De vieilles reliques chrétiennes en plastique? Une Jeep quasi fossilisée découverte au 19ème siècle? Une arme retrouvée en Afrique du nord alors que pour l'armée américaine le prototype est en cours d'élaboration? Visiblement le passé a été un peu bricolé, mais les seuls à ne pas s'en s'étonner sont les responsables du projet Chronotron, bien décidés à ne pas laisser les Russes leur couper l'herbe sous le pied, et les Emirats garder leur pétrole.
Ce roman date de 1981, époque de l'Union soviétique et des chocs pétroliers, mais après tout cela n'est pas gênant, et l'on s'intéresse facilement à l'aventure d'un petit groupe envoyé dans le passé (cinq millions d'années quand même) pour bricoler ledit passé (on sait qu'il le fut, bricolé, puisqu'il y a ces trouvailles précédentes). le risque évident est que le futur soit transformé, et chaque envoyé dans le passé à partir de différentes périodes aura connu un présent différent.
De plus ce qui les attend dans cette Méditerranée pas encore remplie était absolument imprévisible...
D'accord, ce roman s'adresse en priorité aux fans de science fiction avec voyages dans le temps et uchronie, mais il se lit plaisamment, car bourré d'idées et de réflexions, qui auraient largement pu donner un roman deux fois plus gros : d'ailleurs je regrette que certaines pistes prometteuses n'aient pas été suivies.
Cependant le plus frappant, c'est encore l'excellente qualité de l'écriture et le talent pour rendre une atmosphère. Juste un exemple : avant de partir dans le passé, le héros principal Steve se met à la recherche de tous les livres 'lisibles' lui tombant sous la main et en bourre son sac. Parmi lesquels A la recherche du temps perdu (le premier tome), ce qui vaut ensuite un paragraphe sur les célèbres aubépines.
ou ce genre de passage de bonne tenue littéraire à mon avis:
"A chaque extrémité du chargement se déployaient des grappes de parachutes, fleurs blanches et presque printanières, puis le tout s'affaissa majestueusement, prenant contact au ralenti avec la surface de la mer; des gerbes d'eau jaillirent, plus haut, encore plus haut, pour retomber sans un bruit. Les parachutes s'élargissaient avec langueur et tandis que les tuyaux sombraient lentement, on aurait dit deux colonies de méduses blafardes s'engouffrant à leur tour dans les profondeurs de la mer."
On aura aussi une explication de la légende de l'Atlantide, une carte de la Méditerranée 'sans eau', etc.
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