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sur 201 notes
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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"Voilà ce qu'il en est de l'amour. le tennisman aurait-il pu croire, du temps que sa groupie s'extasiait sur son revers, qu'un jour elle tenterait de le tromper avec son croque-mort ?" p.126
L'amour, la mort, le destin.


"Nous faisions le ramadan, à peu près correctement, à cause des voisins et pour le plaisir de faire des extras le soir." p.72
La tradition, l'honneur, l'exil.


Ces éléments de tragédie chantée à quatre voix, celles de René, d'Evren, de Derya et de Yasemin, s'entremêlent comme dans une polyphonie de Roland de Lassus, tout en nuance. Loin de ... la caricature, Armel Job nous invite à nous interroger entre autres sur le mariage et le poids des traditions, sur la filiation et la place de la femme, sur l'amour aussi. Ce roman policier soulève ce tapis nommé honneur pour révéler les bassesses et la haine qu'il ne manque jamais de recouvrir complaisamment.


La prose est limpide, la complexité psychologique des personnages dévoilée peu à peu. C'est loin des mosquées, c'est proche de Simenon.


Et puis l'humour noir (là je suppose qu'on peut encore utiliser cet adjectif) : commencer par un bucolique accident de corbillard, est-ce que cela n'a pas un accent de Pierre Tombal ?
J'ai adoré cet Armel Job, fin, spirituel, surréaliste : Belge !
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Mon prénom est René. J'ai 49 ans. Ma petite société de pompes funèbres marche bien. J'y travaille « seul » avec Marcel, mon associé, un cerveau de petit enfant dans un grand corps d'adulte, le fils de l'ancien patron et le frère de la femme de ma vie… Qui est partie un jour avec son entraîneur de natation et n'a jamais donné signe de vie ! Je fais du jogging deux fois par semaine et je tiens la forme.
Mon voisin, Altan, un petit entrepreneur turc, qui a épousé Sandra une belge, ce voisin avec qui je n'avais aucun rapport particulier m'a demandé de lui rendre un service : loger chez moi deux oncles venus de Turquie pour le mariage de son frère Evren. Si seulement j'avais su dans quoi je mettais les pieds, je m'en serais abstenu…

C'est moi, Evren, ancien gardien de but du Sporting local. J'habite en Belgique mais je travaille au Luxembourg. Une belle situation. Je vais me marier. Un mariage arrangé. J'ai deux mains gauches mais j'ai fait de bonnes études de comptabilité. J'ai été en Erasmus à Cologne, hébergé par mon oncle, Murat. Une espèce d'intégriste. Ses fils ne valent pas mieux. C'est là que j'ai rencontré Derya. Derya, le trésor de mon oncle Murat. Derya d'une beauté à couper le souffle ! Elle est aussi belle que moi je suis laid ! le jour où je l'ai vue nue, j'en suis tombé fou amoureux. Je veux l'épouser…

Je m'appelle Derya. J'ai 17 ans. Mon père Murat semble beaucoup m'aimer. Il est très à cheval sur les vieilles traditions venues d'Anatolie et ne plaisante pas avec ce qu'il appelle l'honneur familial. Il est très religieux. Ma famille a accueilli Evren lors de son séjour en Erasmus, à Cologne. C'est un gentil garçon. Très poli. Il ne m'a jamais adressé la parole. Il est amoureux de moi. Il veut m'épouser. Moi, je ne l'aime pas. Je veux poursuivre mes études et décider de ma vie. Je suis une bonne élève et j'essaie d'être une bonne fille…

Yasemin, tel est mon prénom. Je suis la petite dernière d'une famille nombreuse et peut-être celle qu'on a gâtée. Mon père, Kaan est un éleveur de bétail et de chevaux akhal-teke. Comme je suis la dernière de la famille à vivre sous le toit paternel, mon père m'a appris à m'occuper des chevaux, sa passion. La vie en Anatolie est rude. Bien qu'étant une élève douée, j'ai dû me contenter des seules études disponibles dans la région : je suis capable de vous confectionner n'importe quelle robe. Quand j'avais dix ans, j'ai brièvement rencontré mon cousin Evren venu passer des vacances en Turquie avec sa maman, ma tante. J'en suis tombé amoureuse. Très amoureuse. Malgré sa gaucherie, et sa tête carrée, il est très respectueux et gentil. Sa famille a demandé ma main à la mienne. Je suis folle de joie !


Critique :

Voilà le genre de livre que plusieurs personnes vous recommandent de lire, que vous finissez par acheter. Puis, en sortant de la librairie chargé de bouquins pour prendre le bus, vous vous dites : « Je vais commencer à lire le plus fin du lot en attendant d'arriver chez moi ».
« Loin des Mosquées », drôle de titre ! Une histoire de djihadistes, sans doute ! Bizarre ! le récit commence par un certain René, croque-mort qui nous fait part de ses pensées philosophiques sur les morts, son gagne-pain. Intéressant le bonhomme ! Ah, tiens ! Changement de personnage ! Evren ! Qu'est-ce qu'il nous veut celui-là ? Super ! Il nous raconte ses maladresses ! Vraiment pas doué le bonhomme. Et moche en plus !
Derya ! Voilà une charmante jeune fille que je serais ravi de connaître !...

Et voilà, c'est foutu ! Sans vous en rendre compte, vous êtes alpagué par ce roman à quatre voix ! Ce livre, vous n'allez plus vouloir le quitter avant d'être arrivé à la dernière page car en plus d'être un roman de moeurs qui retrace la vie d'un clan turc issu de l'Anatolie profonde et qui a essaimé en Allemagne et en Belgique, il prend peu à peu la forme d'un thriller…

Je suis ravi d'avoir enfin découvert cette oeuvre d'Armel Job… Qui me donne envie d'en découvrir d'autres de cet excellent auteur qui décrit si bien les sentiments humains.
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L'excellence est toujours au rendez-vous
avec Armel Job. qui nous emmène cette fois-ci
au sein d'une communauté turque en Belgique.
Les migrants sont souvent
plus radicaux que ceux restés au pays.
Comme si la culture et la religion
étaient exacerbés par l'exil.
Les crimes d'honneur, la dignité hypersensible...
Ce sont bien sûr les femmes qui,
la plupart du temps en font les frais .
Portrait de cette communauté ,
où les affrontements intra familiaux
mettent le feu aux traditions .
Des personnages très attachants,
un suspense qui nous tient vissés
jusqu'à la dernière ligne .
Bravo!
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Monde immigré turc, Derya tentant de fuir l'intégrisme allemand de ses frères, Yasemin et ses secrets venue de son Anatolie profonde épouser un inconnu dans la région liégeoise. L'inconnu, c'est Evren, mouton aux ordres de sa mère et de la famille. Et puis il y a l'impayable René, brave quarantenaire trainant ses casserolles, célibataire, qui a repris l'entreprise de pompes funèbres de son ex-beau-père avec le fils attardé Marcel.

J'admire sans réserve l'imagination d'Armel Job, la psychologie (la trop belle initiation sexuelle d'Evren par la sauvage Yasemin!), la construction complexe
intrigant jusqu'à la dernière page.
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En mars 2018, Babelio avait participé à la Foire du livre de Bruxelles en proposant à des lecteurs de présenter leur livre préféré à d'autres lecteurs lors d'échanges d'une dizaine de minutes. J'avais proposé Loin des mosquées d'Armel Job, un auteur belge entré en littérature sur le tard, après une carrière d'enseignant de latin-grec dans une école catholique de Bastogne.

Lors du pique-nique Babelio en juillet, un des participants, enseignant dans un lycée professionnel de Schaerbeek m'a dit avoir fait aimé la lecture à ses élèves majoritairement d'origine turque, qui avaient apprécié la justesse des caractères présentés dans le livre.

Un livre à lire et relire.
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René, la quarantaine, célibataire, liégeois, croque-mort de son état, est invité par politesse à un mariage turc. Un événement qui, mine de rien, petit à petit, bouleverse son quotidien.
Si René nous parle, Evren (le futur époux), Derya (une belle jeune femme turque qui vit en Allemagne) et Yasemin (la fiancée d'Evren), interviennent aussi dans l'histoire. C'est un roman choral dont la construction est magistrale. Il débute par un accident de corbillard, se poursuit par des fiançailles et termine par… Je ne vous en dirai pas plus pour ne pas briser le suspense. Car oui, on est entraîné, impatient de connaître la fin. Une fin étonnante d'ailleurs.
C'est un roman sur les différences de culture, sur les femmes musulmanes tiraillées entre tradition et modernité. Il ne se résume pas à cela et englobe beaucoup plus. L'amour est remis en question, le mariage aussi qu'il soit arrangé ou voulu. Et tout cela avec un brin d'humour et de distance.
J'ai adoré. le meilleur Armel Job que j'ai lu jusque ici.
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Mais comment n'ai-je pas découvert cet auteur plus tôt. Chapeau bas, Monsieur Job. Quelle belle histoire.

Le quatrième de couverture plante le décor, nous allons parler mariage. Mariage turc pour être plus précis, c'est le thème principal de ce roman choral. Originalité du récit quatre voix, quatre personnages nous racontera tout à tour son histoire. Permettant ainsi à chaque pièce de prendre sa place pour reconstituer un puzzle et comprendre peu à peu le récit.

Début original. René est croque-mort. Cela commence avec un accident de corbillard. Etrange non! Peu banal. René est belge, il ne connait pas bien la communauté turque et, de ses yeux non initiés, nous allons vivre un mariage et une histoire nous contant le rôle et le poids reposant sur les femmes et le rôle de l'Islam.

Evren, le frère d'Atlan - voisin de René - a terminé ses études à Cologne. Il a passé du temps chez son oncle et a le coup de foudre pour sa cousine Derya. de retour en Belgique, il la demandera en mariage.

Derya nous contera la place des femmes dans la société turque. Par l'histoire de sa mère, elle nous parlera de soumission, d'abnégation, de coutume, du silence. Elle est un peu rebelle, refusera le mariage. Elle nous donnera un aperçu de la valeur des femmes, par rapport au père, à l'honneur, le mariage forcé, l'Islam et nous ouvrira beaucoup d'autres voies de réflexion.

Et enfin, Yasemin épousera finalement Evren et nous livrera sa vision des choses, comment elle veut croire et faire naître l'amour...

J'en ai déjà trop dit je pense. Un récit magnifique, très bien ficelé qui nous emmènera là où l'on ne s'attend pas. Des thèmes interpellants : la femme, l'Islam extrémiste, les kamikazes, la soumission, le mensonge, le dévouement, la rébellion...

Un récit magnifique qui vous emporte en un clin d'oeil de la première à la dernière page. Quel talent de raconteur, quelle plume.


Un coup de coeur ma note 10/10
Lien : http://nathavh49.blogspot.be..
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Je suis fan d'Armel Job et je lis maintenant les parutions plus anciennes car le plaisir se renouvelle à chaque lecture. Celui ci est un très bon cru. Beauté de la langue française, humour souvent caustique, réalisme des personnages, intrigue parfaitement construite, aucune invraisemblance, pourtant il y a des rebondissements et des surprises. J'ai souvent l'impression que cet auteur s'approprie complètement et concrètement les sentiments et les réflexions de ses personnages. Il me rappelle Simenon.
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Page Facebook : Pascale Bookine
Blog: pascalebookine.eklablog.com

Un mariage et un enterrement *****

Loin des mosquées et de la Turquie, Evren est un jeune Turc qui vit en Belgique et termine ses études de comptabilité en Allemagne. Hébergé chez son oncle, il y côtoie sa cousine Derya, dont la nudité aperçue par hasard l'affole au point de décider de la demander en mariage. Comme le veut la tradition, une délégation familiale se déplace en Allemagne mais hélas, Derya n'a pas l'intention d'épouser son cousin. Qu'à cela ne tienne, la famille d'Evren a une solution de rechange et lui sert sur un plateau la jeune Yasemin, qui n'a jusqu'alors connu que sa Turquie natale.

« Loin des mosquées » est un roman qui allie gravité et légèreté. Gravité par les sujets abordés -la condition effroyable de la femme « marchandise », parfois guère plus qu'une « chienne » aux yeux des hommes de son propre foyer- et légèreté par ses touches d'humour absolument délicieuses. le récit d'Evren, de Derya et de Yasemin est en effet complété par celui de René, qui se retrouve bien malgré lui impliqué dans ces histoires de famille suite à un service rendu.

Or, il faut savoir que René est croque-mort de son état, ce qui ne pouvait manquer, sous la plume d'Armel Job, de donner lieu à des réflexions pince-sans-rire et à des situations cocasses. le ton est d'ailleurs donné dès le premier chapitre, puisque René est victime d'un accident de corbillard -important pour la suite du récit-, alors que « en principe, un corbillard n'a jamais d'accident. < …> On n'imagine pas un corbillard prendre des risques sur la route » (en effet). Humour noir, aussi, mais toujours plein de tendresse, notamment lorsque René rend visite aux pensionnaires de la maison de retraite : « Forcément, le potentiel de clients est plus élevé dans une maison de retraite que dans une maternité J'ai vite compris qu'ils étaient surtout soulagés de constater que j'étais venu pour un autre Je n'évoque jamais les relations professionnelles que nous pourrions avoir un jour.»

Mais cet humour ne laisse pas oublier une gravité sous-jacente ; ainsi peut-on lire à propos de la mort : « C'est l'enfance à l'envers. Oui, si on veut bien y penser, la mort n'est pas autre chose : on redevient un enfant, un être sans qualités, qui n'a en propre que sa faiblesse. L'enfant et le mort sont entièrement livrés aux autres. »

Les relations Wallons-Flamands n'échappent pas non plus à l'humour grinçant de l'auteur belge. A propos des femmes que René séduit lors de ses vacances (et à qui il n'ose avouer son vrai métier, forcément, cela jetterait un froid) : «Depuis quelques années, j'ai un faible pour notaire : ça fait cossu, rassurant. Celles que je préfère, ce sont les Flamandes. On reste entre compatriotes. J'aime leur façon de parler. le flamand est une langue vigoureuse, dans laquelle on ne peut pas minauder. le mari est retenu par le business à Anvers ou à Gand. On ne dira jamais assez les bienfaits de la prospérité flamande pour nous autres Wallons. »

Ces quelques exemples vous donnent une idée de l'atmosphère générale de « Loin des mosquées » : l'intrigue et le thème auraient pu être pesants mais le style enjoué et parfois décalé, sans rien ôter à la tristesse des situations vécues, en fait une lecture très plaisante que je vous recommande sans hésiter.
Lien : http://pascalebookine.eklabl..
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Tout commence par un banal accident de la route en Belgique....si ce n'est que le conducteur du véhicule est un croque-mort en déplacement et que le véhicule est un corbillard !... A partir de ce premier chapitre original, Armel Job déploit tour à tour l'histoire de René le croque-mort, d 'Evren, son jeune voisin turc et de son épouse Yasemin mais aussi celle de la belle et téméraire Derya.
Abordant le délicat sujet des mariages forcés et l'émancipation des femmes dans les communautés musulmanes immigrées en Europe, « Loin des mosquées » est -de bout en bout un roman captivant... accumulant les rebondissements et non dénué d'humour.
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