin du monde, de ses différences culturelles parfois issues simplement de l'ignorance de l'autre.
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Un docteur presqu'aussi inoubliable que le gynécologue de «
L'oeuvre de Dieu, la part du Diable », de l'humour et d'habiles zones d'ombres… et cet avant-propos de l'auteur, précisant, pour mieux brouiller, l'intention de ce roman EN Inde et non pas SUR l'Inde…