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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a, dans l'immense panorama de la littérature mondiale, un certain nombre de romans très brefs, presque des nouvelles - comme, par exemple, le Bartelby de Melville -, dont l'intérêt est inversement proportionnel au petit nombre de leurs pages. "Le motif dans le tapis" de Henry James est, à mon avis, de ceux-là. Ce n'est pas le plus connu de ses textes, et certainement pas le plus lu. Mais en moins de cent pages, et avec tout le talent qu'on lui connaît, Henry James construit là une histoire aussi intéressante qu'originale.

Combinant l'amusement et le mystère, il conduit le lecteur à s'interroger avec le narrateur sur l'essence de la littérature et sur l'existence de ce “motif” secret qui constitue(rait) la trame d'une oeuvre littéraire, cette “petite musique” - comme eût dit Proust - qui revient comme un leit motiv, de livre en livre, chez un même écrivain et en légitime le travail. Ce motif dissimulé dans le tapis des histoires et qui toujours échappe à la vigilance des critiques les plus avertis, c'est ce que l'écrivain Hugh Vereker met un jeune journaliste littéraire - notre narrateur et l'un de ses plus grands admirateurs - au défi de découvrir.

Quoi de plus intrigant pour un critique fervent que de se montrer à la hauteur du challenge proposé par le Maître ? Et nous voilà à notre tour entraînés avec le narrateur puis l'un de ses amis dans un jeu de déconstruction littéraire, avec pour objectif la résolution d'une énigme au sein de laquelle - peut-être - se cache l'ultime secret de la création romanesque. Mais les mystères intrinsèques de la littérature ne se laissent pas si facilement violer, et l'entreprise, au bout du compte, ne sera peut-être pas tout à fait sans danger…

J'ai vraiment beaucoup aimé cette histoire, ces personnages emportés par leur folle et vaine ambition, tout comme l'ironie passablement taquine de Henry James et la réflexion, aussi malicieuse que profonde, de l'un des plus grands écrivains américains sur les ressorts cachés de l'écriture. Un excellent moment de lecture, et un texte à (re)découvrir.

[Challenge Multi-Défis 2020]
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Non, ne partez pas, je ne me lance pas soudainement dans la décoration ou l'étude des ornements d'intérieurs. Derrière ce titre en trompe-l'oeil se cache un petit bijou dans lequel il est question de lecture et de critique littéraire. Et que l'on peut se procurer, lire et relire à volonté pour la modique somme de 2 euros (bientôt 3 si j'ai bien compris, dépêchez-vous...) ; somme qui n'aura jamais été aussi bien investie si l'on considère la richesse de ce texte et surtout la matière à réflexion qu'il introduit subrepticement et pour un moment dans l'esprit du lecteur. Car il y a un avant et un après la lecture de cette nouvelle, pour tout lecteur et encore plus pour celui qui se pique d'écrire des chroniques sur ses lectures.

Le héros de cette nouvelle est un jeune critique littéraire londonien, plutôt satisfait de l'article qu'il vient de publier sur le dernier roman de Hugh Vereker et tout excité de le rencontrer lors d'une soirée, persuadé qu'il louera son acuité. Mais lorsque l'écrivain lui déclare que jusqu'à présent personne n'a été capable de mettre au jour la "chose particulière" qui sous-tend toute son oeuvre, notre jeune homme n'a plus qu'une chose en tête : découvrir ce "motif caché" et se faire fort, en le révélant de hausser au firmament son prestige de critique. Une quête désespérée mais peut-être pas inutile... en tout cas pour nous qui la suivons.

La saveur de ce texte tient à ce qu'il met en lumière de la relation entre auteur, livre et critique littéraire en baladant les projecteurs d'un point à un autre sans jamais chercher à donner de réponse. On s'y demandera s'il y a toujours quelque chose de particulier et d'identique pour tous à comprendre dans un livre, si le critique doit se transformer en enquêteur ; on se frottera à la notion de valeur voire d'influence du critique littéraire que l'auteur avait tout loisir d'observer des deux côtés de la barrière. On regardera sans doute différemment l'oeuvre de certains auteurs aimés. J'avais oublié le formidable nouvelliste que fut Henry James mais je crois que ce texte est l'un de ses plus beaux échantillons. Réjouissant de bout en bout.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Hugh Vereker, romancier, prétend qu'un secret traverse toute son oeuvre.
Le narrateur, critique littéraire, va tenter de le percer sans jamais y parvenir …
Pourtant, ce secret est découvert par un autre jeune homme qui mourra sans le transmettre …

Quelle délicieuse et magnifique mise en abyme qui place le lecteur dans les pensées de ce jeune critique devenant progressivement le miroir reflétant l'impuissance de la théorie face à une lecture plus viscérale !
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Le narrateur de « L'image dans le tapis », un jeune critique littéraire, accepte avec extase, suite à la défection de son ami Corvick, d'écrire un article sur le dernier roman d'Hugh Vereker, écrivain qu'il admire et à la réputation déjà bien établie. Après la parution de cet article, il rencontre Vereker qui lui confie que l'intention générale, clé et raison d'être de l'ensemble de son oeuvre, n'a jamais été découverte ni à fortiori comprise par les critiques littéraires.

« Je ne lis pas ce qu'on écrit sur moi dans les journaux sauf si on m'y oblige et ce sont toujours vos meilleurs amis qui jouent ce rôle ! Mais il y a eu une époque où je les lisais de temps en temps, il y a dix ans de cela. Je dois avouer qu'alors les articles sur moi étaient plus idiots que maintenant mais de toute manière, il m'a toujours semblé qu'ils passaient toujours à côté de mon intention générale avec une perfection aussi admirable lorsqu'ils m'encensaient que lorsqu'ils m'éreintaient. Depuis, chaque fois que j'y ai jeté un coup d'oeil, ce fut pour découvrir qu'ils persévéraient allégrement, je veux dire par là qu'ils continuaient merveilleusement à passer à côté. »

Le jeune critique va se passionner pour la quête de ce secret, la recherche de cette intention indéfinissable, tout au long de sa vie. Vereker, sorte de double d'Henry James ici, piège-t-il ici le critique littéraire et nous avec ? N'y a-t-il aucun secret, ou bien le secret est-il bien là, attendant d'être dévoilé ?

Cette nouvelle de 1896 est un bijou dans lequel Henry James, avec tout son raffinement, sa subtilité et son goût pour l'énigme, met en scène l'affrontement entre écrivain et critiques, face à une oeuvre d'art qui ne cesse de nous échapper.
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Lu il y a quelques dizaines d'années, ce livre m'a donné de nouvelles clés de lecture et modifié ma manière d'aborder un livre. Si l'on ne trouve pas le motif, le livre est en général un peu bancale.
90 pages pour une nouvelle qui a profondément bouleversé ma vie de lecteur !
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