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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Retirer la garde des enfants à des femmes négligentes, parquer ses mères dans une école qui ressemble à une prison, leur apprendre à devenir des mères parfaites en s'entrainant sur des poupées robots devant des enseignantes qui n'ont jamais eu d'enfants de leur vie…

Adieu empathie, adieu psychologie humaine.

De mon point de vue, les trucs pour lesquels sont condamnées ses femmes, sont légitimes. On ne laisse pas un bébé seul pendant deux heures. On ne perd pas de vue son enfant au parc en regardant Tik Tok. Mais la méthode de répréhension, je la trouve complètement horrible. On ne peut pas traiter ses femmes comme des criminelles. Et pourtant, c'est ainsi qu'elles seront considérées.

C'est assez symbolique le fait qu'on demande à des femmes de retirer tout ce qui fait d'elles un être humain (les émotions, l'imperfection) en s'occupant de robots. En fait, on demande à ses femmes de devenir des machines avec leurs enfants, sur lequel on appuierait sur un bouton : bonne mère, mauvaise mère. Et la nuance humaine dans tout ça? Surtout dans une société où le vecteur de croissance est l'argent, élaborant ainsi un système de classe social? Les mères riches qui négligent leur enfant, ne sont pas perçues comme telles, puisqu'elles ont les moyens de se payer des domestiques. Mais une mère seule qui doit travailler? Quelles sont ses contraintes dans cette société?

J'ai trouvé son roman trop long, surtout la partie dans l'école. On comprend très vite l'absurdité exigée à ses mères, et le temps consacré pour le transmettre devient, personnellement rébarbatif : elles doivent réussir à calmer les pleurs dû à des souffrances physiques en moins de 10 minutes, baisser la température dû à une fièvre grâce à des pensées d'amour, faire des câlins de temps de seconde en fonction des pleurs. Les punitions lorsqu'elles n'arrivent pas à calmer les robots, sont carrément des tortures psychologiques, etc…
L'adage « faites ce que je dis pas ce que je fais » n'a jamais été aussi bien montré que dans cette école. Tandis qu'on enseigne la bienveillance et l'amour maternel à ses femmes, elles subissent tortures psychologiques, dénigrement permanent, menaces affectives et punitions extrêmes. Si tu casses une maman, elle marchera moins bien après.

Et quelque chose a échappé à ma compréhension, la parole de l'enfant dans tout ça ? On lui prend sa mère. Arracher la mère d'un enfant, c'est tout sauf de la bienveillance. On a des enfants émotionnellement fragiles parce que les mères ont fait des bêtises, et au lieu de rassembler ses familles, de les guider pour s'améliorer, on les sépare violemment, on détruit le lien et on s'attend à une progression miraculeuse…
C'est long et émotionnellement insupportable de lire la souffrance de ses femmes. Mais j'avais envie de savoir la fin.
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Parmi la masse des romans dystopiques déjà parus, difficile de se faire une place au soleil. C'est pourtant ce qu'essaye l'américaine Jessamine Chan avec son premier roman, L'École des bonnes mères, dans laquelle elle imagine une société tellement terrifiée par les violences envers les enfants qu'elle a décidé de prendre les choses en main de façon plutôt…radicale.
Traduit en France par l'excellente Anne-Sylvie Homassel et publié par les éditions Buchet Chastel, le roman de Jessamine Chan questionne et file la chair de poule.

« Nous avons votre fille », une phrase simple, percutante, directe.
Ainsi s'ouvre L'École des bonnes mères dans laquelle le lecteur suit la descente aux enfers de Frida, Américaine d'origine Chinoise, qui se voit confisquée la garde de sa propre fille pour négligence.
Mais quelle négligence ? Celle d'avoir laissé seule Harriet, son enfant de 18 mois, dans son appartement alors qu'elle n'en pouvait plus. Qu'elle voulait simplement sortir, respirer. Dénoncée par ses voisins qui ont entendu les pleurs de la gamine, Frida se précipite au poste de police et la voici confronté au Service de Protection des Mineurs.
L'histoire pourrait s'arrêter ici mais dans ces États-Unis-là, on ne plaisante plus du tout avec le bien-être des enfants et tout ce qui peut s'apparenter à de la maltraitance. Envoyée dans une école pour y être rééduquer, une « école de bonnes mères », Frida comprend qu'elle n'est pas prête de revoir Harriet. Laissée aux bons soins de son père, Gust, et Susanna, la nouvelle femme de celui-ci, séparé depuis plusieurs années d'avec Frida, la petite fille commence à grandir dans l'inconnu.
Jessamine Chan se focalise entièrement sur le destin terrible de Frida, une mère imparfaite (une mère ordinaire, donc), qui se retrouve broyée par un système devenu complètement fou et extrémiste, centré sur le bien-être de l'enfant et qui veut transformer les mères en modèles parfaits, calibrés, minutés, rééduqués. Avec un soupçon de Servante Écarlate, à ceci près que le garde-chiourme ici est bel et bien féminin.

La quasi-totalité du roman se déroule donc dans cette école spéciale où Frida va faire la connaissance d'autres « mauvaises » mères.
Certaines coupables sans aucun doute possible de mauvais traitements, d'autres d'atteintes bien plus discutables. Mais la nuance n'existe plus, si vous commettez une erreur dans votre rôle de mère, alors vous êtes une criminelle. Et vous serez traité comme telle.
Imaginant un substitut d'enfants grâce à des sortes de poupées-robots dérangeantes autant qu'attendrissantes, Jessamine Chan explore avec minutie la culpabilité de Frida et les racines de celle-ci qui, on le devine rapidement, est aussi le fruit d'une société où la mère est toujours coupable, quoiqu'elle fasse. Suivant les différentes étapes de la rééducation maternelle, sorte de cours intensifs à la parentalité bienveillante version camp de redressement, le roman glace le sang par les épreuves psychologiques qu'il fait subir à Frida et à ses codétenues.
Souvent absurdes jusqu'à l'extrême — le câlin est minuté en fonction du rôle qu'il doit remplir par exemple — , les consignes et le code moral que l'on inculque à ces femmes n'a plus rien d'humain. L'erreur n'est plus tolérée et une forme de perfection maternelle malade, perverse prend la place de ce qui devrait être un apprentissage progressif et tâtonnant, en réalité naturel.
C'est pourtant la souffrance de mère de Frida mais aussi son histoire personnelle, intimement liée à ses origines chinoises et à ses relations avec ses parents, qui fera toute la force de ce roman. Car Frida n'est pas une mauvaise mère, elle est juste une maman qui a fait une erreur, une maman qui n'en pouvait plus et que la société écrase de tout son poids.
Au fond, le roman de Jessamine Chan raconte sans tabou tout ce qui constitue le rôle de mère, du pire au meilleur, de la solitude qui l'accompagne au jugement constant qui l'éreinte.
Car être mère et être femme, avec tout ce que cela présuppose, de l'amour au sexe en passant par le besoin d'être soi, sont deux choses que la société moderne refuse de concilier.

Dans son versant dystopique, L'École des bonnes mères reconstruit un système totalitaire en huit clos où la femme devient son propre prédateur.
À force de jugements, de mesquineries, de rumeurs et d'inhumanité.
Plus fort encore, Jessamine Chan inclut bel et bien des femmes qui ont maltraité leurs enfants. Mais elle arrive à en tirer quelque chose, à ne pas les réduire aux monstres que les journaux et le cinéma nous vendent, à tenter de comprendre sans excuser pour autant.
En réalité, le roman nous explique aussi comment en utilisant un sujet-choc qui devrait de facto mettre tout le monde d'accord, à savoir la maltraitance infantile, il devient possible d'infliger les pires choses à ces êtres qu'on déshumanise. La mauvaise mère n'est plus vraiment humaine, elle est une chose défaillante et répugnante qu'il faut corriger, qu'il faut punir. En jouant sur l'émotion, il devient possible de tout faire accepter, même le pire. Surtout le pire.
Si le roman semble tout de même tirer à la ligne par moment en démultipliant les enseignements et en diluant ainsi son impact émotionnel, il parvient à capter toute la détresse de celles qui sont piégées et qui ne veulent que serrer leur enfants dans leurs bras de nouveau.
C'est aussi l'occasion de démontrer la différence de traitement entre les pères et les mères, comment ces dernières sont beaucoup plus sévèrement réprimandées et condamnées. Et puis, bien sûr, de comprendre qu'on n'a pas le même destin si l'on est une mère blanche américaine aisé ou une mère noire sans le sou. Que l'environnement et les origines sont toujours là, quoiqu'on fasse.

Dans ce roman-cauchemar où l'on s'enferme avec une mère condamnée au pire, le lecteur passe par toute une palette d'émotions parfois contradictoires, épluchant la maternité et le rôle de mère dans toute sa complexité. Jessamine Chan livre une histoire de notre époque, où la mère se doit d'être parfaite et n'a le droit que d'être jugé encore et encore. Une histoire banale, presque.
Reste à savoir ce qu'est, au fond, une bonne mère dans notre époque malade.
Lien : https://justaword.fr/l%C3%A9..
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Frida, devenue mère célibataire après que le père de sa fille l'a quittée pour une autre femme, essaie désespérément de jongler entre les besoins de la petite Harriet, âgée de 18 mois, son travail et la fatigue qui menace de la submerger. Mais voici que l'impensable se produit : un jour d'extrême fatigue, elle s'attarde plus longtemps que prévu au travail en oubliant qu'elle a laissé sa fille seule chez elle, les voisins appellent la police et son enfant lui est retirée. Plongée en plein cauchemar, Frida n'a plus qu'une solution : accepter la seule solution qu'on lui propose, un stage d'un an à la toute nouvelle Ecole des bonnes mères, visant à rééduquer les parents défaillants...

L'Ecole des bonnes mères commence tout d'abord comme un roman réaliste, en décrivant de l'intérieur la vie souvent épuisante d'une mère seule avec son jeune enfant, la fatigue qui s'installe, l'impression de ne jamais avoir un moment à soi, l'envie qu'on peut parfois avoir de hurler même si on adore plus que tout son bébé. L'auteure décrit très bien cet épuisement, ce tourbillon sans fin, et nous fait vivre de l'intérieur le soudain cauchemar de Frida qui certes a fait une grosse bêtise en laissant seule sa fille mais qui n'aurait jamais pensé que cela puisse aller si loin et qu'elle puisse ainsi être privée de son enfant. Et puis à quelques petits détails on comprend que ce roman glisse vers la dystopie : ces voisins si prompts à appeler la police quand ils ont compris qu'Harriet était seule à la maison, ces policiers qui la traitent comme une criminelle et l'accusent de manquer à son devoir, ce tribunal qui semble ne faire preuve d'aucune compassion... L'auteure nous amène ainsi très intelligemment vers le monde qu'elle décrit, un monde où les autorités politiques et sociales se sont vues accusées d'avoir provoqué la mort de jeunes enfants par négligence, un monde où maintenant les parents n'ont plus droit à l'erreur, où l'état considère qu'il est de son devoir de s'assurer que tout parent est bien apte à s'occuper de sa progéniture.

On va ainsi découvrir par les yeux de Frida la glaçante Ecole des bonnes mères du titre... et ça fait froid dans le dos. Combinaison parfaite de technologie, de surveillance, de déshumanisation et de rééducation politique, cet institut d'un nouveau genre qui réunit les mères défaillantes aux yeux de l'état va devenir le nouveau cadre de vie de Frida et de ses compagnes. le récit déroule ainsi en détails ce que peut être la parentalité vue sous son angle le plus utilitaire et normatif : les câlins sont minutés et ont chacun un but (le câlin consolant pour un enfant qui s'est fait mal, le câlin anti-frustration pour celui qui n'a pas pu avoir le jouet qu'il voulait, le câlin calmant pré-dodo, etc etc), la mère doit être infaillible et se transformer tantôt en pompier pour prémunir son enfant du danger, tantôt en super prof pour lui expliquer le monde, tantôt en Gandhi pour lui apprendre la négociation non violente... le tout est très réaliste et même si certaines scènes sont poussées à l'extrême et m'ont fait m'exclamer en mode "oh non quand même ils ne vont pas faire ça", on sent bien le parallèle avec notre monde où tout est fait pour encourager la perfection, où pères et mères sont scrutés pour appliquer la "bonne" méthode éducative ou faire le maximum pour leurs enfants.

Ce roman réussit à être à la fois complètement prenant en mode thriller, la vie de Frida à l'école étant tellement difficile et jalonnée d'épreuves que l'on se demande à chaque page si elle va s'en sortir, et aussi très intéressant sur tout ce qu'il dit sur la charge mentale des parents (et sans doute plus particulièrement des mères), la femme vue uniquement à travers le prisme de son rôle de "maman" élevé comme valeur ultime, la volonté de l'état de tout contrôler y compris la sphère privée de l'éducation des enfants et encore bien d'autres questions intelligemment soulevées par ce récit. Seul petit bémol : le style de l'auteur que j'ai trouvé vraiment très plat et peu agréable à lire, au point que j'ai failli abandonner ce livre aux premiers chapitres tant j'avais du mal à apprécier ma lecture ! Heureusement que le propos intéressant et le suspens m'ont ensuite emportée. Au final un récit très original et un roman qu'on ne lâche pas avant d'avoir tourné les dernières pages : à découvrir !
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Parce qu'elle a vécu "une journée en enfer", comme elle ne cesse de le répéter, Frida, mère divorcée,  a laissé seule sa fille de dix-huit mois plus de deux heures. Dénoncée par ses voisins, la petite Harriet lui est retirée par la police, puis par les services sociaux. Mise à l'épreuve, filmée en permanence chez elle, Frida échoue à convaincre qu'elle est une bonne mère , selon les nouveaux critères de l'administration.
La voilà donc contrainte d'intégrer un établissement de rééducation maternelle, mi- centre de formation, mi-prison, où on inculque aux femmes à gommer tout ce qui est considéré comme du narcissisme (comprendre : le fait de faire passer ses besoins avant ceux de l'enfant)  avec des méthodes particulièrement éprouvantes psychologiquement, car aidées par de nouvelles technologies.
Très fouillé, le roman ménage de nombreux rebondissements, analyse le racisme latent qui existe au sein de cette communauté contrainte et tire la sonnette d'alarme sur des sociétés où, sous couvert de préserver les enfants, on bâtit un monde inhumain où l'on évalue la capacité d'une mère à calmer son enfant en la chronométrant...
Ayant regardé des documentaires sur les dérives de certains systèmes de protection de l'enfance, (Norvège, Suède...), j'ai dévoré les 500 pages de ce roman où la tension est toujours présente.
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Philadelphie, de nos jours. Frida Liu, récemment séparée de son mari Gust, s'occupe de sa fille Harriet, 18 mois, dont elle a la garde alternée. Un jour, pour ne pas perdre son emploi, elle l'a laissée pendant 2 heures seule à la maison pour aller récupérer des papiers importants au travail, et a été signalée par les voisins. C'est la descente aux enfers : sa fille lui est retirée, elle est surveillée en permanence, a des rdv réguliers avec des assistantes sociales, et celles-ci ainsi que la juge statuent sur un placement dans "L'école des bonnes mères", à Pierce Hall, pour réapprendre les codes de la parentalité...

Tout d'abord je tiens à remercier @les_lectures_de_juliie pour l'envoi de ce livre gagné lors du concours de Noël! J'ai énormément aimé l'univers dystopique et pourtant si proche de la réalité créé par l'auteure, qui explore tous les travers de la société américaine, ses codes rigides et racistes, et qui est également une vive critique des services sociaux, qui ici mettent sur le même plan Frida, et Linda qui a enfermé ses enfants dans le vide sanitaire, sans aucune nuance. le personnage de Frida montre l'importance des racines et de leur transmission à l'enfant, l'amour d'une mère quelles que soient ses erreurs, et les phases de résignation, de soumission, de pensées suicidaires ou combatives par lesquelles elle passe (comme chacune de ses comparses) pendant toute son évaluation.

L'école en soi est le summum de l'infantilisation, mais on y crée aussi des amitiés et des relations. Chaque chapitre s'enfonce un peu plus dans l'ubuesque pour Frida, et dans une certaine mesure cela m'a fait penser aux Sept Étages de Dino Buzzati! Prison sans être une vraie prison, école sans être une vraie école, Pierce Hall est cependant un vrai lieu de privation, et par dessus tout du contact avec son enfant. Les mamans doivent y parler le mamanais avec de fausses poupées, et leurs rares droits sont bafoués aussi rapidement qu'ils ont pu être octroyés. le dénouement est tout à fait satisfaisant, et je recommande cette lecture singulière, avec une plume aussi incisive que la brèche créée par la situation dans la vie du personnage principal!
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L'école des bonnes mères est un livre que j'ai découvert un peu par hasard et qui m'a intriguée.

Imaginez, vous êtes une mère divorcée, usée, ne dormant que très peu car votre enfant de quelques mois est malade. Bien entendu, vous travaillez à temps plein. le père est présent mais, de son côté, tout va bien puisqu'il a une nouvelle compagne qui l'aide dans le quotidien. Alors que vous, malheureusement, vous n'avez que peu de soutien d'amis, ou de votre famille qui habite trop loin.
Alors, un jour, vous laissez votre bébé pleurer dans sa chambre, en sécurité, et vous partez vous aérer une ou deux heures. Quel plaisir de pouvoir boire un café sans entendre brailler...
Et quand vous revenez, tout est calme, trop calme. Votre bébé n'est plus dans son berceau. Vous pensez immédiatement à un enlèvement. Mais non, vos voisins, lassés d'entendre le bébé pleurer, ont contacté la police. Ouf, votre bébé est en sécurité. Mais vous, vous ne serez plus jamais tranquille car les services sociaux ont décidé de vous retirer la garde de votre enfant, le temps d'évaluer si vous êtes une "bonne mère". Vous voilà donc envoyée pour un an dans une "école" spécialisée où vos moindres faits et gestes, vos moindres émotions seront scrutés et étudiés.

Voilà ce qui attend Frida, notre héroïne, qui a eu le malheur de laisser Harriet, sa fille de 14 mois, seule à la maison, après s'être assurée qu'elle ne risquait rien, le temps d'aller chercher un dossier urgent qu'elle avait oublié au travail. Alors, oui, tout le monde le sait, on ne laisse pas un bébé seul. Mais, n'est-ce pas humain d'être imparfait et de prendre parfois de mauvaises décisions?
Car ici, on ne parle pas de personnes mettant délibérément en danger leurs enfants, on ne parle pas de parents maltraitants au sens où on l'entend, on parle de parents, et plus particulièrement de mères, ayant donné une gifle à leur adolescent qui les insultait; de mères qui ont laissés quelques minutes leur enfant dans son siège auto, le temps d'aller récupérer le pain à la boulangerie; de parents, au parc, ayant regardé leur téléphone portable quelques secondes et dont l'enfant est tombé du toboggan et s'est cassé le bras. Oui, on parle de ce genre de parents, responsables, mais qui ont commis une erreur d'inattention. Qui se sont montrés imparfaits.

Ce roman m'a glacée au démarrage car je n'avais alors pas l'impression de lire une dystopie (alors que dès que Frida arrive à l'école, on y est carrément).
En effet, cela semblait tellement réel, tellement capable de se passer aujourd'hui (mais n'est-ce pas aussi le principe d'une dystopie?), que j'ai immédiatement éprouvé beaucoup d'empathie pour Frida, et de la colère envers les services sociaux "moralisateurs".
Cette histoire m'a fait passer par une palette de sentiments très divers, et en ça ce fut une grande réussite.
Jessamine Chan soigne son histoire, nous met en garde contre les dérives de nos sociétés (le trop tout de suite vs. le laxisme ordinaire), nous interpelle sur la charge mentale que l'on fait porter aux femmes, aux mères plus particulièrement, sans oublier de rappeler que la société reste fortement inégalitaire que l'on soit noire ou blanche, riche ou pauvre, alors imaginez le combo si vous être noire ET pauvre. Et elle y parvient très bien.

Sauf que ce roman, très dense, ce qui est une très bonne chose de mon point de vue, souffre aussi de certaines longueurs et se répète parfois un peu trop.
Et aussi, ce qui arrive souvent avec les dystopies, je suis restée sur ma faim même si j'ai beaucoup beaucoup apprécié la toute dernière phrase de ce roman.

En bref, j'ai longtemps hésité entre 3,5 étoiles ou 4 étoiles. Finalement, le 4 étoiles l'a emporté car il m'a quand même bien secouée ce roman.
Ce livre fait forcément écho à La servante écarlate quand on l'aborde, je pense que quiconque l'ouvrira y pensera.
Pour ma part, ce roman m'a aussi fait penser au démarrage d'une plaidoirie d'une avocate qui, pour défendre sa cliente accusée de maltraitance, a dit "Moi aussi, j'avais des principes très forts. Moi aussi, j'étais une très bonne mère. Puis, j'ai eu des enfants".

Un roman que je vous encourage à découvrir.
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J'ai découvert ce roman grâce à la sélection du Prix Harper Collins Poche 2024. La quatrième de couverture étant prometteuse je me suis lancée curieuse de ce que j'allais découvrir.
Frida est une jeune mère, divorcée. Elle va s'absenter de son domicile en laissant sciemment sa fille de 18 mois seule. C'est sans compter sur l'affolement de ses voisins qui vont entendre l'enfant pleurer et alerter les autorités.

Elle va alors vivre de long mois douloureux sous surveillance des autorités américaines et après son jugement elle va se retrouver dans une ancienne université désaffectée transformée en centre de rééducation. Une école pour devenir "une bonne mère".

Frida va être complètement spectatrice de ce qui lui arrive. Elle peine à trouver sa place, remet en cause toute son existence. Cet acte certainement plus proche du burn out parental que de l'abandon va lui coûter de long mois éloignée des siens et surtout d'Harriet. Enfermée dans ce centre qui n'est pas une prison, qui semble complètement fou avec des protocoles qui font froid dans le dos. Il n'y a pas d'échelles dans le jugement de la "mauvaise mère", elles sont toutes traitées de la même façon alors que les degrés de maltraitance sont totalement différents d'un cas à l'autre. Cela rend les choses encore plus absurdes et c'est ce qui participe à nous attacher au personnage de Frida. J'ai vraiment voulu qu'elle s'en sorte, elle fait tout pour prouver qu'elle est une bonne mère comme les Etats-Unis d'Amérique l'entendent.

Ce roman est une dystopie qui glace de nombreuses fois le sang, l'intégration de l'IA dans l'histoire n'en sera que plus perturbant. Ce qui fait vraiment que le roman est prenant ces de ce dire qu'on ne sait plus si c'est une réalité ou non, la dystopie frôle tellement notre monde actuel.

J'ai trouvé l'écriture assez fluide et j'ai vraiment eu du mal à le reposer, je voulais vraiment savoir ce qui allait advenir de Frida et ses consoeurs à Pierce Hall.

J'ai eu plusieurs fois envie de dire "Joyeux Hunger Games et puisse le sort vous être favorable" c'est pour vous dire !
Lien : https://leblogmathildebouqui..
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Une lecture en demi-teinte pour moi.
Sur le papier, ce livre avait tout pour me plaire, par les thématiques notamment qu'il abordait. Et c'est vrai que j'ai beaucoup aimé le fond du roman mais ... il m'a manqué quelque chose.

Le fond du livre est vraiment intéressant. Il dénonce les différences d'attente autour des mères et des pères : les mères qu'on veut parfaites, les pères qui ont plus le droit à l'erreur et qu'on pardonne plus facilement. L'autrice dénonce également le fait qu'une mère doit "devenir mère à 100%" lorsque son enfant est né, jusqu'à s'oublier en tant que femme alors qu'un homme peut être père et continuer à avoir des désirs personnels sans que cela soit considéré comme de l'égoïsme.

Ces messages sont forts et percutants mais la forme n'a pas su me toucher.
Pourtant, ce livre ne manque pas de scènes choquantes ... qui m'ont laissée de marbre. Je n'ai pas réussi à être touchée par la plume, les mots utilisés. Je n'ai pas su non plus m'attacher aux personnages. Je me souviens avoir ressenti exactement le même sentiment en lisant 1984. D'ailleurs, l'ambiance de ce roman m'a beaucoup renvoyé à ce classique de George Orwell !

En terminant ce livre, je n'ai pas été chamboulée ou bousculée. Pourtant, je soutiens totalement l'idée derrière le livre. Mais je sais déjà que ce livre ne restera pas une lecture essentielle dans ma vie de lectrice.

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Glaçant ! Ce roman m'a valu plusieurs nuits de cauchemars ! Et pourtant un roman impossible à lâcher. Je n'oserai pas le qualifier de roman d'anticipation car tout ce qui y est décrit est tellement effroyable. Mais une dystopie de grande qualité.

Frida a laissé Harriet, sa fille de 18 mois seule chez elle le temps d'aller chercher des documents à son bureau. Quelques heures aux conséquences insoupçonnées.
Un voisin a dénoncé Frida.
La police a récupéré Harriet.
Frida est interrogée puis incarcérée.
Harriet est confiée à Gust, son papa et à Susanna, sa nouvelle compagne.
Frida est jugée coupable.
Elle doit intégrer l'Ecole des bonnes mères, cette nouvelle école qui va lui donner les clés pour être une meilleure mère, une meilleure version d'elle-même... Cette école où pères et mères défaillants sont séparés pour suivre leur programme de rééducation. Une école où les règles et enseignements sont des plus surprenants... glaçants...
Elles sont plusieurs à avoir été condamnées pour négligence ou délaissement ou mauvais traitement. Trois mots pour des réalités bien différentes...
Elles sont là, unies par ce mantra, répété plusieurs fois par jour : "je suis une mauvaise mère mais j'essaye d'être meilleure."

Un roman effrayant où sous couvert d'oeuvrer pour le bien des enfants, on lobotomise les parents, on annihile leur pensée et leur libre arbitre pour une société uniformisée et dépourvue de sens.

Une douce couverture pour un roman amer.
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J'ai lu l'école des bonnes mères de Jessamine Chan
Frida est à bout, son mari l'a quitté pour une femme plus jeune. Elle est épuisée, elle a besoin de décompresser, elle sort prendre l'air en laissant sa fille seule pendant 2 heures. Grosse erreur ! Elle sera signalée aux services de l'enfance.
Sa fille sera confiée à son père et Frida condamnée à un an dans une école pour suivre un programme afin de devenir une bonne mère.
Si elle réussit, elle récupère sa fille, si elle échoue , elle sera déchue de ses droits parentaux et ne la reverra plus
Une dystopie qui nous plonge dans la terreur, dans un futur bien étrange
Ce livre est un best-seller comparé à la servante écarlate, à mon avis un peu surévalué
J'ai lu ce roman en alternance avec un thriller, je l'ai trouvé un peu long et farfelue. Pas assez poussé niveau intelligence artificielle.
On passe par diverses émotions, les 150 premières pages sont longues, des scènes de sexe inutiles, la suite est plus prenante, on rentre enfin dans le sujet. La fin surprenante #lecoledesbonnesmeres #jessaminechan #dystopie #bookstagram #booksta #bookstagramfrance #editionbuchetchastel
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