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"Quand nous étions orphelins" est le deuxième roman que je lis de l'auteur et comme précédemment avec "Auprès de moi toujours" je suis une fois encore tombée sous le charme de son écriture envoûtante qui sait si bien matérialiser les émotions humaines.

Kazuo Ishiguro nous livre un très beau roman sur le passé volé, le temps qui passe, la mémoire, qui elle reste, restera toujours... Un roman dans lequel la fiction historique se mêle élégamment au genre romanesque, dont le récit chronologique qui se déroule sur plusieurs décennies subit de nombreux bouleversements (l'auteur utilise des procédés tels que le flash-back et l'anticipation pour notre plus grand plaisir).

Le personnage principal, Christopher Banks qui est aussi le narrateur, nous restitue son histoire petit bout par petit bout, un peu à la manière d'un journal ou d'une correspondance, à des périodes charnières de l'Histoire : de l'Angleterre d'avant-guerre des années 30 dont il nous dresse le portrait édifiant de l'élite mondaine de l'époque, au conflit sino-japonais qui opposa l'Armée impériale japonaise à l'Armée révolutionnaire chinoise de juillet 1937 à septembre 1945.

J'ai été emportée par l'histoire de l'homme mais aussi par celle du petit garçon anglais expatrié à Shanghai, la ville des concessions internationales, que sa famille surnomme affectueusement "Puffin" qui, du jour au lendemain se retrouve orphelin et déraciné et qui, de nombreuses années plus tard alors qu'il vit en Angleterre et est devenu un détective reconnu par ses pairs, va se replonger dans l'histoire de sa famille pour tenter de comprendre et d'élucider la mystérieuse disparition de ses parents.

J'ai foulé avec Christopher les décombres de Shangai après le premier bombardement par l'aviation Shőwa en août 1937, en quête de son passé. J'ai rencontré l'oncle Philip, Akira (son ami d'enfance), la mystérieuse Sarah aussi et bien d'autres personnages encore que l'auteur n'hésite pas à faire disparaître pour mieux réapparaître au gré de son récit dont certaines périodes nous sont volontairement passées sous silence, ne faisant qu'accroître notre curiosité au fil des pages.

Avec ce roman Kazuo Ishiguro rend un hommage vibrant à la ville de Shangai, il nous en offre une vision multiple qui souligne incontestablement le début de l'ère Shőwa. Mais ce roman est avant tout l'histoire d'un amour manqué, d'une amitié pure et innocente entre deux petits garçons, qui nous montre combien les souvenirs sont importants car ce sont eux finalement qui construisent nos vies.

Que dire de plus... Que ce roman restera gravé en moi comme le souvenir d'un merveilleux voyage que j'aurais fait durant les quelques jours d'un mois d'avril 2020, au contexte si particulier, et qu'il m'aura permis, le temps d'une lecture, d'avoir la douce illusion d'être libérée de mon confinement.

"Lire, c'est voyager ; voyager, c'est lire."
(Victor Hugo - Choses vues)
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De son enfance à Shanghai, Christopher Banks a gardé le souvenir de son amitié avec son voisin Akira, un japonais vivant comme lui dans la concession internationale. Leurs jeux, leurs rires, leur rivalité, leurs frayeurs enfantines lui reviennent souvent à la mémoire, baignés par la nostalgie d'une époque révolue, insouciante et gaie. Mais c'est aussi un terrible drame qui vient hanter ses souvenirs heureux : la disparition de ses parents, sans doute kidnappés par des trafiquants d'opium dont ils combattaient vigoureusement le commerce. Christopher avait 10 ans. Rapatrié en Angleterre, auprès d'une vieille tante, il a fréquenté les meilleures écoles pour devenir un membre respecté de la bonne société anglaise et un détective réputé. Mais ce n'est qu'en 1937, soit trente ans après les faits, qu'il décide de retourner en Chine pour retrouver ses parents qui, selon lui, sont toujours vivants et retenus quelque part à Shanghai. Alors qu'il vient de recueillir une jeune orpheline, il laisse tout derrière lui, persuadé de pouvoir résoudre enfin ce mystère. Sur place, la situation est instable. La guerre sino-japonaise bat son plein, un conflit mondial se profile mais Christopher ne dévie pas de son projet et affronte tous les dangers pour tirer ses parents des griffes de leurs ravisseurs.

Encore un magnifique roman de Kazuo Ishiguro qui se penche ici sur les blessures de l'enfance. On y suit le cheminement d'un homme qui semble avoir réussi sa vie. Il évolue dans le beau monde, est à l'aise financièrement, profite d'une excellent réputation en tant que détective, et pourtant...Christopher Banks, malgré sa réussite, n'est pas un homme épanoui, la cicatrice laissée par la disparition de ses parents ne s'est jamais refermée, le laissant comme extérieur à sa propre vie. Quand il décide de se confronter à son passé, reviennent les souvenirs, parfois biaisés par le temps, de son petit monde préservé dans la concession internationale de Shanghai. C'est l'occasion pour Ishiguro d'évoquer le mode de vie des étrangers en Chine : sociétés bien implantées, villas luxueuses dans un quartier réservéé, accointances avec les chefs de guerre pour partager les bénéfices du trafic d'opium et asservir la population locale par la dépendance aux drogues. Enfant, Christopher ne savait pas grand chose des activités de ses parents mais il les soupçonnait d'être impliqués dans la lutte contre ce trafic. Adulte, d'autres vérités lui apparaissent, des non-dits, des mensonges, des trahisons. Il va évoluer dans une ville qu'il ne reconnaît plus, au milieu d'expatriés qui continuent de mener la grande vie malgré les canons japonais qui grondent et un pays qui se déchire entre partisans de Tchang Kaï-chek et communistes. Il reste pourtant fidèle à sa quête jusqu'à découvrir l'entière vérité.
Roman mélancolique porté par l'écriture toute en ellipses d'Ishiguro, Quand nous étions orphelins parle à chacun d'entre nous pour ce qu'il dit d'universel sur l'enfance, la perte d'êtres chers, la recherche de soi-même. Une pépite.
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« Auprès de moi toujours » reprenait les codes de la S.F., « Quand nous étions orphelins » ressemble à un roman policier aimablement anglais et suranné avec son club des hashishins, sa femme fatale, ses disparitions mystérieuses et son enquêteur tiré à quatre épingles quoique toujours flanqué de sa loupe.
« Auprès de moi toujours » raconte la peur de quitter l'adolescence, « Quand nous étions orphelins » narre la perte de l'enfance. Certes le héros surmonte des épreuves, il vieillit, regarde sa fille (adoptive) avec tendresse, mais loin d'être un roman de formation, ce livre, de retours en arrière en flash-back ne cesse d'exalter la douceur des premières années.
L'enquêteur rente de résoudre l'enlèvement de ses parents. Chacun compte sur lui; lui seul peut éviter l'apocalypse. Et pourtant, quel piètre policier : si peu intuitif, si maladroit, totalement hermétique à l'humour, sérieux comme seul peut l'être un petit enfant, il remonte le fil du temps et veut moins retrouver ses parents que l'éblouissement de ses huit ans, quand les mères étaient belles, les pères affectueux et les amis débordant d'imagination.
Des parents qui vous laissent orphelins, c'est là bien sûr une déflagration aussi terrible qu'une guerre mondiale. Mais, à vouloir percer le secret des origines, Christopher n'apprend rien, sinon les vilains secrets des adultes dont il se serait bien passé. Il ne rencontrera ni l'amour ni la jouissance, passera à côté de sa vie, tentera désespérément de reprendre les jeux de son enfance là où il les avait laissés. Mais le monde, lui, a changé et Christopher ne pourra éluder la souffrance.
Comme d'habitude, le style vaporeux de l'auteur joue avec les nerfs de son lecteur sidéré par tant de cruelle beauté. Ishiguro mon amour!
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Nous ne saurons rien des indices, de l'enquête menée par le célèbre Christopher Banks, sur la disparition de ses parents dans le Shanghai des années trente, sinon qu'il s'est bien planté!

La force d'Ishiguro ici est de raconter, 'old style' à la Conan Doyle, bien construit, limite décousu.

Concession internationale de Shanghai ou quartiers chinois pendant la guerre sino-japonaise, ça sent terriblement le vécu.
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J'avais déjà lu et apprécié " Lumière pâle sur les collines" et " Les vestiges du jour", je me suis donc lancée avec enthousiasme dans cette lecture.

Le roman tient à la fois de l'enquête policière, du récit d'enfance et de la chronique sociale d'un lieu et d'une époque bien particuliers: la concession internationale à Shanghai, depuis les années vingt jusqu'aux années quarante.

Christopher Banks, le narrateur, vit à Londres et est devenu un détective célèbre. Sûrement, sa vocation vient-elle d'un traumatisme de son enfance: ses parents anglais, avec qui il vivait à Shanghai, ont disparu l'un après l'autre ( au sens concret du terme, ils semblent avoir été kidnappés et l'enquête n'a rien donné ) , le laissant brutalement seul. Il a alors rejoint sa tante en Angleterre.

Le livre démarre en 1930 puis évoque l'année 1937, lorsqu'il décide de retourner a Shanghai dans l'espoir de retrouver ses parents. L'épilogue est daté de l'année 1958.

C'est justement à la fois le charme et le côté un peu confus de ce livre, ce mélange des époques, les flash-black sont nombreux, ils évoquent soit la petite enfance du narrateur,avec notamment les jeux en compagnie de son ami d'origine japonaise, Akira, ou des faits plus récents, au gré de ses pensées.

On sent , à travers les évocations du passé, le désarroi de toute une vie, pour ce petit garçon, qui , à dix ans, perd ses deux parents, de façon inexplicable.

J'ai suivi avec grand intérêt son parcours et ses investigations, ses espoirs et ses déceptions. De plus, ayant visité Shanghai et le Bund, j'essayais de me représenter un peu la ville dans ces années -là. La violence de la seconde guerre sino-japonaise, le mépris des occidentaux installés sur place pour les chinois, le commerce de l'opium, tout est bien retranscrit et le style est fort agréable.

Une quête nostalgique et obsédante que l'on accompagne de toute notre empathie. A lire!
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Ma lecture des Vestiges du jour s'est révélée fort décevante, c'est donc avec un brin d'appréhension que j'ai ouvert Quand nous étions orphelins..... je suis conquise.
Christopher Banks a réalisé son rêve. Il se voyait, enfant, devenir un grand détective. C'est chose faite. Il lui reste cependant une affaire à élucider, ses parents ont disparus à quelques mois d'intervalle. D'abord son père a été enlevé, puis ce sera le tour de sa mère. Il est alors rentré en Angleterre chez sa tante , est allé à Cambridge, s'est installé à Londres où il vit à l'aise grâce à son héritage.
Mais Christopher n'a pas oublié Shanghai, la ville où il est né, la Concession internationale, et surtout Akira, son voisin et ami, celui avec qui il a passé des heures à courir, jouer, rêver de leur futur. Les années passent et puis un jour il se décide à retourner à Shanghai et à découvrir la vérité.
Nous sommes en 1937 et la ville que Christopher Banks retrouve est à la fois la même et bien différente de celle de ses souvenirs. Les japonais sont là offensifs et belliqueux, Chiang Kaï-shek leur tient tête. Et impassibles, les "étrangers" assistent aux combats, essayant pour la plupart de tirer les marrons du feu.
Christopher est horrifié, le monde qu'il imaginait n'était qu'utopie et ce qui se prépare sera terrible. Kazuo Ishiguro nous entraîne sur les pas de Christopher dans la "garenne", cette zone de ruines et de sang entre les 2 zones de front. Pourquoi, pour qui? éternelles questions qui se posent quand des conflits éclatent questions auxquelles pourront sans doute répondre les historiens quand l'heure de l'Histoire aura sonnée.
Second volet de ce récit et non le moindre,quelle place l'enfance occupe t'elle dans la vie d'un homme devenu adulte? L'amitié qui s'est nouée entre Akira et Christopher est une amitié à la vie à la mort, sans jeu de mots. La plume de Kazuo Ishiguro sait se faire tendre, timide, intrépide, complice, un véritable régal.
Quand nous étions orphelins est un magnifique roman, un hymne à l'enfance et une question lancinante: si rendus à l'âge adulte nous étions orphelins de notre enfance?



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J'ai été conquise par la plume de Kazuo Ishiguro dont la prouesse est de rendre vivantes les émotions des personnages auxquels on s'attache dès les premières pages. Comment résoudre les énigmes des autres ou encore celles des moments présents quand celle à laquelle on est concernée, celle qui perturbe l'équilibre de notre être, reste tout crument vive au fond de soi pour n'avoir eu aucune issue de sortie, celle qui empêche toute réconciliation avec le passé….
Quand nous étions orphelins est un roman qui parle d'une remontée violente du passé qui, attendant paisiblement son heure, pour mordre l'ombre de notre héros...
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"Une fois devenu adulte, notre enfance nous devient comme une terre étrangère".
Une terre que le héros de ce magnifique roman va s'efforcer au mépris de sa vie de retrouver, convaincu à tort ou à raison de ne l'avoir jamais quittée.
Cette terre, c'est la mythique, cosmopolite et décadente Shanghai des années trente, dont Christopher fut éloigné à la disparition brutale de ses parents et vers laquelle il reviendra des années plus tard, fort de son expérience et son aura de célèbre détective acquise dans la bonne société londonienne, lesté de son vécu d'orphelin déraciné et de ses souvenirs d'enfance auprès d'Akira son ami japonais, déterminé à retrouver la trace de ses parents et lever le mystère sur leur disparition. Mais nous sommes alors à la veille de la deuxième guerre mondiale, les combats font rage entre Chinois et Japonais et depuis cette ville le monde s'apprête à basculer dans un futur aussi vertigineux et douloureux que l'exploration de Christopher de son passé.
Encore une fois c'est un joyau exquis, troublant et déchirant que nous propose Kazuo Ishiguro avec ce destin d'enfant contrarié par les violences d'une histoire coloniale délétère et monstrueuse derrière les apparences respectables. Comme toujours avec l'auteur la plume est absolument parfaite, et la maîtrise du récit éblouissante tandis qu'il nous embarque subrepticement dans le troisième tiers du roman dans un univers étrange qui dénonce autant la crudité de la réalité historique de l'époque qu'il révèle la psyché tourmentée d'un personnage victime de ce contexte.
Plus je découvre ses oeuvres plus j'apprécie cet auteur subtil et raffiné, ancré dans son temps, sa culture et son histoire.
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C'est un roman d'un auteur que j'apprécie et j'ai pris mon courage à deux mains pour le lire dans la langue originale. Certes, ça m'a pris un peu de temps mais l'écriture et le vocabulaire sont assez simples pour que je n'aie pas eu recours au dictionnaire. Bref, dès l'abord je suis entrée dans le roman. L'auteur a su m'embarquer dans un lieu que je ne connais pas (Shanghaï) à une époque que je n'ai pas vécue (avant-guerre) si ce n'est à travers Tintin et le lotus bleu…. Par contre, les jeux d'enfants et la façon dont ceux-ci perçoivent les événements, les conversations de adultes, c'est quelque chose dont j'ai un bon souvenir et que Kazuo Ishiguro rend à merveille. Cet aspect-là est donc très réussi. Très réussi aussi, le développement de la relation entre Christopher et Sarah. Je n'en dirais pas autant de l'enquête que je qualifierai de nébuleuse et les moyens qu'a pris notre héros pour la mener, plutôt douteux. Elle a le mérite de servir de fil conducteur à l'ensemble et de nous amener dans des espaces-temps inhabituels. J'ai retrouvé certains thèmes chers à l'auteur, tels la difficulté pour tout un chacun d'échapper à un certain atavisme, pour ne pas dire destin qui nous amène à rater les rendez-vous notre propre histoire. En résumé, un bon cru qui m'amènera sans aucun doute à poursuivre l'exploration de cet auteur, si possible en V.O.
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Roman empreint de nostalgie d'une vie broyée, de valeurs familiales mises à mal, d'un monde ayant vécu sur une période allant d'avant la seconde guerre mondiale, jusqu'aux années 50.
Recherche de personnes, recherche de mémoire, devoir de mémoire, ce livre est une ode à la vie, même si parfois elle est dure envers celui qui lui fait confiance.
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