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sur 137 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Sans doute faut-il mourir un peu pour renaitre à soi,"
C'est une vraie renaissance qui attend Norma, "l'entêtée" au delà des non-dits car cette renaissance la délivrera lors d'un Joyeux Noël (d'où le titre un brin ironique) le 24/12/2010, "jour de naissance" de la vérité lors des retrouvailles de sa tribu enchainée par de lourds secrets.
Alexandre Jardin, lors d'une dédicace de son récit autobiographique Des gens très bien (dévoilant des secrets de famille sulfureux) a rencontré la "solaire" et "magnifiquement vulnérable" Norma qui lui fait écrire sur la page de garde à Norma "qui a été violée" et lui balance tout à trac qu'elle a été également intenée.Elle l'invite sur son île de Bretagne, en tout bien tout honneur (dixit Alexandre Jardin lors d'une soirée littéraire, avec fous rires garantis à la librairie Charlemagne de Toulon) où il se rend puisque ce sujet des "angles morts" qui nous détruisent le touche de près!
Dans Joyeux Noël il nous raconte l'histoire de cette tribu "extravagante"sur 7 ans.
Joyeux Noël débute par la présentation des membres de la famille Diskredapl avec des formules très imagées (du genre pour Colombine "une tristesse aux omoplates saillantes" et une "peau mitée").
Puis vient le récit aux personnages ubuesques. Un maire qui "trinquait pieds nus" lors de l'inhumation de la grand-mère de Norma. Un mort, mort de trop jouir dans le ventre de sa femme.Un Hyppolite surnommé "Trop" se gavant autant de kilomètres que de conquètes.Un Félicien qui n'est pas dans son cercueil, un peu beaucoup fasciste sur les bords.Un Zinzin "sexuellement omnivore" bourré de "tics nerveux". Une Gwenaëlle qui s'obstine "à paraitre vierge".
Puis ce sera la grande tempête au propre et au figuré.Qui a le "judaïsme refoulé", qui se suicide,qui a frappé sa femme,qui est autiste,homosexuel,bâtard,alcoolique? Et toutes ces grossesses ou avortements cachés!
Voilà la grande marée noire déclenchée sur fond de haines,vengeances et jalousies!
Alexandre Jardin s'en donne à coeur joie et déploie ici beaucoup d'humour pour alléger la violence sous-jacente! Norma tousse parfois un brin asthmatique mais parait fière de son courage.Heureusement l'amour de son pêcheur sauve tout et ses émissions radio la remplissent d'énergie.
Alors faut-il tout dire?
Large débat! Joyeux Noël est un véritable témoignage d'une vérité bonne à dire!
En fin de livre l'auteur nous offre quelques photos personnelles pour étayer ses convictions: par exemple à gauche il se montre nu (la main pudique toutefois!!!) et rit pour expliquer sa gêne de révéler son embonpoint.A droite: "angle mort" le voilà habillé pour dissimuler sa souffrance et donner une image de lui plus flatteuse.
"Les pages de doute c'est fini" conclut-il en montrant sa main gauche baguée. Oui, puisqu'il l'affirme, mais faut-il révéler des secrets qui touchent autrui et peuvent les détruire?
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N°924– Juin 2015

JOYEUX NOELAlexandre Jardin – Grasset.

Après les révélations sulfureuses sur sa famille et spécialement sur son grand-père, Jean Jardin, directeur de cabinet de Pierre Laval, qui faisait l'objet d'un encensement familial mais que son petit-fils a osé démasquer (Des gens très bien, publié en 2011), l'auteur nous revient avec l'histoire d'une autre lignée, celle de Norma Diskredapl qui, encouragée par l'initiative « jardinesque », lui confie, lors d'une rencontre dans une librairie nantaise sa saga familiale personnelle. C'est l'histoire d'un « clan turbulent » nommé Diskredapl (impensable en breton) sur plusieurs générations qui s'est installé sur une île bretonne depuis le XIX° siècle mais qui est l'héritière d'une banque suisse. Un tel contexte ne pouvait échapper à la sagacité de notre auteur, familier des extravagants de tout poil. Il sera donc le témoin et le scribe de cette aventure aussi rocambolesque que fantasque. Les différentes histoires dont il se fait l'écho ne pouvaient pas ne pas influer sur lui-même puisque à la fin de son opus il va jusqu'à parler de lui, mais d'une manière plus précise que ne le font les écrivains qui d'ordinaire se cachent sous un masque. On peut même penser que ce parcours dans la vie des autres l'a carrément bouleversé puisqu'il se met à parler de ses revenus, à publier sa feuille d'impôts, sa photo « nu » et « habillé », son bulletin de vote (sans son adresse quand même). Comprenne qui pourra !

En fait, et bien que cela ne paraisse pas évident dès l'abord, ces deux romans sont liés puisque, selon ses dires, les Français lui ont su gré de dévoiler ainsi la part sombre de sa famille en leur en parlant. Ainsi, à son exemple, ils pouvaient maintenant parler des mystères de la leur. On peut d'ailleurs s'interroger sur l'utilité de révéler des secrets de famille si lourds à porter soient-ils. Un esprit chagrin verra sûrement là une source d'inspiration qui sera aussi une source non négligeable de revenus. Ce n'est pas si sûr cependant et même si celui qui tient la plume est toujours tenté de relater l'histoire à son profit, j'ai toujours vu une sorte de catharsis dans l'écriture même si maintenant, je ne suis plus très sûr, pour l'avoir pratiquer moi-même, que cela soit forcément efficace. Salir sa famille, où plus exactement révéler ses secrets si jalousement gardés au nom de l'hypocrisie qui veut que de cela « on en parle pas » ne change rien à la réalité qui bien souvent rattrape ceux qui souhaitent la voir disparaître derrière le temps qui passe et qui génère, là aussi, une sorte de prescription. Et puis, secouer l'arbre généalogique ne rapporte pas toujours le succès même à un écrivain connu ! L'espèce humaine dont nous faisons tous partie est pleine de contradictions et de vices et si la religion a inventé la confession, quelque forme qu'elle prenne, c'est sans doute pour quelque chose. J'ai toujours été personnellement étonné quand, lorsque quelqu'un meurt, eût-il été de son vivant le pire des êtres, il se trouve transformé par sa mort même, en une sorte de saint sans reproche que le sens populaire transcrit dans cette formule sans appel à force d'avoir été répétée « Ce sont les meilleurs qui s'en vont », donnant à penser que ceux qui restent ne valent pas cher ! Et puis pourquoi parler ainsi de quelqu'un qui ne peut plus se défendre ? Toute vérité n'est pas bonne à dire, il faut sauver les apparences, cela aussi la sagesse populaire nous l'enseigne, alors à quoi bon ? Cette absolution, générale post-mortem, c'est un peu ce qu'on voudrait donner à ce pauvre Félicien qu'on enterre en ce jour de janvier 2004, oui, à moins que Norma ne vienne y mettre son grain de sel, c'est presque normal, en Bretagne. Et puisque le ton est donné, le roman se décline et il y en a pour tout le monde et tout y passe, les mensonges, les adultères, les trahisons, les lâchetés, la collaboration...la liste est longue et bien entendu non exhaustive. Ce faisant, elle va non seulement s'attirer les foudres de cette famille qu'elle a déstabilisée durablement en écaillant le vernis pourtant si laborieusement lissé mais elle va aussi réveiller toute cette parentèle et avec elle les secrets et les non-dits qu'elle maintenait bien jalousement cachés mais authentifiés par Maëlle, actuellement bistrotière mais qui a passé sa jeunesse comme peu discrète « demoiselle du téléphone », c'est à dire bien avant l'automatique. Ne parlons pas du curé, dépositaire de tous les péchés de l'île, et heureusement tenu au secret, mais lui aussi est « un pauvre pécheur ». C'est vrai que tout le monde s'y met lors de cette réunion de famille à Noël 7 ans plus tard et franchement, dans le domaine de la confession intime, ce n'est pas triste, d'autant que c'est contagieux !

J'ai retrouvé avec plaisir la verve et le style jubilatoire que j'avais tant apprécié chez cet auteur, notamment dans « Le Zèbre »(mais pas seulement). Son verbe est comme toujours truculent et je l'ai suivi volontiers dans les arcanes de cette famille vraiment pas comme les autres dont il nous présente les membres dès l'abord avec une certaine facétie[je note que la généalogie qui accompagne le roman est bien pratique]. La présence d'un policier et d'une enquête judiciaire en cours, la réapparition d'un des membres du clan disparu mystérieusement quelques dizaines d'années plus tôt, une série de lettres dilatoires donnent à ce roman une dimension policière qu'un suspens entretient adroitement.

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J'ai beaucoup ri, et j'ai passé un très bon moment, léger, amusant.
Amusante saga familiale où l'on se demande si toutes les vérités sont bonnes à dire ???? !!

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Il y a des parfois des livres qui nous font du bien en nous faisant du mal. C'est le cas du roman d'Alexandre Jardin intitulé Joyeux Noël.

Sous ce titre enfantin pourrait paraître se cacher un roman joyeux, justement, qui met du baume au coeur en nous réchauffant durant les longues soirées d'hiver. Exactement ce qu'on est loin d'y trouver en en tournant les pages.

Car, du prologue à l'épilogue, c'est bien la plume aiguisée de l'auteur des Gens très bien que l'on retrouve. Si je n'ai pas lu ce dernier (mais envisage de le faire), je sais ce qu'on y trouve. Monsieur Jardin y dénonce les non-dits de sa famille, et notamment la culpabilité de son grand-père, collaborationniste durant la Seconde Guerre mondiale. C'est des suites des retombées de ce livre, qu'il décrit lui-même comme tenant à la fois « du suicide littéraire, du sabordage identitaire et du saut dans le vide », qu'est né Joyeux Noël. À en croire le prologue, nombre de lecteurs se seraient reconnus dans ses écrits et, heureux de trouver enfin quelqu'un qui n'en peut plus du mensonge et ose le dire, ont partagé avec lui leurs propres angles morts.

L'héroïne de cette histoire romancée –car héroïne elle est bien, tant elle doit faire face à de nombreux écueils- se nomme Norma Diskredapl. Quel nom de famille barbare ! me direz-vous. Barbare non, mais breton certes oui, puisqu'il signifie Impensable. Et ces Impensable, justement, sont tellement aveugles qu'ils ne voient pas les vérités les plus énormes qu'ils ont sous leur nez. Sous le nez est bien le mot, puisque la première de celles-ci à être dénoncée est l'adoration du grand-père Félicien pour Hitler, adoration prouvée par une moustache semblable à la sienne, qu'il arbora toute sa vie. Cette révélation opérée par Norma, véritable arme de vérité décapante, a lieu lors de l'enterrement de ce même Félicien, qui, voulant faire « une bonne blague » à sa famille, avait mis en scène sa propre mise en terre et était vivant dans le cercueil. Ne pouvant supporter le sabordage de la famille par sa propre petite-fille, il se suicide avant la fin de la cérémonie.

À partir de là, l'ensemble du clan renie Norma et va jusqu'à refuser de prononcer son nom. Son existence ne vaut plus rien, car elle n'est plus reconnue. La vérité mise à l'écart, les Diskredapl peuvent reprendre leur existence paisible, au milieu de leurs petits secrets… Chacun vit avec ses fautes et s'efforce d'enterrer leur mémoire, jusqu'à ce fameux soir de Noël où, la famille étant réunie sur l'île (qui est à elle seule un personnage du roman tant sa place est primordiale), tout bascule à cause des lettres rouges qui révèlent les angles morts de chacun.

Adultères, collaborationnisme, inceste, faillite, violence conjugale,… Tout est mis à jour.

Par qui ? Pourquoi ?

C'est au lecteur de le deviner.

Et à lui de s'interroger : peut-on vivre une existence dans la pleine vérité ? En ces temps où le mensonge fait tellement partie de notre quotidien qu'il ne choque plus personne, mais fait s'insurger tout le monde dès qu'il est pointé du doigt, c'est une question à se poser.

Un livre peut-il à lui seul effacer toutes les pages de droite ?
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Je suis rentrée dans l'histoire de cette famille bretonne avec amusement au début, et cette "quête" de la vérité, de la page de gauche s'est imposée à moi. J'avais beaucoup aimé "des gens très biens", et celui-ci est juste génial, dans le ton, dans le fond et dans ce qu'il laisse en arrière goût.
A lire absolument !

Lien : http://jolismots.e-monsite.c..
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