En lisant ce livre, c'est une chanson de
Jean-Jacques Goldman qui me revenait sans cesse à l'esprit : Né en 17 à Leidenstadt. Elle dit ceci : Si j'étais né en 17 à Leidenstadt, sur les ruines d'un champ de bataille. Aurais-je été meilleur ou pire que ces gens si j'avais été Allemand ? Et de poursuivre un peu plus loin : Serions-nous de ceux qui résistent ou bien les brebis d'un troupeau, s'il fallait plus que des mots ?
Ce livre est constitué des lettres envoyées par
Franz Jägerstätter à son épouse alors qu'il est incarcéré d'abord à Linz puis à Berlin. En 1938, il est le seul de son village à voter contre l'Anschluss et refuse ensuite catégoriquement de combattre pour le troisième Reich. Il devient objecteur de conscience et sera exécuté en 1943. A noter qu'il est père de trois petites filles dont l'aînée a six ans. Il sera béatifié par le pape
Benoît XVI en 2007 comme martyr.
Un film lui a été consacré qui est sorti tout récemment : une vie cachée. Ce livre, vous l'aurez compris n'est pas un récit narratif. Ce sont les lettres de l'intéressé à son épouse où il explique ce qu'il vit et au nom de quoi ou plutôt de qui il pose ces actes. C'est donc dépouillé, il n'y a pas d'artifice, mais quand on pense qu'un des plus grands philosophes de son temps,
Martin Heidegger s'est laissé séduire par le nazisme, on ne peut que s'émerveiller à propos de ce simple paysan du Tyrol qui sent au plus profond de lui que le nazisme est une doctrine contraire à l'amour de Dieu.
Pour reprendre les paroles de Goldman : Serons-nous de ces improbables consciences ? Cette faible lumière qui brille au plus profond des ténèbres…