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EAN : 9782213644028
1120 pages
Fayard (29/04/2009)
4.27/5   26 notes
Résumé :

Dans la mémoire des Français, Henri IV est le seul roi à n’avoir connu aucune disgrâce. Sa mort l’a auréolé d’une indestructible popularité et son règne est vite devenu l’auberge espagnole de notre histoire. Le Gascon caustique méprisant la peur, l’homme d’action ennemi des parlottes, le bon vivant, l’homme de la poule au pot, le Vert-Galant sûr de ses conqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Plus de mille pages pour dresser la biographie d'un des rois de France les plus aimés. Comme dit l'adage : « parce qu'il les vaut bien ».

Mille pages. Pour moi c'est comme affronter l'Himalaya car je lis plutôt lentement (au regard de la moyenne de ceux qui se baladent sur Babelio). Je l'avoue, si Jean-Pierre Babelon avait débité son propos sur un ton froid et académique et postillonné des références et des bas de page chaque dix mots, j'aurais probablement abandonné.
Mais point de ceci ici, diantre ! Babelon nous conte l'histoire à la mode d'un Alain Decaux ou d'un Franck Ferrand. Et c'est cela que j'aime : que l'on me raconte les choses comme si j'étais encore un gamin aux yeux éberlués (en fait je le suis mais avec quelques rides). Il intègre dans son récit des extraits de la correspondance pléthorique qu'a laissée Henri qui apportent cette distanciation – tant les structures de phrases ont évolué depuis – qui renforce l'impression de voyage chez le lecteur. Il cite l'avis de tel ou tel historien à travers les siècles. Pour le reste, il groupe ses sources à la fin de son propos (entre les pages 1000 et 1100).

Jean-Pierre Babelon a découpé son récit en trois grandes parties. La première retrace l'enfance et les luttes du roi de Navarre, soutien des huguenots de France. La deuxième part de la mort de Monsieur frère de Henri III et du changement de statut d'Henri qui devient dès lors l'héritier du royaume et évoque les quinze années de durs combats essentiellement face à la Ligue Catholique et à l'Espagne qui la soutient, avant de devenir roi de fait. C'est un récit en mode chronologique qui est déployé. L'auteur prend le temps d'installer les atmosphères lourdes avant les orages – l'ambiance à Paris avant la Saint Barthélémy notamment – de faire sentir presque physiquement les montées de haine fanatique comme le désespoir de populations assiégées, de s'arrêter sur des moments forts comme la rencontre si émouvante entre Henri III et Navarre à Plessis-Lès-Tours. Il s'insère dans la tête de Henri et essaie de nous faire partager ses pensées, ses idéaux de modéré plus intéressé par recouvrer l'unité du pays que par soutenir l'un ou l'autre parti religieux, et ses passions évidemment, surtout pour les femmes. Il accorde aussi une place importante aux autres personnages qui peuplent ces temps de guerre de religion : sa mère Jeanne d'Albret qui l'a tant soutenu, Duplessis Mornay, Margot, et plus en retrait, plus fidèle à la légende noire qu'à la vision plus absolutrice des historiens moderne, Catherine de Médicis.

La troisième partie traite du règne proprement dit, de l'édit de Nantes à l'assassinat par Ravaillac. Babelon change de méthode et applique une analyse spectroscopique à la période, la décomposant en thèmes traités chacun par un chapitre : l'état des religions, le gouvernement des hommes, la recomposition de l'économie (soutenue par un indispensable portrait de Sully), la culture, Marie de Médicis et le Dauphin, etc. La période épique est terminée, cette partie est donc un peu plus austère. Il y règne cependant les derniers éclats du Vert-Galant, peut-être plus encore que dans sa jeunesse guidé par son appétit des femmes, appétit qui aboutira presque à avancer la guerre de Trente Ans de quelques années. Il y règne aussi l'assassinat du roi et le débat sur les responsabilités ; Babelon penchant plus pour l'acte d'un exalté que pour un complot bien mûri dont Ravaillac aurait été le bras armé.
Et il y règne les vers de Malherbe qui fleurissent sur les lianes grimpantes de la monarchie absolue.

Mille pages. Deux mois de lecture. Un livre qui a souffert des nombreux voyages où il m'a accompagné. Mille pages pour une vie à nulle autre pareille dans une époque chaotique, contée avec verve et passion.
J'applaudis l'ouvrage.
Et j'ai vaincu l'Himalaya.
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Commençons par le commencement ! Qu'est ce qui m'a poussée, moi innocente lectrice adepte des romans d'aventure et des intrigues abracadabrantesques, à me lancer dans la lecture de cette monumentale biographie d'Henri IV (si monumentale qu'elle aurait pu sans problème me servir d'arme contendante en cas d'attaque de zombies dans le métro – ce qui ne m'est pas arrivé, merci bien) ? La réponse, m'sieurs dames, vous vous en doutez bien, c'est Dumas, le merveilleux et extravagant Alexandre Dumas ! de la lecture généralement très plaisante et, à quelques rares reprises, légèrement fastidieuse de la trilogie des Guerres de Religion de mon romancier rondouillard préféré, j'ai tiré deux conclusions : la première, c'est que la France du XVIe siècle était un satané gros bordel et la seconde, qu'Henri IV était un petit malin qui avait sacrément la classe ! Bien entendu, connaissant les rapports décomplexés que nourrissait Dumas avec la véracité historique, je me suis posée légitimement la question de savoir si notre roi gascon était réellement aussi monstrueusement cool que cela. Grave question, vous en conviendrez, qui m'a tout naturellement fait tomber entre les mains cette biographie de Jean-Pierre Babelon

Première chose à souligner, écrire une biographie d'Henri IV n'est pas une mince affaire. En effet, aucun souverain français, pas même le Roi Saint-Louis avec ses pater noster ou le Roi-Soleil et ses fastes dorés, n'est parvenu à égaler la popularité du Bon Roi Henri. C'est peu de chose que de dire que la légende henricienne a la vie dure ; même les meneurs de la Révolution Française, pourtant peu susceptibles de penchants monarchistes, ont hésité à l'écorner. Pour décrypter la vie du tumultueux monarque, le premier devoir de tout historien est donc de fouiller dans le fatras de légendes et de contes accumulés sur sa tête – comment le jeune Henriot étrangla tel un nouvel Hercule les serpents qui voulaient le mordre au berceau, comment il ramena sur son cheval le meunier qui lui avait montré son chemin (et retourna le soir même au moulin se taper la meunière), etc… – pour en extirper l'homme, l'homme tel qu'il a vécu, respiré et tel que nous aurions souhaité le connaître.

Et quel homme, mes aïeux, quel homme ! En vérité, 1000 pages sont à peine suffisantes pour contenir tant de vie, tant de fougue, tant de volonté, tant de gaieté, tant d'ambition… Partir sur les traces d'Henri IV, c'est comploter dans les couloirs sombres et débordants d'intrigues du Louvre, galoper à fond de train d'un bout à l'autre de la France, assiéger des forteresses férocement défendues, voir briller partout les couteaux et les yeux brillants de haine des assassins, courber le cou sous le joug cruel des circonstances, s'étourdir dans les bras de multiples maitresses, mentir, trahir parfois, faire le mort, mais pour se redresser ensuite, l'esprit plus amer et le coeur plus las, mais toujours debout, toujours vivant, toujours combattant !

Pas une mince affaire, je l'ai bien dit, mais de cette périlleuse entreprise, Jean-Pierre Babelon se tire à merveille. Sa colossale biographie d'Henri IV est une ébouriffante plongée dans l'enfer des Guerres de Religion, une fresque haute en couleur fourmillante de moments de bravoure et de personnages fascinants – la redoutable Catherine de Médicis, le malheureux Henri III, la reine Marguerite de Navarre épouse infidèle mais alliée indéfectible, Sully l'indispensable bras droit, le dangereux duc de Guise l'adversaire de toujours… Tant de destins souvent exceptionnels mais qui pâlissent face à l'éclat de celui du « Renard béarnais », véritable météore traversant à toute allure le firmament de l'Histoire de France. Et si son feu se fit moins vif vers la fin de sa vie, si ses vices étouffèrent parfois ses qualités, si ses faiblesses firent parfois rougir de honte ses amis et de rage ses maitresses, qui sommes-nous pour vraiment l'en blâmer ?

Alors est-ce qu'il avait la classe, l'Henriot ? Oh oui, et un sacré gros paquet, ventre-saint-gris !
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Si je l'avais trouvé dans une librairie je l'aurais laissé sur place, mais sur ma liseuse je n'ai pas vu qu'il s'agissait d'un pavé de 1000 pages. J'ai commencé ce livre le 6 aout 2018 et je le termine ce 6 janvier 2019 : 5 mois pile et c'est mon premier de 2019.
C'est un bel ouvrage, avec force détails sur toutes les nombreuses vies de cet être très vivant. Je connais presque l'âge de sa première vérole, presque la position de son premier bouton d'acné et une estimation à 100 près du nombre de ses maîtresses ! C'est dire la précision du bouquin!
Je savais la grandeur de cet homme, ce qu'il a fait pour le royaume de France ; je ne savais pas l'extrême difficulté de son accession au trône. Je connaissais la fracture pour notre pays des guerres de religion mais à ce point-là ! Et bien ce petit gars de Navarre a réussi la ressouder ce pays et à en faire à la fin de son règne une des plus grandes puissances de l'Europe et donc à cette époque du monde.
Chapeau bas monseigneur, et même si je n'en suis pas responsable cela me chagrine que ce soit un angoumoisin qui ait mis fin à ce beau règne.
Ce 14 mai 1610 est arrivé à la fin du livre et même si je savais que c'était un jour funeste cela m'a quand même attristé.
Pour lui rendre hommage je cite ces mots qu'il aurait dits avant de prendre son carrosse pour la dernière fois :
« Vous ne me connaissez pas maintenant, vous autres ; mais je mourrai un de ces jours, et quand vous m'aurez perdu, vous connaîtrez lors ce que je valais et la différence qu'il y a de moi aux autres hommes. »
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Face au prince de Parme, le plus grand chef de guerre européen de son temps, le roi de Navarre n'est évidemment qu'un médiocre tacticien. Aucune détermination à longue échéance, aucun plan mûri profondément et poursuivi coûte que coûte, aucun trait de génie pour acculer soudain l'adversaire, l'enfermer, le défaire totalement ou le poursuivre avec obstination. Henri ne pense pas "campagne", il réagit sur le moment à une situation donnée et c'est sur le terrain que ses facultés s'exaltent soudain. Lorsqu'il estime qu'il faut combattre, tous ses sens sont en éveil, observation sans défaut, jugement perspicace. Evaluer le site d'un regard, choisir les positions, prendre possession en un éclair de tous les éléments favorables, puis trouver l'art de surprendre, voilà où son esprit excelle, et où son coup d'oeil devient souverain.
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Les deux acteurs sont aussi bouleversés l'un que l'autre. Ils ne se sont pas vus depuis treize ans, ils se sont presque continuellement fait la guerre. Entre eux les désordres de Marguerite ont ajouté la dissension familiale au conflit politique. Pourtant, en cette heure davantage encore, ils ont conscience d'appartenir, seuls tous deux, au monde supérieur et héroïque des princes qui règnent et que Dieu a désigné pour cette tâche. Par-delà les différences, leur solidarité est évidente, elle prime tous les intérêts, toutes les ambitions. Leurs forces humaines sont vouées à l'accomplissement de la mission divine et le lignage les réunit fraternellement. Tous deux seuls au-dessus des hommes.
(retrouvailles de Henri de Navarre et Henri III à Plessis-les-Tours, 1589)
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La seule marque qui distingue catégoriquement l'enfant de l'adulte, c'est le châtiment corporel, et Dieu sait si l'on en use! Les scolastiques l'avaient pratiqué avec une froideur calculée, ils conseillaient de fouetter ou de bâtonner les enfants jusqu'à vingt-cinq ans si nécessaire, quel qu'en fût le motif, car s'ils méritent le châtiment, on leur inculque la justice distributive, et s'ils ne le méritent pas, on leur apprend la patience... Au XVIème siècle, les esprits les plus éclairés y voient toujours une nécessité pour dresser les caractères et mâter les fortes têtes, ceux qu'on appelle les "opiniâtres". Seules quelques rares voix se sont élevées pour prôner la douceur persuasive, celles d'Alberti, d’Érasme, de Rabelais et de Montaigne.
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Dès qu'un prélat meurt, la meute des quémandeurs vient assiéger le roi. En août 1594, à la mort du second cardinal de Bourbon, qui accumulait les titres sur s tête, c'est la ruée... La noblesse trouverait fort mauvais d'être privée de ces largesses. Elle compte tout normalement dans sa fortune abbayes et prieurés dont elle dispose à sa guise, quitte à entretenir très médiocrement au siège un prêtre pauvre et ignorant. Ainsi les du Plessis, les ancêtres de Richelieu, "possédaient" l'évêché de Luçon, cadeau de Henri III, et mettaient quelque prêtre "confidentiaire" pour tenir la crosse; pour faire des économies, des membres de la famille s'y mettaient eux-mêmes, dont le futur cardinal en 1606.
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En 1525, on lit dans les sermons d'un moine d’Évreux, Guillaume Pépin, bien des propositions hostiles à la monarchie de droit divin: " il fut un temps où il n'y avait pas de roi, ni de prince, amis chacun vivait en liberté... Est-ce chose sainte que la royauté , Qui l'a faite ? Le diable, le peuple et Dieu, Dieu parce que rien ne se fait sans son bon vouloir, le diable parce qu'il a soufflé l'ambition et l'orgueil au coeur de certains hommes, le peuple parce qu'il s'est prêté à la servitude, qu'il a donné son sang, sa force, sa substance pour se forger un joug. Quelques hommes sortis de ses rangs se dévouèrent à la cause de l'ambition et de l'orgueil. De là l'origine de la noblesse."
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Abbaye royale de Chaalis. Jean-Pierre Babelon.
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