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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Depuis le succès de son premier roman « Gagner la guerre », Jean-Philippe Jaworski a continué de multiplier les incursions dans l'univers du Vieux Royaume. En mai dernier, un nouveau recueil intitulé « Le sentiment du fer » proposait justement de regrouper ces textes éparpillés dans diverses anthologies et nous permettait de retrouver des visages et des lieux bien connus, à l'image de la République de Ciudalia ou du Royaume de Léomance. Manquait tout de même à l'appel « Montefellone », nouvelle initialement publiée dans « Rois et capitaines » et consacré à un conflit impliquant justement l'orgueilleuse cité portuaire, alors désireuse de quitter le giron royal. Il aura fallu attendre quelques mois de plus pour que le texte ressorte à l'initiative de Gallimard qui nous le propose assorti d'une autre nouvelle pour la modique somme de deux euros. Nous voici donc replongés dans la guerre civile opposant Ciudalia à Léomance qui en arrive ici à un tournant décisif. le lieu de l'affrontement ? La bourgade de Montefellone, d'ordinaire insignifiante mais désormais d'une importance stratégique considérable pour l'un comme pour l'autre camp. A travers les yeux de l'honorable et infortuné Isembard d'Arches, Jaworski nous dévoile la guerre dans toute son absurdité tout en mettant en lumière la prévisible mais néanmoins cruelle ingratitude des puissants (ce n'est pas pour rien que l'auteur cite La Bruyère en exergue de sa nouvelle...)

Et pourtant, malgré son inutilité, malgré les dégâts considérables qu'elle engendre invariablement des deux côtés, elle ne manque pas de beaux moments, cette guerre. Des moments certes rares et brefs mais tellement intenses car portés par un souffle épique si puissant qu'ils ne peuvent que bouleverser le lecteur. Et ce n'est pas la seconde nouvelle qui va nous aider à nous remettre de nos émotions. « Comment Blandin fut perdu » se déroule pourtant dans un cadre relativement plus calme puisqu'il y est question d'un peintre itinérant et de sa rencontre avec un apprenti peu ordinaire. Un génie, incontestablement, mais un génie obsédé par le visage d'une femme qu'il ne peut s'empêcher de peindre encore et encore sur chacune de ses fresques. Cette seconde nouvelle se révèle sans surprise elle aussi une véritable réussite, Jaworski possédant manifestement autant de talent pour la narration du déroulement d'une bataille que pour celle de l'évolution d'une fresque. Les nombreux détails concernant les spécificités de la peinture « a fresco » sont notamment passionnants et témoignent encore une fois de l'influence de la Renaissance italienne sur certaines régions de l'univers de l'auteur. La chute est de plus remarquablement bien amenée et nous invite à nous replonger à nouveau dans le texte afin de relever d'éventuels indices qui nous auraient échappé à la première lecture.

Avec « Montefellone » et « Comment Blandin fut perdu » Jean-Philippe Jaworski nous prouve une nouvelle fois qu'il dispose d'un talent exceptionnel et que son univers du Vieux Royaume est encore bien plus riche et plus enchanteur que ce qu'on pouvait imaginer. Voilà un petit ouvrage qu'il faut absolument avoir dans sa bibliothèque !
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Vous connaissez mon enthousiasme dès qu'il faut lire une oeuvre de ce grand maître de la Fantasy française qu'est Jean-Philippe Jaworski. Après Gagner la guerre et Rois du monde, pour le premier tome, je m'attaque à ses nouvelles. Je compte d'ailleurs lire Janua Vera et le sentiment de fer bientôt mais pour l'heure, je débute par ce recueil de deux nouvelles qui appartient également aux Récits du Vieux Royaume.

La première nouvelle d'une cinquantaine de pages conte le siège de la ville de Montefellone, par le Duc Isembard d'Arches fidèle au Royaume de Leomance. La cité est sous obédience de la République de Ciudalia et quiconque parviendra à la prendre aura une mainmise hautement stratégique sur le territoire.
Très honnêtement, j'ai peu goûté cette nouvelle à cause de la prédominance d'un vocabulaire militaire trop spécifique que je maîtrisais mal. Je vais vous donner un exemple :

Une immense clameur fait écho au fracas du rempart écroulé. Dans le camp des assiégeants, les chevaux piaffent et s'ébrouent avec frayeur ; la cohue des francs archers et des soudoyées, des engingneurs et des coutiliers, des massiers et des écuyers, des chevaliers et des barons brandit des pennons déchirés, des boucliers bosselés et des armes épintées. (P. 12)
J'avoue que cela a un peu nuit à ma lecture et à me faire rentrer dans l'histoire. On est d'accord, j'adore ce genre d'auteurs qui portent leur lecteur vers le haut en leur proposant un style d'écriture complexe et élaboré. Mais, pour ma part, j'ai eu un peu de mal à distinguer les différents corps d'armée ainsi que les éléments de leur équipement (armes et armures). Passé cela, c'est toujours un régal de lire le style Jaworski avec ce background sous jacent toujours aussi bien échafaudé et la chute, bien entendu magistrale!

En revanche, j'ai eu un petit coup de coeur pour la seconde nouvelle éponyme Comment Blandin fut perdu de soixante dix pages. Albinello est un peintre itinérant spécialisé dans les fresques. Un jour, alors qu'il travaille pour le monastère de Havreval, la Mystagogue Theodrade lui propose de prendre comme apprenti, Blandin, un jeune homme talentueux en enluminure. Fasciné par son don, Albinello le prend alors à son service et l'emmène avec lui sur d'autres chantiers. Au fur et à mesure de leur collaboration, le peintre tente de percer à jour son apprenti mystérieux et de savoir qui est cette fameuse Alma dont Blandin semble si obsédé.

Passionnée par la période de la Renaissance Italienne et par l'Art représentatif de cette époque, j'ai été comblée par cette nouvelle qui s'en inspire tant. On sent que l'auteur s'est beaucoup documenté allant jusqu'à décrire les méthodes de travail de ces artistes. Ce que j'aime par dessus tout chez Jaworski, c'est qu'il arrive à prendre des éléments pré-existants de notre Histoire et à les distiller avec finesse dans son univers. Pour ma part, cette nouvelle a été passionnante à suivre et la chute, sujette à multiples interprétations, est également bien trouvée. Quel grand art!
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Challenge ABC 2018-2019
15/26

Des guerres, de la magie, des histoires dans l'histoire... C'est la trame de la plupart des romans de Jaworski. Et comme dans tous les Jaworski, même les plus courts visiblement, le lecteur est transporté, est emporté par l'écriture, les personnages et l'intrigue.
Je suis toujours surprise en lisant un des romans de cet auteur : la narration est toujours riche, les personnages incarnés, des premiers aux seconds rôles, les motifs obsédants, la nature omniprésente, les récits complexes, enchâssés et toujours maîtrisés (lisez Chasse Royale). Ce sont d'ailleurs ces derniers qui me semblent particulièrement soignés : ils semblent insignifiants, et finalement, ils sont la clé de voûte de l'ensemble. Voyez Blandin : un moinillon obsédé par le visage d'une femme, qui fini par disparaître (littéralement) dans le nature, retrouvé par le biais de ses peintures, puis reperdu. Franchement, un personnage presque fantôme... Et pourtant, il devient l'obsession du narrateur.
Jaworski fait des prouesses littéraires quelque soit le format de son écriture. Un des plus grands noms de la littérature de l'imaginaire francophone actuelle.
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Quelle belle découverte !

Ce qui m'a immédiatement marquée dans ces deux nouvelles, c'est l'écriture de l'auteur : un langage délicieux fait de modernité, de mots anciens, d'un langage parfois châtié parfois familier, toujours d'une gouaille truculente et d'un vocabulaire impressionnant. Le tout formant des phrases qui sont un vrai plaisir à lire, pour la musicalité qui s'en dégage.

Les deux nouvelles, bien que tout à fait différentes, ont comme point commun le genre auquel elles appartiennent (la fantasy).
La 1ère nouvelle, Montefellone (avec un accent sur l'o que mon clavier a catégoriquement refusé de reproduire), a pour trame essentielle le siège de cette bourgade révolutionnaire. La guerre a la place centrale dans ce récit (tactique de guerre, combats, accointances entre seigneurs...) et ça a été une vraie nouveauté pour moi. J'ai adoré !
La 2ème nouvelle narre l'histoire de Blandin, un apprenti peintre que sa passion pour la belle Alma dévore jusqu'à la folie.

Les deux nouvelles sont excellentes et, si l'intrigue est toujours passionnante, si les personnages et les lieux sont toujours dépeints avec intelligence et profondeur, c'est tout de même sans conteste l'écriture de Jean-Philippe Jaworski qui touchera le plus intensément le lecteur.

Challenge Multi défis 2016
Challenge ABC 2015-2016
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J'ai acheté ce petit folio aux Imaginales pour découvrir la plume de J.P. Jaworski, car les éloges à son égard sont plus que nombreuses. Et il faut bien avouer que ce petit ouvrage fait parfaitement l'affaire : grâce aux deux nouvelles qui le constituent, j'ai enfin pu comprendre pourquoi l'auteur est tant apprécié. Sa prose est effectivement magnifique. le vocabulaire est d'une richesse incroyable. Tout comme l'univers dépeint.

Dans « Montefellóne » l'utilisation d'une sémantique complexe vire parfois à l'abus, surtout au tout début de la nouvelle. On assiste à certaines accumulations de mots compliqués qui ne facilitent pas la lecture. Mais rapidement, on est emporté par le style de l'auteur. J'ai particulièrement aimé cette première nouvelle. Ce que je retiens, c'est que Jaworski est capable de rendre une scène très vivante, très immersive. On est emporté avec les personnages, on vit et voit à travers leurs yeux.

Dans « Comment Blandin fut perdu » on retrouve cette maîtrise de la langue française. Cet amour des mots est palpable du début à la fin, c'est très agréable (et cette fois, je n'ai pas ressenti l'impression d'accumulation. Seulement un vocabulaire riche et complexe, savamment dosé) La narration nous emporte une fois de plus, j'étais complètement immergée dans ma lecture. Fascinée par l'histoire de Blandin et son maître. Toutefois, j'ai décroché sur la fin de la nouvelle, car le revirement fantastique ne m'a pas convaincue. Je trouvais l'aspect psychologique et réaliste du début de la nouvelle bien plus intéressant. La chute est bonne, mais je n'étais à ce stade plus tout à fait dans l'histoire....

Ce petit folio m'aura donc sacrément donné envie de découvrir les autres récits de J.P. Jaworski !
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Dans ce petit livre se dressent deux mondes foisonnants d'imagination. Je découvre la plume de l'auteur et son monde où la nouvelle tient des codes auxquels je suis peu habituée.


Dans la première nouvelle, Jaworski nous parle de guerre, de bataille et donne l'idée d'une politique au temps moyenâgeux : le siège de Montefellone. Dans ce récit, le personnage principal n'est ni grand, ni fort, mais tout en tactique et en réflexion. Ce personnage n'est autre que la guerre elle-même. J'ai été plutôt désarçonnée par le langage militaire permanent, les tactiques plusieurs fois expliquées et commentées. le vocabulaire était particulièrement vide d'émotion, en ce sens où il ne reflétait que des faits. Les deux cités en conflit, Ciudalia à Léomance, montrent ce qu'il y a de plus absurde dans la bataille, mais aussi ce qu'il y a de plus méprisant : la « hauteur » du Seigneur et son bon vouloir. Mais il y a de la beauté dans ce texte : le lyrisme épique de la bataille permettra au lecteur de se situer non en spectateur, mais en acteur de cette scène.


Dans la seconde nouvelle, nous rencontrons un peintre qui prend pour apprenti Blandin, un jeune moine rencontré chez des religieuses. Celui-ci est totalement obnubilé par la beauté et le visage d'Ama, une religieuse qu'il a rencontré. Si les sentiments amoureux sont dépeints comme fil conducteur, ils ne sont pas plus présents dans le texte. L'auteur accapare notre attention sur le comportement de Blandin et le questionnement de maitre. Ce qui frappe le lecteur en premier, c'est cette excellence de l'auteur à dépeindre les fresques murales, le touché du pinceau, l'intensité des couleurs. L'obsession de Blandin le conduira à des agissements à la limite du Toc. La fin de l'histoire déroute, et amuse également : Jaworsji parvient à sublimer l'art en apportant à son intrigue une fin toute particulière. Et on retourne en arrière pour voir ce qui nous a échappé.



La guerre et l'art.

Deux thèmes qui sont déjà riches de sens. La guerre a été à plusieurs reprises le terrain d'histoire et d'intrigue. Mais je la retrouve ici présentée comme si elle était personnage principal.

L'art nous offre une palette dans l'imaginaire, et les représentations que nous nous en faisons peuvent aller du "Da Vinci Code" de Dan Brown à "L'Histoire de l'art" par Ernst Hans Gombrich (qui est sans contexte une très belle introduction à l'art pour des novices). Mais ici, l'art est l'instrument de l'obsession, et Jaworski en use sans en abuser : les fresques grandioses qui sont décrites nous permettent d'avoir l'image devant les yeux.

Lien : http://lecturedaydora.over-b..
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Je me dis toujours que je devrais relire Gagner la guerre, que j'avais apprécié mais sans plus avec l'impression d'être passée à côté au vu des éloges qu'on fait de cet auteur. Et vu comme j'ai été embarquée par ces deux petites nouvelles, cette bonne résolution s'est considérablement accrue !

Le style est riche, soigné et malgré le nombre réduit de pages, on est immédiatement immergé dans les récits sans jamais s'ennuyer ou avoir une impression de trop peu. Tout est savamment dosé.

Montefellone nous plonge en quelques lignes dans la tourmente d'un siège dont on apprend petit à petit les tenants et les aboutissants. C'est réaliste, épique, d'une amère cruauté.
J'ai néanmoins préféré Comment Blandin fut perdu avec son thème inhabituel, son mystère, la façon dont est construit le récit et surtout sa fin en demi-teinte ouverte à tant d'interprétations !

Une lecture courte, mais intense et délicieuse !
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