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EAN : 978B085NYHQSP
Grasset (31/12/2020)
2.94/5   9 notes
Résumé :
« Je me suis rappelé le jour où nous avions dîné tous ensemble et où mon père avait allumé son cigare à la fin du repas. Ma mère nous a rejoints au salon et a pensé à haute voix : « On est là tous les quatre… les choses qu’on a vécues… » Silencieux, le regard perdu, tous deux souriaient à demi. Oui, la famille avait survécu. »

C’était avant Bardot et les starlettes, avant que Spielberg, Coppola ou Jarmusch ne débarquent sur la Croisette, avant les bat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Cette lecture date un peu puisque j'ai tardé à rédigé un billet.
Peut-être était-ce un signe, car en effet, ce récit ne m'a pas trop convaincue. Je ne suis pas parvenue à ressentir une quelconque empathie pour cette famille et pour le petit garçon qu'était Gilles au début du récit. le ton est froid, distant... Lu entre Didier Eribon et Roukiata Ouedraogo, difficile de ce sentir concerné par ce nouveau récit autobiographique ! Les seuls moments où j'ai été touchée sont ceux où l'auteur évoque son épouse.

J'ai par ailleurs été gênée par cet a priori faisant de la trajectoire de Gilles Jacob celle d'une ascension sociale exemplaire. Car en effet, l'auteur ne passe pas directement de la grande précarité à la présidence du festival de Cannes internationalement connu. On perçoit tout au long du livre combien le capital culturel et économique de sa famille ont pu être des leviers et des atouts tant dans sa carrière qu'aux moments tragiques de la Seconde Guerre Mondiale. Tous les enfants à ce moment n'ont pas eu la possibilité d'être pris en charge par un réseau de résistants et de poursuivre leur scolarité dans un établissement religieux. Tous n'ont pas eu ensuite l'opportunité de s'inscrire à la Libération au fameux lycée Louis le Grand. Cela n'enlève rien aux souffrances vécues par cette famille, dont le père est fait prisonnier en Allemagne pendant la guerre et la mère doit subvenir aux besoins de ses enfants et veiller à leur sécurité.

Cependant, ce capital familial, dont l'auteur ne semble pas avoir conscience, contribue me semble-t-il, à la mise à distance du lecteur. Les parties de tennis à proximité de la propriété familiale normande de la famille m'ont paru un peu cliché. Toutes les familles n'ont pas non plus leur prix Nobel... Mais peut-être est-ce de la réserve ou de la timidité venant de quelqu'un qui m'a semblé finalement, à la lecture de ce livre, comme étant modeste et accessible.

Je n'en dirai pas plus car ma lecture date, mais j'en ai gardé une impression mitigée.
Lien : https://itzamna-librairie.bl..
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Gilles Jacob se raconte , se souvient de sa petite enfance dans les années 30 , de son adolescence sous l'occupation et de sa fuite devant les tortionnaires nazis , lui le petit juif puis sa carrière professionnelle et ses démêlées avec son père .
C'est très bien écrit mais j'ai trouvé ce récit froid mis à part quelques lignes où il parle de son épouse et de ce fait je n'ai guère ressenti d'empathie à sa lecture .
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Quand on était fatigués de refaire le monde, on partait à vélo au Tennis club.
Mon plus grand plaisir en ce temps-là, c’était le tennis. Pourtant, je ne progressais guère : je jouais toujours avec les mêmes, mais ça m’était bien égal puisqu’on s’amusait et qu’on faisait partie des « bons » joueurs du club.
On y passait sa journée en des parties interminables qui se répétaient chaque jour sans qu’on ne se lasse jamais. Quand arrivait l’été, les belles demoiselles de Paris venaient se dorer au soleil où la population mâle les zieutait en faisant mine de s’intéresser à la partie. Les joueurs eux-mêmes avaient un œil sur la balle et un autre sur les gambettes des gamines aux jupes plissées jusqu’à ce que le soleil se cache ou que le jardinier atrabilaire vienne abaisser le filet au prétexte qu’une averse se préparait. Un dimanche après-midi à Villers-sur-Mer, Calvados, août 1951.
Une fois par an, il y avait le tournoi du club et je pouvais vérifier mon niveau : si j’étais fort en double, je ne passais pas plus de deux ou trois tours en simple. Je servais et me ruais au filet comme je l’avais vu faire par les grands joueurs de l’époque, à Roland-Garros, les Budge Patty et Marcel Bernard, mes idoles. Mais contrairement à eux et pour une raison que je ne m’expliquais pas, la balle me passait mystérieusement devant le nez, à gauche, à droite, par-dessus la tête et même au centre quand l’adversaire me visait méchamment, m’expédiant ses boulets de canon en pleine figure. La vérité, c’est que j’étais très fier d’une particularité qui se révéla être un handicap : je servais d’une main et je jouais de l’autre, et dans l’infinitésimal moment où je transférais ma raquette, l’adversaire me canardait et le point était perdu. Mais j’étais considéré, et fier de l’être.

À d’autres moments, nous allions nous promener, ma partenaire de tennis et moi. Nous roulions dans ma voiture sur les petites départementales du pays d’Auge sans autre but que d’être ensemble. Nous croisions seulement, sous le crachin normand, les machines agricoles de la France éternelle. Je me rendis compte que je ne prenais pas d’initiative ni elle non plus. Il nous fallait des prétextes pour nous toucher. Par exemple, je lui apprenais à conduire : M.-C. s’asseyait sur moi entre mes jambes et, à quatre mains, nous tenions le volant et changions les vitesses, elle riait, c’était divin. Jusqu’au jour où elle se froissa un muscle, nous sortîmes de l’auto, je lui massai longuement le mollet, je n’allai pas plus loin. Que souhaitait-elle ? Je l’ignorais. Et moi ? J’étais bizarre, pas décidé. À coup sûr, ses jambes me plaisaient : belles, hâlées, le galbe du muscle apparent, mais je n’étais pas certain d’aimer son visage. La pluie commença de tomber, mêlant d’indécises rigoles à des palpations qui m’émouvaient. Nous regagnâmes l’habitacle, elle rit, elle dit qu’elle était toute mouillée, qu’il était temps de rentrer. La possibilité d’une intimité plus poussée avait flotté dans l’air humide, puis le moment passa. Je la raccompagnai jusqu’à la porte de sa villa, son père ouvrit aussitôt, me regarda méchamment et je me retrouvai seul au monde. Ce n’est qu’une histoire parmi d’autres, pas nécessairement la plus importante.
Cette période m’aura, en tout cas, donné l’idée de mon premier livre, Un jour, une mouette, le roman d’un jeune homme sur la côte normande, qui sera publié chez Grasset en 1969 et que François Nourissier, le pape de la littérature à l’époque, apprécia suffisamment pour en faire son « rez-de-chaussée » dans Les Nouvelles littéraires. Ma mère m’offrira un exemplaire numéroté de ma Mouette, relié amoureusement par ses soins, que je possède toujours.
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Janvier 1924. Lénine va bientôt mourir et le zouave du pont de l’Alma a de l’eau jusqu’au coude. A.J.F. est au sec, 117 boulevard Malesherbes, 2e étage, à deux pas du parc Monceau. Le local est spacieux, Auguste et ses trois fils ont chacun leur bureau. On a installé dans la cuisine M. Liefooghe, l’employé à tout faire, le comptable, le secrétaire, le conseiller juridique. Dans les romans, l’homme de confiance à la petite moustache se barre avec la trésorerie. Lui, s’il avait fallu, aurait remis au pot sur ses économies, tant il se plaît chez A.J.F.
On se retrouvait donc le lundi dans le bureau d’Auguste et c’était à celui qui créerait l’événement, une vente à tout casser, une belle prise, un château avec ses dépendances, un bord de rivière, une forêt avec une chasse, un lieu-dit à vue splendide, une maison de notaire en centre-ville, tout était bon à prendre, tout était pris. Liefooghe notait, Auguste opinait, les frères souriaient et les deux plus jeunes s’adressaient de grandes bourrades, c’étaient les années folles.

Auguste jouait au petit paysan lorrain devenu bourgeois de Paris. Il lisait Le Temps. Il calquait son allure et ses vêtements sur ceux de la bonne société. Son plaisir, c’est d’aller se promener le dimanche au bras de sa femme avenue du Bois : il saluait les promeneurs d’un large coup de chapeau, un canotier qu’il portait en arrière. En déambulant, Jeanne et lui se taquinent : « Paris, ça te change de Colmar.
— Et toi de Vergaville… »
En être lui faisait plaisir, cela s’arrêtait là. Il ne fréquentait pas les restaurants, les boîtes à la mode, il n’allait ni au théâtre ni chez les chansonniers, pas même au Casino de Paris. Encore moins dans des bars louches comme le Fiacre, Mon Jardin ou chez Madame Arthur. En revanche, il se rendait tous les jours au bureau, au temple deux fois par semaine, chez ses enfants (dont les aînés s’étaient mariés) quand on l’invitait, et c’est à peu près tout.

Si seulement Auguste pouvait redevenir visible, je pourrais me fabriquer des souvenirs flambant neufs. Au lieu de quoi les photos le montrent tel qu’il était : carré d’épaules, bésicles et nœud papillon, une jovialité à toute épreuve, toujours avec le fameux canotier, et de son histoire que j’ai apprise tantôt de mon père, tantôt de ma grand-mère, se dégage une lumineuse leçon de vie.
Je le vois d’ici s’enorgueillir d’avoir appartenu à cette génération laborieuse qui, à force d’effort et d’acharnement, est parvenue à intégrer la classe moyenne et à faire de ses enfants des gens éduqués. Car les effets de ses sacrifices sur nos vies furent déterminants. Est-ce qu’A.J.F. a souffert de la grande crise de 1929 ? Sûrement. Il y a eu des ventes à perte, puis plus de ventes du tout, mais la famille a tenu bon. C’est alors qu’Auguste s’est frotté les mains d’avoir appliqué à la lettre son credo financier : « Être entre les mains des banques peut conduire à la ruine ; les banques, il faut leur prêter de l’argent, pas leur en devoir. » André a retenu la leçon.

Pour les historiens de l’époque, la France sortait d’une période marquée par l’optimisme de la victoire, des pans entiers de l’économie étaient à réinventer, et un baby-boom ne serait pas de trop. Sur ce dernier plan, mon père prenait son temps. Des flirts sans conséquence, des amourettes, aucune qui atteigne la cheville de Paule. Toutes étaient curieuses de savoir ce qu’il avait fait pendant ces années terribles, mais personne ne l’a jamais entendu se vanter de s’être conduit en héros. Il n’aimait pas en parler, c’est tout.
Les faits ont plus de cent ans. Si mon père était mort auprès d’un de ses canons de 75, Denise Lévy, ma mère, qu’il rencontre en 1926, aurait épousé quelqu’un d’autre et nous n’aurions pas vu le jour, mon frère Jean-Claude et moi.
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La pluie tombe sans discontinuer sur la lisière des champs et des bois, fait patauger les chevaux déjà fourbus dans une fange qui n’épargne ni les pantalons rouges ni les capotes des artilleurs. De cette couche visqueuse, le pied doit se décoller à chaque pas.
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