Où ? Quand ? Qui et quoi ?
La première campagne russo-tchétchène date de 1994 par des bombardements.
Il y a eu 2 guerres en Tchétchénie :
— (1994-1996) : Polina avait 9 ans au commencement de cette guerre.
— (1999 à 2000) : elle avait 14 ans lorsqu'elle a débuté l'écriture de son journal. Elle le fit pendant 3 ans (jusque 2002). Depuis – et jusqu'à ce jour ! —, il y a un énorme merdier interne de violences qui perdurent sous l'oeil démoniaque d'un dictateur. Polina a fuit Grozny pour la Russie en 2009. Grâce au soutien du célèbre écrivain et dissident russe
Alexandre Soljenitsyne, pour faciliter la suite de la publication de ses carnets. « Malgré les mises en garde de la communauté internationale, Vladimir Poutine, alors premier ministre de
Boris Eltsine, matait la rébellion dans le sang et installait au pouvoir des dirigeants prorusses. » (France culture http://www.franceculture.fr/emission-les-matins-retour-sur-la-guerre-en-tchetchenie-2013-09-24). Pour faire suite à des menaces de mort, des intimidations, et même une agression physique sur le mari de Polina, le couple s'est réfugié en Finlande. Ils y vivent paisiblement à l'heure où vous lisez ces lignes.
Le conflit :
C'est l'histoire de l'opposition entre les séparatistes tchétchènes et les Russes.
Après des attentats perpétrés par les indépendantistes extrémistes tchétchènes dans diverses régions du Caucase et sur les civils russes de la région ; afin d'instaurer une région du Caucase islamique destinée à regrouper toutes les Républiques voisines, la Russie a réagi en reprenant rapidement le contrôle de la région du N de la Tchétchénie par des bombardements qui ne s'arrêtèrent qu'après une année. Malgré tout, le conflit persiste…
« C'est un autre génocide, un nettoyage ethnique. (200 000 morts, 20 % de la population Tchétchène) selon COCA (Zainap Gashaeva) fondatrice de l'ONG écho de la guerre. » (Jérémie Couston sur Télérama http://www.telerama.fr/cinema/films/coca-la-colombe-de-tchetchenie,247731.php )
En 2009, Polina avait rejoint la Russie, grâce au célèbre écrivain Soljenitsine pour l'aider dans la publication de ses écrits, en même temps que la journaliste dissidente russe Natalia Esteminova (assassinée en 2009 en Ingouchie). « Elle dénonçait clairement le soutien de Poutine au Président tchétchène Kadyrov, un dictateur qui continue d'emprisonner, de torturer et d'ordonner les meurtres des dissidents. On compte là-bas quelques 3000 disparitions non élucidées. » (
Catherine Schwaab surParis Match : http://issuu.com/annearnaud/docs/2013-09-12_1881_paris_match-1)
« Folie, folie, folie ! » Commence Marc Voinchet, sur radio France culture (voir lien plus haut). « On ne sait plus qui tire contre qui. » Souligne-t-il encore un peu plus tard.
C'est la première chose qui me vient à l'esprit, comme toute personne portant un regard extérieur sur les conflits. C'est le propre des guerres ! La réponse de Polina, et de la journaliste
Anne Nivat ne se fait pas attendre : « Finalement, c'est toute personne vivant sur le territoire tchétchène qui subit les bombardements et le reste. À la 2e guerre, à partir de 1999, les mafieux, et autres bandits à la tire, avait trouvé le prétexte d'engranger une guerre civile intra muro pour s'enrichir sur le dos de la guerre. Les exécutions des civils russes pour s'emparer de leur bien. Les haines raciales ethniques sont alors nées. Car avant les guerres, la multi culturalité ne posait aucun problème et toutes les communautés ethniques vivaient en harmonie. C'était facile pour les dirigeants russes et le dictateur, d'également utiliser la filière de la Charia pour justifier les bombardements. »
Le journal
de Polina commence avec l'attentat du marché de Grosny, Tchétchénie – oct. 1999.
Beaucoup fuient en Ingouchie à leurs risques et périls, car la route qui y mène est une zone étroitement surveillée, c'est un véritable champ de tire. Polina et sa mère ont choisi de rester. Elles se sont débrouillées seules pour survivre en tant de guerres. Avec tous les inconvénients que la guerre comporte. Vols, agressions, se protéger contre d'autres prêts à vous voler pour une bouchée de pain. Climat de violence constante, de tension, de destruction, de peur, de dénonciation, d'assassinat, de viols, de bombardements journaliers, de corps d'humains et d'animaux calcinés… Malgré leurs frayeurs, elles vont travailler aux marchés. Polina se battra dans une file d'attente. Entre temps, chaque soir, elle lit
Shakespeare (cadeau de son grand-père mort lors des bombardements de 1994) et prend la plume. Un des biens faits de la lecture et de l'écriture prend tous sons sens ici. Libération, rêverie, espoir, s'éloigner d'un enfer momentanément grâce à l'innocence d'une adolescente.
À cause des bombardements proches des immeubles, des immeubles s'affaissent sous l'effet des secousses ! Pas d'électricité régulière (usage de bougies, ou obscurité pure), pas de gaz pour éviter des risques d'explosions dans les maisons, soins limités en hôpitaux, un vrai chaos… Et donc, faute d'être opérée dans des conditions idéales, Polina gardera des séquelles importantes dues aux 16 éclats d'obus figés trop longtemps dans ses jambes.
Chaque jour devient une routine sous les bombardements. Une routine incertaine. Cela reste une routine, car malgré tout chaque jour se ressemble : fuir, se cacher, éviter la pluie de bombes. En même temps, chaque jour est incertain : qui va vivre ou mourir ? Comment s'en sortir demain si l'on est encore là ? C'est cela la routine incertaine. Une continuité dans la débrouillardise qui persiste pour les plus déterminés qui ont décidé de rester dans la région, sans savoir quand tout s'arrêtera.
Pour le contenu du journal intime d'une victime de la guerre… Il est tinté de quelques poèmes, de romance, de déceptions, de cauchemars, de référence littéraire classique, de joie et d'espoir évidemment. Ce témoignage difficile est très bien expliqué, il est clair, et très facile à lire. La situation est somme toute aberrante et désolante.
Mon premier bémol est que j'ai trouvé ce bouquin répétitif. Et mon deuxième bémol est un peu la conséquence du premier. Cette répétition se produit pendant plus de 500 pages. Cela m'a semblé trop long. L'une devient ceci, l'autre a fait cela, courir de tel immeuble à tel immeuble pour se cacher, untel a changé, un autre a disparu. C'était redondant.
Néanmoins, je suis conscient que ce livre ne doit pas avoir pour objectif de plaire comme un roman. C'est un document sérieux et grave. Rien que pour cela, il doit être lu afin de poursuivre le combat contre l'ignominie que crée ce type de crise. L'injustice est dénoncée à travers ce témoignage malheureusement courant et surtout inacceptable.
Puisse ce livre aider Polina à d'obtenir gain de cause. La paix. La condamnation du gouvernement russe à payer les dommages et intérêts pour blessures de guerre. Et surtout la fin de l'irresponsabilité d'une grande puissance. À la mémoire de ceux qui sont restés au pays, vivants ou morts.
Polina a partagé un rêve sur Paris Match : « Je rêve que la Finlande et tous les grands pays démocratiques occidentaux prennent sous leur tutelle la Russie et la Tchétchénie afin de leur enseigner ce qu'est la démocratie ! Et parfois je me dis que ce serait mieux si Napoléon avait gagné la guerre. »
Je suis d'accord sur « la notion d'universalité du livre » mentionné sur radio France culture par Marc Voinchet. Automatiquement, j'ai pensé à la Syrie, au Rwanda, à la Tchécoslovaquie, à l'Ex-Yougoslavie, la Seconde Guerre mondiale, l'Irak… et aux autres régimes dictatoriaux et mafieux. C'est une triste réalité à combattre et à dénoncer comme le fait courageusement Polina.
Il m'est difficile de croire que les guerres engendrées par des idéaux démesurés et défendus par des hommes de pouvoirs jamais rassasiés puissent disparaître un jour. C'est dommage, l'homme est inadapté à l'environnement qu'il a créé. Cet éternel insatisfait en perd la raison.