Mémoire de cendres, tome 2 : Coeur de pierre

Après la mort de Bernard de Lorac, la "fratrie" a explosé. Héléna grandit dans le ressentiment et la clandestinité, Guillaume se fait moine mais n'a pas renoncé à son rêve d'être bâtisseur (grosse leçon documentaire sur le compagnonnage, par la même occasion !), Richard devient châtelain à la place de son père mais reste dépendant du croisé Dun Dornaigil.
Apparition d'un personnage haut en couleur avec le faidit Isarn le borgne, pour lequel l'auteur a bien tiré parti de l'histoire cathare, de même que pour le parfait Bertrand Marty qui finira brûlé à Montségur en 1244, plus de 20 ans après les faits narrés ici.
Déjà débarrassé des maladresses de narration du tome 1, Philippe Jarbinet fait quasiment un sans fautes. C'est très bien mené, avec une intrigue tranquillement mais sûrement déroulée pour tenir le lecteur en haleine. La documentation reste irréprochable, et les dialogues de haute volée (moi qui sors de la lecture complète du Scorpion de Desberg, je mesure le fossé qu'il y a entre les deux !)
Le lettrage manque parfois de lisibilité (notamment les A qui ressemblent vraiment à des triangles).

Aux commandes du dessin et du scénario de la série, Philippe Jarbinet fait un carton plein en plongeant le lecteur dans la répression de la mouvance cathare au début du XIIIè siècle.

Il développe une intrigue complexe, mais restant lisible, et fort bien menée. Rebondissements, captures, évasions, combats, courses... tout y passe sous le crayon de Jarbinet. Il est à l'aise tant dans le mouvement que dans les paysages ou les bâtiments (châteaux-forts ou abbayes, villages).

Côté scénarion, c'est hyper plaisant. Fort bien documenté, Jarbinet mâtine les dialogues d'expressions "médiévales" qui ajoutent un petit plus à l'ensemble.

Les scénaristes-dessinateurs de talent ne courent pas les rues. Jarbinet en est un. Une série à ranger à côté des Tours du Bois-Maury ou des Aigles décapitées.

1223

Bernard de Lorac tué, c'est à Branagh Dun Dornaigil, son meurtrier, que l'évêque a confié l'administration de son château et domaine.

Pour les enfants de Bernard, les destins n'ont pas été les mêmes depuis la mort de leur père.

Richard, héritier du domaine est juste toléré par Branagh, et ne dispose d'aucun droit au château. Pour se racheter aux yeux de Rome, il s'est lancé dans la traque sanguinaire d'hérétiques à travers tout le pays. Il nourrit ainsi le secret espoir de voir l'Église lui rendre son nom et ses propriétés, tout en se débarrassant de ce rustre d'écossais mal dégrossi.

Pour les deux autres, Branagh n'a rien eu à faire, leur mère, catholique convaincue, a d'abord accueilli avec joie la mort de son hérétique de mari, avant d'exiger qu'Héléna, sa bâtarde de fille ne soit mise hors des portes du château, et ensuite, elle décida d'envoyer son cadet, Guillaume, dans un monastère.

Héléna a passé son temps à apprendre le métier des armes avec Étienne, l'ami de son père, et compte bien retrouver Guillaume avant d'entamer sa route sur le chemin de la vengeance...