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EAN : 9782366080322
564 pages
Books (25/09/2013)
3.57/5   7 notes
Résumé :
C’est l’histoire d’une ville où les snipers font joujou avec les civils, où les blousons ensanglantés jonchent les rues, où l’on défaille à la vue d’une boîte de corned-beef. Mais où l’on tombe amoureuse aussi, quand on a 14 ans, l’âge d’Anne Frank. Et celui de Polina en 1999, lorsque débute la deuxième guerre de Tchétchénie. Dans son journal intime, l’adolescente raconte Grozny sous les bombes.

Née en 1985 à Grozny, Polina Jerebstova se considère co... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Polina avait 9 ans lors de la première guerre de Tchétchénie, son grand-père maternel meurt lors du bombardement de l'hôpital ( C'est à ce moment-là qu'elle commence à tenir un journal). Elle en a 14 quand commence la seconde. Ce journal commence à l'automne 1999, il s'achève fin 2002. Trois années de vie, de survie plutôt, dans une ville en guerre, dans des logements sans eau, sans vitres, sans chauffage. La lecture n'en est pas difficile, mais c'est assez répétitif, et c'est long à lire un texte répétitif ! Mais en même temps cela donne la mesure de trois années de guerre et du sentiment que ça ne va jamais finir. Dans sa préface, Anne Nivat compare ce journal à celui d'Anne Frank. Leur seul point commun est leur âge et de vivre une expérience que ne devrait pas vivre une adolescente. Chaque jour est consacré à la survie, et malgré tout Polina a un but, et des rêves. Son journal nous permet d'entrevoir ce que la guerre fait des gens, la naissance de haines ethniques dans un pays autrefois multiculturel (l'arbre généalogique de Polina et les nombreux couples mixtes à Grozny le soulignent). Les gens peuvent devenir ignobles, bas, mesquins.... Polina et sa mère n'ont pas fui, au tout début par choix, ensuite parce qu'elles n'en ont pas les moyens. Dans ce journal il y a beaucoup de noms, beaucoup de personnages, et en même temps Polina est dans une effroyable solitude, perçue comme Russe parce qu'elle porte le nom de sa mère, et en même temps très imprégnée de culture tchétchène. En dehors de la relation d'événements horribles et de ses sentiments d'adolescente, Polina évoque ses lectures (la fameuse bibliothèque du grand-père !) et émaille son journal de multiples citations littéraires. Un livre pas très agréable à lire, mais nécessaire et indispensable. Peut-on vraiment ressentir ce qu'éprouve une ado qui n'a pas encore terminé le lycée et dont les cinq écoles précédentes ont été détruite l'une après l'autre dans des bombardements ? Une ado sur qui repose finalement la survie de sa mère !
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Où ? Quand ? Qui et quoi ?
La première campagne russo-tchétchène date de 1994 par des bombardements.
Il y a eu 2 guerres en Tchétchénie :
— (1994-1996) : Polina avait 9 ans au commencement de cette guerre.
— (1999 à 2000) : elle avait 14 ans lorsqu'elle a débuté l'écriture de son journal. Elle le fit pendant 3 ans (jusque 2002). Depuis – et jusqu'à ce jour ! —, il y a un énorme merdier interne de violences qui perdurent sous l'oeil démoniaque d'un dictateur. Polina a fuit Grozny pour la Russie en 2009. Grâce au soutien du célèbre écrivain et dissident russe Alexandre Soljenitsyne, pour faciliter la suite de la publication de ses carnets. « Malgré les mises en garde de la communauté internationale, Vladimir Poutine, alors premier ministre de Boris Eltsine, matait la rébellion dans le sang et installait au pouvoir des dirigeants prorusses. » (France culture http://www.franceculture.fr/emission-les-matins-retour-sur-la-guerre-en-tchetchenie-2013-09-24). Pour faire suite à des menaces de mort, des intimidations, et même une agression physique sur le mari de Polina, le couple s'est réfugié en Finlande. Ils y vivent paisiblement à l'heure où vous lisez ces lignes.
Le conflit :
C'est l'histoire de l'opposition entre les séparatistes tchétchènes et les Russes.
Après des attentats perpétrés par les indépendantistes extrémistes tchétchènes dans diverses régions du Caucase et sur les civils russes de la région ; afin d'instaurer une région du Caucase islamique destinée à regrouper toutes les Républiques voisines, la Russie a réagi en reprenant rapidement le contrôle de la région du N de la Tchétchénie par des bombardements qui ne s'arrêtèrent qu'après une année. Malgré tout, le conflit persiste…
« C'est un autre génocide, un nettoyage ethnique. (200 000 morts, 20 % de la population Tchétchène) selon COCA (Zainap Gashaeva) fondatrice de l'ONG écho de la guerre. » (Jérémie Couston sur Télérama http://www.telerama.fr/cinema/films/coca-la-colombe-de-tchetchenie,247731.php )
En 2009, Polina avait rejoint la Russie, grâce au célèbre écrivain Soljenitsine pour l'aider dans la publication de ses écrits, en même temps que la journaliste dissidente russe Natalia Esteminova (assassinée en 2009 en Ingouchie). « Elle dénonçait clairement le soutien de Poutine au Président tchétchène Kadyrov, un dictateur qui continue d'emprisonner, de torturer et d'ordonner les meurtres des dissidents. On compte là-bas quelques 3000 disparitions non élucidées. » (Catherine Schwaab surParis Match : http://issuu.com/annearnaud/docs/2013-09-12_1881_paris_match-1)
« Folie, folie, folie ! » Commence Marc Voinchet, sur radio France culture (voir lien plus haut). « On ne sait plus qui tire contre qui. » Souligne-t-il encore un peu plus tard.
C'est la première chose qui me vient à l'esprit, comme toute personne portant un regard extérieur sur les conflits. C'est le propre des guerres ! La réponse de Polina, et de la journaliste Anne Nivat ne se fait pas attendre : « Finalement, c'est toute personne vivant sur le territoire tchétchène qui subit les bombardements et le reste. À la 2e guerre, à partir de 1999, les mafieux, et autres bandits à la tire, avait trouvé le prétexte d'engranger une guerre civile intra muro pour s'enrichir sur le dos de la guerre. Les exécutions des civils russes pour s'emparer de leur bien. Les haines raciales ethniques sont alors nées. Car avant les guerres, la multi culturalité ne posait aucun problème et toutes les communautés ethniques vivaient en harmonie. C'était facile pour les dirigeants russes et le dictateur, d'également utiliser la filière de la Charia pour justifier les bombardements. »


Le journal
de Polina commence avec l'attentat du marché de Grosny, Tchétchénie – oct. 1999.
Beaucoup fuient en Ingouchie à leurs risques et périls, car la route qui y mène est une zone étroitement surveillée, c'est un véritable champ de tire. Polina et sa mère ont choisi de rester. Elles se sont débrouillées seules pour survivre en tant de guerres. Avec tous les inconvénients que la guerre comporte. Vols, agressions, se protéger contre d'autres prêts à vous voler pour une bouchée de pain. Climat de violence constante, de tension, de destruction, de peur, de dénonciation, d'assassinat, de viols, de bombardements journaliers, de corps d'humains et d'animaux calcinés… Malgré leurs frayeurs, elles vont travailler aux marchés. Polina se battra dans une file d'attente. Entre temps, chaque soir, elle lit Shakespeare (cadeau de son grand-père mort lors des bombardements de 1994) et prend la plume. Un des biens faits de la lecture et de l'écriture prend tous sons sens ici. Libération, rêverie, espoir, s'éloigner d'un enfer momentanément grâce à l'innocence d'une adolescente.
À cause des bombardements proches des immeubles, des immeubles s'affaissent sous l'effet des secousses ! Pas d'électricité régulière (usage de bougies, ou obscurité pure), pas de gaz pour éviter des risques d'explosions dans les maisons, soins limités en hôpitaux, un vrai chaos… Et donc, faute d'être opérée dans des conditions idéales, Polina gardera des séquelles importantes dues aux 16 éclats d'obus figés trop longtemps dans ses jambes.
Chaque jour devient une routine sous les bombardements. Une routine incertaine. Cela reste une routine, car malgré tout chaque jour se ressemble : fuir, se cacher, éviter la pluie de bombes. En même temps, chaque jour est incertain : qui va vivre ou mourir ? Comment s'en sortir demain si l'on est encore là ? C'est cela la routine incertaine. Une continuité dans la débrouillardise qui persiste pour les plus déterminés qui ont décidé de rester dans la région, sans savoir quand tout s'arrêtera.
Pour le contenu du journal intime d'une victime de la guerre… Il est tinté de quelques poèmes, de romance, de déceptions, de cauchemars, de référence littéraire classique, de joie et d'espoir évidemment. Ce témoignage difficile est très bien expliqué, il est clair, et très facile à lire. La situation est somme toute aberrante et désolante.
Mon premier bémol est que j'ai trouvé ce bouquin répétitif. Et mon deuxième bémol est un peu la conséquence du premier. Cette répétition se produit pendant plus de 500 pages. Cela m'a semblé trop long. L'une devient ceci, l'autre a fait cela, courir de tel immeuble à tel immeuble pour se cacher, untel a changé, un autre a disparu. C'était redondant.
Néanmoins, je suis conscient que ce livre ne doit pas avoir pour objectif de plaire comme un roman. C'est un document sérieux et grave. Rien que pour cela, il doit être lu afin de poursuivre le combat contre l'ignominie que crée ce type de crise. L'injustice est dénoncée à travers ce témoignage malheureusement courant et surtout inacceptable.
Puisse ce livre aider Polina à d'obtenir gain de cause. La paix. La condamnation du gouvernement russe à payer les dommages et intérêts pour blessures de guerre. Et surtout la fin de l'irresponsabilité d'une grande puissance. À la mémoire de ceux qui sont restés au pays, vivants ou morts.
Polina a partagé un rêve sur Paris Match : « Je rêve que la Finlande et tous les grands pays démocratiques occidentaux prennent sous leur tutelle la Russie et la Tchétchénie afin de leur enseigner ce qu'est la démocratie ! Et parfois je me dis que ce serait mieux si Napoléon avait gagné la guerre. »
Je suis d'accord sur « la notion d'universalité du livre » mentionné sur radio France culture par Marc Voinchet. Automatiquement, j'ai pensé à la Syrie, au Rwanda, à la Tchécoslovaquie, à l'Ex-Yougoslavie, la Seconde Guerre mondiale, l'Irak… et aux autres régimes dictatoriaux et mafieux. C'est une triste réalité à combattre et à dénoncer comme le fait courageusement Polina.
Il m'est difficile de croire que les guerres engendrées par des idéaux démesurés et défendus par des hommes de pouvoirs jamais rassasiés puissent disparaître un jour. C'est dommage, l'homme est inadapté à l'environnement qu'il a créé. Cet éternel insatisfait en perd la raison.
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Polina relate au jour le jour sa vie de jeune adolescente - elle a 14 ans au début du livre - durant la guerre de Tchétchénie. Et c'est bouleversant, Blessée avec sa mère dans l'attentat contre le marché central de Grozny, nous la suivons durant 4 années de sa vie dans un environnement hostile, sa mère et elle portent un nom russe, pas d'homme à la maison, elles subsistent en allant vendre au marché ce qui peut l'être. Bouleversant parce que ce cauchemar nous est relaté sur plus de 500 pages, avec les mêmes ingrédients : la guerre modifie les rapports humains, pour survivre, l'homme est prêt à tout. Polina passe de la relation d'un événement horrible à la description de ses sentiments d'adolescente, et entrecoupe son journal de multiples citations littéraires. Elle est ambitieuse et veut étudier, et elle y arrive alors qu'elle doit en même temps vendre au marché et s'occuper de sa mère malade
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Automne 1999: la Russie envoie à nouveau ses troupes en Tchétchénie, cette république musulmane de la Fédération russe qui avait obtenu une certaine autonomie quelques années auparavant, ce qui n'avait apparemment pas calmé les séparatistes tchétchènes, accusés de nombreux actes terroristes, dont la tristement célèbre prise d'otages dans un théâtre à Moscou, qui fit de nombreux morts.
Polina, une jeune adolescente de Grozny, décide d'écrire un "journal" dans lequel elle relate en détails sa vie quotidienne. J'ai eu le courage d'arriver au bout de ces 500 pages, poussé par l'envie de mieux connaître cette page tragique de l'histoire, de pouvoir imaginer ce que peut être la vie dans une ville en état de guerre. A ce point de vue-là, je n'ai pas été déçu! Grozny a été en grande partie détruite, Polina et sa mère déménageant régulièrement pour fuir leur habitation dont les portes, les fenêtres voire le toit n'existaient plus. Toute l'absurdité de la guerre est démontrée, d'autant plus que de nombreux habitants, comme Polina, ont des racines à la fois russes et tchétchènes. Les attaques ne sont pas toujours d'origine russe: on a souvent l'impression que les roquettes qui volent sont envoyées par n'importe qui sur n'importe qui!
Polina raconte sa lutte pour manger à sa faim, pour soigner sa mère qui souffre du coeur, pour poursuivre malgré tout son parcours scolaire, qui semble brillant. Elle parle de ses rapports difficiles avec ses voisins: sa mère, dont elle porte le nom, est russe, ce qui n'arrange rien.
le problème de ce journal, c'est que ses 500 pages sont toutes semblables. En l'ouvrant au hasard et en lisant quelques extraits, on a presque tout lu. Polina est très courageuse, très volontaire, mais semble versatile quand elle parle de ses relations: des gens formidables un jour deviennent le lendemains ses ennemis. Un peu parano peut-être?
Voici donc un journal très intéressant sur le plan historique, mais quelque peu décevant sur le plan littéraire. Rien à voir avec le "Journal d'Anne Frank", comme le suggère l'éditeur.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Quelles sont mes origines ? D'après notre nom, beaucoup nous prennent pour des Russes. Mais peut-on vraiment le dire ? La mère de ma mère était arménienne du côté paternel. Le père de ma mère était un cosaque du Don. La mère de mon père était une juive polonaise. Le père de mon père était tchétchène.
Dans la généalogie de ma mère, du côté de son père, il y a eu des Tatars, des Géorgiens, des Ossètes, des Arméniens, des Ukrainiens, des Tcherkesses... Dans la généalogie de mon père, du côté de sa mère, il y a eu des Français, des Espagnols, des Polonais, des Tchétchènes... Qui pourra déterminer la composition de mon sang en en analysant chaque goutte ? Je suis libre de choisir mes idées et ma confession ! Je suis une enfant du monde.
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J'ai trouvé des vers enthousiastes de Mikhaïl Iourievitch Lermontov sur le Caucase. Ils m'ont beaucoup plu. Ils sont imprégnés de la mentalité des montagnards. J'ai même du mal à croire que l'auteur ait pris part à des expéditions punitives...
L'aoul de Djemat est grand et prospère,
Il ne paie de tribut à personne.
Sa muraille est plus dure que le fer,
Au combat sa mosquée claironne
Ses fils plus libres que le vent
Sont aguerris au feu ardent.
Sur les hauts du Caucase et bien au-delà
L'écho de leurs exploits retentit,
Et jamais le cœur russe n'évita
Les balles de leurs fusils.
C'est un extrait du poème Hadji-arbek. Aujourd'hui, Lermontov et Pouchkine pourraient être proches des terroristes ou des wahhabites. Par leurs poème sur le Coran, par exemple
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Il ne reste presque plus personne d'honnête, de juste, de courageux autour de nous. Nous vivons dans un chaos macabre, barbare et mauvais. Aujourd'hui, des colonnes de blindés défilent sous nos fenêtres sans discontinuer.
À bientôt ! Je t'embrasse, Journal !
Des parents de la famille de Noura ont tué le nouveau chat de Lina. Pourquoi ? Ensemble, ils médisent contre nous. Ensemble, ils volent. Et en même temps, ils se haïssent mutuellement. Maman a raison : vivre dans le mensonge et la discorde est pire que périr sous une bombe.
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Ils ignorent que le père de mon père était tchétchène. Si on prend en considération la lignée paternelle, je suis donc tchétchène. Si je porte le nom de famille de maman, c'est parce que, sept mois avant ma naissance, mes parents se sont séparés. Maman n'a pas voulu se réconcilier avec mon père. Elle m'a déclarée sous son nom. Le plus drôle, c'est que la mère de mon père, ma grand-mère, était juive. Ce qui veut dire que mon père est juif. Ha, ha, ha ! Mais chez les juifs, on ne tient compte que de la lignée maternelle. Je suis un enfant du monde.
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