AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Ce que savait Maisie (30)

-- Vous êtes une lamentable petite créature de rien du tout, murmura-t-elle. Et, tournant le dos, elle s'éloigna sur la pelouse avec un grand bruit de soie froissée.
Après son départ, Maisie se laissa tomber sur le banc, au milieu du jardin désert et du crépuscule de plus en plus dense, et elle y demeura quelque temps assise à contempler l'image que la fugitive avait laissée derrière elle.
Commenter  J’apprécie          50
Attendre patiemment, et surtout attendre son retour chez sa mère, parut à Maisie un procédé de longue haleine ; cela lui rappelait tant de promesses qui lui avaient été faites pour le jour où elle serait sage, et qui, en dépit de toute la sagesse possible, n'avaient pas encore été tenues.
Commenter  J’apprécie          10
Seul un tambour dans une ballade ou dans un conte aurait pu se trouver ainsi au cœur de la mêlée. Elle était prise pour confidente par des passions sur lesquelles elle fixait le même regard ébahi qu’elle aurait pu avoir pour des images se poursuivant sur un mur à travers une lanterne magique. Son petit univers était une fantasmagorie : des ombres étranges dansant sur un drap. On eût dit que le spectacle se donnait pour elle : petite enfant de rien du tout un peu intimidée dans ce grand théâtre obscur. Bref, l’expérience de la vie lui était prodiguée avec une largesse à laquelle l’égoïsme des autres trouvait son compte, et seule l’innocence de sa jeunesse pouvait détourner le danger.
Commenter  J’apprécie          00
«Vous avez l'oeil américain, ma chérie! Oui il y a de l'argent, ici! des masses d'Argent.»
Commenter  J’apprécie          100

- Comment faire? demanda Maisie, toute surprise. Maman ne m'aime pas , dit-elle ensuite très simplement. Non, elle ne m'aime pas.

En dépit de son âge, sa longue petite histoire tenait dans ces mots, et il était aussi impossible de la contredire que si elle avait été une vénérable aïeule.
Commenter  J’apprécie          190
[...] ... Mais Ida lui arracha la suite :

- "Vous espériez, monstre que vous êtes ?

- Que c'était lui qui était à Douvres et qu'il allait vous emmener. Je veux dire : en Afrique du Sud," dit Maisie avec un autre sanglot.

La stupeur d'Ida fut telle qu'un silence prolongé au-delà de toutes possibilités s'ensuivit, de sorte que Maisie put non seulement se demander ce qui allait suivre, mais encore voir disparaître l'un après l'autre les précédents symptômes de générosité. Madame n'était plus devant elle qu'un grand mirage majestueux et sombre, mais sa colère demeurait comme toujours pleine de ressources et de variété. Ce à quoi Maisie s'attendait le moins fut donc ce qui arriva. Sa colère se fondit peu à peu dans le crépuscule jusqu'à se changer en pitié, et la pitié trouva bientôt un ton accordé au bruit sec du porte-monnaie se refermant pour la seconde fois. Madame y avait remis ce qu'elle venait d'en sortir.

- "Vous êtes une lamentable petite créature de rien du tout," murmura-t-elle. " Et, tournant le dos, elle s'éloigna sur la pelouse avec un grand bruit de soies froissées. ... [...]
Commenter  J’apprécie          50
[...] ... Mais qu'était donc Maisie, et, autre face du même problème, qu'était donc maman ? Il lui fallut du temps, et deux ou trois expériences désagréables, pour se rendre compte qu'il ne fallait pas faire allusion à la jeunesse de maman. Elle en vint même à se demander un jour, en présence de cette dame aux traits marqués et aux colorations violentes, si personne d'autre qu'une petite fille eût jamais songé à la traiter de jeune femme. Mais si maman n'était pas jeune, elle était donc vieille ; et cette lumière nouvelle éclairait bizarrement le mariage de maman avec un jeune homme. Mr Farange, lui, était plus âgé encore, Maisie le savait bien, et elle finit par comprendre que, si Mrs Beale était plus jeune que Sir Claude, papa était de beaucoup plus âgé que Mrs Beale. Ces découvertes déconcertantes ajoutaient à la confusion d'idées chez l'enfant : aucun de ces gens, semblait-il, n'avait l'âge qu'il aurait dû avoir. C'était surtout vrai de maman, et elle se réjouit davantage de n'avoir pas discuté avec Mrs Wix le degré d'affection que Sir Claude portait à sa femme. Elle sentait bien qu'en se contentant d'étudier le jeu des passions dans le cœur de Madame, elles avaient toutes deux été guidées (et surtout Mrs Wix) par une espèce de délicatesse, et peut-être de honte.
Commenter  J’apprécie          20
Comment un tel homme pouvait-il trembler si souvent ? Elle comprenait enfin qu’il existait une chose qu’un homme comme lui pouvait craindre par-dessus tout : il pouvait avoir peur de lui-même. Quoi qu’il en soit, il avait peur en ce moment, et cette peur regorgeait pour elle de douleur, de beauté, de détresse ; cette peur se servait de café et de tartines, parlait et riait, mais ses paroles et ses rires ne trompaient pas Maisie. La peur était dans sa voix moqueuse, traînante et fausse, dans cette façon qu’il avait eue de l’emmener au café pour imiter leurs anciens passe-temps de Londres, pour imiter en somme un état de choses qui entre eux avait complètement changé, et qu’elle avait vu changer sous ses propres yeux, quand, la veille dans le salon, Mrs. Beale s’était soudain dressée devant elle. Mrs. Beale continuait d’ailleurs de se dresser devant elle, en ce moment, et avant que leur café ne fût servi, l’enfant en était venue à poser sans détours la question que les quelques mots qu’il avait proférés en arrivant lui permettaient de risquer :
– Est-ce que nous allons déjeuner à midi avec Mrs. Beale ?
Commenter  J’apprécie          10
Grâce à ce fort sentiment de l’immédiat, qui constitue la vraie atmosphère de l’âme enfantine, le passé, dans chaque alternative, devenait pour elle aussi vague que l’avenir ; elle s’abandonnait tout entière à l’actualité avec une bonne foi qui aurait dû toucher le père comme la mère. Si cruels qu’eussent été leurs calculs, ils furent d’abord justifiés par l’événement : elle était bien le petit volant empenné qu’ils pouvaient sauvagement se lancer l’un à l’autre. Tout le mal qu’ils étaient capables de penser, ou de prétendre penser l’un de l’autre, ils le versaient dans sa petite âme gravement attentive comme dans un réceptacle sans fond, et chacun d’eux se croyait sans doute obligé en toute conscience à l’instruire de la triste vérité, pour la sauvegarder de l’influence de l’autre. Elle était à l’âge où toutes les histoires sont vraies, et où toutes les idées sont des histoires. L’actuel était absolu, le présent seul existait.
Commenter  J’apprécie          10
L’esprit de sa jeune amie n’avait jamais tant travaillé qu’en cette minute où elle se trouvait obligée de se demander quels avantages Mrs. Beale comptait ainsi obtenir. Durant la période de l’omelette aux rognons et du poulet sauté, Maisie hésitait encore quant à l’endurance dont Mrs. Wix allait faire preuve, cependant que la seule survivante des quatre pères et mères de Maisie bavardait aimablement avec la gouvernante. C’était étrange, mais Maisie se sentit dès cet instant aussi intéressée à l’avenir du sens moral de Mrs. Wix, que Mrs. Wix avait pu l’être au sien ; elle venait de comprendre que la bonne dame se trouvait avoir à résister cette fois à une tentation toute nouvelle. Dans les circonstances présentes, c’était bien plus difficile pour Mrs. Wix d’avoir à résister à Mrs. Beale elle-même qu’à l’image que Sir Claude présentait d’elle. Maisie sentit que les derniers événements (quelle que fût leur nature), risquaient d’avoir des conséquences bien plus grandes qu’elle ne s’y était attendue.
Commenter  J’apprécie          00






    Lecteurs (659) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les Chefs-d'oeuvre de la littérature

    Quel écrivain est l'auteur de Madame Bovary ?

    Honoré de Balzac
    Stendhal
    Gustave Flaubert
    Guy de Maupassant

    8 questions
    11144 lecteurs ont répondu
    Thèmes : chef d'oeuvre intemporels , classiqueCréer un quiz sur ce livre

    {* *}