Le danger, c’est d’absolutiser sa pratique, de croire qu’en dehors de son chemin, il n’est point de salut.
Rûmî, ce magnifique poète persan qui a pu écrire : « La blessure est l’endroit où la lumière entre en vous. »
J'ai parfois décelé plus de sagesse dans les paroles de certains paumés que dans la bouche des grands maîtres.
S’échapper de la cage des passions tristes, dire adieu à ce qui nous plombe exige du cran, une audace. Il faut se jeter à l’eau, quitter les sentiers battus, essayer des expédients nouveaux.
Le secret, les tabous, la pruderie, la honte qui entourent les blessures intimes n’arrangent pas l’affaire et retardent la libération.
Un maître zen dit un jour que si nous voulons pratiquer sur la durée, persévérer sur le chemin, il suffit de se lancer ici et maintenant. C’est le contraire du mode « je commence demain ». Le match se joue là, tout de suite.
L’addiction entre mille effets néfastes nous recroqueville sur nous-mêmes, coupe et détruit une à une les passerelles qui nous relient à autrui.
Quelle folie de refiler au premier venu la télécommande qui décide de notre humeur et a droit de vie et de mort sur notre équilibre tout entier !
Épicure invite à un usage autrement plus audacieux des plaisirs. Avant tout, il sied au progressant d’oser ouvrir les bras pour recevoir. Le maître martèle que si tous les plaisirs sont bons, tous ne sont pas à choisir. Autant dire que seul celui qui se montre un brin sélect sait jouir du quotidien. La prescription du sage est bien sobre : s’initier au bon goût, développer une heureuse sobriété…
Nietzsche, dans Humain, trop humain, en appelle à Épictète. L’esclave philosophe dissipe la montagne de psychodrames : “On appartient à la populace tant que l’on fait toujours retomber la faute sur les autres ; on est sur le chemin de la vérité lorsque l’on ne rend responsable que soi-même ; mais le sage ne considère personne comme coupable, ni lui-même, ni les autres.”